Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Saint-Pierre et Saint-Laurent du château de Montlhéry (2) (1439-1599)

Chronique du Vieux Marcoussy ————————————- _——————————-Juillet 2009

Le site du château de Montlhéry sur le plan napoléonien.

JP. Dagnot

C. Julien

Cette chronique est la deuxième partie de la série exposant l'histoire des églises et prieuré Saint-Pierre et Saint-Laurent du château de Montlhéry. Nous avons appris que ces églises jumelles abritées sous le même toit avaient été rattachées au groupement régional clunisien du prieuré Notre-Dame de Longpont tout en gardant leurs revenus seigneuriaux propres.

Nous avions laissé la narration à la fin du XIIIe siècle quand le temporel du prieuré de Montlhéry était stabilisé avec ses droits dîmiers et ses censives sur les paroisses environnantes : Linas, Longpont, La Ville-du-Bois et Saint-Michel -sur-Orge. Rappelons ce qu'écrivait Pierre Hutaut en 1779 dans son “ Dictionnaire historique de la ville de Paris et de ses environs”, dédié au duc de Brissac. « …mais on vit paroître le nom de S. Laurent, lequel servit quelquefois à qualifier le Chapitre de Montlhéry, devenu Prieuré. Aujourd'hui S. Pierre et S. Laurent ne forment qu'un seul bâtiment, n'y ayant qu'un mur commun qui les sépare. S. Laurent qu'on appelle le Prieuré , est du côté septentrional : c'est une espèce de grande chapelle où il n'y a rien d'ancien que le portail qui est du XIIe ou du XIIIe siècle, et dont le Sanctuaire seulement est voûté. S. Pierre est comme un reste d'aile méridionale de l'ancien Prieuré. Cette petite église est toute voûtée à l'antique. Le Prieuré de Montlhéry est donc maintenant l'unique église renfermée dans les vestiges du vieux château, où l'Office Divin est quelquefois célébré. Le Titulaire est seul décimateur dans le territoire de Montlhéry, et de quelques paroisses. Il a le droit double du mesurage des grains du marché, et le droit de placage, toutes les onzièmes semaines. Son revenu peut monter à 550 livres. Il est curé primitif de la paroisse de la Trinité qui est située dans la ville… ».

Le temporel du prieuré Saint-Pierre du Château

Poursuivons l'histoire du prieuré au XVIIe siècle. Bien qu'étant une paroisse modeste, on ne comptait pas plus de cinq familles qui en dépendait à la sortie de la guerre de Cent ans, le prieuré Saint-Pierre du Château de Montlhéry avait un temporel qui permettait à deux ou trois moines de vivre assez confortablement, d'autant qu'ils demeuraient au couvent de Longpont la plupart du temps.

Outre, l'église avec son casuel et les fameux cinq quartiers de prés au bord de l'Orge à Saint-Michel et d'autres à Guyperreux, paroisse de Longpont, le prieuré possédait quelques parcelles de terre, des cantons dîmiers en vin et grains, des censives et des droits seigneuriaux : - le droit de minage, mesurage et pintage et le droit de plaçage qui se perçoit le onzième jour de marché à Montlhéry, - les dixmes sur le territoire de Montlhéry, - les dixmes sur le territoire du Plessis-Saint-Père et Petit Rouillon, - la directe du prieuré à La Ville-du-Bois, proche le Mort-Ru, - les censives au terroir du Mesnil-Longpont, - les censives au terroir de Linas, - la censive sur le territoire de La Ville-du-Bois dite « du prieuré Saint-Pierre », - une maison et des héritages à Brétigny, Linas, Leuville.

Le dîmage du prieuré Saint-Pierre et Saint-Laurent autour du château et de la ville de Montlhéry avait une assiette tant sur les grosses et menues dîmes que les dîmes vertes, et celles de charnage, tant en grain et vin qu'autres. Les chantiers concernés sont : le Chaperon, les Sablons et le Terre-Fort, au nord, la Garenne du château et le Champ Joly, au sud.

Notons qu'un rapport des visiteurs clunisiens donne un revenu de 650 livres tournois pour le prieuré Saint-Laurent de Montlhéry au XVIIIe siècle.

Le prieuré de Saint-Pierre au XVe siècle

Au milieu du XVe siècle, le prieur de Saint-Pierre est frère Guillaume Lepelletier (ou le Pelletier), membre de l'église et prieuré de Notre-Dame de Longpont de l'ordre de Cluny. Nous allons découvrir les maisons de la paroisse Saint-Pierre du château, toutes construites dans l'enceinte de la première basse-cour du château, censive du prieur, donc toutes agglutinées autour de cette église. Installé depuis peu, le prieur de Saint-Pierre est chargé, par les définiteurs de Cluny, de relever les revenus du prieuré. Un état des titres est dressé. Un compromis entre le chapitre de Linas et le prieur de Saint-Pierre et Saint-Laurent du château est signé le 7 septembre 1439.

Un bail à cens est passé le dimanche 14 mai 1441 devant Blaise Moulle, prévôt de Montlhéry, par frère Guillaume Lepelletier, prieur de Saint-Pierre au profit de Pierre Boucher, curé de l'église paroissiale Saint-Merry de Linois, « lequel connoit et confesse en notre présence de son bon gré, bonne volonté sans aucune contrainte, luy avoir prins, achepté et retenu pour luy et pour ses hoirs… , une place étant en la première basse-cour attenant les appuis des fossés de ladite église, contenant deux thoises sur deux de large attenant aux fossés de ladite église, moyennant 2 sols parisis de cens». On ignore quel était l'objet de cette petite place, mais la suite nous renseigne amplement. L'acte est scellé de la main de Martin Chartier « procureur du roy nostre sire en icelle prévosté et garde dudit scel ».

Le 17 mars 1443, un bail à cens et rente « à toujours », est passé par frère Guillaume Lepelletier, prieur de Saint-Pierre du château de Montlhéry au profit de son prieuré à Hervé Grancher, d'une maison couverte de tuile en la première basse-cour du chastel tenant à ladite église moyennant 18 sols parisis de cens et rente. « Si comme il disoit luy appartenir de son conquest fait faire et eddifier en la première basse-cour, attenant ladite église, d'une part, aboutissant par devant à la voie qui tend droit à l'ancien logis dudit prieuré, en censive d'iceluy prieuré, à la charge de deux sols parisis de cens ; ce bail fait pour la somme de 18 sols de cens et rente; en cas de trépassement du prieur ses successeurs… ». Au dos du document, nous lisons « le 1er aoust 1460, j'ai délaissé la totalité de la rente pour la somme de douze livres tournois ».

Un autre bail à cens est passé le 18 avril 1443, devant Blaise Moulle, prévôt de Montlhéry, par frère Guillaume Lepelletier au profit de Jean Dubois, clerc demeurant à Montlhéry d'une place étant en la première basse-cour du chastel attenant les appuis de ladite basse-cour devant la forest contenant deux toises de long et une de large. « Jehan Dubois confesse avoir prins et accepté à tiltre de pur chef cens de religieuse personne Guillaume Lepelletier, en laquelle place ledit Jehan Dubois a déjà faict édifier un logis couvert de chaulme tenant icelle place à un petit logis appartenant à Gérard Delafosse et à un autre petit logis appartenant à Symonnet Mansard et Anthoine Rousseau, aboutissant par derrière aux appuis de la basse-cour ». Le bail fait moyennant 5 sols de rente et 2 de cens, ce qui est bien cher payé pour une superficie aussi ridicule.

Bail à cens par frère Guillaume Lepelletier au profit de Jean Dubois (18 avril 1443).

Le 11 novembre 1450, un demi arpent de vigne « assis au vignol de Montlhéry, chantier du Pressoir le Roy » est cédé par Simon Lorgne et Jehanne, sa femme, fille de feu Guillaume Champion, à frère Guillaume Lepelletier, lequel héritage chargé de 7 deniers de cens obole. L'acte est passé devant Gervais le Buse, prévôt de Montlhéry.

Un bail à rente est passé le 15 mai 1454 par « religieux et honneste personne » Guillaume Lepelletier, prieur, et messire Pierre Rousseau, « prestre curé dudit Saint-Pierre » de la moitié de deux maisons par indivis sises à Montlhéry, Grande Rue, vis-à-vis l'église de Notre-Dame à Robin Colleaux, marchand hostellier à Montlhéry qui accepte « de son bon gré, bonne volonté » perpétuellement et sans aucun rappel. L'autre moitié appartient à l'Hôtel Dieu de Paris, moyennant 6 sols parisis de cens et 48 sols parisis de rente.

Le 2 juin1458, dom Guillaume Lepelletier, prieur de Saint-Pierre du chastel de Montlhéry fait l'acquisition par de Pierre le Boucher, tisserand en linge demeurant à Chastres, « d'un logement en manière de petit adam, couvert de chaume assis contre les murs de closture de la basse-cour du chastel, que possédait messire Pierre Boucher au temps qu'il estoit curé de Saint-Merry fit faire et réédifier en ladite basse cour… ». Ce logement qui contient « environ d'une thoise et demie tant en long comme en travers » avait été reçu par donation par le vendeur et devient la propriété du prieuré « pour ceux qui d'eux auront cause au temps avenir ». Il semble que ce soit la résidence dénommée « hostel du prieur » quand celui-ci venait habiter à Montlhéry pour régler ses affaires.

Le dimanche 22 juin 1460, un bail à titre de pur chef-cens est passé, devant Hervé Grancher, procureur et garde du scel, « par religieuse et honneste personne frère Guillaume Lepelletier, prieur du prioré Saint-Pierre de Montlhéry, membre de l'église et prioré de Longpont au profit de Colin le Roux, chaussetier demeurant à Montlhéry d'une mazure où jadis souloit avoir maison en manière d'un adam couvert de tuile qui fut à Allain le Roux, père du preneur, et à laquelle les héritiers Leroux avoient renoncé, et appartenant au prieur faute d'homme et de cens non payés, situé dans un des coins et dedans la basse-cour du chastel de Montlhéry. La masure de trois thoises de long tenant à l'allée d'icelle basse-cour qui tend d'icelle mazure au long de l'église d'icelluy prieuré de Saint-Pierre et à la masure qui fut à Michel Bligny, aboutissant d'autre bout à la mazure qui fut à Christophe Mullard. Ce bail fait moyennant quatre sols de cens. Le preneur est tenu de faire réédifier une maison en icelle mazure ».

Extrait du plan terrier de Nozay Ville-du-Bois.

Le prieur de Saint-Pierre du château possédait une rente de 10 livres 10 sols sur la cure de Montlhéry. Plusieurs quittances pour cette rente sont données à Guillaume le Pelletier les 7 février 1456, 18 juin 1457, 28 décembre 1458 et 19 juin 1460. Puis, nous trouvons messire Simon Hargenvillier, prieur en 1502, qui envoie un commandement au curé de Montlhéry le 9 juin, puis messire Sulpice Baucelin le 12 juin 1533 et le même le 16 juin 1536. Nous retrouvons l'existence de cette fameuse rente dans un titre nouvel du 1er janvier 1691 « au proffit du sieur prieur par le sieur curé de Montlhéry passé devant Fontaine, notaire roial à Montlhéry ».

On remarquera que les baux faits, proche l'église, concernent des héritages adossés aux murailles de la forteresse représentée par Chastillon.

Gravure de Chastillon, église St Louis en D.

Les visites archidiaconales de Josas

Le pouillé du diocèse de Paris de 1205 nomme deux paroisses à Montlhéry dont « Sanctus Petrus de Monteletherico », appartenant au doyenné de Longjumeau « in decanatu Montis Gemelli » à la nomination du prieur de Longpont au même titre que l'église Notre-Dame. Dans les comptes de décimes du diocèse de Paris en 1352, le prieur de Montlhéry « prior de Monteletherico » payait 16 sols pour une modeste « taxatio » de 24 livres (1).

Les visites ont été effectuées de 1458 à 1470 sous l'autorité de l'officialité de Paris et de Jean de Courcelles, archidiacre de cette partie du diocèse de Paris, qui portait autrefois le nom de Josas , en la personne du vicaire Jean Mouchard assisté de son secrétaire Louis Penyot (2). Les visites sont toujours faites avec l'assistance de prêtres des paroisses voisines qui jouent le rôle de procureurs et de commissaires en cas de conflit.

Le visiteur contrôle soigneusement tout ce qui touche à l'Église et aux sacrements : le nombre des saintes hosties et des vases sacrés, le renouvellement des saintes huiles, l'état des fonts baptismaux, la convenance et la limpidité de l'eau bénite, la situation matérielle des linges et des objets servant au culte, le nom des marguilliers, les lettres d'accréditation de la curie épiscopale, le nom de la sage-femme, le nombre des paroissiens. Le vicaire cherche à connaître si les fidèles ont accompli le devoir pascal, si tous vivent en paix avec l'Église, si nul n'est frappé de peines canoniques. Il veut aussi savoir s'il existe des chrétiens scandaleux, des pêcheurs publics, etc. Le droit de visite appelé la procuration désignait la somme due à l'archidiacre par chaque église visitée, soit par lui-même, soit par ses représentants, 40 sols parisis maximum en 1460. La règle était “ autant de paroissiens autant de procuration ”, d'où certaines tentatives de fraude.

Le 6 octobre 1458, ayant visité les églises de Longpont, Saint-Michel, Brétigny et la paroisse sainte-Trinité, le visiteur épiscopal arrive pour son inspection à l'église et la paroisse Saint-Pierre de Montlhéry « Sancti Petri in Monteledericio ». Le prieur de Longpont est le présentateur. Le curé qui détient le bénéfice est nommé Philippe Gorgette, prêtre . Michel Asselin est l'unique marguillier et il y a cinq paroissiens « quinque parrochiani ». La fabrique ne possède aucun objet précieux, le curé a un quartier de vigne qui rend trois sous parisis de cens. Les sacrements sont dans un bon état. Bref, on imagine la sobriété des lieux qui n'ont pas l'opulence du couvent de Longpont.

Le premier jour d'août 1459, le vicaire Jean Mouchard visite l'église Saint-Pierre du château de Montlhéry. Le curé Dom Philippe Georgette, Michel Asselin le seul marguillier et le prieur de ce lieu sont présents. Nous avons ordonné au marguillier de nommer un paroissien pour refaire la moitié du plomb des fonts baptismaux avant la fête de saint Rémy, sous peine d'amende « sub pena emende ».

Après avoir inspecté la paroisse Saint-Barthélemy de Longpont, le 11 juillet 1460, le vicaire inspecte l'église paroissiale Saint-Pierre de Montlhéry en présence de nombreux témoins : Dom Philippe Georgette, curé, Dom Jean Boussanges curé de La Ville-du -Bois « Villa Nemoris », Dom Antoine Villatelli, curé de la Trinité , Michel Mitet l'aîné, Robert Vignier, capitaine du château, Jean de Hesdin, prieur de ce lieu et plusieurs autres. Quand la visite est faite devant le grand autel, le prieur affirme hautement que visiteur épiscopal ne peut menacer le prieur ni intenter à ses privilèges ce qui serait contraire à l'exemption. Michel Asselin, marguillier est absent, mais arrive à la fin de la visite. Il est interrogé sur les six vases dont un calice qui étaient possédés autrefois par le frère Guillaume le Pelletier, prieur, et qui sont perdus. Michel confesse devant l'assistance qu'il avait ces six vases qu'il avait engagés devant le tribunal de Montlhéry et qui était sous la garde dudit capitaine du château ici présent. C'était un trésor en argent et contenait le Saint Corps du Christ le jour de la fête du Saint Sacrement qui est sous la garde du prieur. Ce trésor est inscrit de l'inventaire de la paroisse à la première ligne du titre « de Paris » et à la fin à la ligne « en Karesme » de l'année CCCC cinquante, et XVe jour de mai. Signé de la main dudit Pelletier.

Venant de Longpont et de Leuville, le vicaire visite le même jour, 7 octobre 1461, l'église paroissiale de Saint-Pierre du château de Montlhéry qui dépend de Longpont avec le prieuré et la paroisse « in cujus parrochia est prioratus dependens a Longoponte ». Sont présents Philippe Gorgette, Michel Asselin seul marguillier, Lubin Pasquier, Dom Antoine Villatelli, curé et plusieurs autres. Neuf paroissiens sont déclarés. Il est ordonné aux marguilliers de mettre les hosties en sécurité, et de faire réparer les fonts baptismaux avant la Nativité.

Après être passé à Marcoussis la veille, Jean Mouchard visite l'église paroissiale Saint-Pierre dans la ville de Montlhéry le vendredi 12 août 1463 en présence de Dom Philippe Gorgette, prêtre curé et Jean de Hedin, prieur. L'unique marguillier Michel Asselin est absent. Cette année, il y a dix paroissiens. L'église possède trois cloches « tres campanes », deux sont suspendues et l'autre est à terre.

Le mercredi 18 juillet 1464, l'église paroissiale Saint-Pierre du château de Montlhéry est visitée en présence de Dom Philippe Gorgette curé, Dom Jean de Boussanges, prêtre, Dom Jean Villatelli et Jean de Hedin. Michel Asselin, marguillier est présent. Le mercredi suivant le 2 décembre 1465, le vicaire inspecte l'église paroissiale Saint-Pierre du château de Montlhéry en présence de Dom Philippe Georgette curé, Gamino Asselin, marguillier, Blaise Mole et Yvon du Mas. Ledit Asselin confesse qu'il a six vases de l'église qui appartenaient au prieur, il y a huit ans déjà, avec un calice qui est précieux. Messire le visiteur exige le retour de ces objets avant Pâques, le témoin de ceci est Dom Denis Simonet, curé de Marolles « Maroliis ».

Le 19 août 1466, la visite de l'église paroissiale Saint-Pierre est faite en présence de Dom Philippe Georgette curé. L'unique marguillier Michel Asselin est absent. Les témoins de la visite sont Dom Jean de Boussanges, curé de Nozay « Noreyo », Dom Giffart, curé d'Orsay « Orseyo », Jean Garnier, prêtre et beaucoup d'autres.

Le délégué de l'archidiacre arrive à Montlhéry le mardi 22 décembre 1467 et visite l'église de Saint-Pierre de Montlhéry « où nous sommes bien reçu » dit-il. Le curé Dom Philippe Gorgette demeure en ce lieu. Le présentateur est le prieur de Montlhéry. Il y a cinq paroissiens environ. Les marguilliers Yvo du Mas et Jean Aboular ont l'instruction et les lettres d'accréditation de la curie du Josas. Les sacrements sont bons et acceptables. Tous les paroissiens communient. Nul n'est excommunié. Le procès-verbal est établi en présence dudit curé et du curé de Ris « curatu de Risu » qui ont signé. Après son inspection, le vicaire et son secrétaire soupent et passent la nuit dans une hostellerie de Montlhéry « ubi pernoctavimus ». Le lendemain matin, l'église de Notre-Dame de Montlhéry est visitée en compagnie de Jean de Boussanges, curé du lieu assisté par le curé de Ris.

En septembre 1468, Jean Mouchard fait sa tournée des églises du hurepoix. Après la visite de l'église paroissiale de la Sainte-Trinité , le visiteur épiscopal dîne et loge à Montlhéry où le coucher et le repas sont acceptables dans ce lieu « ibidem pernoctavimus et pastum acceptimus ». Cette ville comme Châtres [Arpajon] est un lieu de gîte lors de la tournée du vicaire de l'archidiacre. Le jeudi 7, la visite de l'église de Saint Pierre du château est organisée en présence de Dom Etienne Gorgète, curé. Le marguillier est Jean Aboilart ; Michel Asselin est l'ancien marguillier qui avait vendu un calice pour la promesse de six vases. De même, il est débiteur de 66 sous pour le restant de son action. Sont présents Dom Jean Piffart, curé de Briis, Guillaume Durant, maître Albert Jagaudi, curé de Montlhéry.

En 1469, Jean Mouchard effectue étrangement sa tournée du Josas pendant le carême alors que Pâques tombait le 2 avril (3). Le 14 mars 1469, la visite de l'église de la Saint-Pierre de Montlhéry à la présentation du prieur de Longpont, est faite en présence de Dom Philippe Goriette, curé et de maître Jean Hyet, Guillaume des Noyers et plusieurs autres. Le marguillier Jean Boulart est absent. Il y a quinze paroissiens. Il n'y a pas de sage-femme. La fabrique possède un calice en étain, mais n'a pas de trésor en argent. Un calice est réservé au Corps du Christ.

Le vendredi 7 septembre 1470, l'inspection de l'église paroissiale Saint-Pierre sous le château de Montlhéry est faite en présence de Dom Philippe Gorgette, curé, messire Jean Piffart et maître Albert Jagault, curé de Notre-Dame de Montlhéry. Jean Aboilard est l'unique marguillier. Il y a seulement quatre paroissiens alors que la paroisse Sainte-Trinité en compte quarante.

Plan cadastral dressé par Jubien, arpenteur (1792).

L'église Saint-Pierre au XVIe siècle

Une donation est faite le 6 juin 1500 par « honorable et saige personne maistre Geoffroy Daygremont demeurant à Montlhéry au profit de dom Simon Hargenvilliers, prieur de Saint-Pierre dudit Montlhéry » pour lui et ses successeurs prieurs, d'une petite maison couverte de tuile en la basse-cour du chastel de Montlhéry. La maison tient d'une part à Nicolas le Roux, d'autre au prieur, aboutissant d'un bout au sentier estant entre le jardin dudit prieuré et une cave estant audit lieu, d'autre bout aux murs faisant la closture d'icelle basse-cour. En échange le prieur et ses successeurs seront tenus de dire chanter et célébrer en ladite église une messe basse de requiem pour le salut de ses parents trépassés. L'acte est passé devant Geoffroy Lemaistre « licencié ès loix, garde de la prévosté de Montlhéry » et Jean Ardigeois, procureur du roi et garde du scel. Le prieur s'engage à « dire, chanter et célébrer par chacun an en ladite église une messe basse de requiem pour le salut et commémoration de ses parents et amis trépassez… ». Les deux témoins furent Michel Guillory et Jean Magnault (4).

Une sentence est rendue en 1502, qui maintient le prieur de Montlhéry en la possession des menues dixmes de Lynois, confirmé le 24 mai. Quelques années plus tard, en 1508, une enquête est diligenté pour les dîmes du prieuré à Montlhéry et Linas ; ce sont les dîmes de charnage sur les agneaux et les cochons et autres jeunes animaux.

Il faut dire que le prieur est très attentif pour ce qui concerne ses revenus, n'hésitant pas à poursuivre les défaillants. Une sentence de la prévôté de Montlhéry est rendue le 5 février 1505 contre Michel Chouronaye au profit du prieur de Saint-Pierre de 12 sols parisis de rente à prendre sur une maison devant l'église Sainte-Trinité. Le même jour le prévôt rend une seconde sentence contre Christophe Masson, marchand potier d'estain pour une rente à prendre le 2 février sur une maison devant l'église dudit Montlhéry.

Un acte notarié, daté du 6 décembre 1507, concerne le transport par Denis Hargenvilliers, marchand cordonnier demeurant à Montlhéry, à Simon Guibert, laboureur demeurant audit lieu, « d'une maison couverte de tuile et une cour assise en la closture du chastel de Montlhéry en la basse-cour dudit lieu tenant au prieuré Saint-Pierre, en la censive du prieuré chargé envers lui de deux sols de cens , à tiltre de rente annuelle et perpétuelle dès maintenant et à toujours… », ladite maison tenant d'une part au prieuré Saint-pierre, à Julien Angiboust, d'un bout aux murs dudit chastel d'autre bout au chemin et allée de ladite basse-cour, moyennant 10 sols parisis de cens payable le jour Saint-Jean Baptiste. L'acte est passé en présence des deux témoins règlementaires, messire Jehan Legrand, prestre et Jean le Feuve, cordonnier. Signé Chambaron, commis du prévôt Geoffroy Lemaistre.

Le 25 mai 1514, Geoffroy Lemaistre, garde de la prévosté de Montlhéry, est cité en tête d'un acte rédigé par Lyonnet Prunier, clerc tabellion. Il s'agit d'un bail à cens et rente au profit de « Julien Angibout et Mathurine, sa femme demeurants en la bassecourt du chastel de Montlhéry, lesquels ont retenus et prins à titre de cens annuels et perpétuels de religieuse personne frère Jean de Bennes,prieur de Saint-Pierre du Chastel, un petit appentit assis en ladite basse-cour couvert de tuille contenant un espasse de maison haut et bas, avec une petite cour ou jardin tenant au bailleur à cause d'un autre appenti et estable, d'autre aux murs de la basse-cour du chastel, d'autre à ladite basse-cour à cause de son prieuré, le bail fait moyennant deux sols parisis de cens portant lods et ventes ». L'acte se termine par la formule usuelle « … en temoing de ce avons fait mettre à ces présentes le scel aux contracts de ladite prévosté, ce fut fait présens messire Jean Quetier prestre et Jacques Lescallon tesmoings », signé Prunier avec paraphe.

Le bail de la cure est fait pour trois ans le 28 avril 1542 par vénérable et discrette personne maistre Louis Housseau, prestre curé de l'église Saint-Pierre du château de Montlhéry, demeurant rue de la Harpe , à maistre Pierre le Mor, prestre, demeurant à Longpont, moyennant 30 livres tournois par an à charge d'héberger le bailleur avec son cheval trois jours durant au plus.

L'acte daté du 4 octobre 1542 est un nouveau bail pour cinq ans à Guillaume Antoine, prestre de Montlhéry, pour toucher les droits, proffits, revenus et émoluments qui y appartiennent, sans réserve, à la charge de servir les saints sacrements aux paroissiens d'icelle, moyennant 30 livres tournois. La vente d'une cave, cour et jardin, tant en dedans la ville que dehors, sise en la Grande Rue de ladite ville de Montlhéry est faite le 1 er may 1457 par Jean Le Moine à Jeanne Peuvrier ; les héritages sont déclarés en la censive du prieuré du château et chargés envers lui de 2 sols de cens.

Un échange du 6 décembre 1576 concerne une maison devant l'église de Montlhéry chargée de 7 deniers de cens et 4 sols 6 deniers de rente et une quarte de terre proche la porte du château chargée de 6 deniers obole de cens envers le prieur de Saint-Laurent.

Le 27 février 1590, Jehan Prudhomme, prestre, curé de Saint-Pierre de Montlhéry et chanoine en l'église collégiale Saint-Médéric de Linois baille la moitié d'une maison. Trois ans plus tard, le 24 novembre 1593, noble et discrette personne Messire Pierre Hubert, licencié es droits, prieur du « prieuré Monsieur Saint-Pierre de Montlhéry », constitue son procureur en la personne d'Arnoul Durand pour recepvoir les cens, rentes, lods et ventes et les droits seigneuriaux deppendants, à charge de faire le registre moyennant la moitié des droits de vente.

Le 27 novembre 1596, Jehan Prudhomme, prestre curé de l'église Saint-Pierre du chasteau baille à titre de ferme et moison de grain, à Spire Jacquet marchand, sept arpents, le premier près de la porte de la Borde moyennant quatre septiers quatre boisseaux ….

Dans un cahier d'ensaisinements du prieur de Saint-Pierre et Saint-Laurent du château « depuis l'année 1578 jusqu'à l'année 1599 », nous trouvons les noms des censitaires du prieuré (5).

À suivre …

Notes

(1) A. Longon, Pouillés de la province de Sens (Libr. Klincksieck, Paris, 1904).

(2) Abbé J.-M. Alliot, Visites Archidiaconales de Josas [texte latin] (chez Alphonse Picard et fils, Paris, 1902).

(3) En 325, le concile de Nicée fixa la date de Pâques selon la règle suivante : « Pâques est le dimanche qui suit le quatorzième jour de la lune qui atteint cet âge au 21 mars ou immédiatement après».

(4) La famille Guillory donna son nom au carrefour de la rue de la Chapelle, rue du docteur Ogé.

(5) L'ensaisinement signifie mise en possession civile. Ensaisiner un contrat, c'est mettre l'acquéreur en saisine, c'est-à-dire en possession de l'héritage sur lequel le contrat lui accorde quelque droit. La formalité de l'ensaisinement vient de ce que par l'ancien usage du Châtelet de Paris et de toute la prevôté : « … aucune saisie ou possession n'étoit acquise de droit ni de fait sans qu'il y eût dévest & vest , c'est-à-dire qu'il falloit que le vendeur se fût dessaisi entre les mains du seigneur-censier, et que ce même seigneur eût ensuite investi l'acquéreur, c'est-à-dire qu'il lui eût donné la saisine ou possession ». Le terme d' ensaisinement ne s'applique qu'aux mises en possession des biens en roture, car la même formalité à l'égard des fiefs s'appelle inféodation . Dans la Coutume de Paris, en mars 1263, on payait 12 deniers parisis pour la saisine ou ensaisinement.

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