Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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La ferme du Mesnil Forget à Nozay (1)

Chronique du Vieux Marcoussy ———————————————————————Juillet 2008

JP. Dagnot

C. Julien

Cette chronique relate l'histoire du Mesnil Forget, l'une des quatre “ grandes fermes ” de Nozay (Essonne, arr. Palaiseau, cant. Montlhéry). Le Mesnil Forget est un ancien hameau de Nozay situé au sud du territoire, proche des Bois des Célestins . Cette ferme a connu des fortunes diverses, ruinée et reconstruite plusieurs fois.

Le toponyme

À Nozay, le toponyme du Mesnil Forget a trouvé plusieurs variations orthographiques comme Ménil Fulger au XIII e siècle, Mesnil Fouge en 1673, Meny Forgé en 1721, Mesnil Forger en 1781 et Mesnil Frogé au XVIII e siècle. On peut lire Mesnil Feurge sur la carte particulière des environs de Paris de l'Académie royale publiée en 1678, sur celle dressée par Viuer en 1700 et sur celle dressée par Jaillot en 1706. La dénomination le Menil Feurge est encore utilisée par Robert de Vaugondy sur la carte gravée en 1761, alors que Delisle écrivit Menil Forget en 1745. Sur le plan terrier de 1781, c'est Mesnil Forger et le fief du Mesnil Forger à La Ville du Bois, tandis que le cadastre de 1808 donne l'orthographe, le Ménil-Forger .

Le mot Mesnil vient de mansionile qui est lui-même un diminutif du latin mansio , que nous trouvons sous la forme de mansus en langue d'oil (1). Plus au sud mansa est devenu le mas . Ce mansus était depuis le Ve siècle la base de la propriété territoriale ; plus tard le manse désigna un fief. Le terme masurae ou mansurae pouvait désigner la maison ou une petite tenure. La mansio , ou demeure, était synonyme de domus (2). Le mode d'habitat issu des défrichements est surtout l'agglomération sous forme de hameaux, pour des raisons de sécurité.

L'étymologie de Forget est plus sujette à débat. Nous y voyons trois possibilités bien que la dernière soit bien plus supportable.

La première hypothèse vient du latin fabrica qui désignait un atelier de menuisier puis celui du forgeron. Au Moyen Age, on s'accorde à mettre la maison du forgeron en dehors, à quelque distance du village à cause de la mauvaise réputation de la forge assimilé à l'œuvre du diable. Dans ce cas Forget désigne une petite forge tant utilisée pour fabriquer et réparer les outils agricoles. Aussi voyons-nous que depuis qu'il est connu dans aucun titre on ne lit « Fabricus » comme cela serait arrivé si l'on avait vu que la dénomination de Forget serait d'une fabrique de fer ou autres matière, mais on lit toujours « de Forgus ».

La seconde possibilité est basée sur ce que le mot forge aurait été emprunté à une langue nordique dans la basse latinité, signifiant une demeure, une habitation, une maison. Ainsi Forgive paraît souvent dans les anciens titres ne signifiant autre chose que les maisonnettes, les logis, les cabanes. Forges-les-Bains est le nom du village non loin de Marcoussis.

La troisième clef du toponyme est donnée par l'examen du cartulaire de Longpont où l'on trouve plusieurs personnes du nom de Frogerius en latin qui devient Froger en vieux français. Tous vivaient au début du XIIe siècle quand de nombreux chevaliers de la région dotèrent le prieuré Notre-Dame. C'est d'abord Froger, fils d'Hescelin de Linas qui est présent à Longpont avec ses frères Anseau et Robert quand Aveline, la fille de Gui Pinel lègue une terre d'une demi charruée qu'elle possédait à Fontenelles. Le même Froger est encore présent en 1110 quand les frères Evergod et Gui Pinel prennent le froc bénédictin à Longpont.

Puis nous trouvons à plusieurs reprises, les mentions : « canonicos Frogerium videlicet & Ansoldum » et « Frogero decano » pour désigner des prélats. En 1100, Froger et Anseau, chanoines de la collégiale saint-Pierre de Montlhéry, demandent le partage du cimetière. Puis, une dizaine d'années plus tard, Frogerius de Sancto Mederico assiste Gui de Linas qui cède une hostise au couvent de Longpont. Gui garde l'usufruit mais dédommage les moines en leur attribuant 12 deniers de rente annuelle piur leur habillement.

Nous avons vu (cf. “Les seigneurs de Linas”) que les Hescelin de Linas possédaient de nombreux biens dans la région de Montlhéry. Il se peut que Froger ait donné son nom à la ferme du Mesnil de Nozay, qui, en prenant le complément de Forget, permettait d'être distinguée, sans doute, du Mesnil de Longpont ou le Mesnil de Marcoussis voisin. Nous avons également la famille de Forges qui possédait des biens à Nozay à la fin du XIVe siècle. C'est Thomas de Forges « demeurant à Villiers-sur-Noroy qui advoue tenir en fief à une foy et hommage de Monseigneur de Marcoussis consistant en une maison, cour, jardin et fosse à poisson et 21 arpents en plusieurs pièces ».

Le fief de Jehan Le Courtillier

Dans un document de 1248, l'archidiacre de Paris notifie l'approbation donnée par Guiardus de Mesnilio Frogeri , écuyer, comme troisième seigneur, à la vente de douze arpents de terre faite au Chapitre de l'église cathédrale par feu Philippe de Fareinville, chevalier, et des biens au terroir de Cochet, aux bois de Fareinville « apud Hayas de Fareinvilla ».

En 1367, nous trouvons pour la première fois un acte nommant Jehan Le Courtillier, changeur et bourgeois demeurant à Paris qui tient un fief appelé le Mesnil Rogier dudit Guillaume des Préaux, seigneur de Marcoussis. C'est l'aveu rendu l'année suivante qui précise la situation du fief « par devant nous, Jehan le Courtillier, changeur demeurant à Paris, lequel affirme pour vérité qu'il tenoit en fief du seigneur de Marcoucis ce qui s'ensuit c'est à savoir un manoir appelé le Mesnil Frogier en la châtellenie de Montlhéry avecque le jardin, cour, fosse à poisson, terres, granches, colombier, …, avecq quatre vints dix arpens de terres environ et deux arpens de pré que espines ou environ chargé de six sextiers de grain moitié blé, moitié avoyne, …, lequel manoir avecq les terres, le pré et vingt arpens d'autres terres qui sont tenus en censive sont baillés alloués de trois muys et demy de grain par an ».

Le 15 février 1387, Jehan Le Courtiller « advoue tenir en fief à une fois de Guillaume Bellejambe , escuyer , 38 arpens de boys et neuf de bruyères assis près le Mesnil Froger ». Deux ans plus tard, Jehan le Courtillier se présente devant Jehan, seigneur de Foleville garde de la prévosté de Paris, et « advoue tenir en fief, …, ung hostel appelé le Mesnil Froger avecq la cour, granche, coulombier, jardin, fosse à poisson et 90 arpens de terre ou environ et deux arpens de prés ». Le changeur de monnaie renouvelle son serment de fidélité au seigneur de Marcoussis le 16 février 1390, en précisant que le « tout baillé et loué pour le prix de trois muys et demy de grain deux parts de bled et le tier avoyne ».

Il semble que pendant cette période, il y a eu des changements dans le statut juridique du Mesnil Forget puisqu'à plusieurs reprises Jehan Le Courtillier avoue tenir en fief à une foy et hommage de noble et puissant Monseigneur Jehan de Montagu. Dans l'aveu du 4 juin 1400, nous avons la confirmation que notre homme a rang de seigneur avec la moyenne et basse justice puisqu'il possède « ung ung hostel appelé le Mesnil Froger avecq … colombier, fosse à poisson et 40 sols parisis de menus cens » qui sont les droits d'un seigneur justicier. De plus, nous savons que la ferme comprend : - 50 arpents de terre, …aboutissant au chemin “par où on va” de Montlhéry à Noroy, - …. chemin qui va du Mesnil Froget à Guillerville, - 40 arpents tenus en fief à cause de son hostel de Chevanville , séant à la Croix du Ménil Frogier.

En 1409, la seigneurie de Marcoussis change de mains après la condamnation de Jean de Montagu. Le 23 février, Jean le Courtillier rend foy et hommage “ faicte pour le fief appelé le Mesnil Fruger ” à Louis comte Palatin du Rhin, duc de Bavière et seigneur de Marcoussis « A tous ceux qui les présentes lettres verront salut sçavoir faisons que aujourduy Jean le Courtillier, changeur et bourgeois de Paris nous a fait les foy & hommage que tenu nous faire du fief contenant 38 arpents de bois et 9 de bruyères avec toutes les appartenances, mouvant de nostre chastel de Marcoussis ». Le 20 mars suivant, respectant le droit féodal, le changeur de monnaie rend adveu devant Pierre des Essars, garde de la prévosté de Paris, pour le seigneur de Marcoussis à cause de sa seigneurie, avec fosse à poisson, marchais et 120 arpents (3).

Le Mesnil Forget aux Arrachevesse

Un acte important nous apprend que Jehan Le Courtillier décède en 1430. C'est la foy et hommage du 25 août rendue à Guillaume de Saint-Mesmes, seigneur de la Motte de Villebouzin, par Guillaume Arrachevesse, escuier, demeurant à Chailly-lez-Lonjumel et Estienne, son frère, pour 80 arpents de bois acquis de feu Jean Courtillier en son vivant changeur bourgeois de Paris.

Quelques mois plus tard, Jehan Le Courtillier le jeune , lui-même changeur et bourgeois de Paris, demeurant en la rue de la Lanterne près de Saint-Denis de la Chaîne en la cité de Paris, délaisse à rente à Guillaume et Estienne Arrachevesse, frères, escuiers, ses cousins, demeurant à Chailly-lez-Lonjumel, les biens venant de la succession de son dit feu père, c'est à savoir: - ung grant hostel appelé le Mesnil Frugier avecques la cour, granche, colombier, jardin, fosse à poisson et tout le lieu pourpris, - item 90 arpents de terres labourables, - item 2 ou 3 arpents de prés, - item 38 arpens de bois taillis et 10 arpens de futaie, - item cinquante sols de menus cens, tenus en fief du seigneur de Marcoussis à cause de sa terre hostel et seigneurie de Chouanville qui fut et appartint à ung escuier nômé Bellejambe - item 80 arpents de bois audit lieu relevant de Guillaume de Saint-Mesme , seigneur de la Motte de Villebouzin. Ledit bail fait moyennant le prix et somme de vingt livres parisis de rente annuelle et perpétuelle. « Cy est attaché un acte de foy et hommage rendu au sieur Jehan de Graville, seigneur de Marcoussy, portant quittance des droits seigneuriaux ; item un autre acte de foy et hommage rendu au seigneur de Villebousin portant aussi quittance desdits droits ».

Le 25 août 1432, un hommage est rendu au sieur de la Motte de Villebouzin par Guillaume Arrachevesse pour 80 arpents de bois au Mesnil Fruger. Associé à ce document est une souffrance accordée par le procureur fondé de pouvoir de Monsieur de Graville et dame Jacqueline de Montagu, son épouse, seigneur et dame de Marcoussy à Guillaume & Estienne Arrachevesse, écuyers pour le fief du Mesnil Fruger pour ce qui en dépend tenant en plein fief de Marcoussy et Chenanville. Le 18 février 1436, la souffrance est accordée à Guillaume et Estienne Arrachevesse par Etienne Delacroix “ fondé de procuration de noble et puissant seigneur monseigneur Jehan, seigneur de Graville, chevalier, conseiller et chambellan du roy, maistre des arbalétriers de France et dame Jacqueline de Montagu, son épouse, pour le fief du Mesnil-Fruger ”. La même procédure est faite pour Bellejambe.

Pour conclure, nous venons d'apprendre que le fief du Mesnil Forget était dans la mouvance de Marcoussis, Chenanville et de la Motte-Villebouzin. C'était un domaine qui resta dans les mains de la même famille tout le temps de la guerre de Cent ans. L'arrivée des bourgeois de Paris en tant que nouveaux propriétaires de fiefs ruraux de la banlieue correspond aux transformations patrimoniales du XIVe siècle. C'était aussi un moyen pour s'assurer des subsistances de bouche au cours de cette période troublée où les Halles de Paris n'étaient pas approvisionnées. La guerre avait fait ses ravages et en 1460 le Mesnil Forget est déclaré « de présent est en friche et désert ».

Achat du Mesnil Forget par les Célestins

L'acte de vente du Mesnil Forget faite aux Célestins de Marcoussis par “ noble hôme ” Estienne Arrachenesse , capitaine de Chailly-lez-Lonjumel et demeurant audit lieu, est signé le 4 janvier 1464 (4). C'est à savoir : - ung manoir où jadiz souloit avoir maison, court, granche, bergerie, estables, coulombier et fosse à poisson appelé le Mesnil Furger qui de présent est en friche et désert, assis près dudit Montlhéry, tenant … - avec la justice dudit lieu qui est jusqu'à soixante sols et au dessous, - item 90 arpents de terres assis près dudit hostel aboutissant au chemin de Noroy, - item 38 arpents de bois taillis, - item 4 arpents de prés herbage ou pasturage, - item 90 arpents de bois, - item 50 sols de menus cens, lods & vente, .., avec droits seigneuriaux appelés les cens Jehan Courtillier qui se reçoivent le lendemain de Pasques à prendre sur … suit une liste de nombreux noms. Le tout relevant du seigneur de Marcoussis et Chenanville et de celui de Villebouzin.

Dans le registre de la châtellenie de Montlhéry de 1465, le prévôt François de Dinan mentionne que les Célestins sont « déclarant estre mouvant de Marcoussis, Villebouzin & Chouanville ». Le 24 avril 1469, les moines Célestins ont rendu foy et hommage à Messire Jean de Graville , seigneur de Marcoussy et Chenanville pour 38 arpents de bois taillis proche le Ménil Fruger, relevant dudit seigneur à cause de sadite seigneurie de Chenanville « cy est attaché une permission de dame Marie de Montauban, espouze dudit seigneur par laquelle elle consent que nous tenions en nos mains les fiefs justice et rentes que nous avons acquis dudit Arrachenesse et aussi une quittance des droits seigneuriaux, à la charge de donner un homme vivant et mourant et de payer les droits à chaque mutation ». L'aveu est fait à Guillaume de la Rivière, escuier procureur de noble et puissante dame Marie de Montauban, dame de Graville, “ procuseresse ” de Jehan de Graville, qui reçoit sept francs.

L'année suivante, la dame de Marcoussis déclare « nous Marie de Montauban, dame de Graville et de Marcoussis confesse avoir accordé à nos religieux les Célestins dudit Marcoussis de tenir en leur mainmorte lhostel, terres, prez, boys, censives appartenances du Mesnil Fruger mouvant du chasteau de Marcoussy pour qui seront tenu de nous baillé homme vivant et mourant et paier quint deniers de ladite seigneurie lequel homme sera tenu faire foy et hommage et nous baillé adveu et dénombrements aprez que ladite seigneurie ». En juin 1477, la même dame « reconnaît aux Célestins l'acquisition de sept arpents de bois de Michau Regnault, dépendant de la ferme du Ménil ».

La gestion du Mesnil Forget par les Célestins

En cette fin du XVe siècle, les ruines du Mesnil Forget ont été relevées et les terres essartées ont été remises en culture. En 1490, le procureur des Célestins, « le fameux homme vivant » du droit féodal, nomme « la mairerie ou moyenne et basse justice de la ferme de nostre hostel du Mesnil Forger ». Un bail est passé le 18 avril « avecques les exploits deffaulx et amendes de ladite mairerie jusques a soixante sols parisis et au dessous et à la fin dudit tems nous rendre la justice franche quite et nette de tous abbus à Jean Nyon bailleur qui nous payera la moitié desdits exploits ».

Selon un acte établi le 18 décembre 1499, Jehan Laudigois, procureur du roy en la prévosté de Montlhéry, confesse avoir reçu des Célestins, les lettres patentes de Messires les gens des Comptes & Trésor du Roy , contenant la main levée des lieux du Mesnil Fruger et du Fay. Un autre acte du même jour, est plus explicite, les gens des comptes et trésoriers du roi, font main levée de la saisie féodale faite à l'encontre des Célestins pour lesdits lieux (5). Comme toujours la justice est lente à cause des appels, commandements et autres manipulations judiciaires. Finalement, après 10 ans de procédure, main levée donnée le 1er août 1508 aux Célestins par les trésoriers de la chambre des comptes du consentement du procureur du roi de la saisie féodale de leurs fermes du Fay et du Ménil Fruger.

Par contre les religieux étaient très exigeants avec leur fermier. Une sentence du 30 juin 1500 émane du prévôt de Marcoussis qui condamne Guillot Chaudron, laboureur demeurant à Marcoussis à payer aux Célestins « deux sols parisis pour les délits dommages et intérests faits dans leurs bois du Mesnil Frugère, le même jour mesme amende à Michault Gaullier ».

Dans les années qui suivent, frère Jehan Leroy, religieux et procureur des Célestins s'est transporté au chastel de Marcoussy, devant la porte de l'hostel seigneurial dudit lieu « qui estoit close et fermée, et,…, que en parlant à Guillaume Lehoux, capitaine dudit chastel et icelluy Leroy demande si Monseigneur Loys seigneur de Graville de Marcoussis, admiral estoit point audit chastel, pour présenter les foy et hommage et présenter noble homme Jaques de la Rochette escuier pour homme vivant et mourant pour le fief et terre du Mesnil Fruger,…, a baizé la serrure et verrou d'icelle porte »

En septembre 1522, un nouvel hommage est rendu par le procureur des Célestins. Les droits seigneuriaux sont payés « avec homme vivant et mourant présenté » à dame Jeanne de Graville, veuve de Messire Charles d'Amboise pour trois fiefs à nous appartenant relevant de ladite dame à cause de ses seigneuries de Marcoussis et Chenanville, sçavoir : - le Mesnil Fruger consistant en un hôtel et appartenances contenant trois arpents, - item six vingt douze arpents de terres labourables, - item soixante sols parisis de menus cens, - item justice moyenne et basse relevant de Marcoussy, - item soixante arpents au dessous du Fay, - item 38 arpens de bois taillis et dix de joncs marins audit Mesnil Fruger, relevant de Chenanville.

Une sentence du bailly de Montlhéry ordonne le 20 octobre 1539, aux Célestins de faire des copies collationnées aux seigneurs les gens des comptes, qui est probablement une main levée de saisie pour le Fay et le Ménil Forger. Fin de l'année 1546, le nommé Leborgne, laboureur au Ménil de Marcoussis, est institué garde des religieux à Nozay « par ces présentes nostre sergent et officier en nostre terre et seigneurie du Ménil Forget avec autorité pour faire ajournement, bradonnement, arrest, exécutions, emprisonnement et autres exploits de justice ».

Le 15 octobre 1552, les Célestins vendent de la coupe de bois sur 18 arpents au Ménil à Germain Gaullier, laboureur et à la femme du valet de Monseigneur d'Entragues Mathieu Legendre moyennant 15 livres par arpent.

En mai 1554, le seigneur éminent avait fait assigner ses vassaux, pour lui venir faire la foi et hommage. Les religieux font leur devoir féodal le 9 juin avec « présentation d'homme vivant et mourant ». Une quittance des droits seigneuriaux payés à dame Louise de Humières épouse de Messire Guillaume de Balsac, seigneur de Marcoussis et Chenanville concerne le Mesnil.

Les fermiers du XVIe siècle

Sous le règne de Charles IX, la ferme du Ménil Forget est baillé par Michelle Chevallier, veuve de Guillaume Petit . Le contrat d'affermage est passé par « religieuse et discrette personne frère Anthoine Bretheau retient à titre de moisson de grain, jusqu'à neuf ans, moyennant cinq muyds et demy de grains, les deux parts de blé et le tiers d'avoyne rendu au monastère ».

Le 26 novembre 1582, vénérables et discrettes et religieuses personnes , frères Nicole du Bellay et Estienne Grougnet, prestres religieux Célestins de l'église du couvent de la sainte Trinité de Marcoussis, baillent et délaissent à titre de ferme et moisson de grain jusqu'à neuf années, à honneste personne Jehan Petit, laboureur demeurant au Mesnil Furger, paroisse de Nozay, présent preneur la ferme et mestairye dudit lieu qui se consiste en manoir, maison, granche, estables, cour, mare, jardin le tout pour troys arpents, 45 arpents de terre prosche audit lieu, et 54 autres arpents en plusieurs pièces. Le bail est identique à celui du 31 août 1574, passé devant Guillaume Bellesseur, tabellion au baillage de Marcoussis. Ce bail est fait moyennant la quantité de troys muyds huit septiers de grain, suivent les conditions détaillées du bail.

Jehan Petit, le fermier du Mesnil Forger meurt subitement en 1585. Quelques mois plus tard, nous trouvons sa veuve remariée à Abraham Roust, laboureur demeurant en la ferme du Mesnil Furger. Le 13 janvier suivant, Geneviève Mercier promet de payer aux Célestins sept muids trois septiers de grain pour arrérages de moisson que n'avait pas payé Jean Petit pendant sa maladie. Le 18 novembre, une sentence condamne Abraham Rioust à payer aux Célestins, la quantité de sept muids de grain, selon une obligation passée à leur profit par la veuve de Jean Petit fermier du Ménil. Au début de l'année 1587, une obligation est faite par Abraham Rioust, laboureur du Ménil Fruger, de la somme de 278 écus soleil pour l'appréciation à l'amiable de six muids deux septiers de grains.

En février 1594, il faut remplacer le fermier du Mesnil. Pierre Pesier, prieur du couvent de la sainte Trinité, baille à Pierre Guillemin, laboureur de Bois Regnault, deux fermes dont celle du Mesnil Furger à Nozay ; cette dernière consiste en « maison manable, granches, estables couvert de thuilles, cour, jardin, avesq la quantité de six vingts arpents de terres labourables en plusieurs pièces, plus trois arpents de prés et cinq de bois. Les deux fermes sont baillées moyennant six muids de grains à savoir deux de froment, deux de méteil et deux d'avoyne en bon grain loyal, marchant à la mesure de Montlhéry ». Le même Guillemin renouvelle le 18 novembre 1597 son bail pour six ans « ledit Guillemein se rétractant du bail de la ferme de la Saussaye pour ce qui reste à expirer, moyennant quatre muids de grain ».

Début 1599, la “ foy et hommage ” est rendue par les religieux Célestins à Messire François de Balsac « par présentation d'homme vivant et mourant et quittance de droits seigneuriaux » pour le fief du Mesnil Forget « consistant en un hostel, bastimens et jardins contenant trois arpens ». Selon la coutume, un aveu est passé le 13 mars au seigneur de Marcoussis qui reçoit la somme de vingt écus pour le fief du Mesnil.

Le Mesnil Forget au XVIIe siècle

Un bail d'affermage du Mesnil Forget est passé le 25 février 1600 par Pierre Guillemain, laboureur, y demeurant. Le contrat de location a une durée de neuf ans moyennant « trois muidz de grains ». Au prix du marché, la redevance en nature correspond à 200 livres.

Le 16 mai 1603, Denis Dreux, marchand fruitier demeurant à Linoys, lequel volontairement confesse devoir payer aux vénérables religieux prestres du couvent des Célestins, .., la somme de 660 livres résultant de la vente par ces derniers de tous les fruits à pépin qui proviendront la présente année en tous les arbres à pépin situez tant en le clos de la ferme de la Saulsoye, paroisse de Nozay, que du grand clos de la ferme du Mesnil Forget de la même paroisse, condition de ne pas endommager les arbres, à la réserve tant du petit clos du Mesnil Forget que sur les terres des deux fermes. L'estimation de 480 livres est donnée pour la Saulsoye et 180 pour le Mesnil.

Prix du froment d'après Boisguillebert (6).

Un bail à ferme et moisson jusqu'à neuf ans est passé le 3 août 1609, à Jehan Liger, laboureur demeurant à Rouillon « moiennant la quantité de deulx muids huit septiers de grains ». Le bail à ferme du Mesnil Forget à l'exception des bois est passé le 15 mars 1618 à Jacques Vauson, laboureur demeurant à Villebouzin moyennant deux muids huit septiers de grains. La sentence du 27 mai 1619 condamne la veuve et les enfants de Jean Liger à payer 200 livres correspondant à un arriéré de moisson et des réparations de l'année 1617.

Frère Hacté est prieur et procureur des religieux Célestins. Le 1er décembre 1626, le dépositaire des moines baille jusqu'à neuf ans, à Jehan Baradur, laboureur demeurant à Rouillon paroisse de Nozay, la ferme et mestairie du Mesnil Fruger ; le bail fait pour 200 livres .

En avril 1633, Marie Roux, veuve Barangué, baille le troupeau de la ferme tandis qu'en septembre de l'année suivante le laboureur Jean Lambert et le procureur des Célestions sont présents devant le notaire royal Beauperrin pour signer le bail d'affermage du Mesnil Forget moyennant un loyer annuel de 204 livres.

Les Lamoureux, fermiers du Mesnil Forget

Nous ignorons la raison pour laquelle le laboureur Jean Lambert resta peu de temps à la ferme du Mesnil Forget. La résiliation du bail est faite le 18 novembre 1636. Jean Lambert, marchand et laboureur demeurant au Ménil Forget et Marie Roux, sa femme veuve de feu Jean Barague, transportent le bail à Jean Lamoureux.

La déclaration des revenus du temporel du couvent des Célestins est faite de manière très précise le 7 avril 1640. Nous trouvons une maison consistant en granche, bergerie, estable, collombier, jardin avecq une fosse à poisson le tout appelé le Mesnil Furger situé en la paroisse de Nozay, avec 90 arpents de terres, la justice jusqu'à 60 sols, en mouvance de la seigneurie de Marcoussis ; 50 sols de menus cens appelés cens de Jehan le Courtillier ; 38 arpent de bois, mouvant en fief du seigneur de Marcoussis à cause de sa seigneurie de Chenanville ; enfin 80 arpents de bois toujours pour le Mesnil en censive du sieur de Villebouzin.

L'acte d'aveu et dénombrement baillé à Messire Léon d'Illiers de Balsac est fait le 16 février 1641 pour les appartenances et dépendances de la terre du Mesnil Fruger. La description est identique à celle de 1522. Le colombier est qualifié d'ancienneté (7). Il est fait présentation d'un nouvel homme vivant en la personne de frère Aubin Férault à la place du frère Guy Hublé. Le seigneur de Marcoussis reçoit 200 livres au passage de pouvoir dus au trépas du deffunt Hublée.

Pendant ce temps la famille Lamoureux cultive les terres du Mesnil Forget (8). Le bail d'affermage est renouvelé le 3 avril 1644 à Jean Lamoureux. Puis le 22 juin 1653, furent présents vénérable père frère Gabriel Gaultier, prieur des religieux et couvent des Célestins, représentant la communauté, lesquels baillent à loyer et moisson de grain jusqu'à neuf ans à Guillaume Lamoureux, laboureur demeurant en la ferme du Mesnil Furgé, c'est à savoir ladite ferme moyennant trois muids de grain, deux de mestail, six septiers d'avoine, six septiers de froment; aura également la totalité des fruits existant en la ferme.

Dix ans plus tard, les religieux Célestins, tous prêtres, sont assemblés dont le dépositaire Guillaume Pijart. Ils confessent avoir baillé à Guillaume Lamoureux, laboureur demeurant en la dite ferme pour neuf années le Mesnil Foigre consistant en une maison manable, granges, estables, cour et jardin, avec six vingt arpents de terres et 95 arpents de bois thaillys, moyennant 475 livres.

Nous arrivons en 1670 quand Léon II d'Illiers de Balsac d'Entragues succède à son père Léon 1er. Le 20 juin, le procureur des moines passe adveu et dénombrement du fief du Mesnil Fruger. Le seigneur de Marcoussis reçoit « foy et hommage d'homme vivant et mourant » avec la description identique à celle de 1522. Puis, Nicolas Theuart, âgé de 24 ans, “ religieux prestre profez ” qui remplace Aubin Ferrault décédé, se présente au château de Marcoussis, avec un paiement de 200 livres. Un contentieux était apparu entre les religieux et le marquis d'Entragues. Un mémoire du 26 septembre 1671 précise que le fief du Ménil Furger relèverait du seigneur d'Entragues à cause de la seigneurie de Chenanville et Marcoussis et que la saisie féodale ne tient pas.

À cette époque Guillaume Lamoureux était laboureur au Mesnil Forget avec son fils Jacques . Il prend le bail d'affermage du Mesnil Forget le 10 mai 1672, moyennant 475 livres. Dix ans plus tard, le bail est renouvelé au même. Le 18 septembre 1690, les religieux baillent jusqu'à 10 ans à Guillaume Bassonnet, laboureur de Marcoussis, moyennant le même loyer de 475 livres .

À suivre …

Notes

(1) Il y a deux sortes de manses : le manse domanial qu'administrait le propriétaire et où s'élevait le château seigneurial (le manoir) et le manse tributaire donné à un fermier ou tenancier (tenure) moyennant des redevances fixes (cens) ou des services de remplacement. Au XIIIe siècle, Maisnil signifiait simplement “habitation, maison des champs, ferme”. Il a donné d'innombrables Mesnil et Ménil un peu partout en France.

(2) Une fantaisie locale voisine a fait écrire « Mesnil Forget signifierait le moulin qui appartient à Forget ». Traduction d'autant plus surprenante qu'il n'y a jamais eu de moulin à cet endroit.

(3) Un « marchais », mot de vieux français marais , étang .

(4) La fondation du monastère des Célestins date du 21 mai 1406 lorsque Jean de Montagu accorda, avec 750 livres tournois de rente, l'église, le cloître et le monastère qu'il venait de construire sur 9 arpents de terre joignants aux murs de son château de Marcoussis. L'ordre des Célestins avait été fondé par Pierre de Moron qui devint plus tard le pape Clément V. Ces religieux portaient une tunique blanche.

(5) La saisie féodale se faisait quand le vassal ne se présentait pas pour faire foi et hommage, et payer des droits ou quand le vassal ne donnait pas son aveu dans le temps de la coutume ; faute par le vassal de payer l'amende, pour n'avoir pas comparu aux plaids du seigneur. « Le Seigneur feudal par faute d'homme, droicts, & devoirs non faicts, & non payez, peult mettre en sa main le fief mouvant de luy, & l'exploiter, prendre & faire les fruits siens durant la main mise en pure perte du vassal ».

(6) Economistes financiers au XVIIIe siècle, ? Factum de la France ou Moyens très faciles de faire recevoir au roy quatre vingts millions ? par Pierre Le Pesant de Boisguilbert (Libr. Guillaumin, Paris 1851).

(7) Sous l'Ancien régime, les colombiers (symbole du pouvoir de la suzeraineté) étaient le privilège et la marque distinctive des terres seigneuriales. On distingue trois catégories : les colombiers à pied sont des tours rondes ou carrées construites isolément, les colombiers à fuite n'ont pour seule ouverture qu'une petite fenêtre pour le passage des pigeons et les colombiers à pilier sont construits dans l'angle d'un bâtiment ou dans une cour.

(8) Nous connaissons Fiacre Lamoureux qui était fermier à Villiers en 1616. Le 28 mars 1617, Jehan Lamoureux, fermier de Villejust, épouse Marie Baraguier, la fille du fermier de Petit Rouillon.

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