Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Les Hospitaliers, seigneurs à Linas. (1223-1605)

Cette chronique est le premier volet de l'histoire des Hospitaliers à Linas

J-P.Dagnot __Septembre 2008

extrait de la donation de 1223

Préambule

Quitte à répéter le même texte, pour la clarté de la chronique, le début du récit est identique à l'histoire du moulin de la Roue-dembas dit le moulin des Suzeaux.

Rappelons que la paroisse de Linas comporte trois seigneuries et quatre seigneurs principaux: - le Chapitre de Linas, - le seigneur de la Roue, - le seigneur de Guillerville, - enfin les frères de l'Hôpital, puis le commandeur du Déluge qui règnent en commun avec le seigneur de la Roue.

Au XIIIe siècle, les seigneurs sont laïcs et d'origine locale*.

Les documents les plus anciens

Reprenons donc les actes concernant le moulin de Suzeaux. L'acheteur des droits est l'Hôpital de Jérusalem parisien. C'est à cette époque que le même ordre reçoit des concessions et privilèges de Richard, roi d'Angleterre.

En 1223, moi, le chevalier Ferry Pastes (Ferrious Pastes) faisons savoir aux présents et aux futurs que Eyreburge de Chevreuse et Etienne son fils que le moulin qui est appelé de la Roue au voisinage de Linas (de Rota juxta Linesium), situé dans le fief qu'elle tenait, est donné aux seigneurs de l'Hôpital de Jérusalem en pure et perpétuelle aumône. Cette donation est approuvée par Payen de Liers, chevalier, qui détient le droit féodal (suzerain) sur le moulin. La concession faite aux seigneurs de l'Hôpital est approuvée et digne d'éloge par Payen qui détient le droit féodal et le moulin appartient aux frères de l'Hôpital avec la permission de Payen et de même la femme de celui-ci nommée Agnès accepte la donation.

Le même Ferry fait don d'un demi-muid de blé sur le moulin de Nicolas de la Roue au Chapitre Saint Merry.

À cette époque, Geoffroy Germani de Montlhéry (Gaufredus Germani de Monte Lethico) vend aux frères de l'Hopital de Jérusalem de Paris 4 setiers de blé qu'il possède dans le moulin de la Roue (in molendino de Rota), c'est-à-dire 2 setiers de froment et deux setiers d'orge moyennant 20 livres 13 sols et 1 denier parisis. Il tient ce blé de son droit féodal. Hudeardis, sa femme accepte cette vente. La vente est garantie et ratifiée par les témoins Pierre Borguegnians de Montlhéry (Monte Letico) & Bartholomeus le cordonnier de Chevreuse (Caprosia).

Enfin en 1228, Guillemus (Guillaume) Germany et Eremburgis sa femme vendent et concèdent aux frères de l'Hopital de Jérusalem huit setiers de blé (octo sextarios bladi) que nous avons annuellement dans le moulin de la Roue à Linas (in molendino de Rota apud Linois) moyennant 23 livres 6 sols et 3 deniers parisis. Eremburgis accepte de s'acquitter de tous ses droits nobles qu'elle possédait sur le blé et vend quatre setiers de blé qu'elle avait sur le moulin susdit, faisant ses louanges nobles …

De ces documents on peut dire que les frères hospitaliers de Jérusalem ont acquis des droits sur un moulin dit de la Roue dembas. D'autre part, ils ne sont pas seigneurs à Linas. Cet ordre fait également des échanges à Marcoussis et Longjumeau, à Saclay.

En 1299, le Roy Philippe quatrièsme, dict le Bel, donne des lettres d'amortissement à Messire Jehan de Soisy, chevalier, de plusieurs droits, cens, biens, terres, prés, boys, vignes, moulins, four, coustumes, au lieu de Linas, pour en pouvoir disposer par le dict de Soisy, à gens de main morte. Philippe, roi de France par la grâce de Dieu, faisons savoir tant aux présents qu'aux futurs que Johannes de Soisy (Soysiaco), chevalier, tient, et possède à Linas (Linasium) plusieurs possessions à savoir: - de Ganetun de Lynasio et Codreyuin huit arpens de terre entourée par une vigne …..et Gaufredus de Lynasio…. Ansoldi de Challiaco et autres - Item 9 arpens de terre qui sont contigus à la terre du curé de St Michel en une pièce et la terre arable d'Arnulf de Chailly et la moitié du pré - Item 2 arpens de terre située près du moulin de l'Etang et le pré du seigneur de Soisy - Item 9 arpens de terre qui sont contigus à la vigne d'Agnès de Chailly et le chemin de Buison et autres - Item 3 arpens de vignes contigus des 9 arpents et la vigne de Jehan Benoit et autres - Item 2 arpens de prés .. qui sont du moulin de l'Etang et autres - Item un arpen de terre à l'Etang au Jardins de Linas (Lynasio) contigu du pré du chapitre de Linas - Item la moitié d'un terrain sur lequel est la grange -Item le quart du pressoir de Linas, la sixième part du moulin qui est appelé Cholet, le quart du moulin de l'Etang, la huitième partie du moulin de Tamutum (tan), - Item le quart du four de Linas, -Item 3 arpens et demi de bois … - Item 4 droitures, … Agnès de Chailly… - Item 116 livres parisis qui sont dues chaque année à la saint Rémy, Saint Denis, Saint André, Nativité de la Vierge et la Pâques du Seigneur, sur plusieurs biens et maisons à Linas.

Cette énumération montre que ce Jehan de Soisy détient des biens qu'il peut vendre à des religieux. Qu'une famille laïque a régné sur Linas et qu'au cours des successions les biens se sont divisés en moitié, quart, sixième. Que la transaction qui va suivre représente la même valeur que celle réalisée par le chapitre de Linas achetant les biens de Amaury de la Huenière et de son épouse (amorti en 1285 par Philippe III le Hardi).

Les frères de l'Hôpital parisien, seigneurs de Linas en partie au XIVe siècle

En 1303, quatre ans avant la tristement célèbre répression envers les Templiers, un document intéressant nous remet en présence avec Jehan de Soisy, sire de Brunay, d'une part, et Jehan de Bonnet, trésorier de la maison de l'Hôpital de Saint Jean de Jérusalem à Paris d'autre part. Jehan de Soisy vend: - plusieurs pièces de terre, pour 37 arpents, mention du chemin de Buison (Sallemouille), - 3 arpens de vigne, - 2 arpens de pré à deulx herbes, - 29 arpens de boys en deulx pièces - 115 livres de cens sur plusieurs maisons, - derechef quatre droitures prises en communauté davecqs monseigneur Henry de la Roue, chevalier, - la moitié de la place de la grange derrière le moustier St Mery, - le quart du pressoirage - la moitié de la foire St Mery - la sixième partie du moulin de Cholet, - le quart du moulin de l'Estang, - la moitié du moulin à tan, - le quart du four de Linays, - le quart du forage, roage, mynage, - coutume de bestes vendues en la ville de Linays. Notons les voisins: Guillaume de Linas, Henri de la Roue, le chapitre de Linas. Les lieux: la meson du Fay, le chemin de Buison. Cette vente faite pour le prix de 713 livres parisis en bonne monnaie. Les frères de l'Hôpital deviennent alors détenteurs en partie de Linas. Avec la seigneurie sur lesdits héritages & autres… Ce qui confirme un nouvel ordre religieux seigneur à Linas (On n'a pas encore cité le Déluge).

En 1352, une sentence du prévost de Montlhéry , met en présence les différents seigneurs de Linas. Le procureur du roy en la châtellenie d'une part, et les doyens du chapitre de Saint Merry, le grand prieur de France pour cause de lospital de St Aubin en sa juridiction de Linoys, et Messire Regnault de Trie chevalier seigneur de la Roe, sur le fait de prise de pain en la ville de Linoys entre le chapitre et Monseigneur Regnaud de Trie chevalier seigneur de la Roe et seigneur en cette partie …

L'intérêt de l'acte pour nous, est de relever la qualité du représentant des frères de l'Hôpital. Le grand prieur s'octroie les droits du moulin en direct (le moulin Francherel également).

L'ordre de St Jean de Jérusalem à Linas aux XVe et XVIe siècles

Nous sommes sans document jusqu'en 1473. L'examen d'un cueilloir du Déluge nous confirme que Linas n'est pas cité dans les déclarations de cette commanderie.

Les droits du moulin achetés en 1223 et années suivantes par l'Hôpital parisien sont passés à “lospital de St Aubin” et depuis 1479 à St Jean de Latran. Ils consistent en cinq septiers de bled et douze deniers de cens.

L'ordre de l'Hôpital s'est réorganisé, en 1495, la commanderie de Saint Jean de Latran a, parmi ses membres, le Déluge, et en outre possède les censives de Montlhéry et Linas avec des droits de rente perpétuelle sur le moulin de la Roue Dembas.

“ Un pappier de recette des cens que Monseigneur le Grand Prieur a droit de prendre à cause de sa commanderye St Jehan de Latran avec messieurs les chappelains de la Roue a Lynois et environs”. Ce cahier concerne l'année 1522. On y trouve mention de la maladrerye, du four banal devant la fontaine, un rappel “des cens dus aux hospitalliers de Saint Jehan de Latran et aux chapellains de notre dame de la Roue”.

Un autre registre de 1547 confirme le précédent. C'est le “papier des cens dubz aux religieux et frères de St Jehan de Latran à Paris… ”. Il concerne Montlhéry et Linois et est rédigé par Jehan de Quiqueleu.

En 1550, un bail est intéressant à plus d'un titre, nous trouvons, noble et religieuse personne, frère Pierre de la Fontaine, chevalier de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem, commandeur des commanderies de Chantereine & Sainct Jehan de Latran, lequel baille à titre de loyer d'argent jusques à trois ans à François Mathieu marchand hostellier demeurant à Lynois, la recepte des cens et droits seigneuriaulx à cause de sa commanderie Saint Jean de Latran, a droit prendre auxdits Lynois, la Flotte, L'estang, Bruières le chastel, Chastres sous Montlhéry, Estampes. avec 3 arpents de boys taillis au lieudit la chataigneraie. Ce bail et prinsée faict moyennant le prix et somme de 45 livres. On voit ainsi que le commandeur de St Jean de Latran s'occupe directement des droits de Linas sans passer par le Déluge.

Le Déluge seigneur à Linas au XVIIe siècle

Il faut attendre 1631 pour voir l'ordre Saint Jean de Latran bailler à noble Claude Couasse du Mesnil, seigneur du Portan, chevallier en dévotion dudit ordre St Jean de Jérusalem, la jouissance de la terre et seigneurie du Déluge, consistant en: - chapelle, - bâtiments et 300 arpents terres - Cens, rentes, droits seigneuriaux, lods, ventes, deffaulx, saisines, amendes et aultres droits, - 80 arpents à Marivaux qui estoient antiennement possédez par Paul David, marchand de Soucy dans un bail de 1598 conclu avec le grand prieur. - bois avec couppes ordinaires, à la réserve d'une rente de 56 livres sur la seigneurie de Bruyères le Chastel au proffit du grand prieur. - Cens, rentes, …droits seigneuriaux de Montlhéry, la Flotte, l'estang, Linois, Longjumeau, Grand Vaux, Chastres, et Bièvres, - Bail emphitéotique du moulin de la Roue- d'embas dit de Suzeaux, assis à Linois, - Cens sur le moulin Fransureau (Francherel) de Chastres, - Bois de la Chataigneraie près le Fay. À partir de cette époque, le commandeur du Déluge et le seigneur de la Roue à Linas administreront de concert chacun par moitié, leurs droits respectifs sur Linas. La suite concernant cet ordre se trouvera incluse dans les chroniques sur le Déluge.

dagnot/chronique18.01.txt · Dernière modification: 2020/11/12 00:05 de bg