M. Vallot, cultivateur, habitant un de nos faubourgs, homme riche, vivant largement, âgé de 60 ans environ, d'un tempérament sanguin prononcé, fort et replet, demeurant dans un endroit élevé et sain, n'ayant jamais eu ni hémorrhagies, ni lièvres d'accès d'aucune espèce, mais court de vent et catarrheux, et, chose singulière, boitant comme la malade de M. Bonnet, est pris, vers la fin de l'été 1846, d'un violent frisson, sans cause appréciable et sans indisposition préalable. Bientôt surviennent des évacuations abondantes par haut et par bas; les matières évacuées par les deux voies ont une grande analogie, elles sont grisâtres et assez épaisses; cet état dure trois à quatre heures, je peux l'observer pendant cette crise, et je constate un abattement extrême, face grippée, fort pâle, comme cadavéreuse, pouls petit, d'une fréquence extrême, régulier pourtant; une sueur froide inonde le corps, la voix est presque éteinte, somnolence prononcée, intelligence notablement amoindrie, ventre naturellement développé, mais souple et indolent. Tout semble faire croire que le malade va succomber, et, en l'absence de cause connue, son entourage suppose, d'après les habitudes peu continentes du
sieur Vallot, qu'il s'agit ici d'une violente indigestion. Le soir, cependant, la réaction survient, les déjections cessent, et, au bout de quelque temps, il ne reste plus qu'un brisement très marqué de tout le corps, de l'inappétence avec langue très saburrale et de la céphalalgie. Ne le trouvant pas trop mal le lendemain, je crois aussi à un fort écart de régime, que le malade avait caché, suivant sa coutume. Le surlendemain, à peu près à la même heure que la première fois, un nouveau frisson, peu violent encore, survient, il est accompagné de vomissements et de déjections d'abord grisâtres, puis de couleur brune, et, enfin, de sang en partie liquide et en partie coagulé, d'un rouge-brun; les évacuations, ce soir, sont d'une fétidité extrême, face fortement grippée, pouls d'une vitesse extrême, presque imperceptible; refroidissement général avec sueur glacée encore plus marqué qu'au premier accès, on dirait d'un cadavre qu'on vient de retirer de l'eau. Cependant, au bout de six à huit heures, la chaleur commence à reparaître, les selles et les vomissements ont cessé et le patient revient à peu près au point où il en était l'avant-veille, mais plus souffrant encore et presque anémique. Je crois être dans le vrai, en disant que le sang évacué équivalait à deux litres.