Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Les cousins de Messire l'amiral

Chronique du Vieux Marcoussy ————————————- _——————————- Août 2008

C. Julien

JP. Dagnot

Chacun connaît la locution proverbiale « Le roi n'est pas son cousin » qui désigne un homme prétentieux. Autrefois, le roi de France donnait dans ses lettres « mon cousin », titre qu'il accordait aux princes du sang, aux cardinaux, aux pairs, aux ducs et aux maréchaux de France. Pour ce qui est de messire Louis Malet de Graville, seigneur de Marcoussis, nous pouvons prendre cette locution au premier degré puisqu'il a été vraiment le cousin des Valois. « …il apparaît que notre amiral était du côté maternel allié du sang de France au quatrième degré » écrivit Simon de la Mothe. C'est la démonstration qui est l'objet de la présente chronique, dans laquelle nous ne reprendrons pas les éléments biographiques de l'amiral (1).

La naissance de l'amiral

L'amiral Louis Malet de Graville est le fils « né du légitime mariage de Messire Jean VI Malet de Graville, seigneur de Marcoussis et de demoiselle Marie de Montauban ». La naissance de Louis Malet de Graville, seigneur de Marcoussis est un sujet de controverse.

Son lieu de naissance est inconnu, alors que nous savons avec exactitude qu'il est mort à Marcoussis le 30 octobre 1516. Pour le père Anselme, il serait décédé à l'âge de 78 ans, ce qui le fait naître en 1438. L'abbé Lebeuf reprend la même information qui semble venir de du Breul dans sa Continuation de Paris de l'an 1510 . D'autres auteurs, comme Dom Morice dans ses “ Mémoires pour servir de preuves de l'histoire de Bretagne ”, récusent cette date en disant que Jean VI Malet aurait épousé Marie de Montauban le 28 septembre 1440, ce qui ferait naître leur fils cadet vers l'année 1443, le fils aîné nommé Jean étant né vers 1441. Mais il semble que cette date de mariage soit fausse.

Simon de La Mothe, moine Célestin de Marcoussis écrivit : « Quant audit messire Louis Malet, il prit naissance à Paris l'an 1438 sous le règne de Charles VII deux ans après que les Anglais en furent chassés et parut du vivant de Monsieur son père sous le nom de sieur de Montagu en Cotentin ayant atteint l'âge de vingt-trois ans où il se rangea du côté du roi Louis XI son prince naturel ».

Dans sa notice bibliographique sur Louis Malet de Graville, Perret, ancien élève de l'École de Chartes, se garde bien de donner une date de naissance exacte, d'ailleurs il mentionne « 144 ? » où le point d'interrogation signifie une complète incertitude (2).

Le père de l'amiral est Messire Jean Malet, sire de Graville en qualité de fils unique de dame Jacqueline de Montagu, seigneur de Montagu-en-Cotentin, de Harfleur, de Lisbonne, d'Harbonville, du Grand et Petit Hevre où est maintenant situé Le Havre de Grâce, de Fontaine-Malet-de-Grâce, de Joinville, de Marcoussis, de Châtres, de Nozay, La Ville-du-bois, le Bois-Malesherbes, Saint-Yon, Boissy, La Roüe, de Marmontiers, de Valère, de Tournenfuye et autres lieux (3).

Sa mère, dame Marie de Montauban, est la seconde fille de « haut et puissant seigneur » Guillaume de Rohan, seigneur de Montauban, prince de Léon en Bretagne, chancelier de la Reine de France, Elizabeth de Bavière, et de Madame Bonne de Milan, fille unique de haut et puissant prince Charles de Milan ou de Visconti, seigneur de Crémone et de Parme. Marie avait deux frères : Jean de Montauban fut amiral de France et Artus, mort en 1478 à l'âge de 64 ans était un clerc qui fut bailli de Cotentin puis élu archevêque de Bordeaux (4).

Louis reçut un complément d'éducation de la part de ses oncles maternels après avoir fait ses humanités au collège de Montagu à Paris. Simon de la Mothe écrit à ce propos « Les sages avis de son oncle maternel, Messire Jean de Montauban ou de Rohan, grand amiral et grand maître des eaux et forêts de France sous la conduite duquel il se fit renommer dans les armées comme il croissait en âge aussi bien qu'en générosité de courage et par ledit érudit il devint premier chambellan de sa majesté et s'allia par mariage avec demoiselle Marie de Balsac, fille de Messire Reuffroy de Balsac, seigneur audit lieu d'Entragues et plusieurs autres terres et seigneuries tant en Auvergne qu'en Gascogne laquelle le fit père de deux garçons et trois filles qui furent mariées avec des partis les plus considérables de ce royaume ».

Du côté paternel, l'amiral avait son oncle Charles, curé de Montfort et de Beaufou, recteur de l'université de Caen en 1476, et deux tantes. L'aînée, Marie Malet de Graville, dame de Longuay, épouse de Girard d'Harcourt, baron de Bonnétable et la cadette, Louise Malet de Graville, mariée au chevalier Guillaume de Rouville, seigneur des Moulineaux. Du côté maternel, il y avait trois tantes et les oncles qui eurent soin de leur neveu orphelin. Jean de Mautauban qui, ayant été maréchal de Bretagne, fut nommé amiral de France par Louis XI, puis cumula plusieurs charges dont celle de bailli du Cotentin, de grand maître et réformateur des Eaux et Forêts, de receveur général des finances de Normandie. Il était gouverneur de La Rochelle quand il mourut en mai 1466. Le second de ses oncles, Artus de Montauban, déjà cité, suivit une carrière militaire, puis, étant le principal auteur de la mort de Gilles de Bretagne, prit le froc de moine Célestin à Marcoussis, d'où dit le père Anselme « le roi Louis XI qui le favorisoit, le retira pour le faire archevêque de Bordeaux, où il fit son entrée le 18 novembre 1467 ». Il mourut à Paris en 1478.

C'était bien à Marcoussis que Louis de Graville reçut les conseils de son oncle Artus. Ayant atteint l'âge de vingt-trois ans, il se rangea du côté du roi Louis XI, son prince naturel et bien qu'il fut aucunement obligé de soutenir les intérêts de Charles de France, duc de Normandie « à cause de quantité de seigneuries et de terres qui lui appartenaient en province, sa fidélité toutefois et sa conduite fut-elle qu'il ne s'y engagea pas au préjudice de son souverain se conforment au sentiment suivant ». Louis de Graville fit la carrière qu'on lui connaît sous les rois Charles VIII et Louis XII, ses petits cousins issus de germains (5).

La famille Visconti

Considérons maintenant les aïeux de notre amiral qui descend par les femmes d'une famille noble italienne de Lombardie issue de Mathieu 1er Visconti dit le Grand « Mattéo Visconti il Grande ». Mathieu fut seigneur de Milan à la suite de son oncle Otton. Marié, en août 1269 à Bonacosa Borri, ils eurent dix enfants dont Etienne, chef de la maison au début du XIVe siècle. Dès lors la famille Visconti était très puissante à Milan. Galéas 1er succède à son père, Jean est élu archevêque de Milan en 1317 et Etienne devient seigneur d'Arona et épousa Valentine Doria, Génoise, fille de Barnabo de Sassela et d'Eliana Fieschi de Lavagna. Ils sont les parents de Mathieu II, Galéas II et Barnabé qui succèderont à Jean, leur oncle, au gouvernement de Milan, comme co-seigneurs.

C'est le moins qu'on puisse dire que la famille Visconti était turbulente et belliqueuse. Les trois fils d'Etienne en firent la démonstration. Mathieu, le fils aîné d'Etienne Visconti, fut seigneur de Parme et de Plaisance. Il participa aux complots organisés par ses frères mais n'en tira aucun avantage. Le fils puîné est Galéas II Visconti qui épousa, en 1350, Blanche de Savoie, fille du comte Aymon le Pacifique et de Yolande de Montferrat. Il en aura un fils et deux filles. Il obtint les seigneuries de Pavie, Côme, Novare, Asti, etc. Le célèbre Pétrarque fut son conseiller et son ambassadeur. Barnabé, le troisième fils d'Etienne Visconti, fut seigneur de Milan de 1354 à 1385 et régna sur les fiefs de Brescia, Crémone, Soncino, Lonato et Bergame dont il fait construire la citadelle. Il participa aux guerres intestines italiennes et s'opposa violemment aux maisons d'Este, de Gonzague et à la papauté. En 1373, le pape Urbain V proclama une croisade contre les Visconti qui furent condamnés pour hérésie et contumace. Barnabé Visconti meurt en prison le 19 décembre 1385 après une vie d'intrigues et d'affrontements de toutes sortes. De son union avec Béatrix de La Scale naquirent 15 enfants dont l'aînée Taddéa ou Thadea ou Thadée qui épousa le duc de Bavière Etienne III et Charles ou Carlo, seigneur de Parme et Crémone qui épousa en 1382 Béatrix, la fille du comte d'Armagnac, Jean II le Bossu (6).

La branche Armagnac-Visconti

Cette branche est issue Charles ou Carlo, sixième enfant de Barnabé Visconti. Devenu seigneur de Parme après la mort de son frère Marc, en 1382, Charles Visconti se maria la même année avec l'aquitaine Béatrix d'Armagnac. Par son mariage avec Béatrix, Charles entrait dans la célèbre maison d'Armagnac qui s'était alliée à celle d'Orléans pour combattre le duc de Bourgogne. Jean II le Bossu, père de Béatrix par son mariage avec Béatrix de Clermont, fille de Jean de Clermont, comte de Charolais, était entré par alliance dans la puissance maison de Bourbon, dont le duc Louis 1er était le chef. Après trois ans de mariage, en 1385, la jeune Béatrix d'Armagnac donna naissance à une fille prénommée Bonne, enfant unique du couple.

La grand-mère maternelle de l'amiral de Graville était donc Bonne Visconti qui épousa, en 1414, Guillaume de Rohan, seigneur de Montauban, prince de Léon en Bretagne, chancelier de la Reine de France, Elizabeth de Bavière. Dans son manuscrit Simon de la Mothe précise « Madame Bonne de Milan, fille unique de haut et puissant prince Charles de Milan ou de Visconti, seigneur de Crémone et de Parme, cousine germaine de la reine Elizabeth de Bavière à cause de sa mère la dame Thadéa Visconti, femme de Etienne second duc de Bavière et sœur dudit prince Charles ». Par contre, l'auteur introduit une fantaisie en disant « dame Thadéa Visconti, nièce de Catherine Visconti seconde femme de Jean Galéas, parent de Valentine de Milan sa cousine, femme de Louis duc d'Orléans ».

De la mère de Louis, dame Marie de Montauban, Pijart nous donne la connaissance . Marie était née en 1415, l'année de la défaite d'Azincourt. Avec ses trois sœurs cadettes elle fut éduquée par sa mère qui, dit-on était fort belle. Sa sœur puînée Isabelle fut mariée au chevalier Tristan du Perrier, seigneur de Quentin. Béatrix épousa, le 13 septembre 1435, Richard, seigneur d'Espinay en Bretagne et la dernière fut alliée à Guy de La Motte, seigneur de Vaucler.

Nous savons qu'elle ne donna que deux fils à Jean VI Malet, l'aîné prénommé Jean et Louis le cadet. Certains généalogistes donnent qu'elle mourut avant l'âge de 25 ans vers 1440 et fut inhumée au couvent de Marcoussis où un obit de 10 livres a été fondé en 1487. Cela voudrait dire que 1438, année donnée pour être celle de sa naissance de Louis, est exacte et que Marie de Montauban serait décédée suite des couches d'un troisième enfant. Toujours est-il que le veuf, épousa en secondes noces Marie de Montberon, fille de François 1er de Montberon et de Louise de Clermont d'Aunay. Cette dame donna quatre demi-sœurs à notre amiral : Louise, Marie, Renée et Jeanne. La date du second mariage donnée pour être le 27 juin 1440 repose l'année de naissance de notre seigneur de Marcoussis.

L'acte de décès de Jean VI Malet de Graville pose également problème. Certains généalogistes posent sa mort en 1455 ce qui parait improbable ; Malte-Brun donne 1473 et ajoute que les notes historiques placées en tête de l'Inventaire général de la seigneurie de Marcoussis mentionnent un acte de donation daté du 22 juin 1458 entre le père et le fils ; enfin d'autres en 1482 (7).

La branche Visconti-Bavière

Cette branche de la famille Visconti est issue de Thadée, la fille aînée de Barnabé qui se maria le 13 octobre 1364 avec le duc Etienne III de Bavière- Ingolstadt (8). Deux enfants sont nés de cette union le duc Louis (1365-1447) et Elisabeth (1371-1435) devenue Isabeau de Bavière après son mariage avec le roi Charles VI. Cette princesse avait reçu la beauté de sa mère et des Visconti et se plaisait à dire qu'elle avait des origines italiennes. Vivant à Paris, auprès de sœur, le duc Louis devint seigneur de Marcoussis après la condamnation de Jean de Montagu, puis, rappelé en Bavière après la mort de son père le 25 septembre 1413, devint le duc Louis VII de Bavière.

Louis Malet de Graville, seigneur de Marcoussis (centre), son trisaïeul Barnabé Visconti et son cousin au quatrième degré, le roi Louis XI.

Chacun connaît la continuation de l'histoire de cette branche puisqu'il s'agit de la famille de nos rois. Isabeau de Bavière, que l'histoire officielle a maltraité, a vécu à l'époque la plus noire de l'histoire de France, celle des malheurs d'après Azincourt, de la folie du roi et de l'alliance des Bourguignons avec les Anglais. Cette reine donna 12 enfants au roi dont les successeurs Charles VII , Louis XI et Charles VIII furent les vrais cousins de l'amiral louis de Graville.

La branche Savoie-Visconti

Galéas II Visconti et Blanche de Savoie sont les parents de trois enfants dont Marie, morte jeune à l'âge de 10 ans, Yolande qui épousa son cousin germain Ludovico et mourut en 1386 à l'âge de 32 ans et Jean-Galéas Visconti qui devient premier duc de Milan en 1395.

Marié en premières noces à l'âge de 9 ans avec Isabelle de France, fille du roi Jean II le Bon, Jean-Galéas devient comte de Vertus, titre apporté en dot par son alliance. De cette union naîtront quatre enfants dont trois garçons morts en bas âge. Isabelle meurt des suites de ses couches le 11 septembre 1372 et Jean-Galéas convole en secondes noces avec sa cousine Catherine de Visconti, fille de Barnabé. Valentine, née en 1368 est issue de l'union du duc de Milan avec la fille du roi Jean. Pour certains généalogistes, tel que Pijart, Elizabeth n'eut pas d'enfants de Jean-Galéas. Cela ne change rien à la situation, d'autant plus, que les enfants issus du second mariage appartiendraient doublement à la famille Visconti. À ce propos, le religieux de Saint-Denis écrit dans sa chronique “dominus Galeaceus, maxime partis Lombardie, …,cujus filiam, ex genita Johannis regis Francie procreatam, dux Aurelianensis, frater nunc regnantis, uxorem duxerat, diem signavit ultimum” « vers le commencement de cette année [1402], mourut messire Galéas , duc de Milan, paisible possesseur de la plus grande partie de la Lombardie, prince célèbre par ses richesses que par l'antique noblesse de sa race, et dont la fille [Valentine] issue de son mariage avec la fille du roi Jean, avait épousé le duc d'Orléans, frère du roi régnant ».

Pendant ce temps, à Paris le roi Charles V cherchait des alliances prestigieuses pour ses deux fils, le dauphin Charles et le cadet Louis, princes de la maison capétienne de Valois. Les deux frères allaient être alliés à la maison italienne des Visconti. Charles épousa Elizabeth de Bavière-Ingolstadt, petite-fille de Barnabé Visconti, tandis que Louis épousa en 1389 Valentine de Visconti, cousine d'Elizabeth. Ce mariage sera l'origine des prétentions patrimoniales des Valois sur le duché de Milan au XVIe siècle.

Louis reçut le duché d'Orléans en apanage en 1392. Ce prince, aux goûts raffinés et de haute élévation possédait de nombreuses terres et seigneuries que le faisait le seigneur le plus riche du royaume. Charmeur et grand séducteur, il était le prince des fêtes et des plaisirs parisiens (9). Par sa prodigalité Louis d'Orléans s'attira la vindicte populaire exploitée par le parti bourguignon. Ayant acquis une grande influence au sein du Conseil du roi, alors que son frère était atteint de psychose maniaco-dépressive, il devient le rival des ducs de Bourgogne. Il fut assassiné à Paris le 23 novembre 1407 sur ordre du duc de Bourgogne, Jean sans Peur, son cousin. Louis d'Orléans est, par son fils aîné Charles d'Orléans, l'aïeul du roi Louis XII et par son fils cadet Jean d'Orléans l'arrière-grand-père du roi François 1er . Ces deux rois sont donc bien les cousins de l'amiral Louis de Graville.

Les grands-parents maternels de l'amiral

Nous avons déjà évoqué les grands-parents maternels de Louis de Graville. Par chance, nous avons accès au contrat de mariage passé en la cour de Melun, entre Bonne Visconti et Guillaume de Montauban (10). La fiancée est la cousine germaine de la reine de France Isabeau de Bavière qui, comme nous l'avons dit, s'enorgueillit de son origine italienne et s'entoure de sa famille. Le futur marié est un gentilhomme breton de la maison de Rohan, seigneur de Montauban-en-Bretagne, de Rumillé, de Marigné et de Landal, chancelier de la Reine.

Les seigneurs de Montauban de Bretagne forment une branche de l'ancienne famille des Rohan qui descendent de Josselin de Rohan, fils puîné du vicomte Alain III, qui vécut avant 1251. Guillaume est né du légitime mariage d'Olivier V et de Mahaud d'Aubigné qui apporta en dot la seigneurie de Landal. De cette union sont nés deux filles et cinq fils dont Bertrand de Montauban, mort à Azincourt, était conseiller et chambellan du dauphin duc de Guyenne.

En ces temps de troubles, la reine s'était réfugiée à Melun, s'éloignant des agitations parisiennes fomentées par le parti bourguignon. C'est l'époque de l'amour courtois et des raffinements de la société médiévale, où la Cour est un centre culturel cosmopolite avec les princes et princesses parents de la reine, les ambassadeurs et les officiers royaux. Ayant sa belle cousine italienne à ces côtés, la reine Isabeau avait décidé de la marier car la demoiselle était encore célibataire à l'âge de 26 ans. Elle fut ainsi promise au chancelier qui était un homme vieillissant âgé de 41 ans.

Dans le Cabinet Historique de Louis Paris, nous trouvons plusieurs pièces sur la Bretagne et la famille de Rohan. Le 27 octobre 1402, un serment de fidélité fait au duc par Guillaume, sire de Montauban, pour la capitainerie de Dinan. Le 16 octobre 1404, partage donné par Guillaume de Montauban à Marguerite, dame de la Houssaie, sa sœur. En 1406, douaire accordé par Guillaume, sire de Montauban, à dame Marguerite de Lohéac, son épouse. Le 12 juillet 1408, lettres du roy Charles V, par lesquelles il accorde à dame Bonne de Visconti, la somme de 3.000 livres à prendre sur le recepte des aides , en faveur de son mariage avec le sire de Montauban, du 24 juillet 1408 (11).

Contrat de mariage entre Guillaume de Montauban et Bonne Visconti (22 août 1411).

Il semble que le projet de mariage ait duré plusieurs années. Après avoir établi des documents désignant les procureurs de Guillaume de Montauban et une lettre d'authentification du scel du futur marié par des légistes « venerable et discrete personne - messire Jehan de la Verde prestre cure de Guiffosse ou diocece de Coustance - noble homme Bertran de Blais escuier ne de Bretaigne - et honnorable homme et saige Jamet Lebascle receveur general » , le contrat de mariage est passé le samedi 22 août 1411 devant les officiers de la prévôté de Melun « les traictiez accors promesses et convenances de mariage - du mariage pouparle entre le dit seigneur de Montalban et noble Damoiselle ma damoiselle Bonne des Viscomptes par la forme et maniere quil est contenu et declare en ung fueillet de papier » .

La dot de Bonne de Visconti est constituée et garantie par le roi et la reine qui mettent dans sa corbeille de mariée 30.000 francs dont le paiement se fera en trois termes « Item est accorde que la ditte somme de trente mille frans mon dit seigneur de Montauban en aura pour faire son plaisir la somme de dix mille frans et le surplus dela ditte somme de trente - montant vint mille frans sera emploiee en terre et heritaige qui sera propre heritaige de ma ditte damoiselle et de ses hoirs de son coste et ligne - Et sera ycelle somme de vint mille frans receus et gardee par Jehan Tarannes ou autres personnes notabe et seure qui sera eslu et nommee par la Royne et le dit seigneur de Montauban - Et quant toute la ditte somme ou partie sera receue elle sera emploiee comme dit est par le esleu en terre et heritaige pour ma ditte damoiselle par le conseil et advis de la Royne et dudit seigneur et de leur bon consentement au prouffit singulier de ma ditte damoiselle et ses hoirs et non autrement ».

Le seigneur de Montauban reçoit l'usufruit de la recette de la ville et château de Château-Thierry en Champagne « le Roy quil ordonnera et vouldra que le chastel et ville dudit Chasteauthierry seront mis en la main dudit seigneur de Montauban pour en avoir la garde jusques adce que il soit parpaie de la ditte somme de trente mille frans et de y mettre officiers sur le fait des dittes aides. Cest assavoir receveur et grenetier et aussi pour la garde des villes et chastel dessus diz Aux gaiges et proffiz acoustumez ». Un douaire de 3.000 livres est promis à Bonne Visconti par Guillaume de Montauban avec garanties sur ses seigneuries bretonnes : « A promis le dit seigneur de Montauban de douer ma ditte damoiselle de trois mille livres de terre A les avoir et prandre sur la baronnie et chastellenie de Landal et sur les baronnies et chastellenies de Remilly et de Marigny ».

Les notaires rédigeant le contrat de mariage ont introduit une clause particulière basée sur la coutume de Bretagne. C'est la clause de déshérence mâle qui autorise la transmission du tiers du patrimoine à l'aînée des filles et le surplus aux filles cadettes : “ promet et accorde le dit de Montauban que au cas quil ny auroit hoir masle procre ou mariage dessus dit et quil y auroit une ou plusieurs filles lainsnee des dittes filles ait apres le decept de lui la tierce partie de toutes les terres quil a en Bretaigne et son droit au surplus de ses richesses en Normandie et ailleurs et que les autres filles partent au surplus des dittes terres et viengnent o partaige selon la coustume di pais ”.

Finalement, dit le père Anselme, le mariage ne fut accompli qu'en 1414. En 1433, l'évêque de Dol de Bretagne reçut la foy et hommage de Bonne Visconti à cause de son douaire de la seigneurie de Landal.

Oui ! Louis de Graville, amiral de France et seigneur de Marcoussis est en réel cousinage avec les rois de France !

Notes

(1) Des éléments de la vie de l'amiral de Graville sont donnés par : (a) P. Anselme, Histoire Généalogique et Chronologique de la Maison royale de France , t. VII, 865 (Paris, 1733) ; (b) J. Lebeuf, Histoire de la Ville et tout le Diocèse de Paris, t. III, 477 (Paris, éd. de 1883) ; © V.-A. Malte-Brun, Histoire de Marcoussis , 83 (Res Universis, ed. de 1990) ; (d) H. Germain, Marcoussis, le réveil de son histoire , 79 (Impr. Montligeon, 1973).

(2) P.-M. Perret, Notice bibliographie sur Louis Malet de Graville, amiral de France (A. Picard Ed., Paris 1889).

(3) Les fiefs et seigneuries de la Brie avaient été apportés par Jacqueline de La Grange, l'héritière du président, son père et du cardinal, son oncle.

(4) Montauban de Bretagne (Ille-et-Vilaine, arr. Rennes, ch.-l. cant.). La seigneurie de Montauban était une baronnie d'ancienneté, qualifiée par la suite de comté. Le fief fut confisqué en 1465, par le duc Jean V qui le remit à Louis II de Rohan-Guéméné.

(5) De nombreuses erreurs ou fantaisies circulent sur les sites internet comme le texte suivant « Louis Malet de Graville se remarie avec Jeanne de Garlande , petite-fille de Charles d'Allonville qui lui apporte en dot, le fief de la Roue. Malet de Graville, devenu seigneur de la Roue utilise son droit féodal en dépossédant les Célestins au profit de son valet de chambre, Richard Hochet, pour le récompenser de ses bons services ». Etant veuf en 1503, Louis Malet n'a jamais été remarié. Cette Jeanne de Garlande était mariée à Pierre de Monceau. Tous deux vendirent le fief de la Roue à l'amiral. D'autre part, il n'y a jamais eu de confiscation des biens des moines Célestins mais, l'achat de fiefs par Louis Malet pour unifier et rendre cohérent la partie orientale de la seigneurie de Marcoussis. C'est ainsi que les fiefs de Guillerville, la Roue, la Flotte et Bellejame furent réunis.

(6) Les généalogistes ont attribué la paternité d'une vingtaine d'enfants illégitimes à Barnabé Visconti.

(7) La date de 1473 semble la plus probable car Jean VII Malet mourant avant son père, Louis hérita de tous les biens (dixit Malte-Brun) ; Jean VII mourut peu après 1470 et son frère recueillit sa succession (dixit Germain). Dans ce cas, la mort de Jean supposée après 1483, date du sacre de Charles VIII auquel il aurait assisté n'est pas possible (dixit Pattou).

(8) Depuis la mort de l'empereur Louis IV en 1347, la Bavière fut divisée en 3 duchés : le duché de Haute-Bavière, le duché de Bavière-Straubing et le duché de Basse-Bavière, lui-même divisé en 3 autres duchés à partir de 1375 : le duché de Bavière-Inglstadt, le duché de Bavière-Lundshut et le duché de Bavière-Munich.

(9) Certains auteurs ont prêté de nombreuses aventures amoureuses à Louis d'Orléans, allant lui attribuer des relations intimes avec la reine dont le fruit aurait été le dauphin Charles. Il est même accusé de vouloir “ esforcier ” la duchesse de Bourgogne. Pour ce qui nous concerne, ces assertions ne modifient en rien la filiation de cousinage avec le seigneur de Marcoussis.

(10) Nous remercions le chercheur anonyme qui a posté le contrat de mariage d'août 1411.

(11) Dépouillement de la collection des Blancs-Manteaux dite de Bretagne, dans Le cabinet Historique , t. V, sous la direction de L. Paris. (Paris, 1859).

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