Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Le moulin de l'Etang à Linas (2) (1719- 1893)

Chronique du Vieux Marcoussy ———————– ———– _——————————– Janvier 2010

Plan du moulin fin XVIe siècle.

JP. Dagnot

C. Julien

Cette chronique donne la suite de l'histoire du moulin de l'Etang installé sur la Sallemouille à Linas (Essonne, cant. Montlhéry). Dans la première partie, nous nous étions arrêté en 1715, année qui termina le règne de Louis XIV. À ce moment, le moulin appartenait aux religieux du chapitre de Linas qui l'avaient affermé au meunier Estienne Dautier. Nous nous souvenons que ce marchand meunier, victime de la crise de la meunerie, transporta le moulin de l'Etang à Nicolas Coignet, meusnier demeurant au moulin de Biron. Le droit de bail fait par le chapitre de Linois, se montait à 400 livres et dix-huit chapons de loyer (1). La démarche de Coignet est logique, il est tributaire du moulin amont qui modifie de manière intermittente le débit de la Sallemouille.

Pierre Marais au moulin de l'Etang

Au début du XVIIIe siècle, il semble que devant les difficultés de la meunerie, les contrats de location ne soient plus passés de gré à gré. En 1719, un bail à loyer est mis aux enchères, c'est Louis Piritain, meunier de Wissous qui obtient le moulin de l'Etang moyennant 450 livres. La prisée faite trois jours plus tard mentionne une roue de 11 pieds. Puis, en 1726, le chapitre baille ledit moulin à Pierre Marais de l'Haye moyennant 450 livres.

La prisée faite à cette occasion précise que le moulin comprend : - deux grandes vannes servant à décharger les eaux dans la morte eau au bas du jardin du sieur Morel, - une fausse vanne de l'ancien presbytère, - au moulin, la vanne donnant l'eau sur la roue et l'autre déchargeant les eaux, - une roue de onze pieds, - un arbre de quatorze pieds, le tout 780 livres tournois.

Après avoir affiché de nouveau le bail du moulin de l'Estang aux enchères en 1737, les chanoines de Saint Merry l'accordent pour neuf années à Pierre Marais consistant en maison de deux espasses, une pour le moulin, l'autre pour le logement, moyennant 450 livres. En 1740, Pierre Marais est toujours le « maître meusnierdu molin de l'Estang ». Un marché de réparation du moulin est passé la même année. François Thibault, charpentier d'Igny, s'engage à fournir un arbre, une roue, un rouet, en bois de chêne une lanterne en bois d'orme. Le montant de la fourniture et de la pose de ces “ustancilles” se monte à 475 livres. Le charpentier devra prendre le bois chez Yvon marchand à Dourdan.

Suite aux décès de Pierre Marais, une prisée est faite deux ans plus tard. Le procès-verbal est à la réquisition de Jean-Jacques Guignard et de Charlotte Gallars, tous deux décédés audit moulin. Ils laissent des enfants mineurs. L'expert précise que le moulin possède une roue de 12 pieds.

Quelques semaines après, la résiliation du bail est réclamée par Pierre Boitteau, jardinier de Bruyères-le-Chastel, tuteur des enfants de Pierre Marais et de Charlotte Gallars. Ils reçoivent de Jean-Jacques Guignard la somme de 524 livres, correspondant au surplus de la prisée faite à l'arrivée de leurs parents au moulin.

Les difficultés des meuniers au moulin de l'Etang

Donc, le meunier Jean-Jacques Guignard prend le bail à ferme du moulin de l'Etang à raison d'un loyer annuel de 450 livres tournois et 13 chapons. La famille Guignard est célèbre dans la vallée de l'Orge pour y avoir pris plusieurs moulins dans le passé. En 1749, Jean-Jacques Guignard, marchand meusnier, demeurant au moulin de Grousteau, cède à Gilles Roux, aussy meusnier au moulin de l'Estang, le droit du bail à loyer à luy fait par le chapitre dudit moulin, sur la petite rivière de Salemouille, …, avec les terre et pré du bail de 1743, moyennant 450 livres et 13 chapons. Trois semaines plus tard, la prisée du moulin est faite entre Guignard et Gilles Roux.

De nouveau en 1752, un bail du moulin est conclu avec Pierre Gareau qui prend le moulin pour 450 livres et 14 chapons. Comme de coutume, à la demande de Gilles Roux, meunier sortant, il y a un procès-verbal de visite et prisée et une estimation du moulin et de ses dépendances. Il semble que le moulin soit difficilement viable car les changements de locataires sont de plus en plus fréquents. En 1753, un compromis avec prisée est fait entre Jean Edmé Oville et Charles Baudier, puis trois jours plus tard, le transport du bail est fait par le chapitre de Jean Edmé au profit de Gilles Raux. Puis deux ans après un bail à loyer est passé pour 9 ans à Pierre Leroy moyennant un loyer annuel de 480 livres et 13 chappons .

Une sentence de la prévôté de Montlhéry rendue en 1756 condamne le chapitre de Linas à rendre un trop perçu « entre Messieurs les doyen, chantre et chanoines de Linois et Pierre Garreau, meunier demeurant au moulin d'Aulnay, paroisse d'Orsay, cy devant au moulin de l'Étang et Marie Anne Filleul, sa femme, qui condamne lesdits sieurs du chapitre à payer audit Garreau et sa femme la somme de 105 livres qu'ils ont reçu de trop des derniers loyers du moulin de l'Etang avec les intérêts et met lesdites parties hors de cour et de procès dépens compensés ». Trois mois et demi plus tard, une autre sentence de la prévôté de Montlhéry est rendue entre Messieurs les doyen, chantre et chanoines de Linois et Pierre Garreau, meunier et Marie Anne Filleul, sa femme, demeurant au moulin d'Aulnay, paroisse d'Orsay, cy devant au moulin de l'Étang qui « déclare bonne et vallable les offres icelles faites par lesdits sieurs du chapitre auxdits Gareau et sa femme de la somme de 108 livres 19 sols 9 deniers et condamne ces derniers à les recevoir et donner quittance et décharge vallable sinon il sera permis auxdits sieurs du chapitre de consigner laditte somme es mains du greffier de cette prévôté, aux risques, périls et fortunes desdits Gareau et sa femme et les condamner aux dépens ».

Une fois encore, le meunier de l'Etang abrège son bail en 1760. Le transport du bail est fait par Pierre Leroy, demeurant audit moulin, à Louis Bonté, pour les quatre années qui restent à expirer et moyennant 450 livres et 13 chapons. Une prisée d'un montant de 900 livres est faite à l'amiable.

Les dettes de Louis Bonté

Nous arrivons en l'an 1762, quand Louis Bonté et sa femme Angélique Le Roye occupent le moulin de l'Étang . Outre, le travail de mouture, le maître meunier est également agriculteur, cultivant la terre et les prés dépendant du moulin. Il semble que les difficultés sont telles que Louis Bonté ne payant pas son loyer entre en conflit avec les chanoines. Après quelques mois, le nouveau meunier commence à avoir de gros ennuis pécuniaires. Puis les dettes s'accumulant, il a aussi contre lui toutes sortes de créanciers comme les collecteurs de la taille relayés par l'administration du délégué de l'Élection de Paris.

Une saisie-brandon est faite en 1762 à la requeste de Messieurs du chapitre de Linois sur Louis Bonté, meunier au moulin de l'Étang et Angélique Le Roye, sa femme, des herbes de pré, bled de mars et d'hiver, fruits de vignes et fillasses pendant par les racines sur les héritages dépendant dudit moulin (2). Puis, trois jours plus tard, c'est la saisie-brandon faite à la requête des collecteurs de la paroisse de Linois sur Louis Bonté, meunier au moulin de l'Étang, paroisse de Linois, des herbes de pré, bled de mars et d'hiver, fruits de vignes et fillasses pendant par les racines sur les héritages dépendant dudit moulin.

L'ordonnance de 1762 est prononcée par Messieurs de l'Election de Paris en exécution de la « requeste à eux présentée par Messieurs du chapitre de Linois, qui permet à ces derniers de faire faucher , fanner et resserrer et sequestrer les herbes près et foins par eux faits et brandonnés sur Louis Bonté, meunier au moulin de l'Etang, sur différents héritages dépendant dudit moulin, et de faire toutes les avances qu'il conviendra faire dont ils seront remboursés par ce privillège sur la vente qui en sera faitte ». La saisie des fruits est exécutée en 1763, procès verbaux de fauchage, fannage et sequestrage des foins saisons brandonnés faits par Malherbes, huissier à Montlhéry, sur Louis Bonté, meunier au moulin de l'Étang, à la requestre de Messieurs du chapitre de Linois.

Les 9 et 10 juillet 1762, la sentence de l'élection de Paris est rendue entre Messieurs les doyen, chantre et chanoines de Linois , Jean Meriur et consorts, collecteurs des tailles de la paroisse de Linois pour l'année 1762 et Louis Bonté, meunier demeurant au moulin de l'Étang, paroisse de Linois qui déclare la saisie brandon faitte à la requestre de mesdits sieurs du chapitre en juin dernier sur ledit Louis Bonté bonne et vallable et celle faite par les collecteurs le 15 du même mois, convertie en opposition, ordonne que les fruits saisis et brandonnés sur ledit Bonté pendants par les racines sur tous les héritages dépendant dudit moulin, seront vendus et adjugés au plus offrant et dernier enchérisseur à l'issue des messes et vêpres de laditte paroisse de Linois.

Le 18 juillet 1762, Malherbes, huissier à Montlhéry, rédige le procès-verbal de vente et adjudication de tous les fruits, herbes, foins, bled, seigle, vigne et chanvre actuellement pendant par les racines sur plusieurs héritages dépendant du moulin de l'Étang, saisis et brandonnés à la requestre de Messieurs du chapitre de Linois sur Louis Bonté, meunier audit moulin de l'Étang.

La situation empire rapidement et au début d'octobre 1762, Louis Bouté résilie son bail « les chanoines assemblés d'une part, Louis Bouté meunier demeurant au moulin de l'Etang d'autre part, rappellent le bail de 1755 à Pierre Leroy, des poursuites pour faire vendre des récoltes, d'autres créanciers, du paiement de la taille, de la vente des meubles et de sorte que le moulin n'est plus garny ». Les protagonistes requièrent « la prisée des ustancilles » et le 8 octobre 1762, un procès-verbal de visite, prisée et estimation concerne « des effets tournans et travaillans dudit et dépendances sous seing privé ». Enfin, une transaction est passée le 13 octobre 1762 entre « Messieurs du chapitre de Linois et Louis Bonté, meunier au moulin de l'Étang, par laquelle le bail fait audit Bonté sera et demeurera résilié et mesdits sieurs du chapitre ont quitté et déchargé ledit Bonté de tous les loyers qu'il pouvoit devoir ».

Les meuniers de l'Etang avant la Révolution

Après ces évènements, un bail à loyer est accordé par Messieurs les doyen, chantre et chanoines du Chapitre de Linois à Jérosme Lesné et sa femme, ledit bail fait moyennant 300 livres de loyer annuel. le loyer est descendu d'un tiers! Le bail n'est pas reconduit et un nouveau contrat est signé en 1769. C'est un bail à loyer pour 9 années au profit de Jacques Michel Mainfroy et Denise Vaillot, sa femme de neuf arpents de pré en la prairie de Linois et celle de Longpont, moyennant 312 livres par an.

Cette fois, le meunier n'a pas délaissé rapidement le moulin. À la fin du terme de neuf ans, en 1771, Antoine Lamy meusnier sortant du moulin de l'Etang et Jacques Mainfroy, meusnier entrant dudit moulin, demeurant à Guiperreux, lesquels ont dit que le bail de 1762 venait à expiration, et qu'il s'agit de faire procéder aux visites, prisée et estimation des meubles tournant et travaillant et autres ustancilles dudit moulin, dans laquelle la souche appartenant à Monsieur le doyen, représente 300 livres. Chacun d'eux nomme un expert comme arbitre. La prisée indique que la roue fait dix pieds, l'arbre quinze, et il y a une échelle pour monter aux meules.

Jacques Michel Mainfroy signe le bail à loyer pour 9 années en 1772. Le loyer s'élève à 500 livres par an. Cette fois, le meunier semble avoir de très gros problèmes probablement dus au loyer trop élévé, mais à peine après 11 mois de présence, la résiliation des baux faits est passée entre les religieux de Linas et Jacques Mainfroy.

Après une vacance de cinq mois et la pose des affiches aux endroits nécessaires, les sieurs du chapitre de Linas baillent le moulin de l'Etang au plus haut enchérisseur. Le bail est signé en 1773 par Jérome Lamy, meusnier du moulin Neuf de Bruyères, pour Jacques Lamy, son fils mineur âgé de 22 ans. Le moulin est loué à raison de 325 livres par an. Six jours plus tard, la prisée d'entrée est faite. Le nouveau meunier semble être plus chanceux en affaires puisqu'il renouvelle son bail.

En 1783, le chapitre assemblé baille pour neuf années au sieur Jacques Lamy, meusnier audit moulin de l'Etang, y demeurant. C'est à savoir ledit moulin comprenant : - deux espaces dans l'une desquelles est construit ledit moulin, et dans l'autre le logement du meusnier consistant en une chambre basse avec chambre haute au dessus, - attenant lequel bâtiment sont une laiterie, un scellier, deux étables au dessus desquelles est un poulailler fermant à clef, - un jardin derrière lesdits lieux fermant aussy à clef garny d'arbres fruitiers, - cour au devant desdits lieux dans laquelle est une grange contenant deux espaces contre laquelle sont appuyés les toits à porcs, - plusieurs pièces de terres situées du moulin au pont de la route royalle. Le tout moyennant 400 livres de loyer annuel.

Le moulin de l'Etang sous la Révolution

Après les lois de confiscation des biens du clergé, le moulin de l'Etang est déclaré Bien national de première origine. En novembre 1791, la réception des enchères et publication de l'annonce précise que le moulin faisant partie des biens du chapitre de Linois est vendu aux enchères comme Bien national. La désignation de l'affiche de la vente est la suivante : un moulin à eau, appelé le moulin de l'Etang, situé à Linois, vingt cinq perches de prez et un arpent de terre labourable; estimés cinq mille trois cent quarante livres ; les enchères atteindront près du double.

En novembre 1791, la vente du moulin appartenant au chapitre de Linas est adjugée à Germain Brizard pour 9.650 livres. La transaction est confirmée au sommier des ventes de Longjumeau. Le Sieur Germain Brizard est un vigneron demeurant à Baillot, paroisse de Bruyères-le-Châtel. Le moulin a été vendu avec un petit jardin proche le moulin, plus 146 perches derrière le bâtiment, plus 5 quartiers. Lors du dénombrement du 16 février 1794, l'agent recenseur a oublié de compter les habitants du moulin.

En 1794, Germain Brizard, cultivateur au moulin de l'Etang, âgé et infirme, cède l'universalité de ses biens à ses six enfants moyennant six cents livres par an de pension viagère. Les biens sont partagés en six lots tirés au sort. Le premier lot comprend le moulin à eau appelé moulin de l'Etang, garni de tous ses ustensiles, bâtiments, écurie, étable, granges, cour entre les bâtiments, jardin derrière la grange contenant 40 perches.

Nous sommes maintenant en frimaire an VIII (novembre 1799), et c'est un maçon d'Ollainville, le citoyen Claude Sard qui baille à loyer et prix d'argent pour neuf années au citoyen Jean Nicolas Finet, cultivateur demeurant à Brétigny (3), le moulin tournant et moullant dit le moulin de l'Etang situé sur la Salmouille, commune de Linas, garny de tous ses ustenciles de tournant moullant et travaillant. Dans le bail sont compris les logements appliqués en cuisine, four, deux chambres non à feu, chambre à grains, écurie, vacherie, cellier, grange, toit à porcs, petite chambre à feu au dessus, greniers au dessus des bâtiments couverts en thuiles, cour entre les bâtiments fermée par deux portes charretières. Il y a un jardin derrière la grange de dix ares ; suivent deux pièces de terres pour un hectare et les conditions habituelles. Ce bail est accepté moyennant la somme de 550 francs de loyer par an.

En 1799, Marie-Jeanne Brizard, épouse Delange, cède le tiers du moulin à Claude Sard. Trois jours plus tard, Vincent Brizard, garçon meunier, possesseur du tiers du moulin, baille ledit tiers à Claude Sard moyennant 150 francs. Le 7 courant, c'est Claude Sard qui baille le moulin de l'Etang à Jean Finet. « Claude Sard, maçon à Ollainville, fait bail pour neuf années à Jean-Nicolas Finet, cultivateur, demeurant à Brétigny, du moulin dit de l'Etang, consistant en tournant sur la Sallemouille avec logement, cuisine, four, chambre à côté, chambre haute sur la cuisine, chambre à grain à côté, écurie, vacherie, cellier, grange, …, bail moyennant 550 frs ».

Le moulin de l'Etang au XIXe siècle

Après l'épisode révolutionnaire qui ne semble pas avoir affecté le moulin de l'Etang, un bail est passé le en 1806 par les Sard à Marchant.

En 1816 , Les héritiers Sard, Jean-Baptiste Delorme, cultivateur et son épouse Marie Charlemagne demeurant à Ollainville, Vincent Sard cultivateur à Ollainville et Joséphine Gailled, Jacques Chauvelle aussi cultivateur d'Egly et sa femme Louise Françoise Sard, et Marie Ollivier, troisième femme et veuve de Claude Sard, vendent le moulin à eau de l'Etang, faisant de blé farine, au sieur François Margrat, propriétaire demeurant à Versailles, rue Satory. La propriété comprend le moulin avec tous ses bâtiments, cour, jardin, et deux pièces de terre de 4.800 et 4.200 m2. Le moulin est loué et occupé par Jean Pierre Marchand. La vente est faite moyennant 12.600 frs dont 8.600 frs comptants.

Après des dégâts considérables survenus dans la vallée de la Sallemouille en 1837 et 1839, et le sieur Margrat, déclaré responsable pour partie, doit remettre les vannes de son moulin à hauteur primitive. En effet, le 12 juin 1839, le conseil municipal expose que trois inondations en deux ans viennent de dévaster les communes de Marcoussis et Linas : la première le 14 février 1837, de neuf heures du soir à quatre heures du matin, les deux autres les 20 février et 16 mars 1839. À Marcoussis, les maisons du Gué ont vu leurs habitants contraints de déménager leurs meubles. À Linas, la malle poste est restée engravée dans la ravine pendant onze heures. Les maisons voisines du pont ont eu un mètre d'eau et les habitants sont montés aux étages.

Les causes de ce désastre sont: 1°) le changement de destination donné à l'étang de Marcoussis livré actuellement à la culture, destiné à servir de vivier pour la table des moines… (4), 2°) l'exhaussement donné clandestinement et indûment au sous gravier du moulin de l'Etang, primitivement la roue de ce moulin était de 3 mètres par le fait du meunier Cognet en 1812, le sieur Margrat l'a amené à 4 mètres, relevant de manière exorbitante le fond de la rivière suspendue,…, et qu'un curage au niveau du pont de un mètre a été annulé par l'effet d'un orage. 3°) la rivière étant suspendue depuis Bellejamme jusqu'à Biron la rivière basse est altérée par mille sinuosités. La municipalité demande au propriétaire de l'Etang de remettre les vannes dans l'état initial et de remettre en place une vanne de sécurité ôtée par le sieur Margrat.

Après ces évènements, un règlement du moulin de l'Etang est dressé par l'administration en 1840 et prescrit la vanne de sécurité et la hauteur de chute. L'année suivante, le dossier de règlement du moulin est déposé en mairie de Linas, indiquant une opération du nivellement avec une pente de 8 cm sur 1.050 m, et la présence de 40 à 50 cm de vase. Le 21 janvier 1844, Margrat qui a modifié le lit de la rivière est sommé de le remettre en état.

Entre temps, un bail du moulin à blé est passé par François Margrat, devenu marchand meunier demeurant à Biron, à Louis Decamps meunier de Chatou « moulin dit de l' Etang faisant de blé farine… » . Le bailleur profite de la crédulité du preneur qui doit ignorer en partie les contraintes liées au moulin. Le bail est conclu moyennant 1200 frs de loyer! Quatre ans plus tard, François Margrat, marchand meunier, propriétaire demeurant au moulin de Biron, donne à loyer pour trois années à Louis Vassart meunier de Linas à savoir « le moulin faisant de blé farine, cellier, salle à manger ouvrant dans le moulin, cuisine et chambre, écurie à côté, …, moyennant un loyer de 300 frs ». Les autres lieux ne font pas partie du bail. La prisée bourgeoise a été estimée à 4.000 frs que le bailleur prête à 5% !! Le preneur devra maintenir le dessus de la vanne de décharge « à la hauteur qu'elle se trouve d'aujourd'hui ». Les conditions deviennent raisonnables le bailleur est le meunier du moulin de la Roue.

Un arrêté préfectoral du 23 octobre 1846, ordonne de mettre en chômage l'usine si les travaux ne sont pas faits. Il faut encore attendre un an pour la réception de travaux demandés au sieur Margrat, le 28 octobre 1847, et le procès-verbal de fin de travaux est daté du 29 novembre 1847. Notons pour la petite histoire que “ l'ingénieur des ponts et chaussées, du département de Seine-et-Oise, exécute une ordonnance royale ”.

En 1858, un inventaire après décès de Margrat est fait à la requête de Marie Jeanne Gilbert veuve François Margrat, demeurant à Linas, rue Mauvinet. Quelques mois plus tard, le nommé Servant, meunier, demeurant au moulin de Biron, expose qu'il exploite ledit moulin et que depuis 10 ou 11 mois Monsieur Gobert, meunier du moulin de l'Etang a fait monter une machine à vapeur afin de faire marcher son usine et dont les modifications l'empêchent de faire tourner son moulin de manière continue. En 1862, le meunier Gaubert demande un curage triennal de la Sallemouille.

Vers 1868, le sieur Foucheyrand est devenu propriétaire du moulin de l'Etang et demande l'autorisation de remplacer une vanne. En 1877, il expose au préfet, qu'en tant qu'usinier, qu'il ne peut plus curer la Sallemouille, en raison des constructions faites par les riverains; il souhaite que ces derniers fassent le curage au niveau de leur propriété.

Le moulin de l'Etang appartient ensuite à la famille Coutadeur pendant 30 ans, et cesse son activité vers 1890. Finalement, avec le modernisme et suite à la crise de la meunerie, le 27 août 1891, l'ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées ouvre une enquête de 20 jours suite à la demande de suppression du moulin.

Ainsi, Monsieur Coutadeur, propriétaire du moulin de l'Etang demande de supprimer les ouvrages de retenues de ladite usine. La visite établit que les eaux du bief supérieur s'écoulent par un déversoir et trois vannes. Après la suppression des ouvrages la totalité des eaux s'écoulera par l'ancienne rivière et la mise à sec du bief supérieur et de ce fait entraînera la suppression du moulin Biron, situé sur la rivière suspendue et au détriment des lavoirs ou abreuvoirs sur le parcours. Monsieur Gilbert, le propriétaire du moulin Biron proteste. Néanmoins, le syndicat de l'Orge donne son autorisation. En 1893, la vente du bief pour le terrain est faite au sieur Bassinet avec l'opposition de Gilbert meunier de Biron.

Lors de la séance du conseil municipal du 27 mai 1894 il est constaté la suppression du bief du moulin de l'Estang et la dépose des vannes de retenue par Monsieur Bassinet ; la commune demande alors l'autorisation de combler la rivière en conservant l'abreuvoir et le lavoir municipaux.

Notes

(1) Le loyer du moulin de l'Etang qui était 45 livres en 1543 avait suivit le prix du froment.

(2) La saisie-brandon est la saisie des récoltes et des fruits sur pieds pratiquée juste avant la récolte.

(3) Le citoyen Jean-Nicolas Finet, cultivateur demeurant à Brétigny est l'ancien fermier du Ménil Forget et le premier maire élu de Nozay.

(4) Cette assertion est une erreur manifeste car les étangs de Marcoussis n'ont jamais appartenu aux Célestins, mais uniquement à la seigneurie laïque.

dagnot/chronique39.05.txt · Dernière modification: 2020/11/12 05:12 de bg