Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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aveline.dyerres

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   * Pieuses et dévotes, les sœurs d'Aveline avaient aussi une vie très austère et gardaient une observance régulière parfaite. Celle-ci cependant commençait à fléchir et l'austérité à s'adoucir un peu. Les dernières donations, ayant pour but la célébration des services anniversaires à l'abbaye, portent presque toutes qu'un certain prélèvement sera fait, sur les revenus légués, afin d'offrir aux religieuses un repas un peu plus somptueux après la fatigue de l'Office des morts. Comme ces anniversaires se multiplièrent rapidement, on eut bientôt de ces petites fêtes tous les jours; car les ressources de la communauté augmentant sans cesse, les moniales elles-mêmes votèrent, sur leurs revenus, de semblables prélèvements, même pour les anniversaires de leurs abbesses, et de quelques-unes de leurs compagnes, qui en fondèrent également. Puis, ce sont les amis plus zélés qu'intelligents du monastère, qui donnent, donnent et donnent encore, pour améliorer la //pitance//, c'est-à-dire la nourriture des religieuses. Si légitimes que fussent à l'origine ces actes de bienfaisance, ils amenèrent peu à peu le bien-être au cloître; et avec le bien-être et les repas somptueux, la violation du silence, le besoin des récréations prolongées et du repos, puis l'inobservation de la règle, enfin tous les vices destructeurs de la vie religieuse se glissèrent par là dans le monastère, comme les serpents à travers les lézardes des vieux murs.   * Pieuses et dévotes, les sœurs d'Aveline avaient aussi une vie très austère et gardaient une observance régulière parfaite. Celle-ci cependant commençait à fléchir et l'austérité à s'adoucir un peu. Les dernières donations, ayant pour but la célébration des services anniversaires à l'abbaye, portent presque toutes qu'un certain prélèvement sera fait, sur les revenus légués, afin d'offrir aux religieuses un repas un peu plus somptueux après la fatigue de l'Office des morts. Comme ces anniversaires se multiplièrent rapidement, on eut bientôt de ces petites fêtes tous les jours; car les ressources de la communauté augmentant sans cesse, les moniales elles-mêmes votèrent, sur leurs revenus, de semblables prélèvements, même pour les anniversaires de leurs abbesses, et de quelques-unes de leurs compagnes, qui en fondèrent également. Puis, ce sont les amis plus zélés qu'intelligents du monastère, qui donnent, donnent et donnent encore, pour améliorer la //pitance//, c'est-à-dire la nourriture des religieuses. Si légitimes que fussent à l'origine ces actes de bienfaisance, ils amenèrent peu à peu le bien-être au cloître; et avec le bien-être et les repas somptueux, la violation du silence, le besoin des récréations prolongées et du repos, puis l'inobservation de la règle, enfin tous les vices destructeurs de la vie religieuse se glissèrent par là dans le monastère, comme les serpents à travers les lézardes des vieux murs.
   * Mais au début de l'abbatiat d'Aveline, il n'en n'était pas encore ainsi. La nouvelle titulaire était d'une douceur angélique, et aussi d'une piété forte, capable de la préserver des dangers du relâchement. Vraie fille de Saint-Benoît, elle était d'une humilité remarquable, qui se traduisit pour la |**57** première fois, dans les actes publics concernant l'administration de sa maison. //Avelina, humilis de Edera abbatissa, totiusque ejusdem loci conventus, salutem in vero Salvatori//; telle est la formule employée par l'abbesse; c'est la constatation authentique des vertus privées de la Supérieure, et en même temps de la part que les religieuses prennent à la gestion des affaires de la communauté ((**Note d'Alliot.** — L'acte qui nous donne cette formule est une lettre de l'abbesse elle-même, contresignée par Regnaud, doyen de Melun. C'est un bail à vie fait à Simon, prêtre, c'est-à-dire curé des Portes. Aveline lui loue les deux tiers des dîmes de sa paroisse, moyennant onze sols parisis de rente annuelle. Le curé devra en outre payer les deux tiers de la cire nécessaire à l'église, les deux tiers du droit de synode, les deux tiers des cordes pour sonner les cloches, les deux tiers du vin destiné à laver l'autel le Jeudi-Saint, et les deux tiers du pain et du vin pour le repas offert, par l'abbaye, aux communiants de sa paroisse le jour de Pâques. Ce contrat fut fait au mois d'avril 1227; il était parfaitement connu des auteurs du //Gallia Christiania//, puisqu'il se trouve dans le cartulaire, et c'est une simple coquille d'imprimerie qui leur a fait dire 1237: par conséquent, la découverte que prétend en avoir faite M. Mévil se borne à une simple rectification de date.)).   * Mais au début de l'abbatiat d'Aveline, il n'en n'était pas encore ainsi. La nouvelle titulaire était d'une douceur angélique, et aussi d'une piété forte, capable de la préserver des dangers du relâchement. Vraie fille de Saint-Benoît, elle était d'une humilité remarquable, qui se traduisit pour la |**57** première fois, dans les actes publics concernant l'administration de sa maison. //Avelina, humilis de Edera abbatissa, totiusque ejusdem loci conventus, salutem in vero Salvatori//; telle est la formule employée par l'abbesse; c'est la constatation authentique des vertus privées de la Supérieure, et en même temps de la part que les religieuses prennent à la gestion des affaires de la communauté ((**Note d'Alliot.** — L'acte qui nous donne cette formule est une lettre de l'abbesse elle-même, contresignée par Regnaud, doyen de Melun. C'est un bail à vie fait à Simon, prêtre, c'est-à-dire curé des Portes. Aveline lui loue les deux tiers des dîmes de sa paroisse, moyennant onze sols parisis de rente annuelle. Le curé devra en outre payer les deux tiers de la cire nécessaire à l'église, les deux tiers du droit de synode, les deux tiers des cordes pour sonner les cloches, les deux tiers du vin destiné à laver l'autel le Jeudi-Saint, et les deux tiers du pain et du vin pour le repas offert, par l'abbaye, aux communiants de sa paroisse le jour de Pâques. Ce contrat fut fait au mois d'avril 1227; il était parfaitement connu des auteurs du //Gallia Christiania//, puisqu'il se trouve dans le cartulaire, et c'est une simple coquille d'imprimerie qui leur a fait dire 1237: par conséquent, la découverte que prétend en avoir faite M. Mévil se borne à une simple rectification de date.)).
-  * Comme sous les abbatiats précédents, elles furent nombreuses et compliquées les affaires concernant l'administration du couvent. Les donations gratuites y occupent toujours une large place. Gilbert, vicomte de Corbeil, assisté de son frère Ansel et de sa femme, nommée Amable, donne par testament à l'abbaye tout ce qu'il possédait à //Silviniacum//?  Il loue en même temps une libéralité faite aux religieuses par Simon Strabon, habitant de Corbeil. — Jean d'Aubervilliers, Julienne, son épouse, Henri, son frère ((**Note d'Alliot.** — Cette famille d'Aubervilliers descendait, selon toute vraisemblance, de Hugues le Loup, premier du nom.)), et Drouin de Brie, arrondirent le domaine déjà considérable du monastère au nord de Paris, en lui léguant vingt arpents de bois dans la forêt de Bondy. — Puis ce sont les donations de rentes en nature, qui pourvoient à la nourriture des religieuses. — Évrard de Chevry, son fils Milon, déjà chevalier comme son père, sont des amis dévoués de la maison; ils lui donnent un muid de blé, à prendre tous les ans, sur la dîme de Brie. — Le moulin d'Athis fournira également un muid de blé, donné par Philippe de Mons, qui favorise encore la donation d'un arpent de vigne, faite par Thomas de Vignoles, dont il est le |**58** suzerain. — Jean de Thiais et sa femme Aveline offrent tout ce qu'ils possèdent à Villeneuve ((**Note d'Alliot.** — //Villeneuoe-Saint-Georges//. — Cant. de Boissy-Saint-Léger, arr. de Corbeil (S.-et-O.).)). Ce contrat nomme un certain Robert d'Yerres, tombé dans le dénuement et la pauvreté. — Une autre Villeneuve, située dans la paroisse d'Angerville-la-Gaste, devra fournir à nos religieuses un muid de blé, servi par le prieur de Notre-Dame-du-Pré, près Étampes. — Noble dame Ermengarde Borée donne aussi un muid de blé à prendre chaque année sur le moulin de Vaux, ce qui est ratifié par Simon de Vaux. — Philippe de Brunoy et sa femme Élisabeth offrent 12 deniers de cens annuel, au mois de mai 1234. — Mais c'est toujours la famille le Loup qui tient la tête dans la liste des bienfaiteurs de la maison. En 1227, Hugues le Loup, chevalier et seigneur de Villepinte, passe un titre nouvel de 60 sols de rente, légués jadis à l'abbaye en pure aumône par Eustachie de Villepinte. — En 1233, Adeline ou Adelvie de Villepinte donne aux moniales deux muids de blé et 40 sols à prendre sur son domaine. Ses deux fils, Hugues et Guy le Loup, s'associent à la libéralité de leur mère, et leur sœur Aveline entre comme novice au monastère, où elle perpétuera, sous tous les rapports, les grandes traditions de vertus et de bienfaisance de sa famille.+  * Comme sous les abbatiats précédents, elles furent nombreuses et compliquées les affaires concernant l'administration du couvent. Les donations gratuites y occupent toujours une large place. Gilbert, vicomte de Corbeil, assisté de son frère Ansel et de sa femme, nommée Amable, donne par testament à l'abbaye tout ce qu'il possédait à //Silviniacum//?  Il loue en même temps une libéralité faite aux religieuses par Simon Strabon, habitant de Corbeil. — Jean d'Aubervilliers, Julienne, son épouse, Henri, son frère ((**Note d'Alliot.** — Cette famille d'Aubervilliers descendait, selon toute vraisemblance, de Hugues le Loup, premier du nom.)), et Drouin de Brie, arrondirent le domaine déjà considérable du monastère au nord de Paris, en lui léguant vingt arpents de bois dans la forêt de Bondy. — Puis ce sont les donations de rentes en nature, qui pourvoient à la nourriture des religieuses. — Évrard de Chevry, son fils Milon, déjà chevalier comme son père, sont des amis dévoués de la maison; ils lui donnent un muid de blé, à prendre tous les ans, sur la dîme de Brie. — Le moulin d'Athis fournira également un muid de blé, donné par Philippe de Mons, qui favorise encore la donation d'un arpent de vigne, faite par Thomas de Vignoles, dont il est le |**58** suzerain. — Jean de Thiais et sa femme Aveline offrent tout ce qu'ils possèdent à Villeneuve ((**Note d'Alliot.** — //Villeneuve-Saint-Georges//. — Cant. de Boissy-Saint-Léger, arr. de Corbeil (S.-et-O.).)). Ce contrat nomme un certain Robert d'Yerres, tombé dans le dénuement et la pauvreté. — Une autre Villeneuve, située dans la paroisse d'Angerville-la-Gaste, devra fournir à nos religieuses un muid de blé, servi par le prieur de Notre-Dame-du-Pré, près Étampes. — Noble dame Ermengarde Borée donne aussi un muid de blé à prendre chaque année sur le moulin de Vaux, ce qui est ratifié par Simon de Vaux. — Philippe de Brunoy et sa femme Élisabeth offrent 12 deniers de cens annuel, au mois de mai 1234. — Mais c'est toujours la famille le Loup qui tient la tête dans la liste des bienfaiteurs de la maison. En 1227, Hugues le Loup, chevalier et seigneur de Villepinte, passe un titre nouvel de 60 sols de rente, légués jadis à l'abbaye en pure aumône par Eustachie de Villepinte. — En 1233, Adeline ou Adelvie de Villepinte donne aux moniales deux muids de blé et 40 sols à prendre sur son domaine. Ses deux fils, Hugues et Guy le Loup, s'associent à la libéralité de leur mère, et leur sœur Aveline entre comme novice au monastère, où elle perpétuera, sous tous les rapports, les grandes traditions de vertus et de bienfaisance de sa famille.
   * Cependant l'abbesse n'eut pas qu'à recevoir des libéralités et des aumônes pour lesquelles on est toujours d'accord; elle connut les épines et les difficultés inhérentes au gouvernement d'un vaste domaine territorial. Acquérir de nouveaux droits et de nouvelles propriétés était bien; mais il importait aussi de conserver avec soin les possessions anciennes. Or, un certain nombre de titres commençaient à vieillir, et les changements apportés par un siècle, dans les choses humaines; sont nombreux. L'abbesse Aveline eut la première, ce semble, l'idée ou du moins la charge de faire passer des //titres nouvels//. Elle en réclama surtout des descendants d'anciens bienfaiteurs. Hugues Loup, IIIe du nom, lui en fit quelques-uns. Elle en demanda également aux Briard, et Guy Briard, dès 1227, fit avec empressement droit à sa demande. |**59**   * Cependant l'abbesse n'eut pas qu'à recevoir des libéralités et des aumônes pour lesquelles on est toujours d'accord; elle connut les épines et les difficultés inhérentes au gouvernement d'un vaste domaine territorial. Acquérir de nouveaux droits et de nouvelles propriétés était bien; mais il importait aussi de conserver avec soin les possessions anciennes. Or, un certain nombre de titres commençaient à vieillir, et les changements apportés par un siècle, dans les choses humaines; sont nombreux. L'abbesse Aveline eut la première, ce semble, l'idée ou du moins la charge de faire passer des //titres nouvels//. Elle en réclama surtout des descendants d'anciens bienfaiteurs. Hugues Loup, IIIe du nom, lui en fit quelques-uns. Elle en demanda également aux Briard, et Guy Briard, dès 1227, fit avec empressement droit à sa demande. |**59**
   * Plus difficiles furent les reconnaissances d'autres droits modifiés par le temps. La première moitié du XIIIe siècle vit de nombreux défrichements dans le voisinage de Paris. Ces terres, mises en valeur, durent payer certaines dîmes qu'on n'avait pu imposer à des terrains incultes. Ces dîmes furent appelées //Novales//; dénomination également appliquée aux nouvelles cultures. Aveline eut beaucoup de peine à percevoir ces nouveaux droits. Il fallut lutter, ici, avec des chevaliers, suzerains du territoire; là, avec des fermiers avides, désireux de jouir des avantages créés par leurs mains laborieuses, qui refusaient le paiement des droits nouveaux; partout, avec les curés des paroisses, qui voulaient garder pour eux seuls les dîmes novales.   * Plus difficiles furent les reconnaissances d'autres droits modifiés par le temps. La première moitié du XIIIe siècle vit de nombreux défrichements dans le voisinage de Paris. Ces terres, mises en valeur, durent payer certaines dîmes qu'on n'avait pu imposer à des terrains incultes. Ces dîmes furent appelées //Novales//; dénomination également appliquée aux nouvelles cultures. Aveline eut beaucoup de peine à percevoir ces nouveaux droits. Il fallut lutter, ici, avec des chevaliers, suzerains du territoire; là, avec des fermiers avides, désireux de jouir des avantages créés par leurs mains laborieuses, qui refusaient le paiement des droits nouveaux; partout, avec les curés des paroisses, qui voulaient garder pour eux seuls les dîmes novales.
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