Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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La chapelle Saint-Fiacre de La Ville-du-Bois ___de 1140 à 1616

Chronique du Vieux Marcoussy –Marcoussis————— _——————————– novembre 2008

Carte de l'Archevêché de Paris dressée par ordre du cardinal de Noailles (1706).

JP. Dagnot

C. Julien

La Ville-du-Bois est un village d'Île-de-France qui, tout au long de l'Ancien régime fut attaché à l'église-matrice de Nozay dont l'antiquité est antérieure à l'époque carolingienne (cf. la chronique “Les antiquités de Nozay”). Au fil du temps, une chapelle fut fondée sous l'invocation de Saint-Fiacre dont nous voulons narrer l'histoire dans cette chronique. Toutefois, suite aux résultats de nos récentes recherches, le lecteur doit s'attendre à voir des changements dans l'histoire religieuse de La Ville-du -Bois.

Les anciens documents

Il faut remonter au XIIe siècle, pour avoir quelques indications sur l'existence de La Ville-du-Bois. Deux chartes du prieuré N.-D. de Longpont nous apprennent qu'un bois appartient au nommé Guy Angevin « ad boscum Guidonis Andegavenis ». Vers 1140, au dernier moment de sa vie « moriens », ce chevalier donna « pour le salut de son âme à Dieu et à Sainte Marie de Longpont et aux moines qui servent Dieu dans ce lieu » la moitié de la dîme qu'il possédait près de la route qui conduit à Nozay « medietatem decime sue quam habetat juxta viam que ducit ad Noereium ». Sa femme Lancia, son fils Baudouin et ses deux filles approuvèrent ce don et posèrent l'acte sur l'autel. Parmi les témoins, on compte Roger, le père de Jean et Manases, frère de Lancia (charte CCCXXXVII).

Dix ans plus tard, Renaud, surnommé Cornut, prenant les habits de moine au convent de Longpont « monachicum habitum suscipiens », fonde sa dot en concédant la dîme du vallon qui vient en dessous de Nozay jusqu'au bois de Gui Andegavens « decimam vallis que subjacet vie que venit a Nooreio usque ad boscum Guidonis Andegavenis ». Il donna aussi trois sols de cens que rendaient les tanneurs Georges Saccus et Radulf. Ce don fut fait avec l'accord de sa femme Odeline et son fils Jean, lui-même accompagné de sa femme (charte CCCV).

Il n'est pas invraisemblable que le bois soit celui du vallon où quelques masures formèrent le hameau de La Ville-du-Bois. Le petit bois qui domine le village de Nozay fut parfois connu sous le nom de Villa sylvœ, ou Villa Nemoris ou Villa Saltus , en bas-latin. Dès 1164, les habitants de Nozay devaient “rendre la dîme” au receveur du prieuré de Longpont. En effet, ce couvent avait repris le droit féodal sur la paroisse de Nozay et La Ville-du-Bois soit par échange, soit par donation. La dîme de vin prise sur le terroir de La Ville-du -Bois était très productive puisqu'elle rendait 4 queues qui font 1.600 litres de vin. Quant à la dîme sur les moissons ( de frugibus ) prise sur la paroisse, les moines gardaient 6 muids de froment faisant 72 setiers qui pouvaient rendre 2.160 pains de 9 livres .

Le destin de la terre de La Ville-du-Bois « villa de bosco » fut toujours associé à celui de Nozay dont la seigneurie était un arrière-fief mouvant de Marcoussis. C'est en 1386 que le nom français de « la Villedubois » apparaît pour la première fois. Nous retrouvons cette orthographe jusqu'au XVIIIe siècle et parfois au-delà. Dans un aveu et dénombrement rendu au roi, le 30 septembre, par Jeanne Pizdoé, veuve de Bernard de Montlhéry, la dame de Marcoussis déclare un fief tenu par Jean de La Neuville contenant le village de Nozay et La Ville-du-Bois avec la haute, moyenne et basse juridiction. Le 17 janvier 1404, Charles de Montagu, fils du grand maître devint seigneur de Marcoussis, Nozay, La Ville-du-Bois et autres lieux par la donation que lui fit son père qui gardait l'usufruit (1).

Le territoire de La Ville-du-Bois ne constituait pas un fief unique, mais était, comme partout, morcelé en une multitude d'arrière-fiefs et censives placés sous la juridiction éminente du seigneur de Marcoussis. Ainsi, plusieurs maisons religieuses possédaient des censives : le prieuré clunisien de Longpont (2), le chapitre Saint-Merry de Linas, le prieuré Saint-Pierre de Montlhéry, le couvent des Célestins de Marcoussis et le prieuré Saint-Éloi de Longjumeau. Des seigneurs laïcs avaient également des terres, tel le puissant seigneur de Villebouzin et plus tard au XVIIIe siècle, le seigneur du Plessis-Saint-Père (qui relève de Guillerville).

La paroisse de Nozay-Villedubois

L'église paroissiale de Nozay existe depuis le XIe siècle, attestée par les diplômes du cartulaire du prieuré de Longpont. Le prieur était le présentateur de Nozay. Au Moyen Âge, le clergé séculier est plus directement soumis à l'archidiacre (3). L'évêque de Paris avait donc le droit de visite par l'intermédiaire de l'archidiacre du Josas. La procuration était le droit de visite payé par chaque paroisse. Elle était de 40 sols parisis en 1480.

Ainsi, le 14 mars 1469, la visite de l'église paroissiale Saint-Germain de Nozay « Nosayo » est faite par Jean Mouchard, le vicaire épiscopal. Le procès-verbal de visite mentionne « le curé Dom Etienne de Rupe est absent, mais son vicaire Jean Thoré est présent ainsi que les marguilliers Jean Denis et Jacques Loche et plusieurs autres dont Pierre Cager et Jean Loche. Il y a 24 paroissiens à Nozay. Les lieux du culte sont sans défauts, mais le tabernacle n'est pas fixé. Le visiteur épiscopal donne l'ordre aux marguilliers de procéder à la fixation du tabernacle sous peine d'amende. Les sacrements sont en bon ordre. La dette de deux sols parisis est acquittée ».

Revenons à l'abbé Lebeuf « Ce hameau est situé dans un espace d'enfoncement proche d'un petit bois …On traverse ce bois en montant pour aller à l'Église Paroissiale ». Le chemin qui menaient les paroissiens de La Ville-du-Bois existe encore c'est le « chemin de la Messe » . Ce toponyme est mentionné sur plusieurs plans de la commune. Le “ sentier rural n°22 dit de la Messe ”, est porté sur le plan général de Nozay dressé en 1885. Il amène directement à l'église. Le chemin de la Messe traversait les bois de Saint-Éloy et était emprunté par les habitants de La Ville-du-Bois qui venaient au chef-lieu de la paroisse pour assister aux offices religieux.

Plan de la chapelle Saint-Fiacre de La Ville-du -Bois au début du XVIIe siècle.

Une autre voie appelée « chemin de la Procession » est l'ancien chemin de Nozay à Longpont . La tradition médiévale voulait aussi que les habitants de Nozay-La Ville-du-Bois viennent à Longpont en procession pour la fête de Rogations. L'abbé Lebeuf ajoute « les habitans de la Ville-du-Bois n'ont point perdu de vue la dévotion de leurs pères envers Saint Germain, patron de l'église matrice ». En fait, l'autorisation avait été délivrée sous l'obligation de venir en procession pour fêter saint Germain, sous peine de dix livres d'amende par chaque feu. C'est donc le fameux Chemin de la Procession que tous les villageois empruntaient pour venir à Nozay chaque 31 juillet.

Visites de Josas après la guerre de Cent ans

Nous présentons ici quelques procès-verbaux des visites archidiaconales (4). Riches de renseignements, elles donnent le nombre d'habitants, le terme parrochiani (paroissiens) est significatif; parfois le scribe se sert du mot « communians » ou « habitantes » qu'il faut également traduire en paroissiens. Ce sont les hommes en âge de communier à l'exclusion des femmes et des enfants. C'est-à-dire seuls les chefs de famille étaient dénombrés. En cette fin du XVe siècle, on comptait 22 feux (110 habitants) à Nozay, alors qu'il y avait déjà 28 feux (140 habitants) à La Ville-du-Bois (5).

Le 6 octobre 1461, le vicaire épiscopal a visité l'église et paroisse Saint-Germain de Nozay « sancti Germani de Noceyo » et La Ville-du-Bois « Villa nemoris ». Etaient présents Jean Boussanges, curé de ce lieu, et Pierre du Doit, son vicaire ; les marguilliers sont absents. Le vicaire est desservant des cures de Marcoussis et Nozay. Plusieurs paroissiens accusent le vicaire de mener une vie licencieuse et d'être en concubinage depuis longtemps avec une nommée Berthelière.

Le 11 juillet 1460, la visite de l'église paroissiale Saint Pierre de Montlhéry est faite en présence de Dom Philippe Georgette, curé, Dom Jean Boussanges curé de La Ville-du -Bois « domino Jiohanne Boussanges, presbitero curato de Villa Nemoris », et beaucoup d'autres. Le dimanche 6 octobre 1461, alors que Dom Guillaume Villain, curé de lieu est absent, l'église paroissiale de Sainte Marie-Madeleine de Marcoussis est visitée en présence de Pierre du Doit vicaire dudit lieu et Dom Jean Boussanges, curé de La Ville-du-Bois« curato de Villa nemoris » et Jean Petit, marguillier.

Le 9 août 1468, le secrétaire du vicaire prétend avoir visité l'église paroissiale de La Ville-du-Bois fondée en l'honneur de Saint-Germain et appartenant au prieur de Longpont « ecclesia parrochialis de Villa Nemoris, fundata in honorem sancti Germani, et ad collationem prioris de Longoponte ». Le curé Stéphane de la Roche est absent. Les présents sont le vicaire Adam Louvet, les marguilliers Jacob Loche et Jean Denis. Il y a 28 paroissiens. Il n'y a pas de sage-femme. Les fonds baptismaux ne sont pas fermés. Les réparations devront être faites avant la Saint-Rémy sous peine de 20 sols parisis d'amende.

Le 7 septembre 1470, c'est la visite de l'église paroissiale Saint-Germain de Nozay « Noceyo ». Le curé Stéphane de Ruppe est absent étant allé visiter le prieur de Longpont. Les présents sont les marguilliers Jean Denis et Jacob Loche, Jean Thomas et le vicaire Jean Thoré. Il y a 20 paroissiens à Nozay. La sage-femme « obstetrix » s'appelle Perrette Fressande, élue à la majorité des femmes . La fabrique possède un calice en argent. Sa réparation est exigée pour qu'il soit d'aplomb.

Bien évidemment, il faut voir dans ces textes du XVe siècle comme un abus de qualité quand le vicaire écrit « curé de La Ville-du-Bois », ou « ecclesia parrochialis de Villa Nemoris », toutefois, ce lapsus est peut-être révélateur d'un état de fait qui décrit un hameau devenu plus important que le chef-lieu de la paroisse. Le bail de la prévôté de Nozay et La Ville-du-Bois a été passé par Hugues Cipien pour les années 1498 et 1499 moyennant 9 livres 10 sols parisis et pour les années 1500 et 1501 pour 9 livres parisis par année. Le droit de clergé fut loué à Laurent Charron tandis que le droit de geolage fut loué à Roger Michau.

La situation décrite précédemment est inscrite sur la carte de l'Archevêché de Paris dressée par ordre du cardinal de Noailles en 1706. La Ville-du-Bois y est représenté comme un village (et non comme un hameau) avec une église succursale légendée par une demi croix. Notons que le géographe Jean Besson a marqué la Croix-Saint-Jacques au Plessis-Saint-Père et les fourches patibulaires de Montlhéry, de part et d'autre du village.

La cession de l'Amiral de Graville

C'est en qualité de chambellan et conseiller du roi Louis XI que Louis de Graville, seigneur de Marcoussis, lui rendit hommage le 2 novembre 1482 à Plessis-lès-Tours. Il fit son aveu pour une trentaine de fiefs et seigneuries dont Graville, Montagu, Milly-en-Gâtinais, Gometz-le-Châtel, Marcoussis, La Ronce , Nozay, La Ville-du-Bois , …, et autres lieux. La châtellenie ayant pris une telle importance que messire Loys de Graville fit rédiger le terrier de Marcoussis par son intendant et conseiller Jean d'Epinay, évêque de Mirepoix.

Revenons brièvement à l'abbé Lebeuf « La Ville-du-Bois fait partie de la Paroisse de Nosay. Ce lieu est devenu beaucoup plus considérable en habitants que tout le reste de la Paroisse. Le voisinage du grand chemin de Paris à Orléans en peut être la cause, aussi bien que la facilité d'avoir de l'eau ». C'est au début du XVIe siècle que la communauté des habitants de La Ville-du-Bois commença à s'émanciper. La sortie de la guerre de Cent ans correspond à une expansion rapide de l'économie et la démographie du Hurepoix.

Nous venons de voir qu'il y avait 140 habitants à La Ville-du-Bois en 1460. Désormais, la population du hameau est supérieure à celle du chef-lieu. En général, les poussées démographiques se situaient surtout dans les terroirs de grandes cultures comme à Nozay. La Ville-du-Bois restera une exception puisqu'on peut considérer que le peuplement de ce terroir fut surtout lié au développement de la viticulture et du commerce local (6). C'est principalement le long de la Grand 'rue actuelle, que l'agglomération s'était formée avec des habitations groupées dans des cours communes. On y rencontre les maisons les plus anciennes bâties à l'aide des pierres des murgers et de grès et « couvertes de chaulme ».

Cession par l'amiral Louis de Graville (1511).

Le 25 décembre 1511, les habitants de La Ville-du-Bois « Villa de Bosco » obtiennent de leur seigneur l'amiral Louis de Graville , la cession d'un terrain pour y édifier une chapelle . « Loys, seigneur de Graville et Marcoussis, conseiller et chambellan ordinaire du roy, amiral de France et Moy, bailly et prévost et receveur de la Ville-du-Bois, salut. Avons reçu une supplique des habitans dudit lieu de Villedubois, octroye, consent et donnons lieu et place pour faire bastir et construire audit lieu une chapelle pour en icelle faire chanter et célébrer messe.et autres services divins pour le tems des dimanches et autres festes pour servir Dieu. Que ledit village est bien à demi lieue de leur église paroissiale. Savoir faisons que de la déclaration desdites choses nous vollons, consentons, octroyons par ces présentes audits manans et habitans dudit lieu de Villedubois et leur donnons un lieu et place pour faire construire ladite chapelle et laquelle place est amortie de toutes charges et autres choses en quoy elle pourrait estre obligé. Requérons révérend père en Dieu l'évêque de Paris que ledit don et octroyé en la place et consentie en icelle chapelle estre eddifié. Mandons en oultre à nos officiers manans et habitans ils ne fassent ne donnent aulcun desfaut ou empeschement. En tesmoings de nous avons signé et scellé de nos armes à Marcoussiis.

Signé Loys de Graville ».

Ainsi, grâce à cette cession de terrain, nous voyons le seigneur de La Ville-du-Bois y fonder, à moindre frais, une chapelle. Étant âgé, Louis de Graville prépare sans aucun doute son salut par des donations pieuses. Ne serait-ce pas également une expression d'indépendance que les habitants viennent de gagner aux dépens de Nozay ?

Il semble que la cession trouva l'approbation de l'autorité épiscopale de la part de « très haulte et très puissante personne Monseigneur Etienne Poncher, évesque de Paris ». Ce prélat qui, devint archevêque de Sens en 1519, était réputé comme un homme d'Eglise que les rois Louis XII et François 1er admiraient pour ses conseils « il savait unir les vertus de son état aux talents de ses places ». Bien évidemment l'amiral Louis de Graville et l'évêque de Paris fréquentaient les mêmes bancs du Conseil du Roi et étaient des amis intimes au service de la royauté. De ce fait, l'amiral obtint facilement l'agrément de l'évêque pour construire une chapelle à La Ville-du-Bois. Depuis, le « passage de Graville » rappelle cet épisode.

Fondation de la chapelle Saint-Fiacre

Le terrain acquis ne constituait pas une finalité dans l'entreprise. Il fallait convaincre les autorités ecclésiastiques en la personne de l'évêque de Paris et l'archidiacre de Josas pour édifier la chapelle et la consacrer. Un document de 50 feuillets, fruit des recherches récentes, donne tous les détails des démarches qui ont concouru à l'érection de la chapelle Saint-Fiacre. C'est un acte daté du 4 mai 1581, copie d'actes précédents faite à la demande de Germain Bourgeron, marguillier de l'œuvre et fabrique Monsieur Saint-Fiacre . Ce vidimus, établi par un notaire de Montlhéry, comprend les actes rédigés en latin ou vieux français, en date du 10 mai 1520, du18 juillet 1533, du 21 mars 1562, des 14 avril, 18 juin et 2 juillet 1563, que nous allons détailler dans la suite.

Pour le village de La Ville-du-Bois, dont la population est alors plus importante que celle de Nozay, chef-lieu de la paroisse, l'érection et l'édification est un événement considérable pour la communauté. La chapelle ne semble pas être construite dès 1511, mais il faudra attendre une dizaine d'années. Les lettres du 10 mai 1520 données par Etienne, vicaire épiscopal « Stephani archidiaconi domni episcopus parisiensis » mentionnent les arguments des habitants de La Ville-du-Bois « homines et habitantibus loci dicti Villa de Bosco parochia de Nozaio ». Ceux-ci demandent l'érection d'une chapelle parce que l'église de Nozay est trop éloignée, que le chemin pour s'y rendre est difficile et que les habitants sont laissés bien souvent sans l'assistance d'un prêtre « et habitantibus loci dicti vita deposa parochia de Nozayo dicto … ». Les paroissiens supplient « magister Joannis Jouin, curia parisensis notario » pour que le service divin soit célébré dignement dans la nouvelle chapelle par le curé de Nozay afin d'éviter tous les désagréments « et difficultate via occasione valliam fontium et memoris modia via… ».

Il semble, comme de coutume, qu'un petit cimetière sera associé à la chapelle « inhumationes indicto loco ». Le service divin dans la dite chapelle sera assuré par le curé de Nozay « magister Francessi Du Gros Bois dicto parochia ecclesie de Nozayau curati ». Il aura la faculté de célébrer la messe dans la chapelle de Villa de Bosco, les vigiles et les vêpres de la fête de Saint-Fiacre « benedictus in vigilla festi beati Fiacri…capella patroni vespera in dieipsuis beati Fiacri ». Le vicaire accepte que la nouvelle chapelle puisse recevoir toutes les fondations et dotations « omnia et singulis oblationes functus… tam de fondationes et dotationes ipsius… » qui pourront servir à l'entretien de ladite chapelle, mais aussi serviront aux réparations de l'église de Nozay « tam per reparation dicta ecclesia de Nozayo … ».

Érection de la chapelle Saint-Fiacre

En 1533, cette chapelle fut érigée en “ succursale-annexe ” de Nozay à la demande expresse des habitants du hameau « habitanibus loci dicti Vila de Bosco parochia de Nozayo dicto Parisiensis diocesis nobis et tenebat et dictur lorgur de Villa de Bosco tantam de ab ecclesia parochialli de Nozaio … ». Les lettres latines du 18 juillet données par Jacques Guettier, chanoine et official de Paris, vicaire général d'Eustache du Bellay, évêque de Paris « Jacobus Guettier de Juvibus, canonici et officialis parisiensis , viccaria generalis reverendi in visito pastor et de domyni domni Eustachi du Bellay, salut » accordent officiellement l'érection de la chapelle Saint-Fiacre de La Ville-du-Bois.

Le tabellion épiscopal mentionne que la demande est faite à Monseigneur l'évesque de Paris par les habitants et paroissiens du hameau… « honorabilis viri Joannis Martin senior, Cipriannus Rousseau junior, Michael Beschepoix, Joannis Beschepoix, Georgius Martin, Claudius Rousseau, Michael Guyniard, Joannis Guyniard, Mathurinus Peuvrier, et alliis habitantibus et juniors loci Villa et hamelli de la Villedubois , parochia sancti Germini de Nozayau prope Montem Lethericum parisiensis diocesis… ».

Le service divin est assuré par le curé de Nozay, discrète personne maître Nicolas Delarue « ad indicium evocari ficissent preemtrem curiam nobis ad catam pretheritam diem discretum virium magistrum Nicolaus Delarue curatus … », pour la gloire de Dieu sous l'invocation de Saint-Fiacre dans le lieu et hameau de La Ville-du-Bois. Les lettres sont confiées à Jehan Martin l'aîné, à Cyprien Rousseau le jeune, et à Guillaume Maulevault, qui pourraient être les premiers marguilliers de la fabrique de La Ville-du-Bois.

Le sanctuaire, construit “pour la gloire de Dieu” est placé sous le vocable de saint Fiacre « Capellam in honoram Dei et sub inovatione Sancti Fiaconi in dicto loco et hamellum hamelo de la Villedubois » avec tous les attributs pour le culte. Ce saint d'origine irlandaise (en irlandais Fiachra , en latin Fiacrus ) était venu en France au VIIe siècle pour y fonder un monastère proche de Meaux. Vénéré en Brie, il est devenu le patron des jardiniers, mais aussi populaire comme étant le saint guérisseur de chancres et des cancers. Depuis le Xe siècle, on célèbre traditionnellement sa fête le 30 août. Remarquons que saint Vincent, patron des vignerons, est également présent dans l'église de La Ville-du-Bois.

On peut donc considérer que dès cette époque les travaux de construction de la chapelle primitive étaient bien avancés et que ce fut Jacques Guettier, chanoine, official de Paris, et vicaire général de l'évêque de Paris qui consacra la chapelle au culte catholique. Une somme, de 12 livres , est destinée à la fondation de la chapelle « summa duodecim librarum sunctum pro fondatum dicto capella assignatum quoquidam… ».

Les actes et transactions de 1562-1563

Les actes de 1562-1563 sont des transactions passées entre les habitants de La Ville-du-Bois et le curé de Nozay afin de définir les droits et les devoirs de chacun. En fait, derrière le curé de Nozay se trouve la fabrique Saint-Germain qui ne veut pas perdre les prérogatives paroissiales. Un premier acte, rédigé le 21 mars 1562, est une requête adressée par plusieurs habitants à monseigneur l'évêque pour le fonctionnement de la chapelle Saint-Fiacre et l'établissement d'un cimetière. Les demandeurs sont « Jean Martin l'aîné, Cyprien Rousseau, Germain Maulevault, Germain Rousseau le jeune, Michel Bossipoix, Jehan Boispoix, Georges Martin, Charlin Martin, Claude Rousseau, Michel Guyniard, Jehan Guyniard, Mathurin Peuvrier, tous manants et habitans du village et lieu de la Villedubois , paroisse de l'église paroissialle Monseigneur Saint-Germain de Nozay proche Montlhéry… ». L'acte est signé Maulevault et Rousseau et la requête est présentée à l'official de Paris par le doyen rural de Châteaufort assisté de messire Loys Gouyn, curé de Villejust .

La supplique des habitants comporte plusieurs arguments forts pour convaincre les autorités. Ils considèrent d'abord la grande distance « disant que ledit lieu de Villedubois est distant de l'église paroissiale de Nozay d'une grande demie lieue et plus et qu'il y a montagne, vallée et bois … » et les mauvais chemins pour se rendre de la Villedubois à Nozay « le chemin est en tout temps, tant aux vieux que aux jeunes gens soit pénible dangereux et mauvais par ce que les eaux qui y croupissent et les brigands qui se trouvent dans lesdits bois ».

« Au moyen de quoi , iceux suppliants et leur famille sont obligés d'aller prier Dieu et assister au divin service et d'aller à l'église paroissiale de Nozay, et que aussi en la raison de ladite grande distance et longueur du mauvais chemin qui est entre lesdits lieux, sont les enfans qui nesse audit lieu de Villedubois, en péril et danger de mourir sans avoir reçu le saint sacrement du baptême et pareillement les pauvres hommes mallades en péril et danger de mourir sans recevoir les saints sacrements de notre mère l'église, aucun diceux parce qu'il leur est impossible d'aller à Nozay et revenir à Villedubois pour recourir iceux en un petit espace de temps ». Cette fois, les délégués de La Ville-du-Bois font appel aux grands principes de l'Église : tout être humain doit naître, vivre et mourir en bon chrétien, c'est-à-dire recevoir les Saints Sacrement tout au long de sa vie. De ce point de vue, le clergé du XVIIe siècle est inflexible, contrôlant tous les actes du “peuple de Dieu”, infligeant des amendes à ceux qui ne participaient pas aux fêtes religieuses.

Puis, le péril et le danger de mourir sans recevoir le sainct sacrement et le baptême sont évoqués, le curé ou son vicaire demeurant au chef-lieu de la paroisse éloigné dudit hameau. Des exemples récents ou anciens sont donnés pour étayer leurs dires « Et les enfans de Jehan Martin dit la dague, Claude Bourgeron, Molevault, Jude Fortris, Symon le Page et tous manants et habitants du lieu de la Villedubois , lesquels sont morts à demy chemin sans avoir reçu le saint sacrement du baptême de l'église de Nozay et aussi à plusieurs grandes personnes, tant homme que femme et autres personnes seroient morts sans pouvoir recevoir gens d'église à les confesser et leur administrer les saints sacrements de l'église mesme deffunt Pierre Cordier, Jean Badin et sa femme Guillemette Dauvergne sont morts sans confession et enterrés en terre profane sur les chemins à raison que ny a cimetière audit Villedubois ny aucun sacrements ».

Suit un passage décrivant des situations horribles « Pierre Maullevault est mort sans recevoir aulcun sacrement son corps tué par contrainte des mauvais chevaux délaissé en la fange dedans les bois, l'espace d'une nuit de sorte que le lendemain il fallut autres chevaux pour tirer à fort de la boue dans laquelle estoit son corps demeurant dans lesdites fanges, et plusieurs autres les corps ont été et sont journellement et encore depuis toujours et ça par contrainte enterrés en terre profane et en les champs signement quand ils sont morts de malladies dangereuses à raison que il ne se trouve personne pour les porter si loin audit Nozay dedans le cimetière de sorte que il y avoit cimetière au lieu de Villedubois, on enterroit les corps dans icelle, tellement que les chiens et austres bestes ne déterrerons et ne mangerons lesdits corps comme ils ont été cy devant au grand péril scandalle et perte de tous ceux dudit lieu et mesme que pour lesdits supplians en danger des lieu ». Les demandeurs vont même jusqu'à dire que certains habitants « ont été volés dérobbés en leur maisons en bons jours et autres festes solennelles et dimanches se pendant qu'ils vont assister au service divin en ladite église de Nozay, comme souvent il est advenu à plusieurs dudit lieu ».

Copie demandée par Germain Bourgeron, marguillier de l'œuvre et fabrique Monsieur Saint-Fiacre rédigée le 4 may 1581.

Puis, la requête est clairement formulée « et adviendront pour lesquels habitans et avoient ung secours et église avec un cymetière audit lieu de Villedubois en laquelle église et secours y eut fonts baptismaux, ciboire et cymetière avec les saincts sacrements et gens d'église pour leur administrer… ». La demande est d'autant justifiée qu'il y a « jà des longs temps une belle et grande chapelle appelée la chapelle saint Fiacre toutes bastie en laquelle il y a deux cloches estant au coeur dudit lieu avec maison pour loger le curé ou vicaire ou chapellain et que lesdits supplians sont en nombre de cent feux pour le moings ». Donc, on dénombrait au moins 500 habitants à la Ville-du-Bois en 1562.

Enfin, les conclusions du concile de Trente sont évoquées « a esté destermyné que quand les habitans d'un lieu seront loings de la paroisse que ce seroit ung secours de votre plaisir et ordonner que ladite chapelle saint Fiacre soit à l'advenir église secours et ayde de ladite cure de Nozay audit lieu de Villedubois et que en se faisant que fonts baptismaux et ciboire seront mis en icelle chapelle pour faire par le curé de Nozay ou chapellain par lui commis administrer les saints sacrements de l'église à nos suppliants et y a faire dire le divin service avec cymetière joignant icelle église, ou chapelle pour y inhumer les habitans dudit lieu de Villedubois pour enterrer les susdits ».

Dans l'acte du 14 avril 1562, le curé de Nozay donne son accord à la requête précédente considérant que « les chemins pour aller desdits lieux de Nozay et Villedubois, l'un à l'autre sont assez difficiles et dangereux à cause des antiques vallées et bois … » parce qu'il refuse de voir ses paroissiens « sépulturez en terre profane ». Il accepte « pour le soullagement desdits habitans de la Villedubois l'enterrinement de leur requestes à la charge que toutefoyes de lui bailler et à ses successeurs curés de ladite cure de Nozay pour eulx et leurs successeurs la somme de cinquante livres tournoys de rente annuelle et perpétuelle et bastir audit lieu de la Villedubois , une maison presbitérale et icelle meubles et ustancilles nécessaires et requis pour l'entretien d'un homme d'église qui sera commis par luy respondant … et faire le divin service en la chapelle mentionnée en ladite requête administrer les saints sacrements audits manans et habitans dudit lieu de la Villedubois »

Outre la clause pécuniaire, les habitants s'engagent à « paynement par eulx de toutes et chacunes les oblavements, soit en argent, chandelle ou ce qui est en la dite chapelle tant en jours, dimanches, festes festives ou non festives » et les habitants de La Ville-du-Bois seront tenus d'aller au service paroissial de ladite église de Nozay « aux jours solennels pour le moings et feste du patron et de la dédicace comme ladite église desquels subviendrons ».

L'acte en langue latine du 14 avril 1563 porte à la charge des habitants de La Ville-du-Bois de payer au curé de Saint-Germain de Nozay et ses successeurs la somme annuelle de 40 livres tournois « … annuam redditus quadraginta librarum turnensis pretoria et … », de faire bâtir une maison presbytérale et de contribuer pour leur quote-part à la réparation de l'église de Nozay. D'autre part, « Germani de Nozaio prope …de Nozaio priorus prioratus de Longo Ponte », l'église de Nozay étant à la présentation du prieur et prieuré de Longpont, la chapelle Saint-Fiacre aura un statut identique avec la visite annuelle de l'épiscopat de Paris « visitatione… decanus ruralam de Castoforti… » et le droit de visite par le doyenné rural de Châteaufort.

À la demande de Maulevault et Rousseau, une transaction arbitrale est passée du 18 juin 1563 devant l'official de Paris, par Louis Dannet, prieur commendataire du couvent de Longpont « Ludovic Dannet, prioratus de Longo Ponte juxta Montis Lethericum ». Ce prélat agit comme procureur des habitants de La Ville-du-Bois, mais aussi comme présentateur du curé de Nozay puisque l'église appartient à Longpont. Finalement, l'arbitrage du prieur est accepté par Jehan Artus Thiercelin « de Nozaio curati » qui recevra 40 livres par an pour les réparations de Nozay.

La Ville-du -Bois annexe de Nozay

Finalement, un dernier acte (en vieux français) est passé le 2 juillet 1563 devant Pierre Courtilier et Martin Jamart, « notaires du Roy notre sire au Châtelet de Paris » en présence de noble personne Loys Dannet, prieur commendataire du couvent de Longpont, diocèse de Paris « lequel faist nommé, constitué, ordonné et établi en procuration generaulx et certains messages spéciaux mais par Jacques Rasselin, François Peton, auxquels est chargé deulx, il a donné et donne plain pouvoir et par sans de plaider, opposer, élire domicile, appeler, substituer et par especial pour et au nom desdits personnes tant en sa qualité de prieur de Longpont ». La requête est clairement énoncée devant le juge épiscopal « devant nous juge il appartiendra et illecq pour et au nom dudit constituant en ladite quallité de prieur consentir audits manans et habitans de la Villedubois , paroisse de Nozay, que la chapelle construite et fondée audit lieu de Villedubois en la lumière de Dieu et sous l'invocation de saint Fiacre soit érigée en l'église de secours et annexe de l'église parochialle de Nozay ».

C'est un pas supplémentaire pour une certaine autonomie des habitants de La Ville-du-Bois puisqu'il est accordé que la chapelle possède « fonts baptismaux et célébrer dire tous sacrements avec cimetière pour subvenir aux habitans dudit lieu de la Villedubois à la charge par iceulx habitans de Villedubois donneront et baillerons par chacun an au curé dudit Nozay quarante livres tournois en héritage ou rente aussi lui bailleront maison audit lieu de Villedubois, prez ladite chapelle laquelle maison, ils meubleront de tous meubles et ustancilles de bien et honneste que nécessaire et aussi que ledit curé de Nozay sera tenu que audit lieu de Villedubois ung chappelin qui y résidera et sous icelluy curé administrera tous les saints sacrements de l'église audits habitans et y dira le service divin ainsy comme à l'église dudit Nozay, à la charge toutefois que iceulx habitans de la Villedubois seront tenus à toujours recongnoistre ladite église de Nozay et le curé dicelle comme église matrice et paroissiale et ladite chapelle de Villedubois seulement comme secours et annexe de celle dudit Nozay ».

Le 7 décembre 1579, Hiérome Rousseau, laboureur de vignes, demeurant à La Ville-du-Bois, au nom et comme marguillier de l'église et fabrique “ Monsieur Saint Fiacre ” confesse avoir reçu du sieur Guignard, boucher à La Ville-du -Bois la somme de quatre écus d'or pour le rachat en principal de 16 sols de rentes pour « une maison couverte de thuilles comprenant trois espasses cour jardin assis à la Villedubois ». Cet acte confirmant l'existence de toute la vie religieuse en cette annexe.

Expansion de la chapelle Saint-Fiacre au XVIe siècle

En 1562, le dénombrement donne 100 feux à La Ville-du -Bois. Le gonflement rapide de la démographie de La Ville-du-Bois, certainement du en partie à l'immigration, surtout limousine et normande, est très important au milieu du XVIe siècle. La petite chapelle de Monsieur Saint-Fiacre devient vite exiguë ; il faut l'agrandir. Suite à ce que nous venons de décrire, il convient d'être circonspect sur les écrits de l'abbé Lebeuf, écrits repris par d'autres auteurs comme Guilhermy au XIXe siècle. Une première augmentation de l'édifice, du côté septentrional, aurait été faite vers l'an 1548, de sorte, dit Lebeuf « que le 16 août 1549, Charles Boucher, évêque de Mégare, fut commis pour bénir cette augmentation avec la Terre d'alentour, et l'autel qui y étoit construit » (7).

L'abbé Lebeuf écrit avoir trouvé mention dans un texte stipulant « que Jean de Forgettes, archidiacre de Brie, assigna entre autres revenus, la somme de vingt-quatre sols sis à la Ville du Bois ». Dix ans après, l'évêque de Paris permet « d'y ériger une confrérie de Saint-Vincent ». En 1563 (et non 1503), Pierre, évêque Ronanensis, serait venu à La Ville-du -Bois pour y bénir le cimetière. Il s'agit, semble-t-il du grand cimetière, accordé la même année par l'épiscopat parisien, et qui était situé sur l'actuelle place de la mairie.

L'agrandissement de la chapelle Saint-Fiacre est un fait acquis, mais les dates des ajouts successifs sont remises en cause par la lecture de documents relevés des archives. Il devient évident que les dates usuellement données pour la construction de la nef de l'église Saint-Fiacre soient entachées d'erreur. En effet, la simple lecture du registre paroissial des sépultures, pour les années du début du XVIIe siècle, montre que la nef devait être construite avant 1615 car de nombreuses inhumations sont mentionnées à cet endroit : - Cossonnet, le 28 juillet 1616, dans la nef près la petite porte, - Marie Rousseau, femme d'Honoré Rathuy, le 12 février 1616, dans la nef près la grande porte, - Rousseau, le 18 janvier 1616, dans la nef près de la chaire, - 8 inhumations dans la nef en 1615 !!!

Nous pouvons donc affirmer que la première augmentation du vaisseau fut celle de la nef dans le prolongement du chœur, ce qui paraît logique. Le second agrandissement, la construction de la chapelle à gauche du chœur, fut réalisé en 1644, celle qui a été donnée pour avoir eu lieu en 1548. Cet aspect, confirmé par la fondation de Léon de Balsac d'Illiers, seigneur de Marcoussis, sera développé dans la seconde partie.

Une dernière question d'ordre architectural se pose à propos de l'édification du clocher en 1647. Il est difficile d'admettre que la tour carrée fut construite sans être accolée au bâtiment existant, donc à la nef, construite vers la fin du XVIe siècle, contrairement à 1691, date qui est souvent rapportée. Le percement des trois arcades en ogive sous le clocher semble également improbable du point de vue de la technique architecturale employée. Un tel percement aurait déstabilisé la tour massive. D'ailleurs, l'observation de l'ouvrage et de son appareil ne laisse pas de doute à ce sujet. Il faut donc reconsidérer la datation de l'église de La Ville-du-Bois .

Les paroissiens du XVIe siècle

Il faut remarquer qu'à cette époque, la plus grande majorité des censitaires de La Ville-du-Bois se déclarent “vignerons”, ce qui était plus prestigieux que “laboureur” ou “manœuvrier”. Bien souvent le soi-disant vigneron ne possédait qu'un petit lopin de vigne ou quelques pieds de ceps qu'il cultivait pour sa consommation familiale. Toutefois, de part la nature de ses terres, La Ville-du -Bois était un pays de vignoir. L'abbé Lebeuf dit « le bas de ce coteau est sablonneux : on y voit beaucoup de vignes ». Les toponymes des chantiers témoignent de cette situation : les Graviers, les Vignes Rouges, les Berges, les Fosses Rondes , etc.

Dans la censive des religieux de Longpont, au chantier de La Fosse aux Moines, se trouvait une partie du vignoble de La Ville-du-Bois. Au début du XVIe siècle, à l'époque de la fondation de la chapelle de La Ville-du -Bois, nous trouvons les censitaires de ce chantier ayant aussi quelques ceps de vigne à cet endroit : Gervais Froissant, Innocent et Jean Harragne, Nicolas Lebas l'aîné, Jean Lebas l'aîné, Jean Lebas le jeune, Colas Lebas le jeune, Albert Lebas, Henri Picquet, Arthur Petit, Etienne Barbier, Jean Caiger, Pierre Bignault. La veuve d'Henri Puyvert, Jeanne Lebas. Les frères Robert, Antoine et Denis Rousseau possédaient des vignes à La Ville-du -Bois au chantier des Trous appelé parfois Guéderon . Leurs cousins étaient tous vignerons ; il y avait Colas, Guillaume, Antoine et Jean Rousseau le Jeune dit Loche. Ce dernier était un fervent catholique qui fut marguillier pendant de nombreuses années.

La sentence de la prévôté de Nozay du 1er mars 1552 condamne les héritiers Persault, propriétaires de trois quartiers de vignes aux Vaux de Nozay : 1° à payer la somme de 30 sols parisis pour cinq années d'arrérages d'une rente, de six sols, qui avait été fondée à la chapelle Saint-Fiacre de La Ville-du -Bois à prendre chaque année à la Saint-Martin d'hiver, 2° ou à procéder à la vente desdits trois quartiers au plus offrant et dernier enchérisseurs selon la manière accoutumée.

Le 29 mai 1555, une sentence est rendue en la prévôté de Nozay et Villedubois pour Jean Bourgeron le jeune, gouverneur de la chapelle Saint-Fiacre de la Ville-du-Bois, demandeur, d'une part, et Jean Le Moynier, Germain Le Moynier et Pierre Beschepoix, défendeurs, d'autre part, par laquelle il appert que lesdits défendeurs on été condamnés à payer chacun en le jour de Saint-Martin d'hiver 8 sols parisis de rente envers la chapelle Saint-Fiacre de la Ville-du-Bois tant qu'ils seront détenteurs de trois espaces de logis sis à la Ville-du -Bois et 16 sols parisis pour deux années d'arrérages de ladite rente.

Depuis la bénédiction, Gervais Bourgeron était prêtre à La Ville-du-Bois ; il y décède le 18 janvier 1563(4) « vénérable et discrette personne Messire Gervais Bourgeron en son vivant prestre demeurant à la Ville du Boys ». Par testament de “dernière volonté”, il avait donné à la chapelle Monsieur Saint-Fiacre ce qui s'ensuit (8) : - premièrement une maison couverthe de thuille contenant trois espasses et court avec une planche de jardin derrière assy à ladite ville du boys pour servir de presbitaire pour loger le curé à charge que les gouverneurs seront tenus tenir et entretenir ledit lieu cloz et couvert…., - deux rentes de 66 sols tournois et 10 sols parisis à charge de prières et d'entretien de deux cierges de cire blanche aux côtés du crucifix, - le délaissement à ladite chapelle d'un calice d'argent avec interdiction de le vendre ou autrement bailler pendant 99 ans.

La fondation de l'obit exige de « dire chanter et célébrer par le curé ou vicaire pour l'âme de luy, une messe basse tous les premiers samedis des moys de l'an à toujours… » (9).

L'appartenance de l'église de Nozay au prieuré de Longpont imposait certaines obligations pour les paroissiens. La tradition médiévale voulait ainsi que les habitants de Nozay et de La Ville-du-Bois viennent à Longpont en procession pour la fête des Rogations. Accompagnés de leur curé et vicaire, les paroissiens de La Ville-du-Bois rejoignaient ceux de Nozay et tous empruntaient le chemin de la Procession et descendaient le coteau, en passant par le Mesnil-Longpont, pour arriver à Longpont. Accueillis sur le parvis de l'église abbatiale par le prieur claustral et les religieux, ils assistaient au service divin en compagnie des paroissiens de Brétigny et du Plessis-Pâté. Après la messe, une collation était offerte par les moines de Longpont.

Les chicanes entre le curé de Nozay et les paroissiens du hameau de La Ville-du-Bois ne manquèrent point, surtout quand le vicaire était absent. Le 8 avril 1584, le marguillier réunit les habitants en assemblée pour « faire plainte du refus de servir et d'administrer les sacrements par le curé … ». Quelquefois, les contentieux arrivent avec d'autres membres du haut clergé. Ainsi, le 12 juillet 1593, une déclaration est envoyée par les six curés de Nozay, La Ville-du -Bois, Marcoussis, Ballainvilliers …. « disant qu'ils sont sous la juridiction de l'évesque de Paris et non sous l'official de Saint-Illet ».

Le 18 septembre 1590, André Martin, prestre vicaire des églises Saint-Germain de Nozay et Saint-Fiacre de La Ville-du-Bois, son annexe, confesse avoir baillé à titre de loyer ou pension à Palo de la Noe , prestre habitant audit lieu, tous les lieux et héritages appartenant à ladite cure de l'église Saint-Fiacre, fruitz et revenus qui en deppendent… Ce bail fait à la réservation du gros de ladite cure que se réserve le bailleur « chanter célébrer en ladite église aux heures accoustumées, administrer les Saints Sacrements aux parroissiens mesme en cas de maladie de peste ou autrement ».

Une transaction entre les marguilliers de Nozay et les habitants de La Ville-du-Bois est passée le 16 janvier 1601, devant Bligny, notaire royal à Montlhéry. Il s'agit encore une fois d'une redevance due pour l'entretien de l'église-matrice de Nozay. Le traité reprend l'acte de fondation de la chapelle Saint-Fiacre qui avait été accordée avec la clause d'appartenance des habitants de La Ville-du-Bois à la paroisse Saint-Germain de Nozay « une somme de neuf vingts livres que les habitans de la Ville du boys sont obligés de payer aux marguilliers de Nozay ». L'acte est signé par deux représentants élus par les paroissiens de La Ville-du-Bois

La même année, Louis de Godebert, vicaire général de Paris concède aux villageois « d'ériger une autre confrérie en l'honneur de saint Fiacre », accordant 40 jours d'indulgences à ceux qui visiteront la chapelle de La Ville-du-Bois durant l'Octave.

Le 16 janvier 1611, la fondation d'une rente est faite par la fabrique de La Ville-du -Bois à la paroisse de Nozay. C'est un acte important qui sera repris ultérieurement en 1766 et 1790 lors des contentieux entre les deux communautés. Il s'agit d'une créance qui fut établie lors de la création de la chapelle et fait référence à un acte du 5 juillet 1586. Les habitants de l'église-matrice et ceux de la succursale sont réunis en assemblée générale. « Entre les habitants de La Ville-du-Bois et ceux de Nozay, pour éviter aux frais et dépens et nourrir la paix et l'amitié entre eux, ils ont de leur bon gré opéré la franche volonté sans aucune force, séduction ou contrainte disoient fait les accords et transactions, obligations des choses qui ensuivent ». C'est à sçavoir que lesdits habitants de La Ville-du-Bois annexe dudit Nozay ont promis de contribuer pour les réparations grosses et menues qui sont nécessaires à ladite église et presbytère dudit Nozay: - Premièrement à payer le jour de Saint-Martin d'yver aux marguilliers la somme de 15 livres tournois de rente annuelle et perpétuelle, non rachetable, - Item, assister au service divin qui se chantera et célébrera chacun an à toujours en icelle église de Nozay le jour de feste Saint-Germain patron de ladite église et feste de la dédicace qui est Saint-Eloy vingt cinquième juin, - Item, les habitants de La Ville-du-Bois allant en procession les festes de Pasques aux Célestins prendre les habitants dudit Nozay en leur église pour aller et revenir ensemblement, - Item, comme aussy prendre lesdits habitants de Nozay en leur église de Nozay le lundy, le mardy des Rogations pour aller ensemble en procession qui se font à sçavoir ledit jour de lundy à l'église Sainte Marie-Madeleine de Marcoussy et le mardy à l'église de Viljust, - Item, le jour à l'égard de celle du mercredy qui se font à Long-Pont promettent lesdits habitants de La Ville-du-Bois en leur église pour aller et revenir ensemble audit Long-Pont. Par ce faisant demeurent quittent de décharges 40 sols pour l'entretien de l'église de Nozay. Messire Guillaume Canaris, prêtre vicaire dudit Nozay y demeurant.

Depuis l'an 1597, le vicaire de la chapelle Saint-Fiacre tient le registre des actes de baptêmes, mariages et sépultures de La Ville-du-Bois. Jusqu'en 1614, les actes de sépultures en sont quasiment absents. Mais, le registre des décès de La Ville-du-Bois de 1615 et 1616 surprend par le nombre d'inhumations faites dans l'église devenue si l'on peut dire “le cimetière paroissial”. Pas moins de 16 inhumations sur 24 sont faites dans la nef et le chœur. Seul un nommé Chavrin fut enterré dans le grand cimetière qui semble-t-il fut créé au début du XVIIe siècle. Jean Simoy l'aisné est inhumé à côté droit du chœur. Pasquette Goix, veuve de Michel Mauronchet, est inhumée dans le chœur de l'église sous le pupitre. En mars 1615, Jacques Tillotte est inhumé dans la nef avec sa fille morte en décembre de la même année. Germain Cossonnet, époux de Marie Bourgeron, est enterré dans la nef le 27 novembre 1615. Il laissait de nombreux orphelins dont une petite Madeleine, âgée de 5 ans.

La chapelle Saint-Fiacre fut ultérieurement modifiée à plusieurs reprises. Elle recevra une relique de saint Fiacre conservée dans un reliquaire en bois sculpté et doré. Cette histoire sera présentée dans la seconde partie.

À suivre…

Notes

1) Fils unique de Jean de Montagu et de Jacqueline de La Grange , Charles est né en 1395. Il devient premier chambellan du roi en 1412, et meurt à la bataille d'Azincourt le 25 octobre 1415.

(2) L'arrêt du Grand Conseil du 4 juillet 1764 notifie l'établissement du terrier de Longpont : « Louis par la Grace de Dieu, Roy de France et de Navarre à nos âmes et seaux les gens tenant notre Grand Conseil à Paris, de la partie de nos âmes les Religieux prieur claustral et couvent Notre-Dame de Longpont de l'Étroite Observance de l'ordre de Cluny, seigneur des terres et seigneurie dudit Longpont et fiefs en dépendances ayant leurs causes commises en notre Grand Conseil, nous a été exposé qu'acause de leurs dittes terres et seigneurie dudit Longpont qui s'étend dans ladite paroisse et dans les villes et paroisses de Montlhéry, Linois, St-Michel-sur-Orge, Marcoussis, Nozay, La Ville-du-Bois, etc. ».

(3) Au milieu du XVe siècle, Guillaume Chartier était évêque de Paris (1447-1472). L'archidiacre de Josas depuis 1441 s'appelait Jean de Courcelles et Jean Mouchard était son vicaire auxiliaire et visiteur de Josas.

(4) Abbé J.-M. Alliot, Visites Archidiaconales de Josas (A. Picard et fils, eds., Paris, 1902) texte latin.

(5) On compte généralement 5 individus par feu (2 adultes et 3 enfants).

(6) Au XVIIIe siècle, l'activité commerciale de La Ville-du-Bois fut celle des bouchers et des fromagers. Ces derniers utilisaient les fameuses caves de la Grande-Rue pour l'affinage des fromages.

(7) C'est un évêque in partibus infidelium « dans les contrées des infidèles », titulaire d'un évêché disparu. Ce prélat n'a en fait pas de diocèse propre à gouverner. Ce titre honorifique, attribué pour justifier son élévation au rang d'évêque est souvent donné à un évêque auxiliaire ou évêque coadjuteur. Mégare étant une ville célèbre dans la Grèce antique, proche de Corinthe.

(8) L'inscription du prêtre Gervais Bourgeron se lit sur une table de pierre arrondie (long. 80 cm , larg. 56 cm ) au sommet, attachée au second pilier du chœur du côté sud.

9) F. de Guilhermy, Inscriptions de la France du Ve siècle au XVIIIe siècle. Ancien diocèse de Paris (Impr. Nat., Paris, 1875).

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