Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Aveline (?-1244)

Notule

  • Aveline, qu'Alliot soupçonne d'avoir été une Aveline de Corbeil, d'abord simple religieuse professe de l'abbaye Notre-Dame d'Yerres, en fut la cinquième abbesse, de 1226 à 1244.

Notice de l'abbé Alliot

  • Chapitre V. — Aveline (1226-1244)
    • Dix religieuses nommées Aveline. — L'abbaye à son apogée sous tous les rapports. — Périmètre de ses biens. — Les reliques. — L'humble abbesse. — Affaires diverses. — Guillaume d'Auvergne. — Les arbitres. — L'Official. — Les délégués du Pape. — Donation de livres. — Mort d' Aveline.
  • Pour recueillir la succession d'Eustachie Dulers, les religieuses firent choix de l'une d'entre elles, appelée Aveline. À ce moment-là l'abbaye ne contenait pas moins de dix moniales portant ce nom; on y trouvait Aveline de Corbeil, Aveline de Garlande, Aveline de Chevreuse, Aveline Briard et plusieurs autres. Toutefois il est probable, pour ne pas dire certain, que nous sommes en présence d'Aveline de Corbeil, fille de Jean de Corbeil et de Carcassonne. L'abbesse avait une sœur nommée Aveline, comme elle, qui avait épousé, avant 1196, Guy III, seigneur de Chevreuse. Certains indices porteraient même à croire que notre abbesse était fille de ces derniers, et petite-fille de Jean de Corbeil. Les rédacteurs du nécrologe, venus assez peu de temps après la mort de cette abbesse, ont fortement hésité sur son nom, et leurs hésitations se sont traduites dans la rédaction de son obit; ils n'ont indiqué ni son âge, ni les années de son gouvernement. Cependant une chose est certaine, c'est qu'elle fut élue par les suffrages de ses sœurs, sans la participation d'aucune personne étrangère; le règlement élaboré par Étienne de Senlis à l'origine, était complètement oublié: la nouvelle titulaire se contenta de demander à l'évêque de Paris de la bénir. |55
  • Au moment où Aveline prit la crosse, l'abbaye était à son apogée sous tous les rapports: le nombre de ses religieuses était toujours considérable; il dépassait encore le chiffre de 80, fixé par les ordonnances du roi et du pape. On s'en plaindra bientôt de nouveau. Sa fortune était considérable; pas une paroisse dans les environs du monastère, où celui-ci n'eût des biens et des redevances. De plus son action s'étendait dans un immense cercle, dont les rayons allaient toucher jusqu'à Melun, Pithiviers, Étampes et au-delà dans la plaine de Beauce, pour passer ensuite par Rambouillet, Meulan, Conflans-Sainte-Honorine et revenir par Villepinte, Mitry, Lagny, Brie-Comte-Robert et Combs-la-Ville. Sur plus de cent cinquante fermes, granges, vignes, forêts, péages, ponts, moulins, clochers, situés dans cette grande circonférence, notre monastère prélevait des droits de toute nature, pour alimenter sa caisse et subvenir aux besoins de la communauté.
  • Elle était belle et bien réglée cette communauté dont la vie offrait à tous un sujet d'édification. Le culte y était célébré avec pompe et magnificence; les fêtes religieuses fort nombreuses et les exercices du chœur très multipliés. Deux causes avaient surtout contribué à ce développement: les anniversaires des morts, dont la multiplicité allait bientôt amener des inconvénients, et la dévotion des reliques1). Des esprits forts ne manqueront pas de sourire au sujet |56 de l'authenticité de quelques-unes des reliques vénérées à Yerres. Les incrédules auront tort; car les religieuses savaient que, dans plusieurs cas, elles n'avaient qu'un symbole; mais ce symbole, comme les reliques véritables, était l'objet d'une fête particulière, accompagnée d'une instruction, faite par l'abbesse ou par l'un des chapelains; en sorte que ces moniales, dont les critiques modernes s'efforceront de railler l'ignorance et la crédulité, étaient fort instruites sur les choses religieuses, seule science qui leur importât.
  • Pieuses et dévotes, les sœurs d'Aveline avaient aussi une vie très austère et gardaient une observance régulière parfaite. Celle-ci cependant commençait à fléchir et l'austérité à s'adoucir un peu. Les dernières donations, ayant pour but la célébration des services anniversaires à l'abbaye, portent presque toutes qu'un certain prélèvement sera fait, sur les revenus légués, afin d'offrir aux religieuses un repas un peu plus somptueux après la fatigue de l'Office des morts. Comme ces anniversaires se multiplièrent rapidement, on eut bientôt de ces petites fêtes tous les jours; car les ressources de la communauté augmentant sans cesse, les moniales elles-mêmes votèrent, sur leurs revenus, de semblables prélèvements, même pour les anniversaires de leurs abbesses, et de quelques-unes de leurs compagnes, qui en fondèrent également. Puis, ce sont les amis plus zélés qu'intelligents du monastère, qui donnent, donnent et donnent encore, pour améliorer la pitance, c'est-à-dire la nourriture des religieuses. Si légitimes que fussent à l'origine ces actes de bienfaisance, ils amenèrent peu à peu le bien-être au cloître; et avec le bien-être et les repas somptueux, la violation du silence, le besoin des récréations prolongées et du repos, puis l'inobservation de la règle, enfin tous les vices destructeurs de la vie religieuse se glissèrent par là dans le monastère, comme les serpents à travers les lézardes des vieux murs.
  • Mais au début de l'abbatiat d'Aveline, il n'en n'était pas encore ainsi. La nouvelle titulaire était d'une douceur angélique, et aussi d'une piété forte, capable de la préserver des dangers du relâchement. Vraie fille de Saint-Benoît, elle était d'une humilité remarquable, qui se traduisit pour la |57 première fois, dans les actes publics concernant l'administration de sa maison. Avelina, humilis de Edera abbatissa, totiusque ejusdem loci conventus, salutem in vero Salvatori; telle est la formule employée par l'abbesse; c'est la constatation authentique des vertus privées de la Supérieure, et en même temps de la part que les religieuses prennent à la gestion des affaires de la communauté 2).
  • Comme sous les abbatiats précédents, elles furent nombreuses et compliquées les affaires concernant l'administration du couvent. Les donations gratuites y occupent toujours une large place. Gilbert, vicomte de Corbeil, assisté de son frère Ansel et de sa femme, nommée Amable, donne par testament à l'abbaye tout ce qu'il possédait à Silviniacum? Il loue en même temps une libéralité faite aux religieuses par Simon Strabon, habitant de Corbeil. — Jean d'Aubervilliers, Julienne, son épouse, Henri, son frère 3), et Drouin de Brie, arrondirent le domaine déjà considérable du monastère au nord de Paris, en lui léguant vingt arpents de bois dans la forêt de Bondy. — Puis ce sont les donations de rentes en nature, qui pourvoient à la nourriture des religieuses. — Évrard de Chevry, son fils Milon, déjà chevalier comme son père, sont des amis dévoués de la maison; ils lui donnent un muid de blé, à prendre tous les ans, sur la dîme de Brie. — Le moulin d'Athis fournira également un muid de blé, donné par Philippe de Mons, qui favorise encore la donation d'un arpent de vigne, faite par Thomas de Vignoles, dont il est le |58 suzerain. — Jean de Thiais et sa femme Aveline offrent tout ce qu'ils possèdent à Villeneuve 4). Ce contrat nomme un certain Robert d'Yerres, tombé dans le dénuement et la pauvreté. — Une autre Villeneuve, située dans la paroisse d'Angerville-la-Gaste, devra fournir à nos religieuses un muid de blé, servi par le prieur de Notre-Dame-du-Pré, près Étampes. — Noble dame Ermengarde Borée donne aussi un muid de blé à prendre chaque année sur le moulin de Vaux, ce qui est ratifié par Simon de Vaux. — Philippe de Brunoy et sa femme Élisabeth offrent 12 deniers de cens annuel, au mois de mai 1234. — Mais c'est toujours la famille le Loup qui tient la tête dans la liste des bienfaiteurs de la maison. En 1227, Hugues le Loup, chevalier et seigneur de Villepinte, passe un titre nouvel de 60 sols de rente, légués jadis à l'abbaye en pure aumône par Eustachie de Villepinte. — En 1233, Adeline ou Adelvie de Villepinte donne aux moniales deux muids de blé et 40 sols à prendre sur son domaine. Ses deux fils, Hugues et Guy le Loup, s'associent à la libéralité de leur mère, et leur sœur Aveline entre comme novice au monastère, où elle perpétuera, sous tous les rapports, les grandes traditions de vertus et de bienfaisance de sa famille.
  • Cependant l'abbesse n'eut pas qu'à recevoir des libéralités et des aumônes pour lesquelles on est toujours d'accord; elle connut les épines et les difficultés inhérentes au gouvernement d'un vaste domaine territorial. Acquérir de nouveaux droits et de nouvelles propriétés était bien; mais il importait aussi de conserver avec soin les possessions anciennes. Or, un certain nombre de titres commençaient à vieillir, et les changements apportés par un siècle, dans les choses humaines; sont nombreux. L'abbesse Aveline eut la première, ce semble, l'idée ou du moins la charge de faire passer des titres nouvels. Elle en réclama surtout des descendants d'anciens bienfaiteurs. Hugues Loup, IIIe du nom, lui en fit quelques-uns. Elle en demanda également aux Briard, et Guy Briard, dès 1227, fit avec empressement droit à sa demande. |59
  • Plus difficiles furent les reconnaissances d'autres droits modifiés par le temps. La première moitié du XIIIe siècle vit de nombreux défrichements dans le voisinage de Paris. Ces terres, mises en valeur, durent payer certaines dîmes qu'on n'avait pu imposer à des terrains incultes. Ces dîmes furent appelées Novales; dénomination également appliquée aux nouvelles cultures. Aveline eut beaucoup de peine à percevoir ces nouveaux droits. Il fallut lutter, ici, avec des chevaliers, suzerains du territoire; là, avec des fermiers avides, désireux de jouir des avantages créés par leurs mains laborieuses, qui refusaient le paiement des droits nouveaux; partout, avec les curés des paroisses, qui voulaient garder pour eux seuls les dîmes novales.
  • Au milieu de ces embarras, l'abbaye trouva un puissant protecteur et un habile conseiller en la personne de Guillaume d'Auvergne, évêque de Paris. Ce prélat, monté au trône épiscopal en 1228, reprit en faveur d'Aveline et de ses filles, les grandes traditions de ses illustres prédécesseurs, Étienne de Senlis et Maurice de Sully. En maintes circonstances, il prêta son concours à l'abbesse, pour l'aider à sortir de ses difficultés.
  • Au mois d'août 1228, Guillaume nomma trois chanoines de Paris pour conclure un arbitrage entre Aveline et le curé de Drancy. Dans cette paroisse, l'abbaye possédait l'un de ses plus anciens domaines. Il s'étendait jusqu'à la forêt de Groslay, qui fut défrichée dans ce temps-là. Le curé, nommé Nicolas, prétendait avoir la dîme des novales que l'abbesse lui contestait. Il produisit au débat un titre, passé près de quarante ans auparavant, entre le couvent et l'un de ses prédécesseurs, nommé Raoul, ce qui fit condamner les religieuses à lui payer chaque année un muid de blé sur leur dîme. D'ailleurs, les arbitres réduisirent considérablement les prétentions du curé, et leur sentence mit pour un temps fin à la dispute qui devait pourtant renaître. — Même difficulté entre Guillaume, curé de Brunoy, et l'abbaye, touchant la dîme de certaine maison sise à la limite de la paroisse, et donnée, au dire de l'abbesse, à son monastère par Philippe de Brunoy. Pierre de Bourges, chanoine de Paris, vient à Yerres, convoque les parties dans |60 l'église abbatiale, et là, invoquant le bien de la paix plutôt que le droit, appuyé sur la volonté formelle de l'évêque de Paris, il adjuge un tiers de la dîme contestée à l'abbesse présente, un tiers au curé de Brunoy, l'autre tiers demeurant en litige entre le prieur de Marolles et le susdit curé. Cet arbitrage fut prononcé le jeudi avant le dimanche Lætare, au mois de mars 1233. — En 1236, il en fallut un également, pour régler un désaccord, né aux portes mêmes de l'abbaye, entre le monastère et Guérin, curé de la paroisse d'Yerres. Il s'agissait de la dîme des novales et de celle d'une maison récemment construite par Jean d'Yerres. L'abbé d'Yvernaux et Thomas, curé de Chevreuse, furent désignés comme arbitres. Ils accordèrent un demi-muid de blé au curé, à prendre chaque année, dans la ferme des religieuses, le jour Saint-Martin; ils dirent doucement à l'abbesse qu'elle était un peu trop exigeante, mais la maintinrent néanmoins dans tous ses droits et privilèges sur la cure. Le curé de Chevreuse mourut sur ces entrefaites, mais Guillaume d'Auvergne promulgua la sentence arbitrale au mois d'août 1237. — Le même prélat imposa de son chef et sans l'intermédiaire d'arbitres, au mois d'avril 1241, un autre arrangement entre Aveline et Pierre, curé d'Évry. Celui-ci, comme tous ses confrères de l'époque, voulait percevoir pour lui seul la dîme des novales et certains autres droits. L'évêque lui accorda la petite dîme de sa paroisse, perçue autrefois par le couvent, mais il donna les novales au monastère; qui reçut en outre, au mois d'août de la même année, tous les biens que Jeubert, prédécesseur de Pierre à la cure d'Évry, possédait à Gercy.
  • Ce n'était pas seulement auprès des prêtres de paroisse, placés directement dans sa sphère d'action, que Guillaume d'Auvergne exerçait son influence, pour augmenter la prospérité du couvent, il agissait aussi près des laïques ses diocésains. Sous son contrôle bienveillant, une pieuse femme, dame Éremburge du Chêne, donna en partie et vendit en partie une rente de 30 sols parisis, assise à Brevannes 5). Les |61 quatre enfants d'Éremburge, ses trois fils et sa fille souscrivirent à ce bizarre contrat, que ratifia également Héron d'Étiolles, au mois de juin 1228. Quelques années plus tard, au mois de mai 1234, un certain Adam du Bois, sa femme Héloïse et ses fils, signèrent un arrangement absolument semblable pour un cinquième de la dîme de Chevry, c'est-à-dire qu'ils en donnèrent une partie et vendirent l'autre. Il est probable que ces contrats avaient pour but de déguiser, à une législation déjà tracassière, soit une libéralité, soit une vente pure et simple.
  • Jean, seigneur d'Yerres 6), et Clémence, sa femme, reconnaissent devant le prélat, que l'abbaye a droit au quart des moutures sur le moulin du Pont, situé entre le couvent et le village d'Yerres. Toutefois le blé du châtelain ne sera soumis à aucune retenue; il gardera en outre les droits de justice et de pêche 7) ainsi que le choix du meunier; celui-ci pourtant devra rendre hommage aux religieuses. — Le même jour, Jean et Clémence sanctionnèrent encore le prélèvement de 25 sols de rente, donnés à l'abbaye, par Hugues de Limeil, sur une maison de Brunoy et occupée par Aveline, veuve de Jean l'Apostole. Les frères et les fils du donateur souscrivent à cette libéralité.
  • Quand l'évêque n'agissait pas en personne, il était suppléé par un clerc de sa chancellerie, l'Official, personnage remplissant des fonctions juridiques, et dont l'importance grandit considérablement au début du XIIIe siècle. Il remplaça souvent le prélat. Ce fut lui qui, au mois d'avril 1235, notifia la donation assez importante, faite à l'abbaye, par Jean de Villepetite. Celui-ci léguait, en pure aumône, 45 sols parisis de rente, à prendre sur des biens nouvellement acquis de Pierre le Lico et de sa femme Aveline. — Dans le même temps, Odon Briard reconnaît devant l'official, que feu Gilbert de Villecresnes a donné en aumône des masures, dont les religieuses peuvent jouir sans opposition du suzerain. — En 1237, Herbert de Brie |62 lègue à l'abbaye sous le sceau de l'officialité, quatre arpents de terre à Herces, placés sous la suzeraineté de Guillaume, damoiseau de Combs-la-Ville. C'est l'origine de la ferme de Herces, qui, agrandie successivement par des dons et des acquisitions, devint l'un des plus beaux biens du monastère.
  • L'intervention pacifique de l'évêque de Paris ou de son official ne suffisait pas toujours àh régler les difficultés de jour en jour plus, nombreuses créées à l'abbaye; il fallut, à maintes reprises, recourir à la justice du roi. En 1233, deux baillis royaux, Nicolas de Hautvilliers et Galeran de Crosnes durent intervenir pour régler le différend, survenu entre l'abbesse Aveline et les quatre frères: Guy, Milon, Giles et Robert de Linas, au sujet de 20 sols de rente, que ces chevaliers refusaient de payer aux moniales. Un accord fut conclu, et douze ans plus tard, en 1245, Guy de Linas étant mort, son fils Philippe reconnut qu'il devait, pour sa part, 10 sols de rente à l'abbaye. — Pour régler un certain nombre de ces difficultés et afin d'éviter des déplacements trop fréquents, l'abbesse n'intervenait pas toujours elle-même, elle se faisait remplacer par un procureur, comme il arriva en 1240, lors d'un grand procès au sujet de la ferme de Brie-Comte-Robert. Dans ce procès, la communauté se trouva forcée de plaider contre les curés et le seigneur de Brie, le monastère de Saint-Victor de Paris, et le prieur de Marolles. Pour ces litiges, un frère convers de Saint-Nicolas était presque toujours chargé de représenter les intérêts de l'abbaye. Une fois cependant, nous voyons ces fonctions remplies par un certain Garnier, dit le diacre, lequel ne vivait pas dans les murs du monastère.
  • Comme la maison d'Yerres avait été placée sous la protection du Pape, à plusieurs reprises, des délégués de l'autorité pontificale intervinrent dans la direction de ses intérêts temporels. Par deux fois, durant l'abbatiat d'Aveline, cette intervention se manifesta. D'abord, afin de faire cesser la querelle entre l'abbesse et Hugues de Puiselet, pauvre écuyer, auquel il semblait dur de payer à Yerres les redevances prélevées sur une grande partie de son domaine, principalement sur des vignes, plantées quarante ans auparavant, |63 et jusque sur son propre jardin. — En second lieu, contre Guérin de Bouclainval, pour le forcer à payer 30 sols de rente à l'abbaye, à cause de certaines terres sises à Saint-Prix, dans le diocèse de Chartres. Depuis lors on ne vit plus l'autorité papale, appelée au secours de l'abbaye, dans le domaine des choses temporelles.
  • Le gouvernement d'Aveline se poursuivit et se termina au milieu d'une prospérité croissante. En 1241, l'abbesse, toujours appuyée de l'autorité épiscopale, écrivit une lettre pour maintenir les droits de sa maison, sur des biens à Gercy, qu'un basochien, Pierre de Gercy et sa femme Édeline, aidés de Gilbert, curé du Lys, s'efforçaient de soustraire aux charges contractées envers l'abbaye. — L'année suivante elle recueillit la riche offrande, faite à son monastère, par le damoiseau Philippe de Noyen en Gâtinais, qui donna 100 sols parisis, à prendre chaque année, sur le moulin de Noyen (de Noemio). Ce legs était fait en faveur de sa sœur Élisabeth, religieuse du cloître, et il devait être réduit à 40 sols après le décès de la moniale, morte d'ailleurs peu de temps après son frère. Jean de Noyen, fils de Philippe, fit réduire cette rente à 30 sols en 1271; mais par contre, il se montra encore plus libéral que son père, car il donna aux religieuses 10 livres pour leur nourriture, 20 livres pour leur église et 20 livres pour les besoins du couvent.
  • Les annales d'Yerres nous montrent encore Aveline recevant de Simon, curé des Portes, des volumes intitulés Bibliothèque des Pères; et d'un chevalier nommé Guy, un Graduel. — Elle vendit en 1243, au chapitre de Meung-sur-Loire, une maison qu'elle possédait dans le cloître même des chanoines; — loua au chapelain de Pommeraie les dîmes du lieu, ce qui lui valut l'honneur de recevoir une lettre d'Amaury de Monfort. — Enfin, au mois de mai 1244, elle obtint de Mathilde, veuve de Ferry de Cramoyelle, la reconnaissance de la dette souscrite par son mari. Un certain Jean de Sarriis, sans doute fils de Mathilde, promit de tenir cet engagement.
  • C'est le dernier acte connu de l'administration d'Aveline, qui porta la crosse pendant 18 ans, et mourut au mois d'octobre |64 1244, et non pas 1248, comme le disent les Bénédictins copiés par Mévil. Les religieuses l'ensevelirent dans le chœur de leur église; et selon la coutume, dès lors établie, votèrent 40 sols parisis, pour chanter chaque année son anniversaire. Pendant son abbatiat, elle dût faire au cloître d'importants travaux de consolidation, rendus nécessaires par les remaniements incessants qu'on faisait subir à l'édifice monacal.

Documents

Sources

Bibliographie

Notes

1)
Note d'Alliot. — Voici la liste des reliques de l'abbaye aux environs de 1240: De Innocentibus; — de sancto Firmino episcopo et martyre; — de sancto Adriano; — de sancto Leodegario; — de Lapide super quem oravit Dominus quando suscitavit Lazarum; — de sancto Theobaldo confessore et de cilicio ejusdem; — de quercu Mambræ ubi apparuit Dominus Abrahæ; — de Lapide Calvariæ in quo crux Domini fixa fuit; — de Pulvere lectuli beati Martini in quo, quum ægrotaret, a Beata Maria matre Domini cum sanctis virginibus Agnete et Tecla visitatus et sanatus est; — de Petra super quam natus est Dominus ; — de Petra in qua sedit Dominus in monte Oliveti; — de Lapide in quo scripsit Dominus: Pater noster; — de Camisia Beatæ Mariæ; — de sancto Petro Apostolo; — de Johanne Baptista; — de Capillis sancti Thomæ apostoli; — de Mensa ubi tres Magi, adorato Domino, recubuerunt; — de sancto Jacobo apostolo; — de Ossibus sancti Barnabæ apostoli; — de sancto Andrea ; — Cornelio ; — Cypriano ; — et de aliis quadringentis ; — de Pulvere sanctorum Dyonisii, Rustici et Eleutherii; — de Casula et Dalmatica et de Baculo pastorali eorumdem; — Quatuor Dentes sancti Urrici cum maxilla; — Pectus sancti Thomæ Cantuariensis; — de Oleo sanctæ Katharinæ; — de Sepulcro sancti Lazari fratris Mariæ et Marthæ.
2)
Note d'Alliot. — L'acte qui nous donne cette formule est une lettre de l'abbesse elle-même, contresignée par Regnaud, doyen de Melun. C'est un bail à vie fait à Simon, prêtre, c'est-à-dire curé des Portes. Aveline lui loue les deux tiers des dîmes de sa paroisse, moyennant onze sols parisis de rente annuelle. Le curé devra en outre payer les deux tiers de la cire nécessaire à l'église, les deux tiers du droit de synode, les deux tiers des cordes pour sonner les cloches, les deux tiers du vin destiné à laver l'autel le Jeudi-Saint, et les deux tiers du pain et du vin pour le repas offert, par l'abbaye, aux communiants de sa paroisse le jour de Pâques. Ce contrat fut fait au mois d'avril 1227; il était parfaitement connu des auteurs du Gallia Christiania, puisqu'il se trouve dans le cartulaire, et c'est une simple coquille d'imprimerie qui leur a fait dire 1237: par conséquent, la découverte que prétend en avoir faite M. Mévil se borne à une simple rectification de date.
3)
Note d'Alliot. — Cette famille d'Aubervilliers descendait, selon toute vraisemblance, de Hugues le Loup, premier du nom.
4)
Note d'Alliot.Villeneuve-Saint-Georges. — Cant. de Boissy-Saint-Léger, arr. de Corbeil (S.-et-O.).
5)
Note d'Alliot.Limeil-Brévannes. — Cant. de Boissy-Saint-Léger , arr. de Corbeil (S.-et-O.).
6)
Note d'Alliot. — Il s'agit ici, évidemment, de Jean de Courtenay, le premier de cette famille qui ait possédé la seigneurie d'Yerres, et de Clémence, qui lui apporta la moitié de ce beau domaine.
7)
Note d'Alliot. — M. Mévil dit tout le contraire.
aveline.dyerres.txt · Dernière modification: 2022/07/26 06:55 de bg