Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

Outils pour utilisateurs

Outils du site


dagnot:chronique32.04

Page en chantier


La chapelle Sainte-Catherine de Guillerville (2)

Chronique du Vieux Marcoussy –Marcoussis———- _—- ————————————-Juillet 2009

Plan de la chapelle et son enclos dressé le 5 fructidor l'an 2.

JP. Dagnot

C. Julien

Cette chronique est la seconde partie de l'histoire de la chapelle Sainte-Catherine de Guillerville.

Guillerville à Le Royer

Une déclaration du 4 novembre 1576 fait mention d'une vigne d'un demy quartier près la chapelle de Guillerville . En 1578, Jehan Lehoux, seigneur du fief, terre et seigneurie de Guillerville, confesse avoir baillé à titre de moison de grains, … portant lods et ventes, saisines et amendes, à Robert Chasteau, …, une petite place assis prez et allentour de la fontaine de la chapelle de Guillerville à prendre… En fin de l'acte notarié, Robert Chasteau déclare savoir signer. Cet acte apparemment sans intérêt est le premier d'une série qui va retracer l'histoire de la chapelle.

En 1616, étant à Paris, messire Loys le Royer fait « un eschange à Guillerville cy près Montlehéry ». L'acte est renouvelé deux semaines plus tard par Loys le Royer, licencié en droit canon, curé et doyen de Montlhéry, fils aisné de Loys, greffier de la prévosté, et Elisabeth Lemaçon, sa femme, comme procureur de ses parents se rend à Paris pour échanger le fief de Villebouzin contre celui de Guillerville avec Hiérosme Lemaistre, seigneur de Beljambe. L'acte est d'importance, quinze jours plus tard, les parents ratifient l'eschange à Montlhéry. « Le fief, terre et seigneurie de Guillerville consistant en moulin, maison, granche, estables, cour, jardin, amortissements et autres appartenaces et dépendances, terres,… » ; à noter qu'il n'est pas fait mention de la chapelle Sainte Catherine.

L'année suivante, Louise le Royer a vendu à Hiérosme Lemaistre « un jardin contenant demy arpen enclos de murailles et hayes vives prez de la chapelle avecq jardin où il y a plusieurs arbres fruitiers tenant à Angot Lienard Leroy, … appartenances du moullin, moyennant le prix et la somme de 120 livres ».

Guillerville à Hiérosme Lemaistre

Deux actes du début du XVIIe siècle nous éclairent sur la situation juridique de la chapelle Sainte-Catherine de Guillerville pour laquelle le patron est le seigneur du lieu. Bien que n'étant pas haut justicier, le seigneur avait primauté des droits honorifiques, comme celui de sépulture dans le chœur, puisque déclaré comme patron. Ainsi en 1617, maistre Hiérosme Lemaistre, seigneur de Beljambe et de Guillerville, …, tant en son nom que comme patron de la chapelle Saincte-Catherine dudit Guillerville , d'une part, et Pierre Chasteau, sergent roial à Montlhéry, Nicolas Angot, marchand et Jeanne Chasteau sa femme… Il s'agit d'un jardin clos de murs contenant vingt-deux perches tenant à ladite chapelle. Hièrosme Lemaistre prétend qu'il fait partie d'ancienneté des appartenances dicelle chapelle. Les parties procèdent à un échange, retenons que ce lieu tient à la chapelle, au chemin qui descend au moulin de Guillerville et au chemin qui tend de Marcoussis à Linas et également aux appartenances du moulin. Le seigneur de Beljambe rachète une partie des terres de l'acte de 1578.

Puis en 1619, Charles Asselin, voyer et arpenteur, se porte fort pour Hiérosme Lemaistre, comme patron de la chapelle Sainte-Catherine dudit lieu de Guillerville, d'une part, Léonnard Leroy, tuteur de Nicolas Chasteau, font eschange de dix perches de vignes qui font partye d'un demi arpent proche ladite chapelle, tenant aux deux chemins comme dit dans l'acte précédent, moyennant une rente annuelle. La totalité des terres proche la chapelle est rachetée. On ne sait pas dans quel état est le bâtiment religieux.

Notre seigneur de Bellejambe a constitué un domaine important, il ne lui manque pour ressembler à son voisin le seigneur de Marcoussis, qu'un lieu religieux digne de son état. C'est l'inscription d'une plaque de marbre noir relevée à la fin du XVIIIe siècle, qui nous apporte la réponse. Cette inscription latine déclare:

———–C'est sans contredit depuis cinq cents ans que la chapelle Sainte-Catherine était consacrée pour les offrandes faites à Dieu célébrées de tous temps en ce lieu par les horsins, et que le patron, pour honorer Dieu comme autrefois, s'émouvant de la voir s'écrouler, la fait reconstruire en l'an 1620 de l'incarnation de notre Seigneur. Hiérosme Lemaistre a donc racheté les terres alentour la chapelle pour la rebâtir et y adjoindre un logis pour accueillir un chapelain.

Le dernier trimestre 1626 voit la fin du seigneur Hiérosme Lemaistre. Ce dernier est à l'agonie, il rédige son testament, meurt le lendemain après avoir notifié qu'il veut « estre enterré dans la chapelle Sainte-Catherine de Guillerville » qu'il considère comme sa chapelle seigneuriale privée (cf. la chronique “ Chapelle de Guillerville : Histoire d'une plaque de pierre ”).

Son testament est rédigé au lieu seigneurial de Beljambe : “ ledit Hiérosme estant dans son lit mallade touteffois saing d'esprit, mémoire & entendement, devant le notaire et les témoings sous signés dicte ordonne son testament en la forme et manière qui suit… recommande mon âme à Dieu……item s'en remet au soing de demoiselle Renée Lefèvre son espouze et à son fils aisné ne voulant de grandes funérailles… item donne à la chapelle Sainte Catherine dudit Guillerville cent livres de rentes pour estre employez à l'entretien d'un chapelain affin de prier dieu pour luy… .”

Sa succession doit le perturber, il ne veut pas du droit d'aînesse qui revient à sa fille aisnée, il demande donc à cette dernière d'y renoncer et de favoriser le frère puyné Louis …

Deux jours plus tard, un acte de déclaration pour le moins inhabituel nous permet de retracer l'histoire d'une pierre….. donc, un soir d'octobre sur les six heures, le curé et un chanoyne de l'église Saint Médéric de Linoys se rendent muni de leur surplis et une estolle noire pendant au col, faisant porter la croix de la chapelle Sainte Catherine . Ils ont vu dans la chapelle le corps mort gisant à nu de deffunt noble homme maistre Hiérosme Lemaistre, vivant conseiller du roy nostre sire en sa cour du parlement de Paris, seigneur de Bellejambe, dudit Guillerville et aultres lieux, duquel corps Nicolas Canet , maitre barbier chirurgien, a retiré les entrailles en la présence de Charles Roger, maistre appariteur et de ses assistans et auroit fait prévoir proche ledit corps mort en la présence dudit notaire et tesmoings ung troup, avoit ledit curé demandé à vénérable et discrette personne Messire Pierre Lyoust prestre aulmosnier de Paris dudit deffunt, pourquoi ledit corps auroit esté ainsy apporté en ladite chapelle Saincte-Catherine et en faire ladite ouverture sans avoir esté adverty comme curé, comme aussy auroit ledit curé demandé à Pierre Leroy vigneron demeurant audit Guillerville lequel estoit en ladite chapelle en ung lieu proche l'autel d'icelle, près d'ung trou ou fosse carrée qu'on lui a demandé de faire et à l' instant auroit placé un petit baril fabriqué par Guillaume Marette, tonnelier dans ledit troup, ledit baril contenant les entrailles et le coeur dudit deffunt ….Le trou fut recouvert par une plaque…

Le 7 novembre 1627, Renée Lefèvre, veuve de Hiérome Lemaistre,…, exécutrice du testament du 27 octobre, donne et lègue à la fabrique de Marcoussis acceptant, par vénérable et discrette personne messire Jacques Colonet, prestre prieur de ladite église, Nicolas Petit, prestre vicaire, la somme de 25 livres de rentes à l'église Sainte-Madeleine, « en retour on devra dire, chanter trois messes haultes, fournir les luminaires, et une messe haulte en la chapelle Sainte-Catherine de Guillerville… ».

Louis Lemaistre, seigneur de Guillerville

Le fils puiné de Hiérome Lemaistre et de Renée Lefèvre devient seigneur de Bellejame et Guillerville à la mort de son père. Le 5 octobre 1628, Louis Lemaistre, …., « fait eschange avec Catherine Luillier d'un petit jardin près de la rivière de Guillerville… ». Voilà une autre façon pour désigner la rivière suspendue de la Sallemouille, alimentant le moulin hydraulique de Guillerville.

Un acte du 18 novembre 1628 désigne Messire Louis Lemaistre, …., seigneur de Bellejambe et Guillerville, « lequel volontairement et gratuitement a conceddé par ces présents à Jehan Dubois, sergent royal, la permission de prendre et faire conduire en son jardin, situé audit lieu de Guillerville, par un petit canal qu'il fera faire à ses despens ung cours d'eau d'une source qui est au devant de l'enclos et jardin qui deppend de la chapelle de Guillerville, …, faire tomber l'eau dans un petit bassin ou lavoir, près de laditte closture… » . Déjà à cette époque, la fontaine Sainte-Catherine sert à alimenter en eau les jardins environnants.

Un différend avait éclaté en 1638 entre Louis Lemaistre, seigneur de Bellejame et « hault et puissant seigneur » Léon de Balsac, marquis d'Entragues, seigneur de Marcoussis. La réponse du premier fut faite en la présence de Messire Robert Bigard, prestre chappelain, résidant à Guillerville et Jehan Boscher, secrétaire dudit seigneur de Bellejame qui on signé avec maître Beauperrin, notaire royal à Montlhéry. Quelques années plus tard, en 1643, un acte notarié fait mention de Nicolas Brizard, prêtre chapelain en la chapelle Saint-Catherine de Guillerville, qui fut témoin du testament d'Anne de Violau.

Une prestation des devoirs féodaux fut donnée deux ans plus tard par le seigneur de Guillerville devant le tabellion de Montlhéry « fut présent en sa personne Messire Louis Lemaistre, …., estant de présent dans son chasteau de Bellejamme, lequel a advoué et advoue tenir en plein fief à une seulle foy et hommage de Messire Pierre Grisson, chevallier, conseiller et maistre de lhostel du roy, seigneur du Mesnil et de la Motte, de la terre et seigneurie de Guillerville ses appartenances et dépendances ce qui s'ensuit: … item, une maison avec la chapelle et jardin joignant au dessus dudit moulin de Guillerville ». Cet acte de foy et hommage rendu au suzerain pour la seigneurie de Guillerville, mentionne à cette époque la chapelle ainsi que le logis du chapelain.

Signature au bas du mémoire d'août 1638.

En 1652, dès la fin des troubles de la Fronde, Louis Lemaistre recognois avoir baillé et délaissé à Monsieur Barault, chanoine de l'église Saint-Médéris de Linoys, la maison et jardin de la chapelle de Guillerville pour en jouir sa vie durant. Promettons de luy donner aussy la somme de cent livres par chacun an à la charge et condition de dire et célébrer toutes les semaines trois messes en l'intention de deffunt mon père en la chapelle dudit lieu et lorsque nous serons à Bellejame de les venir dire en la chapelle de la maison particulièrement les jours de feste, pour la commodité des domestiques et à condition d'entretenir ladite chapelle de Guillerville, la maison et enclos de toutes sortes de réparations grosses et menües, tenir le tout en bon estat, mesme le jardin comme il est à présent. Ledit sieur Barault a promis aussy par ses présentes d'entretenir et satisfaire mesme de restablir ce qui peut avoir esté rompu depuis la guerre , en témoin de quoi, il a signé avec nous le présent acte.

Ainsi, le seigneur de Bellejame et Guillerville, mais aussi le chanoine de Saint-Merry trouvent leur compte dans cette transaction. L'un délaisse le fief de Guillerville avec la clause exécutoire de réparer les dommages causés par la guerre civile de la Fronde tout en recevant la bénédiction du prélat de Linas. Le second reçoit une rente confortable de 100 livres pour la célébration de l'office divin dans la chapelle Sainte-Catherine et occasionnellement au château de Bellejame où sont respectés les droits honorifiques du seigneur.

Un extrait du plan terrier de Linas, dressé en 1750, représente la chapelle Sainte-Catherine et le terrain environnant appartenant au marquis de Bullion. Ce plan montre la rivière vive, avec le réservoir d'eau appelé l'écluse , pour alimenter le moulin de Guillerville, et enfin les canaux qui se déversent dans la rivière morte.

La visite du chapelain titulaire

Dans un procès-verbal de visite dressé par maître Susane, notaire royal à Montlhéry, daté de l'année 1769, nous apprenons qu'un chapelain était titulaire de la chapelle de Guillerville. Le texte écrit par le tabellion mentionne « sur la réquisition de René François Vimard de Saint-Sulpice, prêtre du diocèse d'Évreux, habitant en l'église paroissiale de Notre-Dame de Bonne Nouvelle à Paris, et chapelain titulaire de la chapelle Sainte-Catherine de Guillerville, étant ce jour à Montlhéry, accompagné de Jacques Susane, notaire, lesquels se sont transportés au lieu de Guillerville et au dedans de l'enclos, vis-à-vis de l'entrée de ladite chapelle ».

Extrait du plan terrier de Linas montrant la chapelle et le moulin de Guillerville.

Sans doute, le chapelain demanda au notaire d'enregistrer l'état des lieux en vue d'une action avec le patron de la chapelle. « Le sieur Vimard m'a requis de constater par les présentes, l'inscription qui se trouve au dessus de la porte d'entrée de ladite chapelle et ensuite les filetés du mur qui forme en partie la séparation du jardin de la dépendance de ladite chapelle d'avec le terrain dépendant du moulin dudit Guillerville ». En conséquence duquel, avons observé que sur une pierre en marbre noir de la longueur d'environ 11 pouces de hauteur sur 2 pieds 1/4 de longueur ( 30 cm x 73 cm ), cassée obliquement par le bout du côté de la rue, étant au dessus de la porte d'entrée et au dessous d'une petite niche en laquelle se trouve la représentation en bois de Sainte-Catherine, se trouve cette inscription : « Hoc facellum quingentis abhine annis div a Catharina Dicatum peregrinorum accursu febribus taborentium celeberrimum jujuria temporam et patronorum incurva pane collapsum ac divutam Christino suo honori ac ampliori quam antea Cultui divino constitum est anno incarnationis Dominica M.VIc. XX ».

Ensuite j'ai pareillement observé que les filetés du murs de closture séparant le jardin de l'enclos de ladite chapelle dans le terrain du moulin où se trouve le bassin ou réservoir d'eau servant à faire tourner ledit moulin, sont en dedans seulement dudit jardin de ladite chapelle, lequel mur éboulé dans son milieu et de la hauteur de 4 pieds sous le dit filet. Fait en présence de Jean François Leprince, architecte à Paris. Cet acte d'apparence anodine, “trouvé par Tonio”, est important à plusieurs titres: - la transcription latine qui nous apprend que la chapelle a été réédifiée en 1620, - la mention du jardin de la chapelle et sa position vis-à-vis du mur de séparation d'avec le bassin du moulin, est sans ambiguïté.

Guillerville sous la Révolution

Un plan dessiné à main levée en 1790 montre un extrait des cartes 4 et 5 du plan-atlas des domaines de Bellejame et Guillerville. Avec le titre “ la Chapelle Sainte-Catherine à Guillerville, commune de Linas ” ce document comporte le texte suivant « La Chapelle existait encore ( en ruine à la vérité ) en 1792 comme on le voit dans le jugement d'adjudication du 4 juillet 1792. Mais, et ceci est plus important ladite chapelle était une chapelle particulière dépendant du domaine de Bellejame avec laquelle il fut adjugé le 4 juillet 1792 . Or la chapelle était une propriété particulière, il semble que l'argument du conseil tourne contre la commune et qu'il y a présomption que le parvis ou place d'attente était une dépendance de ladite propriété ». Il semble bien que la commune de Linas voulait s'approprier l'enclos dit « place d'attente » au préjudice de l'adjudicataire de la chapelle. La connaissance du document de 1769 leur aurait permis de ne pas confondre place d'attente et jardin!

Dans une réclamation du XIXe siècle, Joly de Bammeville lit la grosse du jugement du 4 juillet 1792, rendu sur la poursuite de Madame de Bullion, veuve Charles-Thomas de Bullion, tant en son nom et comme tutrice de ses trois enfants mineurs. L'article 31 concernant la chapelle précise : « la chapelle Sainte-Catherine en ruine avec le bâtiment aussi en ruine, jardin devant le tout contenant 60 perches tenant d'un côté vers orient à la rue de Guillerville à la Roue, d'autre au jardin du sieur Quirvant (Kirwan), d'un bout sur la rue dudit Guillerville à Marcoussis, et d'autre sur la rivière et réservoir dudit moulin ». Dans tous les baux du moulin, il est fait mention de la friche de la chapelle conformément à l'adjudication.

Le bien national au citoyen Dubois

La chapelle Sainte-Catherine de Guillerville est déclarée bien national comme toutes les autres possessions de l'Église par le décret du 2 novembre 1789 pour résoudre la crise financière.

Un commissaire, le citoyen Delorge, est nommé par le district de Corbeil pour faire la reconnaissance des biens nationaux et se déplace à Guillerville les 31 mai et 2 juin 1794 pour faire la visite de la chapelle. Le procès-verbal donne le détail de la visite: « Ce jourd'huy, 5 fructidor an 2, …., nous nous sommes transportés accompagnés dudit commissaire à la chapelle de Guillerville, où, étant arrivés, nous avons reconnu que le terrain y compris les bâtiments contiennent ensemble la quantité de 41 perches suivant l'arpentage qui a été fait par ledit Desforges. Tout vu et considéré, il existe effectivement un petit terrein de la quantité d'environ dix à douze perches, faisant partie d'une plus grande quantité, lequel terrain reçoit une quantité d'eau assez considérable pour l'utilité non seulement de la commune de Linas, mais aussi pour celle de Montlhéry, pour servir de lavoire. Cette partie de terrein est plantée de 15 saules et percée par deux parties de chemin, descendant au moulin de Guillerville et nous avons regardé cette partie de terrein comme biens communaux !! ».

Un plan de la chapelle est dressé le 22 août 1794 avec la légende « Plan au désir de notre procès-verbal des 12 et 14 prairial de la chapelle Sainte-Catherine située commune de Linas, laquelle contient 14 perches y compris les bâtiments et jardin certiffié par nous véritable ce 5 fructidor l'an 2 de la République une et indivisible. Delorge ». Le plan fait apparaître l'écluse du moulin et « la place où il existe 13 saulx qui sont à la commune suivant la loi du 28 août 1792 ». On note que le commissaire a écrit « moulin de Guierville ».

Un acte du 2 octobre 1794 désigne Augustin Dubois comme propriétaire des terres de Bellejame et de Guillerville, demeurant audit Bellejame, « lequel baille à titre de ferme et prix d'argent pour neuf années, au citoyen Louis Mainfroy et sa femme meuniers actuels, le moulin de Guillerville ». La description du moulin est identique à celle de 1779. Nous notons « les bâtiments étant à coté de l'ancienne chapelle près ledit moulin, consistant en chambres basses et hautes, cabinet grenier, ensembles l'édifice de ladite chapelle et le jardin en dépendant, clos de murs et planté d'arbres fruitiers, tenant au levant au chemin de Marcoussis au parc de la Roue, d'autre aux enfants du citoyen Kirwan, d'un bout au midi sur le réservoir du moulin et d'autre au chemin de Marcoussis. Lesquels bâtimens le citoyen Dubois se réserve expressément de pouvoir faire démolir s'il lui semble, au moyen de quoy il ne pourra être obligé à y faire aucune réparation et au contraire, le cas arrivant les preneurs seront tenus de souffrir la démolition sans indemnité ».

Un acte daté du 19 août 1796 tient lieu d'attestation par le citoyen Lhomme, officier de santé et adjoint municipal de Marcoussis, ainsi qu'un certain nombre de Marcoussissiens qui déclarent « avoir parfaite connaissance que le domaine de Bellejame est à Marcoussis et que celui de Guillerville, composé d'une ancienne chapelle d'un jardin y attenant ainsi qu'un moulin à eau, sont à Linas, le tout appartenant au citoyen Dubois ».

Les ventes successives du XIXe siècle

En 1817 (2), Marc Antoine Kirwan, docteur en médecine et Marguerite d'Anvers son épouse en secondes noces, Dame Amable Kirwan, épouse Jean Claude Breton, Eléonore Kirwan, économe de l'hospice de Montlhéry, majeure, tous demeurant grande rue à Montlhéry, lesquels ont vendu, à François Debrie: - un jardin clos de murs en mauvais état planté de fruitiers, en espaliers,… contenant 25 ares dans lequel il y a un petit cabinet actuellement en masure, - une source d'eau vive, un petit réservoir en pierre dans lequel tombe l'eau de cette source, et un lavoir, tenant d'une part à l'est au jardin de Mr Dubois de Bellejame, au lieu de la chapelle Sainte- Catherine de Guillerville, d'autre à l'ouest à Mr Esnard, d'autre bout par haut au nord au chemin qui conduit de Marcoussis à Linas, et d'autre part bas à la Sallemouille entre laquelle est le mur du jardin. Avec droit de passage par la cour de la maison de Mr Enard. L'origine de l'acquisition Kirwan date de l'époque où le chapelain a fait constaté l'état des biens dont il jouissait. Que s'est-il passé?

La vente du domaine de Bellejame est faite le 27 décembre 1831, par Dubois à un nommé Dennié. L'acte fait apparaître « la friche de la chapelle » ; mais cette mention existe également dans le bail notarié du 24 mai 1834 conformément au jugement d'adjudication.

Une délibération municipale du 5 novembre 1838 autorise la plantation de peupliers suisses sur le terrain vague “ appartenant à la commune, près du mur du moulin de Guillerville ”. La possession de cette place est établie dans le procès-verbal du 5 fructidor an 2, par le commissaire chargé de définir les biens nationaux. La version diffère de celle de 1824 et passe “des désirs aux réalités”. La source d'eau vive sert de lavoir est cadastré à Dubois de Bellejame mal à propos !!! Elle a été réintégrée à la commune en 1837.

La vente du domaine, les 2 juin et 6 juillet 1841, par la veuve Dennié à Eric Joly de Bammeville est réalisée moyennant le prix de 300.000 frs. À l'article numéro18, nous trouvons cité : un moulin à eau dit de Guillerville, ….composé par : - le moulin, principal corps de logis où sont les tournants, …, - un jardin au dessus du moulin planté de fruitiers clos de trois murs et une friche le tout contenant 2.847 m2 , tenant au chemin de la Roue à celui de Marcoussis,…dans ce jardin est un lavoir couvert de chaume !!

Une revendication datée du 17 août 1841 concerne la friche de la chapelle, par Mr Joly de Bameville, nouveau propriétaire, extérieure au mur du jardin du moulin. La lecture de la lettre de Bammeville au maire de Linas donne : « Mon fermier du moulin de Guillerville, Mr Vaury, déclare que la commune s'est emparée depuis trois ans d'environ cinq ares ; je revendique cette terre en vertu de la grosse du jugement des criées de la vente : article 31 de la désignation du bien, cet article ainsi conçu, voir 1792, sa lecture démontre suffisamment que ce terrain dépendait de la chapelle. Cette pièce de terre faisait partie des baux du moulin comme sise derrière le jardin tenant à la rue de Guillerville à la Roue ». Le maire répond « en fructidor an II, un commissaire avait déclaré ces terres biens communaux… ».

En novembre 1841, Bilbaust, géomètre à Montlhéry, recopie un extrait du terrier de Linas, figurant la chapelle Sainte-Catherine avec le moulin de Guillerville, le propriétaire de l'époque est le marquis de Bullion; on peut estimer que ce plan est des années 1780.

La friche de la chapelle Sainte-Catherine servait de parvis à la chapelle et place d'attente au public, notamment au dimanche des Rogations (3). Un acte de novembre 1841 précise « la chapelle a été desmolie vers 1780 ». La friche sert actuellement de jardin au garde champêtre et à l'instituteur. On observe des traces de fermeture de deux ouvertures faites dans le mur entre la porte du moulin et la chapelle ; cet acte est le dernier pour l'histoire de la chapelle.

Notes

(1) Au Moyen Âge, on nommait “ patron d'une église ” celui qui, avec le consentement des évêques, avait bâti, fondé ou doté une église située sur son fief ou domaine et qui pouvait choisir le prêtre la desservant. Le titre de patron se transmettait aux héritiers qui avaient premier rang dans les droits honorifiques avant le seigneur « haut justicier ». Au patron appartiennent les honneurs, les charges et les droits utiles. Il préside les cérémonies, défend l'église et nourrit les pauvres. Il doit en assurer le rayonnement et, la coutume de Paris exigeait le simple entretien du chœur.

(2) Autre acte trouvé par Tonio Baeza.

(3) La fête de Rogations était célébrée à la campagne où les prêtres bénissaient les cultures et le bétail afin de préparer la célébration de l'Ascension car l'Évangile de Jean du dimanche précédent comprend le passage « demandez ce que voudrez et cela vous sera accordé » (15, 7).

dagnot/chronique32.04.txt · Dernière modification: 2020/11/12 03:57 de bg