Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Le fief d'Invilliers des origines à 1750

Chronique du Vieux Marcoussy –Marcoussis—————————–Ajout juillet 2012– octobre 2008

Extrait de la carte des Chasses.

JP. Dagnot

Ce lieu est un écart de Briis sous Forges proche de Chantecoq et limitrophe de Janvry. Pour s'y rendre, du centre de Briis, prendre la direction de Janvry par Invilliers.

Charte de Louis VI (1133)

En 1133, le roi Louis VI donne à l'abbaye des bénédictines d'Yerres, la terre d'Invilliers à Briis. « In nomine Sanctæ et individæ Trinitatis, ego Ludovicus, Dei gratia francorum rex, notum fieri volumus cunetis fidelibus tam futuris quam præsentibus qud totam terram de Unovillari et omnia ad eam pertinentia quam canonici beate Mariæ Parisiensis ecclesia liberam prorsius et quietam ab omni cujuslibet ex retione habebant et tenebant, sanctimonialibus apud villam quæ Hedra dicitur domino serventibus, ita jura perpetuo habendam et obtinendampro anima Philippi filii nostri dedimus quod terram illam liberam prorsiis et quietam ab omni exactione habeant pepertuo et possideant sicut canonici eam prius et prædiximus habebant et possidebant prædictis siquidam canonicis terram et vineas solidos census vinginti singulis annis reddentes, juxta ecclesiam beate Mariæ de Campis in suburbis Parisiensi prædicta terra in commutationem in perpetuum dedimus. Ita quod nobis ut hæredibus nostris nihil prorsus in terra illa aut vineis retinuimus sed sicut ipsi prædictam terram de Unovillari, liberam abomni alterius exactione tenebant, ita terram istam et vineas et censum, libera ab omni exactione perpetuo habeant et obtineant quod ne valeat oblivione deleri, scripto commadavimus et ne possit a posteris infirmari, sigilli nostri auctoritate, et nominis nostri caractera sub firmavimus. Actum Parisiis publice, anno Incarnati verbi, millesimo centesimo trigesimo tertio, regni nostri vigesimo quarto regante, Ludovico filio nostro anno secundo, astantibus in palatio nostro quorum nomina subscripta sunt et signa. S? Radulphi Viromendorum comitis et dapiferi nostri. S. Hugonis constabularii. S. Guillelmi, butielariis. S. Hugonis camarorii. Data per manum Stephani cancellarii ».

Charte de Louis VI le Gros (1133).

La traduction du texte latin est la suivante. « Au nom de la sainte et indivisible Trinité. Moi, Louis par la grâce de Dieu, roi de France, faisons savoir à tous les fidèles présents et à venir, que nous avons donné aux religieuses d'Yerres (Hyerres) pour le repos de l'âme de notre fils Philippe toute la terre d'Invilliers avec toutes ses appartenances qu'avaient et tenaient les chanoines de l'église Notre-Dame de Paris, entièrement libre et exempte de toute exaction de la part de qui que ce fut, et nous leur avons donné la dite terre pour être possédée par elles à perpétuité entièrement libre et exempte de toute exaction de la part de qui que ce soit, de la même manière que nous avons dit qu'elle était possédée par les chanoines. Et en échange de la dite terre, nous avons donné aux susdits chanoines, à perpétuité, une terre et des vignes rendant tous les ans 20 sols de cens, situées au faubourg de Paris près l'église de Notre-Dame des Champs, sans rien réserver à nous ainsi qu'à nos héritiers, sur cette terre et vignes. Mais comme ils possédaient la susdite terre d'Invilliers libre et exempte de toute exaction de la part de quiconque, aussi nous leur accordons la possession de cette terre, vignes et cens, libre et exempte de toute exaction de la part d'autrui. Et afin que la chose ne puisse être détruite par l'oubli, nous l'avons consignée dans cet acte et afin qu'elle ne puisse être infirmée par la postérité, nous l'avons confirmée de l'autorité de notre scel et du caractère de notre nom. Fait publiquement à Paris, l'an de l'incarnation 1133, de notre règne le vingt-quatrième, notre fils Louis régnant depuis deux ans. Se trouvant dans notre palais ceux dont les noms sont ci-dessous. Signé de Radulphe, comte de Vermendois et notre sénéchal. Signé d'Hugues connétable. Signé de Guillaume, bouteiller. Signé d'Hugues, chambellan.

Donné par la main d'Étienne, chancelier. ».

Suite chronologique

Il n'est pas question de recopier l'abbé Lebeuf qui résume assez bien les premiers documents.

Ce document de 1147 est confirmé en 1155.

En 1159, une autre confirmation est apportée par le roi Louis VII. Enfin en 1183, c'est le tour du pape Lucius III de confirmer ces biens au cours d'un échange avec l'abbaye de Marmoutier.

Nous quittons ce 12ème siècle pour aller allègrement à la fin de la guerre de Cent Ans. Un dénommé Mahiet Giroust acquiert le fief d'Invilliers, de religieuse dame Marguerite Drouer, humble abbesse de Gif. Ce Mahieu Giroust, marchand, demeure au Déluge.

L'acte est rédigé par Pierre Quatrelivres et Pierre Jacquet, notaires jurés du roy en son Chatelet de Paris: l'abbesse de l'église et abbaye de notre dame de Gif et soeur Jeanne Delabarre religieuse de ladite église, représentant à présent la totalité dicelle abbaye (conséquence de la guerre de Cent ans), au nom de l'abbaye, d'une part, et Mahieu Giroust, marchand demeurant au Déluge près Marcoussis, pour lui en son nom d'autre part. Les dites religieuses disant que à cause de la fondation et dotation de leur abbaye, leur appartient ung manoir ou soulloit avoir hostel, cour granche estable & autres édifices jardins et lieux assis au lieudit Invillier en la paroisse de Bris, auquel hostel appartiennent plusieurs terres prés aulnoys contenant en tout 374 arpens audit lieu de Ynvillier alentour dudit manoir.

Ces biens sont mouvant de l'abbaye à une seule foy et hommage. Lesquels hostel ou manoir granche et autres édifices sont de longtemps eschus et démolis par la fortune des guerres et périssements qui ont esté en ce royaume et venus en masures, pleines de buissons et d'arbres, lesdites terres prés aussi venus en désert hayes arbres et buissons. Lesdits héritages sont en non valeur, et de nul proffit pour les religieuses qui n'ont de quoy faire réédifier ledit hostel de Invillier et déffricher lesdits héritages et les faire valoir. Elles y sont tenues par devant l'évesque de Paris, leur souverain, qui consent qu'elles baillassent à rente annuelle & perpétuelle à toujours, lesdits héritages audit Mahieu Giroust qui est homme puissant pour les remettre en estat, au moins solvable pour bien paier la rente à quoy elles lui seroit baillé, lequel monseigneur l'evesque après qu'il a esté informé par des officiers qui ont visité lesdits lieux, les parties font le bail sans aucune charge!!! sinon des droits féodaux oultre quatre livres parisis de rente non rachetable.

Cette fabuleuse affaire va expliquer ce qui va suivre!

Quatre années passent, notre marchand maintenant qualifié de laboureur , toujours au Déluge, vend une rente annuelle sur le fief, terre et seigneurie d'Invilliers qui déjà est évaluée à un principal de 264 escus d'or à la couronne du coing du roy (1 escu environ 3 livres). La rente annuelle est vendue à honorable homme Nicolas Lelouche, marchand orfèvre et bourgeois de Paris, moyennant 22 escus de rente annuelle, elle est rachetable. Mahiet empoche donc 264 escus et accepte d'en payer 22 pour continuer à jouir des biens.

En 1481, soit 18 ans après l'acquisition aux religieuses, on assiste à un procès en rescision (annulation judiciaire), une abbesse d'extraction noble Anne de Brie, attaque sa prédécédente consoeur: Marguerite Durouer qualifiée de femme de petit gouvernement, mal famée et renommée, qui ne se tenoit point en ladite abbaye, & mauvaise administratrice, qui avoit vendu gaté et divisé tous les biens revenus de ladite abbaye par de semblables baux et aliénation pour avoir de l'argent. Le bail extorqué aux officiers de l'évesque par des présents qu'il leur avoit fait pour tacher de colorer l'aliénation qu'il savait estre nulle.

On apprend au cours des 45 ans que durera le procès que: Ladite abbaye a été longtemps en ruine, sans édifices, sans église & sans religieuses, et que les titres de l'abbaye pendant le tems ont été perdus dérobés & brulés et son revenu vendu & aliéné.

Nous arrivons début du 16ème siècle, lors d'un partage du lieu et manoir nommé Invilliers, clos à petits fossés séant en la paroisse de Briis. Les héritiers concernés descendent de la famille de Jean Giroust devenu bourgeois, demeurant à Paris, Pierre Chauveau à cause de Marguerite Lot, Pierre Lot demeurant à Paris, Jean Lot demeurant à Invilliers et Jean Berjot demeurant à Mulleron. De cet acte il apparaît que les Giroust et Berjot étaient preneurs (compaignons preneurs) par moitié du fief d'Invilliers en 1462, moyennant la rente annuelle de 5 livres tournois.

En 1534, les religieuses ne baissent pas pavillon, elles assignent les héritiers pour devoirs non faits (foi et hommage classique) pour reprendre le procès en rescision de 1462! Celle lutte est continuelle, les héritiers tiennent bon, paient leurs droits, cèdent des parcelles mineures. Ainsi en 1546, l'un d'eux, Chauveau héritier à cause du trépas de Marguerite Lot, accompagné du curé de Janvry, au nom d'un praticien de Briis, en présence du tabellion de Janvry, cette multiple représentation se transporte à l'abbaye de Gif pour faire à l'abbesse l'hommage d'Invilliers. Ledit Chauveau se seroit adressé à deux religieuses au guichet de la porte de l'abbaye, il auroit demandé madame l'abesse dudit lieu, pour les foy & homages qu'il est tenu de lui faire tant en son nom que procureur des autres héritiers à cause des héritages qu'ils tiennent à Invilliers, à eulx appartenant à cause de la succession mort & trépas de Marguerite Lot leur mère, tant en maison granches …., court jardins tout clos à fossez , boys terres alentour dudit Invilliers; Marie du Ronzier les reçoit disant que l'abesse est mallade & couchée sur son lit & qu'elle ne les recevra pas (apparemment en toute mauvaise foi). Chauveau continue en se présentant devant la principale porte s'est mis à genoux en présence du tabellion heurte trois fois à ladite grande porte du marteau y estant apposé, reprenant le tout disant que leurs biens font partie des 374 arpens de l'enterrinement de certaines royaulx de resicion obtenue le 20 décembre 1510 et du contrat fait par Margurite Drouet en 1463, ces héritages tenus en roture.

Bref un dialogue de sourd, les religieuses n'ouvrant pas leur porte, Chalumeau demandant la confirmation à la porte, comme accoustumé pour les foy & hommages, réponse évasive… Il était accompagné de Pierre Lachambre & Jehan Baron laboureurs demeurant à Chantecoq tesmoins requis. Le même jour, Jehan Chevallier laisné, laboureur demeurant à Janvris, et Marquet De Forges aussy laboureur demeurant à Mulleron paroisse de Janvris, comme marguilliers de l'église notre dame de Janvris, se sont transportés avec le tabellion royal de Janvris à l'abbaye de Gif avec le même rituel et même refus, mention du procès pendant devant le prévost de Paris. Parmi les nombreux hommages vus ces quinze dernières années, c'est la première fois que ce type de serment est demandé avec autant d'insistance! Un mois après les religieuses les religieuses font saisir le fief, prétendant n'avoir pas reçu d'hommage! Ce jeu durera encore un an, la justice déclarant que les parties doivent s'arranger pour régler le problème.

Au milieu du 16ème siècle, les successions morcelant de plus en plus le fief d'Invilliers avec ses 374 arpents, on assiste à l'achat par deux repreneurs très actifs, Jean Rousseau, prévôt de Briis, et Jean de Baillon, alors seigneur de Marivaux. Ce dernier devenu trésorier de l'épargne en 1560, déclarera le tiers de la totalité d'Invilliers. Un an après Jean de Beauclerc, beau-frère de Jean de Baillon, fera passer la déclaration à la moitié du fief. Encore un an et Jean de Baillon se déclare seigneur d'Invilliers. Il décèdera subitement en 1567.

Un aveu fait à cette époque permet de dire que les bâtiments à usage d'habitation et de ferme sont clos à grands fossés et avec la cour et représentent quatre arpents. Suit une liste très détaillée de terres, notons: - ung lieu nommé le petit Chantecoq, contenant 41 arpens, y a & comprenant les maisons granches masure court et pourpris, tenant de toutes parts aux terres cy devant déclarées et que le seigneur de Bris prétend estre en sa cencive et dont y a procès aux requestes du Palais.

En 1576, Guillaume de Baillon fils aîné de feu Jean de Baillon, issu du premier lit, ainsi que Pierre de Lestoille, tuteurs de ses frères et soeurs nés du second lit, font un bail des biens sur Janvry dont Invilliers qui se consiste en: - maison manable, granche estable court jardin le tout clos de grands fossés pleins d'eau avec 265 arpents de terre. (voir plan ci-dessous)

En 1580, Jean de Baillon, fils du second lit, va porter les classiques foy et hommages aux religieuses de Gif. Il est qualifié de seigneur de Janvry, Marivault, la Brosse, Fresneau, Invilliers et Chantecoq, comme aisné des enfants de Marie de Hacqueville, seconde femme du trésorier de l'épargne, tant pour lui que pour ses frères et soeurs, tous héritiers des biens du second lit ( seul Guillaume aisné et seul du premier lit a déjà fait transaction sur sa part des biens du défunt), donc va à Gif pour les devoirs classiques du vassal d'Invilliers envers les religieuses de notre dame du val de Gif. Il demande l'abbesse Jeanne de Karnazet. Assistent également plusieurs soeurs. Le seigneur de Janvry descend de cheval, oste ses éperons, la tête nue, le genoul en terre et baise le ? de la principale porte de l'abbaye …. classique. Il offre de payer les droits de relief, et porter l'aveu. Curieux il est mineur alors âgé de 22 ans.

Cinq ans plus tard, ledit Jean seigneur de Janvry uniquement, y demeurant, vend une rente annuelle au capitaine des gardes du roy, gageant ses biens et notamment Invilliers pour 375 arpents. Il perçoit pour la transaction 375 escus sol.

Une période suit sans informations trouvées, où Invilliers change de main, certainement en raison du partage entre les frères et soeurs. En 1594, ce lieu fait partie des biens de Pierre de Chauldron, seigneur de Méridon, qui est marié à Geneviève de Baillon, soeur de Jean II. Ce bien est échangé avec Amos du Tixier, seigneur de Briis, et sa femme Françoise de Hurault. L'acte est passé à Méridon, paroisse de Chevreuse. il s'agit maintenant du fief terre et seigneurie d'Invilliers: -un corps d'hotel, grange estable à chevaux, bergerie, fournil, clos de fossés, avec 260 arpents de terres. Les biens tenus en propre de Geneviève par partage de la succession de ses parents. Les nouveaux acquéreurs enterrinerons l'échange devant l'abesse de Gif.

En 1630, c'est Antoine de Cugnac, marquis de Dampierre, marié à Madeleine du Tixier qui fait de même. C'est le second mariage de Madeleine, son premier mari, le baron de Montbrun avec lequel elle a eu des enfants qui héritent de leur père. de ce fait la moitié d'Invilliers est à Madeleine de son propre et l'autre aux mineurs. trois ans après le marquis rachète la part des enfants.

L'an 1671 voit la vente par le marquis de Dampierre de sa part des biens à Briis. Parmi ceux-ci figure la ferme d'Invilliers. Notons que l'actuel marquis de Dampierre est l'époux d'Anne de Cugnac, fille d'Antoine et de Madeleine du Tixier. L'acquéreur Guillaume de Lamoignon, chevalier, marquis de Basville, comte de Launay Courson, baron de Saint Yon… , rendra l'aveu de ses biens l'année suivante et réglera aux religieuses 1000 livres pour profit de fief.

Les années passent, c'est au tour de Nicolas de Lamoignon, chevalier, comte de Launay-Courson … intendant pour sa majesté en sa province de Languedoc, de déclarer 237 arpents attachés au fief d'Invilliers. On retrouvera trace des Lamoignon jusqu'en 1750.

Arrêtons là cette chronique avec le passage d'Invilliers aux Dupleix de Baquencourt.

À suivre …

dagnot/chronique05.01.txt · Dernière modification: 2020/11/11 01:24 de bg