Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Euréka, pseudonyme non élucidé (...1914...)

  • Contributeur anonyme à l'Indépendant de Seine-et-Oise, relative à la célébration de la fête nationale du 14 juillet 1800 à Corbeil.

Famille

Carrière

  • Ce contributeur anonyme ne parait pas avoir donné d'autres contributions à l'Indépendant de Seine-et-Oise. du moins sous ce même pseudonyme d'Euréka.

Publications

La Fête Nationale du 14 Juillet à Corbeil (en 1800)

  • Avant la Révolution on comptait en France 82 jours de dimanche et de fêtes d'obligation. Le peuple les observait strictement, soit de bon gré, soit parce que la législation l'y avait contraint.
  • Cette multiplicité de fêtes entraînait non seulement de nombreux inconvénients, mais ruinait le peuple et nuisait aux intérêts publics.
  • L'artisan du bon La Fontaine ne dit-il pas:
    • “Le mal est que dans l'an s'entremêlent des jours
    • Qu'il faut chômer; on nous ruine en fêtes.”
  • Le pape Benoît XIV, lui-même, reconnaissant ces inconvénients, ordonna la suppression de plusieurs fêtes, dont il renvoya la solennité au dimanche suivant. Ce furent autant de jours rendus aux travaux et à l'industrie.
  • Les plaisants imaginèrent sur cet évènement de nombreuses complaintes en prose et en vers où les saints répudiés étaient censés exhaler leurs plaintes.
  • * * *
  • Chacune de nos révolutions politiques a supprimé certaines fêtes nationales et en a institué de nouvelles.
  • Aux anciennes fêtes ordonnées par la Royauté et par l'Église, la Révolution de 1789 en créa d'autres qui ont elles-mêmes cessé d'exister, sauf une: la Fête Nationale du 14 juillet, rétablie par la loi du 6 juillet 1880, après une interruption de 80 ans.
  • Les fêtes instituées par la Révolulion consistaient en chants patriotiques, en discours sur la morale des citoyens, en banquet fraternels, en divers jeux publics, propres à chaque localité, et en distribution de récompenses.
  • * * *
  • La municipalité de Paris avait demandé que le premier anniversaire de la prise de la Bastille fut célébré par une Fédération générale de toute la France. Ce vœu fut accueilli par l’Assemblée nationale, qui le sanctionna par un décret, et les députés de toutes les gardes nationales et de tous les corps de l'armée furent invités à se rendre à Paris, le 14 juillet 1790. Ce fut la première Fête Nationale du 14 juillet.
  • Le décret du 20 Prairial, an II (9 juin 1794), qui avait institué la fêle de l'Être Suprême, contenait les dispositions suivantes:
    • “Article 6. — La République Française célébrera tous les ans les Fêtes du 14 juillet 1789, du 10 août 1792, du 21 janvier 1793, du 31 mai 1793.”
  • C'est ainsi que le 14 juillet resta une des principales fêtes commémoratives.
  • Mais bientôt, sous le Directoire, sa solennité n'était plus l'expression d'une pensée commune, d'un sentiment sincère dans les gouvernants; elle ne consistait plus qu'en pompes aussi vaines, aussi froides que mensongères.
  • Cependant, l'anniversaire du 14 Juillet, qui fut célébré en 1800, sous le Consulat, reparut encore une fois avec tous les caractères de Fête Nationale, qu'il semblait avait perdus.
  • À Corbeil, on célébra le même jour la Fête du 14 Juillet, la Fête de la Concorde “qui est la base principale sur quoi repose la félicité publique”, et la Fête des Victoires remportées par Bonaparte et les armées de la République.
  • La Fête Nationale du 14 Juillet était alors célébrée au canton et non dans chaque commune.
  • C'est ainsi que tous les citoyens des communes environnantes furent invités par le maire de Corbeil “à venir partager l'allégresse que tous les bons citoyens doivent éprouver dans cette solennité”.
  • La relation de cette fête civique nous a été conservée.
  • Elle nous apprend que la fête fut annoncée la veille au soir par une salve d'artillerie tirée près le bastion de l'Arquebuse; que le jour, différentes décharges de mousquelerie furent faites à 5 heures du matin et dans le courant de la cérémonie.
  • Qu'à onze heures et demie du matin le cortège se mit en marche, au bruit des tambours et d'une musique militaire, et se rendit à la place d'Armes 1), puis au Temple 2), où la cérémonie se déroula;
  • Qu'enfin, l'après-midi et le soir il y eut un orchestre “pour l'amusement des citoyens et des citoyennes”.
  • Par une proclamation, datée du 23 Messidor, le maire avait invité les habitants de la ville à “illuminer la façade de leurs maisons”; il leur avait aussi ordonné “de tenir leurs boutiques fermées tout ledit jour, de faire balayer chacun en droit soi le devant de leurs habitations et de n'y rien laisser qui puisse encombrer la voie publique”.
  • Malgré quelques détails de cette fête, qui sembleront puérils et provoqueront même le rire, nous donnons ici, d’après la copie qui nous a été communiquée, le texte littéral du procès-verbal de ce 14 Juillet, fêté la veille de l'Empire, de l'ordre même de Bonaparte:
  • Nous en avons scrupuleusement respecté l'orthographe.
  • * * *
  • “Ce jourd’huy vingt-cinq Messidor an VIII, feste du 14 Juillet et de la Concorde.
  • “Nous maire et adjoints de la mairie de Corbeil, nous sommes rendus à onze heures du matin en la maison de Ville, lieu ordinaire de nos assemblée, où nous avions invité les maires et adjoints des municipalités environnantes composant ci-devant le canton de Corbeil; successivement sont arrivés ceux de Soisy, Étiolles, Tigery, Saint-Germain, Évry, Lys.
  • “À onze heures et demie le commandant de la Garde Nationale nous a fait prévenir par les citoyens Élie et Fleury le Jeune, nommés commissaires pour la cérémonie, que la Garde Nationale, la Gendarmerie et le Détachement des 12e demi-brigade et 45e demi-brigade étoient sous les armes, dans la place d'Armes, et attendoient l'ordre pour se mettre en marche; sur quoy nous avons répondu que nous étions prêts à partir. Peu de temps après est arrivé un détachement de la Garde Nationale avec les deux commissaires ci-dessus nommés; nous sommes parti de la maison de ville, précédé par une partie du détachement: nous, au cen tre, accompagnés des maires et des adjoints qui s'étoient rendus à notre invitation, ainsi que des commissaires de l'hospice civile, des commissaires de bienfaisance, du receveur particulier du département et fermés par le surplus du détachement; nous nous sommes rendus sur la place d'Armes; et, de suite, sommes entrés à l'administration de la Sous-Préfecture, où nous avons invité le sous-préfet de venir assister à ta cérémonie; de suite nous sommes entrés au Tribunal pour faire la même invitation aux officiers qui le composent ou étoient réunis les juges de paix intra et extra muros, leurs assesseurs; dans la cour de ladite administration étoient les instituteurs avec leurs élèves.
  • “Et dans l'ordre ci-dessus nous nous sommes rendus sur la place d'Armes, au centre de la force armée; alors la marche a été ouverte par le Brigadier de la Gendarmerie et une partie de ses gendarmes, l'autre partie fermant la marche, tous à cheval; ensuite étoient les tambours des différentes compagnies suivis de la musique; au centre le drapeau de la Garde Nationale de Corbeil entouré de 8 gardes nationaux, tirés des 4 compagnies de la Garde nationale de cette ville, et le détachement militaire, en station dans cette ville, les entourants; suivoient après le Sous-Préfet, à droite du cortège, nous maire à gauche, nous adjoints ensuite; les maires et adjoints des communes environnantes deux à deux; le Tribunal et ses officiers, les juges de paix et assesseurs et autres invités, les instituteurs et leurs élèves; après quoy la Garde Nationale et le cortège fermé par le surplus de la Gendarmerie, nous nous sommes rendus au temple décadaire; pendant la marche, la musique a exécuté différentes marches.
  • “Arrivés au temple, nous y avons trouvé les institutrices avec leurs élèves qui s'étoient rendues ainsi qu'un grand concours de citoyens et de citoyennes.
  • “Tous les invités à cette cérémonie ont pris leurs places. Au centre, à droite étoit le Sous-Préfet; et, à ses côtés, nous maire et adjoints, et, de suite, les maires et adjoints invités et autres fonctionnaires publics; en face les juges du Tribunal civil, juges de paix; à droite et à gauche, au-dessous, les officiers dudit Tribunal civil, et, en avant, les assesseurs des juges de paix, à droite et de gauche étoient un grand concours de citoyens et citoyennes, ainsi que les instituteurs, institutrices et leurs élèves; dans l'enceinte de la partie supérieure étoit placé un trophée de fesceaux d'armes surmonté de trois drapeaux liés ensemble; aux quatre coins des branches de chêne, simbole de la force.
  • “Pendant qu’on se mettoit en place, l'orgue a exécuté différentes marches; après quoy la musique a exécuté plusieurs airs, à la suite desquels ont été chantés différents couplets analogues à la feste sur l'air: ”Veillons au salut de l'Empire”.
  • “Après, le maire a prononcé un discours, tendant à faire sentir la nécessité d'oublier les haines particulières sur le passé, celle d'une réunion de sentiment comme étant la base principale du salut de l'empire; il a parlé de la victoire remportée à Marengo, de la perte affreuse qu'éprouvent tous les citoyens par la mort du général Desaix, qui s'est immortalisé dans le choeur (sic) de tous les Français; il a terminé par une invocation à toutes les autorités constituées, réunies dans le temple et aux citoyens et citoyennes, dont le concours étoit nombreux, de s'unir tous ensemble pour le maintien et le bonheur de la nation.
  • “Après ce discours, la musique a exécuté différents airs. Le premier adjoint a prononcé un discours relatif à la feste et dans les mêmes sentiments que le premier; l'un et l'autre ont été très accueillis. La musique a exécuté le Champ (sic) du Départ dont les couplets ont été chantés axer l'entousiasme du désir de voir enfin terminer une guerre désastreuse pour l'humanité.
  • “Le cortège est parti dans le même ordre qu'il étoil venu. Il s’est rendu dans une partie du faubourg de la ville, au nord de la Seine, dont il a fait le tour, et est revenu sur la place d'Armes, où les autorités constituées ont été reconduites en la maison d'administration et Tribunal; ensuite le maire et les adjoints ont été dans les rangs témoigner successivement au Commandant et officiers des différents corps, tant de la Garde Nationale que militaire, leur sensibilité et leurs remercîments de tout le zèle qu'ils ont montré pour donner à cette feste tout l'éclat dont elle étoit susceptible.
  • Après quoy, nous avons été reconduits à la maison de ville par un détachement dans le même ordre que nous en étions partis.
  • “Le soir, il y a eu un orchestre sur la place d'armes pour l'amusement des citoyens et citoyennes; toute la ville a été illuminée, en témoignage de nos victoires et cette feste s'est passée dans le plus grand ordre et la plus grande tranquillité.
  • “La veille, il a été fait une décharge de boettes (bombes) pour annoncer la feste, et dans le courant de la journée, il en a été fait plusieurs autres.”
  • Telle fut la dernière Fête nationale du 14 Juillet célébrée à Corbeil sous la Première République.
  • Par décret du 15 février 1806, Napoléon fixa au 15 août de chaque année la fête “de Saint Napoléon”, qui devint la fête nationale sons l'Empire.
  • Ainsi fut fêté, il y a cent quatorze ans, le 14 Juillet dans notre Ville.
    • Eurêka.

Documents

Archives

Bibliographie

  • Euréka (pseudonyme à élucider), “La Fête Nationale du 14 Juillet à Corbeil (en 1800)”, L'indépendant de Seine-et-Oise 35/1789 (2 août 1914) 2.

Dictyographie

1)
Place Galignani.
2)
Église Saint-Spire. — Le décret du 2 Pluviôse, an VIII, avait autorisé dans les édifices religieux non aliénés les cérémonies du culte et les cérémonies civiles décadaires, de manière à prévenir leur concurrence.
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