Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Le moulin des Suzeaux à Linas 1223-1605

Le moulin des Suzeaux existait au début du XIIIe siècle et sera démoli au XXe siècle. Pour situer cet édifice, se placer devant la mairie et regarder en direction de la RN 20, il était sur le raidillon qui remonte et longe cette nationale. De rares vestiges subsistent.

J.P Dagnot - Avril 2008

extrait de la donation de 1223

Préambule

Rappelons que l'étendue de la paroisse de Linas était partagée par trois seigneuries: - le Chapitre de Linas, - le seigneur de la Roue, - le seigneur de Guillerville, Les frères de l'Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem, puis le commandeur du Déluge possèdent des fiefs en commun avec le seigneur de la Roue. Au XIIIe siècle, les seigneurs sont laïcs et d'origine locale.

Les documents les plus anciens

En 1223, moi, le chevalier Ferry Pastes (Ferrious Pastes) faisons savoir aux présents et aux futurs que Eyreburge de Chevreuse et Etienne son fils que le moulin qui est appelé de la Roue au voisinage de Linas (de Rota juxta Linesium), situé dans le fief qu'elle tenait, est donné aux seigneurs de l'Hôpital de Jérusalem en pure et perpétuelle aumône. Cette donation est approuvée par Payen de Liers, chevalier, qui détient le droit féodal (suzerain) sur le moulin. La concession faite aux seigneurs de l'Hôpital est approuvée et digne d'éloge par Payen qui détient le droit féodal et le moulin appartient aux frères de l'Hôpital avec la permission de Payen et de même la femme de celui-ci nommée Agnès accepte la donation.

Le même Ferry fait don d'un demi-muid de blé sur le moulin de Nicolas de la Roue au Chapitre St Merry.

A cette époque, Geoffroy Germani de Montlhéry (Gaufredus Germani de Monte Lethico) vend aux frères de l'Hopital de Jérusalem de Paris 4 setiers de blé qu'il possède dans le moulin de la Roue (in molendino de Rota), c'est-à-dire 2 setiers de froment et deux setiers d'orge moyennant 20 livres 13 sols et 1 denier parisis. Il tient ce blé de son droit féodal. Hudeardis, sa femme accepte cette vente. La vente est garantie et ratifiée (témoins) par Pierre Borguegnians de Montlhéry (Monte Letico) & Bartholomeus le cordonnier de Chevreuse (Caprosia).

Enfin en 1228, Guillemus (Guillaume) Germany et Eremburgis sa femme vendent et concèdent aux frères de l'Hopital de Jérusalem huit setiers de blé (octo sextarios bladi) que nous avons annuellement dans le moulin de la Roue à Linas (in molendino de Rota apud Linois) moyennant 23 livres 6 sols et 3 deniers parisis. Eremburgis accepte de s'acquitter de tous ses droits nobles qu'elle possédait sur le blé et vend quatre setiers de blé qu'elle avait sur le moulin susdit, faisant ses louanges nobles …

De ces documents on peut dire que les frères hospitaliers de Jérusalem ont acquis des droits sur un moulin dit de la Roue dembas. D'autre part, ils ne sont pas seigneurs à Linas.

Dans une chronique spécifique, nous retracerons le passage de la seigneurie de Linas, des laïcs au Chapitre de Linas et aux frères de l'Hôpital de Saint Jehan de Jérusalem à Paris.

Le moulin des Suzeaux jusqu'à la sortie de la guerre de Cent Ans

Ce moulin est également appelé le moulin de la Roue dembas, parce qu'il se situe en aval du moulin de la Roue (appartenant au seigneur de la Roue).

Le premier document date de 1342: Edeline de Boucy, bourgeois de Montlhéry, au nom de son fils, disoit qu'ils avoient et tenoient paisiblement un moulin de la roé en bas séant à Lynois, les appartenances d'icelluy, les deux parts en un huitième … confessent avoir baillé à rente annuelle et perpétuelle quittent et délaissent à tout jours à Michel Dangueulq, bourgeois de Lynois et à Jehanne sa feme pour eulx et pour leurs hoirs les deux parts et un huitième, c'est à savoir pour un muy de mestail … Ce vidimus fut établi en 1378.

A la fin du XIVe siècle, un bail à cens est réalisé. Pierre de Provins, commandeur de lospital ancien de St Jehan à Paris, de St Aubin (entre Gif et Saclay) et des appartenances, avec l'assentiment de nos frères , baillons par ces présentes à Guillaume Champion et Colette sa femme. ung moulin à eau à nous appartenant avec toutes ses appartenances appelé le moulin de la Roe embas, contenant cinq quartiers de terre, tenant d'une part, au chemin qui va à lostel de la roe, sauf réserve toute fois à notre prouffit de jardin et pré que nous avons à Linois. Ce bail fait pour le prix et somme de six deniers de pur chef cens de mousture, et trente & un sextiers du meilleur blé seigle. Et aussi a esté prisé de notre consentement et de celui des mariés, tant en maçonnage par André Chastreux comme autres choses par Berthe l'aîné , Jehan Gardenloge charpentiers, Jehan Berthe le jeune maçon, et Jehan le Chandellier musnier juré sur le fait des moulins en la chatellenie de Montlhéry à la some de 44 livres parisis…

Nous arrivons à la fin de la guerre de Cent Ans. Le commandeur de lospital ancien de St Jean de Jerusalem fondé à Paris, à cause de sa commanderie obtient par adjudication à luy faite par decret fait et prononcé en la court & auditoire de la prévosté dudit lieu de Montlhéry le moulin de la Roé embas. Fait le lundi huitième jour du moys de mars l'an mil quatre cens cinquante et un.

Cinq ans après, devant deux notaires du chastellet de Paris, Gervaise Boisneuf, marchand boulanger, demeurant à Montlhéry, lequel de son bon gré et bonne volonté, pour son proufit confesse avoir prins et retenu à tiltre de croix de cens ou rente annuelle et perpétuelle, dès maintenant à toujours, de religieuse et honneste personne frère Regnault, licencié en loi, commandeur de lospital ancien de St Jean de Jerusalem fondé à Paris “une masure & place ou jadis souloit avoir maison & ung molin a blé appelé le molin de la Roe embas le tout contenant cinq quartiers de terre, assis et situé à Linoys sous Montlhéry devant le chemin du roy nostre sire, tenant d'une part à Katherine la maistresse… aboutissant par le haut au chemin qui va à lostel de la Roé, en la censive et seigneurie de ladite commanderie de st Jehan de lospital et chargé de douze deniers de cens. Cette prinse faite moyennant les douze deniers de cens et oultre la quantité de cinq sextiers de bled de rente annuelle et perpétuelle. Les 5 sextiers payable à partir de 1458, à cause que lesdits lieux sont en ruyne et désert. Ledit preneur sera tenu de rediffier maison pour demeurer et habiter avecques un molin a blé bon et suffisant et icelluy molin rendu tournant et molant dedans noel prochain.”

De ces actes, il apparait que l'ordre militaire religieux est sans conteste l'Hôpital ancien de Paris. Par contre, aucune information ne filtre sur les évènements de la guerre de Cent Ans. Comme la plupart des autres lieux le moulin n'aura pas traversé la guerre. Pour le rétablir, la règle ne change pas, le commandeur de L'hôpital parisien gérant St Aubin, fait un bail à rente perpétuelle à un particulier. Le Déluge n'apparait toujours pas à Linas.

Le moulin sous les Saint-Renon

Au début du XVIe siècle, Jehan Boisneuf musnyer demeurant au molin de la Roe en bas à Lynais soubz Montlehéry prent à ferme et moison de grain du jourduy jusqu'à neuf ans venant de maistre Nicole Crozon, avocat en parlement et Martine de Saint-Renon sa femme, quy luy ont baillé audit titre, ledit molin dela Roe embas , cette prinsée faicte pour une myne de blé mousture tel que ledit molin gaignera à payer par ledit preneur, soit à Montlhéry soit à Lynais, item six septiers de blé mousture, entretenir ledit molin tornant et moullant et faire une roe et arbre neuf avant la fin du temps et ung bié pour arrester l'eau dudit moulin selon la place, ferme et moison de troys septiers de blé par chacun an. Fait en présence de Pierre Boutet.

En 1518, le même Jehan Boisneuf, musnier demeurant au moulin de la Roé embas assis à Lynois soubz Montlehery, confesse avoir pris à tiltre de ferme et moyson de grain jusqu'à douze ans de maistre Nicole Crozon, …, ledit molin et jardins, comme en a joy, item demy arpent de terre, cette prinsée faite moyennant 27 septiers quatre boisseaux de blé. Et que si tost que ledit bailleur auroit fait faire un bief estang en vivier au dessus dudit moullin pour garder les eaux, pour mouldre une myne de blé en une seule charge ledit preneur sera tenu de payer audit bailleur un demy muy de bled tel que dessus… C'est donc à partir de cette époque que ce moulin sera équipé d'une réserve d'eau en amont.

En 1543, Martine de Saint-Renon a pris un autre époux, noble & sage maistre Nicole Guesdon, seigneur de Presles en Brye et advocat en la court de parlement. Dans un titre nouveau, ce couple déclare qu'il est détempteur & propriétaire d'un moulin a bled assis à Linoys appelé le moulin de la Roe dembas, sur lequel révérend père en dieu frère Brille Quinon, commandeur de st Jean de Latran à Paris a droit de prendre chacun an cinq septiers de bled mousture avec douze deniers parisis de cens.

Cet acte nous apporte une synthèse de tous les actes précédents à savoir que les droits du moulin achetés en 1223 et années suivantes par l'Hôpital parisien sont passés à Lhospital de St Aubin et depuis 1479 à St Jean de Latran. Ils consistent en cinq septiers de bled et douze deniers de cens. Tant que le bail à cens sera respecté, les propriétaires sont des particuliers.

Le procureur de frère François de Lorraine, chevalier de l'Ordre St Jean de Jérusalem, a remis de l'ordre dans la gestion des biens de Linas. Les droits du moulin ignorés pendant plusieurs siècles ressurgissent, les procès également. Ainsi en 1546, une sentence du prévost de Paris exige le paiement des cens & rentes dûs sur le moulin de la Roue d'embas, à savoir cinq sextiers de bled. Le procureur de noble homme Nicole Guesdon, seigneur de Granches en Brye, advocat et Martine de St-Renon sa femme…, défendeur d'autre part, détempteurs & propriétaires dudit moulin de la Roue d'embas sont condamnés…

Vers 1550, devant un chanoine procureur du seigneur de St Mery, Nicole Guesdon, advocat en parlement, seigneur de Presles en Brye et dame Martine de St Renon sa femme, acceptent de pouvoir faire construire et bastir un petit pont de pierre raisonnable et suffisant pour aller plus facilement et aisément à leur maison estant audit lieu en leur jardin sans porter préjudice au cours de l'eau venant du moullin des seigneurs de st Mery nommé le moullin de Chollet et payer à l'avenir deux deniers de cens et payer la moitié des frais de curage de la rivière pour les deux moulins y compris celui de la Roue appartenant à ladite de St-Renon entre le petit & le grand pont de Lynois.

En 1561, Martine de Saint-Renon, veuve de feu noble homme Nicole Guedon, dans un titre nouvel, déclare être détemptresse d'ung moulin …. advoue tenir en censive de religieuse personne frère Guillaume de la Fontaine, commandeur de saint Jean de Latran à Paris, chargé de douze deniers parisis de cens portant lods & ventes et le paiement de la rente de cinq sextiers de bled.

Le moulin sous les Redon

En 1577, en raison du décès de Martine de Saint-Renon ou à la suite d'une vente, le propriétaire des lieux est Guillaume de Reddon, conseiller du roy et lieutenant en la prévosté de son hostel. A cette date, Françoys Fevau, musnier demeurant au moullin appelé les sureaux, lequel confesse debvoir au propriétaire, la quantité de seize septiers de bled, à cause du temps passé pour la ferme dudit moulin…

L'année suivante, le même musnier demeurant au moulin des Sureaulx s'engage à payer à Robert Hanyard musnier charpentier la somme de six escus. Deux mois après, notre meunier fait de même avec son bailleur Guillaume de Reddon, pour la quantité de 5 septiers de bled dus sur les moisons dudit moullin.

Les informations sur ce moulin sont éparses. On apprend que Amanyon Lesné quitte ce moulin pour aller au grand moulin de Guillerville. Nous sommes en 1583. Guillaume de Redon change de meunier et le loue à Thomas Rousseau. Le moulin ne doit pas être en très bon état, dans le mois qui suit, Jehan Lesné, charpentier demeurant à Marcoussis promet à noble homme Guillaume de Redon, absent & acceptant par dame Françoise Leroy sa femme, de faire & parfaire bien & duement une grande roue de bon boy de chesne pour servir au moullin de la Roue d'embas autremendit le moullin des Suzeaulx, de même hauteur que la vieille roue quy y est à présent, fournir le boy et toutes les mathières pour rendre ledit moullin tornant moullant & travaillant, dedans six semaines, ce marché faict à la charge que le boys de la vieille roue demeurera audit Lesueur moyennant la somme de vingt escus sol dix escus à présent en trente pièces de france d'argent.

En 1586, Jehan Lesné le jeune, musnier charpentier a dû reprendre le bail de Thomas Rousseau mais n'y trouve pas non plus son compte, et il le transporte et délaisse à Balthazard Dupontel musnier tailleur d'habits demeurant à Chilly acceptant, le droit de bail à luy cy devant ceddé par Thomas Rousseau musnier, afin de prendre dudit bail fait audit Rousseau du moullin de la Roue dembas, maison lieux estang avec deux arpents ung quartier de terre … par noble homme Guillaume de Rodon conseiller du roy demeurant à la lampe, duquel bail reste six ans et demi, fait par Bligny en mai 1583 pour 9 ans. Tous les deux moys sera tenu de payer sept septiers ung mynot bled mestail, …, entretien faire curer l'estang du moulin.

Ce moulin ne semble pas être un outil performant, il est sous-loué cette fois à Jacques Cordeau laboureur de vignes. Le bailleur principal est toujours Thomas Rousseau qui par ailleurs reconnait debvoir à Lazare Thénot docteur, regent en la faculté de médecine de Paris la somme de 19 escus d'or sol, pour ferme & loyer du moullin fait par Redon.

A la même époque lors du baptème de Marie Letellier fille de noble homme René et de noble dame Vinvende Leroy, une des marraines, est noble dame Françoise Leroy veuve de noble homme Guillaume de Redon en son vivant. Nous allons donc retrouver l'épouse et les enfants héritiers. C'est ainsi qu'en 1605, Jehan Le Redon, escuier, homme d'arme de la compagnie de Monseigneur le Dauphin, Marie & Madeleine de Redon ses soeurs, héritiers par bénéfice d'inventaire de deffunte Françoise Leroy leur mère, confessent être détempteurs : - d'un grand corps d'hostel, pressoir, estable cour jardin derrière contenant environ ung arpen & demy assis audit Lynois devant & à l'opposite de la maison où pend l'enseigne lymage de notre dame, - partie d'un moulin à eaue appelé le moulin des sureaux & jardin - huit arpens de terre à Longpont - trois arpens de vignes à Linois. - une maison à Paris, rue du noyer que détient Hiérosme Lemaitre et vendu en bail à rente de 50 livres de rente annuelle …

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