Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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L'église Sainte-Marie-Madeleine de Marcoussis (5) (de 1500 à 1780)

Chronique du Vieux Marcoussy —————————– —- _—————————— Février 2010

JP. Dagnot

C. Julien

Nous présentons le cinquième volet de l'histoire de l'église Sainte-Marie-Madeleine de Marcoussis. Après avoir évoqué les débuts de la paroisse, présenté les phases de construction de l'église, évoqué les ravages causés par la guerre de Cent ans joints aux évènements de 1465, qui se déroulèrent en grande partie dans les limites de l'archidiaconé de Josas, nous continuons son histoire au cours des siècles suivants.

Notons encore une fois que l'histoire de l'église Sainte-Marie Madeleine de Marcoussis est intimement liée à celle du prieuré Saint-Wandrille du lieu, puisque le patronage était assuré par le prieur, gros décimateur de la paroisse ; ainsi la présentation de la cure appartenait à ce dernier.

L'église de Marcoussis au XVIe siècle

Parmi les curés qui ont servi l'église de Marcoussis au cours du XVIe siècle, nous connaissons : messire Louis Roussel (1500), messire Jehan Musnier (1519), messire Jean Fontaine (1530), messire Pierre Laurens, aumônier du roi (1544), messire Richard Bissart (1580), le prêtre Richard Bissart (1585) et messire Louis Capart ou Gaspart (1595). Le 12 juillet 1593, les curés de Nozay, La Ville-du -Bois, Marcoussis et Ballainvilliers sont réunis pour faire une déclaration à propos du tribunal ecclésiastique « disant qu'ils sont sous la juridiction de l'évesque de Paris et non sous l'official de Saint-Illet ».

Revenons un moment au règne de Loys Malet, amiral de Graville. Nous savons que le seigneur de Marcoussis avait été couvert d'honneur et de charges par les Valois, serviteur zélé de la régente Anne de Beaujeu, puis du roi Charles VIII, enfin du roi Louis XII (1). Immensément riche, Messire l'amiral avait fait de nombreuses libéralités à l'Eglise : les Célestins de Marcoussis, les Cordeliers de Bois-Malesherbes, mais aussi l'église paroissiale de Marcoussis où il avait hérité de la chapelle seigneuriale. À cette époque, le patron de l'église Sainte-Marie-Madeleine était le prieur Guillaume La Vieille , prélat qui montra une forte personnalité. À partir de 1504, il releva le prieuré n'hésitant pas à entrer en conflit avec le « très haut et très puissant seigneur, Monseigneur l'Amiral » quand celui-ci « voulut continuer l'œuvre de son trisayeul » nous dit Pijard. Il était devenu très influent à la Cour , allant jusqu'à prêter des sommes considérables au roi.

Louis de Graville n'hésita pas à se comporter en maître absolu sur ses terres, entrant en conflit avec ses voisins les Célestins de Marcoussis. Selon Simon de la Motte , l'amiral confisqua, en 1509, aux vénérables pères « les possessions des Religieux qui étaient en sa censive et même les contraignit moyennant la somme de 400 livres de se séparer de quelques pièces de terre et prés contenant environ 10 à 12 arpents qui s'étendaient depuis la fontaine du Mesnil jusqu'à la grande rivière… » ; nous reviendrons sur ce sujet en temps utile. Il en fut de même avec le prieur de Saint-Wandrille à qui il aurait voulu usurper le patronage. Acceptant que le seigneur de Marcoussis fît quelques travaux d'embellissement (cf. chronique précédente), celui-ci refusa tout net la reconstruction de la nef paroissiale, craignant une usurpation. Il fut aidé dans ce conflit par l'évêque de Paris qui voulait préserver son droit de visite à Marcoussis.

Toutefois, nous pouvons admirer de nos jours les armes des Graville sur la poutre de gloire et les armes de l'amiral, encadrées par deux faucons figurent sur la clef de la croisée centrale. Nul doute que des réparations furent entreprises au début du XVIe siècle quand Jeanne de Graville, veuve de Charles d'Amboise, hérita des terre et seigneurie de Marcoussis. En remaniant la nef de l'église paroissiale, cette dame voulait continuer l'œuvre de son père et laisser sa marque et « l'éclat et la pompe d'une des plus illustres et anciennes familles » dit Simon de la Motte (2).

Selon Bigard, après la disparition de Guillaume La Vieille en 1531, le prieuré Saint-Wandrille passa « dans les mains d'un prieur commendataire, Dom Pierre Julien, ami des Célestins de Marcoussis qui se fit enterré dans leur église ». Une nouvelle situation est issue de cette administration, le prieuré Saint-Wandrille continue d'exister mais le curé de Marcoussis est bien souvent le seul ecclésiastique assurant le service divin à Marcoussis. En 1551, « noble homme et discrette personne Germain Vialas » étant prieur et curé de Marcoussis afferme les revenus à Nicolas Larcher, prêtre à Marcoussis. En 1570, nous trouvons Esmé Leroux, maistre en arts en l'université de Paris et curé de la cure et « église parochiale la Madeleine » de Marcoussis.

En 1580, le prieur commendataire de Saint-Wandrille demeure à Paris alors que Jehan Roussel est qualifié de prestre vicaire du prieuré de l'église de la Magdeleine de Marcoussy . Ce prélat était également curé de Montlhéry. L'année suivante, lors de la signature d'un bail de vache à poil rouge concédé à Guillaume Basset, vigneron de Montlhéry, Jehan Roussel est désigné comme prestre vicaire du prieuré de Marcoussis . À la fin du XVIe siècle, c'est messire Pierre Charlemagne qui est devenu « prestre, soubz prieur au prieuré de Marcoussis ».

Le 19 mars 1599, Nicolas David, sergent royal demeurant à Marcoussis, agissant comme marguillier de l'église et fabrique Sainte-Magdelaine de Marcoussis, confesse avoir reçu la somme de douze escus venant de l'adjudication de rentes dont l'arrérage était du à la fabrique.

L'église de Marcoussis au début du XVIIe siècle

Rappelons tout d'abord qu'au début du XVIIe siècle le seigneur de Marcoussis est François de Balsac, gouverneur d'Orléans et engagiste du comté de Montlhéry. Par contre nous ignorons quelle fut son influence directe sur la vie de la paroisse. Toutefois, il faut noter que le passage des huguenots et des reîtres du prince de Condé fut désastreux pour le Hurepoix. Marcoussis étant le siège d'un prieuré et d'un couvent, Condé y vint pour détruire les lieux. L'église conventuelle des Célestins comme l'église paroissiale furent endommagées. Il fallut encore une fois réparer.

En 1602, Jehan Pigeaulx masson demeurant à Marcoussis fait marché avec les marguilliers de l'église Sainte-Marie-Madeleine audit Marcoussis de faire sur l'église les ouvrages qui ensuivent : 1°) rechercher ce qui reste et rechercher de la couverture de ladite église ensister (?) et faire les réparations et recouvrir ledit clocher le tout bien et duement comme il appartient, 2°) établir la saillye de l'esgout dudit clocher de demy pied plus quelle n'est à présent reprendre et faire fournir par ledit Pigeaulx les thuilles et faistières, arracher tous les plombs qui sont en les arrêtiers…. Ce marché fait moyennant 56 livres tournois.

Quelques mois plus tard, un acte désigne Hiérosme Lemaistre «… de présent en sa maison de Beljambe disant que Gilles Lemaistre son frère vivant seigneur de Beljambe auroit donné à l'église de Marcoussis 20 livres tournois pour la fondation d'un salut ».

En 1604, Denis Le Chappelain, prestre curé de Marcoussis est mentionné dans la vente du domaine du Houssay comme bénéficiaire par les acheteurs d'un bail de 28 livres tournoys… L'année suivante, Aubin Thiboust, marchand de Marcoussis, marguillier, signe un acte avec le consentement de Denis Le Chappelain et de Monsieur Monseigneur Hiérosme Lemaistre…

Comme la cure, la fabrique possédait des tenures et des droits féodaux. En 1617, Michel Grandjean, masson, et Jehan Tixier, vigneron, au nom et comme marguilliers de l'église et fabrique dudit Marcoussis, confessent avoir vendu à Messire Claude Dumoulin, receveur,…, estant de présent au Houssay, vingt six sols de rente annuelle et perpétuelle provenant de la succession de Jehan Guignard faite en 1574, la cession est faite moyennant seize livres.

De nouveau des réparations sont envisagées. Ainsi en 1630, à la suite des réparations du presbitaire, un mémoire d'entrepreneur mentionne pour l'église: - fault aussis rabouter les deux noues qui font la couverture de l'église du costé du clocher, et pour les mettre en bon estat, - plus fault faire en plusieurs endroits le plancher dans ladite église tant avec carreau que plastre où il y a des trous, - plus réparer la porte d'entrée de ladite église … Les travaux baillés à rabais et meilleures conditions avec une mise à prix de 550 livres au rabais, un entrepreneur enlève le marché à raison de 389 livres .

Plus tard, en 1638, Jehan Regnault, marchand de Marcoussis, hérite de son frère marguillier, qui a fait abbattre le maistre hotel de l'église. Il est sommé de faire les réparations au « grand maistre hostel de l'église à raison de 50 livres ». Six ans après, les dispositions testamentaires de dame Anne de Violau stipulent une rente pour son inhumation, son dit corps mis en un cercueil de bois et ensépulturé en l'église de la Madeleine, devant lhostel de la sainte Vierge du costé droit de la tombe de la defunte mère? …? de feu Madame de Marcoussis. En 1658, Saint-Vincent de Paul envoie une mission qui fait revenir 150 communiants dans le giron de l'Église sur 600 que compte la paroisse (3).

L'église de Marcoussis sous Louis XIV

En 1663, Louis Lemaistre, …, de présent en son chasteau de Bellejame, lequel cedde à toujours à la fabrique de Marcoussis acceptant par Thomas de Saint-Denis, prestre curé du lieu, ainsi que les marguilliers, 24 livres de rente de bail d'héritage dus au seigneur en plusieurs parts.

En 1688, Mathias Berthay, maître charpentier de Linois et François Legendre, maître masson en plastre, couvreur en thuilles, se déplacent à Marcoussis à la rquête des marguilliers « lesquels ont vu et visité le clocher de l'église Sainte-Marie-Madeleine de toutes parties et endroits et ont reconnu que la lanterne dudit closcher est entièrement ruinée jusqu'au quarré de la tour d'iceluy, que le bois de la couverture est tout pourry et descendu, que les murs s'ouvrent par les secousses et ébranlements qu'ils ont lorsque les cloches sonnent, estant icelles closches soutenues par des pièces de bois qui entrent dans les murs d'icelles lanterne, lesquelles pièces de bois par l'agitation des cloches causent des ouvertures et le désassemblage des bois de la charpente de la couverture et a fait tomber la plus grande partie des tuilles de sorte que les eaux pluviales y entrent journellement achevant de faire périr icelle lanterne… ». Le mémoire notifie également, le préjudice au toit et couverture du chœur et de la nef. La descente des closches est suggérée pour éviter des dégats plus importants et une sommation est adressée au prieur qui refuse. Encore une fois, le patron de l'église paroissiale “fait sa forte tête”. La suite prouvera qu'il devra céder aux injonctions de réparer le sanctuaire.

L'année suivante, devant le bailly, le procureur de Jean Bourguignon, à la requeste des marguilliers, est comparu pour faire les réparations et procéder à la visitation de l'église, se sont transportés en ladite église sommes entrés dans le coeur et closcher d'icelle dans une chambre appelée la chambre de la Magdelainne, tenant au choeur d'icelle églize, vue visitté et trouvé les réparations : - premièrement, au chœur de ladite église qu'il convient rechercher en costé et refaire la couverture dudit chœur, - item qu'il convient de raccommoder la vouste de ladite chambre de la Magdelainne et d'endhuire tout le tour d'icelle estant les murs de ladite chambre tombés en disgrace par les eaux pluviales qui tombent sur iceux, - item qu'il convient remettre un boutre, dans la charpente du chœur attendu que celui qui y est poury, - item qu'au clocher d'icelle églize il convient de refaire à neuf la charpente du comble d'icelluy clocher laquelle est de nulle valleur, et quelques réparations aux hu…? et demye roues des cloches, - item qu'il convient aussy refaire la couverture d'icelluy clocher, tout à neuf, attendu qu'elle est de nulle valleur, - item, ils se sont ensuite transportés de ladite église en la maison presbitérale … (chronique sur les presbytères à venir).

À cette époque le choeur de l'église de Montlhéry s'est effondré! N'oublions pas que nous sommes à la fin du XVIIe siècle, le règne du roi Soleil tourne au désastre économique, à partir de 1685, « la France d'en bas est en guenilles ».

Après vingt-cinq ans de relative prospérité pendant le ministère de Colbert, la paysannerie renoue avec le malheur. Ce n'est plus la peste comme au Moyen Âge, mais la disette. En mars 1686, les intendants font état « d'une misère extrême parce que le blé et les châtaignes y ont manqué et beaucoup de paysans ne vivent à présent que de glands et d'herbe ». La récolte médiocre de 1692 est suivie à l'automne de pluies diluviennes qui détruisent les semailles et provoquent, en juillet 1693, une moisson désastreuse. Des spéculateurs accaparent le grain, de sorte que son prix va jusqu'à quintupler. Les revenus du prieuré et de l'église de Marcoussis sont réduits (4) . Bien que les réparations soient devenues une préoccupation urgente, le patron de l'église de Marcoussis semblât impuissant à en assurer l'exécution.

L'écroulement de l'économie rurale avait asséché les généreux donateurs. Devant l'ampleur des travaux, en 1691, les marguilliers, Desprez, procureur fiscal, et Jean Bourguignon, prestre baschelier de Sorbonne, prieur de Saint-Wandrille « lesquels pour le profit faire d'icelle église, baillent et délaissent à titre de rente », à François Legendre une maison jouxtant le prieuré… Deux ans plus tard, le 6 janvier 1693, Charles Desprez, tenu au lit malade, sain de corps, … rédige son testament. Le procureur fiscal de Marcoussis donne 500 livres à la fabrique et fait un don aux pauvres de l'Hôtel-Dieu.

Un acte dressé en 1693, constate les réparations faites durant les deux dernières années. Le désastre de Montlhéry a marqué la région . Thomas de Saint-Denis, prestre ancien curé de Marcoussis y demeurant et Jean Bourguignon, aussi prestre prieur de Saint-Vandrille, curé de ladite église de Marcoussis, disant que les lieux dans lesquels les clochettes des églises … estant tenu des réparations dessus supplient le bailly de Marcoussis que le clocher de ladite église estant en péril et près à tomber par son ancienneté et caducité et que sa chute pourrait causer des désordres à ladite église, c'est pourquoi le sieur Bourguignon auroit fait desmolir le haut dudit clocher estant posé sur les murs, après le sieur Bourguignon auroit fait restablir ledit clocher en l'estat qu'il est à présent auquel restablissement Messire Alexandre de la Rouarde, prestre et cy-devant prieur dudit prieuré de Marcoussis et ledit Bourguignon auroient contribué pour deux tiers et le sieur de Saint-Denis pour un tiers dont il estoit tenu. De sorte que le clocher est purement en bon estat. C'est pourquoi, il vous supplie de constater cette réparation. Suit un procès-verbal répétant les faits.

La chronique consacrée à la structure de l'église décrivait les différentes périodes où le clocher fut modifié, la dernière est donc la reconstruction de la partie supérieure relatée celle ci-dessus faite fin XVIIe siècle.

Nous retrouvons ainsi les règles de la coutume de Paris stipulant que le patron est tenu aux réparations du chœur et du clocher. Les frais de réparation sont payés par les bénéficiaires du prieuré de Marcoussis selon l'accord intervenu précédemment. Quatre mois après, Antoine Lhéritier, lieutenant au baillage de Marcoussis et le procureur de Thomas de Saint-Denis et Jean Bourguignon, constatent les réparations de l'église Sainte-Marie-Madeleine : charpente plancher et couverture et les quatre cloches qui sont en icelluy sont posées et en bon estat. Également l'échelle servant à monter audit clocher est nouvellement faite et paiée des deniers du sieur Bourguignon et Saint-Denis. Cet accès aux combles est toujours identique.

L'année qui suit, Charles Desprez, receveur de la terre et seigneurie de Marcoussis et procureur fiscal de ce baillage, le marguillier et quelques habitants ont reconnu que le chœur et clocher de l'églize paroisse de Marcoussis ont été entièrement réparés tant les couvertures en thuille que la “ document rongé” dudit clocher et comble d'icelluy clocher refait à neuf et que toutes les réparations qui seront à faire tant audit clocher qu'au chœur de ladite églize outre été entièrement faits et réparés l'année dernière le coût ayant été fait à la diligence de Messire Jean Bourguignon, prêtre bachelier de Sorbonne prieur du prieuré de ladite églize paroissiale… (5).

Les inhumations dans l'église paroissiale

De façon courante, seuls les curés, le clergé et les seigneurs étaient ensevelis dans le sol des églises (6). Jusqu'au milieu du XIXe siècle, comme dans la plupart des villages de France, le cimetière ancien de Marcoussis « extra muros » qui occupait la place de la République actuelle et entourait l'église, terre consacrée. La coutume des sépultures s'agglutinant autour du sanctuaire chrétien était complétée par l'inhumation d'un certain nombre de notabilités religieuses et laïques à l'intérieur même de l'église paroissiale « intra muros ». Les sépultures étaient placées dans l'ensemble du chœur et dans la nef. Elles étaient marquées par de grandes dalles tombales qui ont été arrachées lors du dallage du chœur exécuté vers 1865. Ce qu'on désire surtout, c'est d'être inhumé dans l'église même, et le plus près possible de l'autel « ad sanctos ».

Selon Régis Bertrand, l'inhumation dans les églises constitue une réalité ancienne si bien connue que l'on omet quelquefois d'en souligner le caractère exceptionnel : « elle s'inscrit pourtant en rupture totale avec le double héritage gréco-romain et juif de l'aire culturelle européenne, dont un interdit majeur a été ainsi violé pendant près d'un millénaire. Il en est dérivé une autre originalité du système funéraire occidental qui est la licéité de l'exhumation et du transfert des restes, qui existait en revanche en droit romain, avec l'autorisation des pontifes, mais est très limitée et réglementée dans la loi juive » (7).

Les autorités diocésaines se réservaient le droit de « fixer dans le diocèse la qualité des personnes qu'on pourra enterrer dans l'église ». La coutume de Paris énonçait le principe suivant qui semble énoncer la règle la plus couramment admise : « C'est au curé et aux marguilliers des paroisses à marquer l'endroit du cimetière ou de la nef de l'église dans lequel on doit enterrer les corps de ceux qui ne sont ni patrons ni seigneurs hauts-justiciers ».

À partir du milieu du XVIIe siècle, la pratique des inhumations se généralise et l'on voit de simples (riches) laboureurs acheter des « fondations », les autorisant, eux et leurs descendants à être inhumés dans l'église « en payant un certain droit qui n'a rien de simoniaque ». La concession d'une sépulture dans des églises paroissiales ou conventuelles était liée à l'obligation que les bénéficiaires traitent avec un maçon pour la construction d'un caveau. Au XVIIIe siècle, les évêques s'efforcèrent d'interdire toute inhumation dans les églises hors des caveaux.

Acte de décès de Pierre Grondeau, fermier au Déluge (15 janvier 1659).

En compulsant les registres paroissiaux (sur Internet depuis janvier 2010) nous trouvons le nom de quelques paroissiens inhumés dans l'église de Marcoussis :

• 14 août 1656, les entrailles de Catherine d'Elbène, seconde femme de Léon 1er de Balsac furent déposées dans l'église paroissiale, son cœur dans l'église des Cordeliers de Malesherbes.

• 5 septembre 1656, Marie de Lebloy ou Le Bloy, veuve, propriétaire du château du Chênerond, fut inhumée dans le chœur .

• 5 septembre 1659, Nicole Bachelier, veuve de Claude Dumoulin, sieur du Houssaye.

• 20 juillet 1702, « à cinq heures de relevée a esté apporté en l'église paroissialle de ce lieu le cœur de deffunt haut et puissant seigneur Messire Léon de Balsac d'Illiers , chevalier, marquis d'Entragues, seigneur de ce lieu de Marcoussis, Nozai, Ville du Bois, Gié et de plusieurs autres, décédé en son château dudit Marcoussis le lundi dix-septième jour de ce mois de juillet à dix heures du soirâgé de 67 ans, dont le cœur enfermé dans une urne, conformément à sa disposition a esté inhumé ledit jour vingtième du mois en ladite église paroissialle » et le corps a été inhumé dans le caveau seigneurial de l'église des Célestins de Marcoussis.

• 8 juillet 1711, Gilles-Philippe Leforestier, chevalier, seigneur de la Chesnière, âgé de 63 ans, décédé dans sa maison de Bel-Ébat a été inhumé dans le chœur de l'église près le balustre du côté de l'épitre « laditte inhumation faite en présence de sieur Nicolas Molé, procureur fiscal et Blondeau, notaire roial soussignés ».

• 17 décembre 1713, Joseph de Xaintrailles, chevalier, âgé de soixante-dix ans,décédé au château de Marcoussis, a été inhumé dans la chapelle seigneuriale , en présence de Messire Alexandre d'Illiers d'Entragues et de Messire Jean-Sévère Chevalier comte de Rieux.

• 28 mars 1715, Jean-Baptiste Bourguignon, curé et prieur de Marcoussis, a été inhumé dans le chœur de l'église , assisté de Messieurs les curés : Roux curé d'Orsay, Morel curé de Linas, Chaveire curé de Beauregard, Gaillard curé de Bruyères, Malnion curé de Nozay et Ville-du-Bois et le frère du défunt.

• 1er mars 1725, le père Saint-André, prêtre-curé de Marcoussis procède aux funérailles de Pierre Morel âgé de 25 ans, inhumé dans la nef de l'église , fils de défunt François Morel, marchand et de Françoise de la Marche sa femme.

• 28 mars 1725, Alexandre Lucas de Belébat, ancien officier du Roi.

• 16 février 1733, Henri-Louis Le Maître, seigneur de Bellejame, inhumé dans le chœur de l'église à côté de la sacristie.

• 3 septembre 1735, Mr. l'abbé Balthazard de Saint-André, enterré dans le chœur de l'église.

Premier feuillet des minutes paroissiales de Marcoussis de 1710 sur papier timbré (1 sol 4 deniers le feuillet) de la Généralité de Paris • 10 janvier 1750, « haute et puissante dame Marie-Madeleine d'Albon, décédée d'hier, âgée de 89 ans, veuve de haut et puissant seigneur Messire Benigne Le Ragois, dame de Bretonvilliers et autres lieux » a été inhumée dans le chœur de l'église par le prieur-curé Rousseau en présence de Messire Benigne Le Ragois de Bretonvilliers, son fils, Monsieur le comte de Sparre, maréchal des Camps des armées du Roy et de messire Jean Dumarle de Blancbuisson, chevalier de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, commandeur du Déluge, ses amis.

• 4 octobre 1754, Nicolas Josse, bourgeois de Paris, décédé la veille dans sa maison de Bellebat, âgé de 75 ans « a été inhumé dans cette église, en présence de Mr Pierre Josse son fils bourgeois de Paris, qui a signé avec nous ».

• 23 juin 1780, Messire l'abbé Mathieu Rousseau, prieur et curé de Marcoussis est inhumé d'après sa volonté expresse, sous le portique de l'église . L'abbé Rousseau était âgé de 75 ans. Le curé d'Orsay assure de service divin des funérailles en présence d'une assistance de qualité : Charles Presinot, écuyer, ancien garde du corps du Roy, frère utérin du défunt, messire Bernard Rome, écuyer, mestre de camp de cavalerie et chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, son cousin, de messire Charles marquis de Bullion seigneur de Bellejame,Guillerville, Vaugoulant et autres lieux, colonel d'infanterie, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, du sieur Nicolas Josse, écuyer contrôleur des guerres de la seconde compagnie des mousquetaires de la garde du roy et de Messieurs les curés de la conférence du doyenné de Châteaufort et de plusieurs autres curés de ses amis et autres « qui ont signé avec nous suivant leur rang et leurs qualités ».

Mentionnons deux autres actes de décès rédigés par Mathieu Rousseau, prêtre prieur et curé de la Magdeleine de Marcoussis :

1°) le 20 septembre1742, le père Mathieu Rousseau se présente au couvent des Célestins pour présenter le corps et les entrailles de « haut et puissant seigneur Alexandre d'Illiers, chevalier, marquis d'Entragues, seigneur de Marcoussis et autres lieux, décédé en son château de Marcoussis le mardy dix-septième du présent mois de septembre ». Le curé présente au vénérable père Claude Bénard, prieur « le cercueil et un baril de plomb ayant une plaque de cuivre portant les nom et qualités dudit seigneur et ses armes ». Suivant ses dernières volontés du défunt « le dit seigneur in extremis » et selon le désir de sa veuve, « désiroit de faire aussy l'inhumation de son cœur dans la ditte église paroissiale ». Le prieur des Célestins ne l'entend pas si bien car il prétend que « pour raison de laquelle distraction dont son testament n'avoit fait aucune mention, nous avons déclaré au sieur curé que nous nous pourvoirions contre luy par les voyes de justice dües et raisonnables afin d'être maintenus dans nos droits, en foy de laquelle inhumation que nous avons faite suivant le rituel de Paris ». Le 8 octobre un concordat est signé devant un notaire du Châtelet de Paris entre Mathieu Rousseau et le procureur des Célestins, ce dernier consent à éteindre la requête formulée contre le curé de Marcoussis.

2°) en date du 27 octobre 1748 pour le décès de Louis Labaude. Le défunt est qualifié de « garçon âgé de 66 ans, bourgeois de Paris demeurant ordinairement à Linas chez Mr. Gaudron, officier ». L'avant-veille, Louis Labaude a été trouvé noyé dans les fossés du château de Bellejame de cette paroisse. Il a été inhumé dans la nef de l'église de Marcoussis « avec la permission de Mr. Le Bailly de ce lieu en date du 26 de ce mois, en présence du sieur Pierre Henry Tannier, marchand mercier à Paris, cousin germain et du sieur Pierre Gaudron, officier du Roy ».

Une étude reste à faire pour dater une liste non décrite ci-dessus pour de nombreuses inhumations réalisées dans l'église avant celle provenant des registres paroissiaux existant actuellement. La période allant du XVe au XVIIe siècle.

De plus, nous pouvons observer les traces de litre funèbre peinte à l'époque de la famille Balsac d'Entragues. Selon Héricourt, la litre proprement dite ou « peinture funèbre » était « une trace de peinture noire d'un pied et demi ou de deux pieds au plus, sur laquelle on peint d'espace en espace les armes de celui qu'on veut honorer ». Elle ne pouvait être réalisée que pour un fondateur ou le patron de l'église. Ce droit pouvait également être lié soit au titre de seigneur haut-justicier, soit à la possession d'une chapelle de fondation dans une église. Ce dernier cas est celui que l'on rencontre à Marcoussis.

À suivre….

Notes

(1) Louis Malet de Graville succéda dans la charge d'amiral de France à Louis de Bourbon (mort en 1487), fils bâtard que le duc Charles 1er de Bourbon eut avec Jeanne de Bournan.

(2) Les biens de l'amiral furent partagés en trois parts au profit de ses filles Louise, Jeanne et Anne. Marcoussis fut dévolu à Jeanne de Graville, Madame la vidame d'Amboise.

(3) Saint-Vincent de Paul envoyait ses missionnaires dans tout le royaume et à l'étranger: l'an 1639 voit Vincent organisé les secours en Lorraine ravagée par la guerre, la peste et la famine ; en 1646, la fondation de la mission d'Alger et en 1648, la fondation de la mission de Madagascar ; en 1649, Saint Vincent intervient auprès de la Reine et Mazarin en faveur de la paix ; en 1651, Vincent organise des secours en Picardie, Champagne et Île-de-France, dévastées par la guerre.

(4) Les historiens décrivent l'état catastrophique de la France en ces termes : « Durant l'hiver 1693, l'Hôtel-Dieu de Paris voit chaque jour mourir de faim plusieurs centaines de personnes. D'autres, faute de lit, périssent en pleine rue. La Reynie , lieutenant général de la police, tente de prévenir d'éventuelles émeutes en faisant construire une trentaine de grands fours dans la cour du Louvre pour y cuire chaque jour 100.000 rations de pain vendues deux sous la livre ».

(5) Alors que Jean-Baptiste Bourguignon est gravement malade et infirme, déclarant ne plus pouvoir écrire ni signer, il fit l'échange de la cure de Marcoussis avec Jean François Chardon, prestre, l'un des curés de Saint-Didier de Bruyères « la permutation faite avec le bon plaisir et agrément du Saint-Père et tous autres supérieurs ecclésiastiques… ». Il mourut en 1715.

(6) Selon certains historiens, cette tradition remonterait au temps des catacombes.

(7) Pour une étude complète le lecteur se rapportera aux ouvrages suivants : 1°) Régis Bertrand, Le statut des morts dans les lieux de cultes catholiques à l'époque moderne », ( Rives méditerranéennes (2005). Consulter [http://rives.revues.org/index60.html]. 2°) Durand de Maillane, Dictionnaire de droit canonique et de pratique bénéficiale , Paris, 1761, 2 vol. et rééd. très augmentées (Lyon, 1776, 5 vol.). 3°) abbé M. du Saulzet, Abrégé du recueil des actes, titres et mémoires concernant les affaires du clergé de France ou table raisonnée en forme de précis des matières contenues dans ce recueil , Paris-Avignon (édition de 1771), 14 vol. 4°) Louis de Hericourt, Les lois ecclésiastiques de France dans leur ordre naturel et une analyse des livres du droit canonique conférées avec les usages de l'église gallicane , Paris, nouv. éd. (posthume), 1771.

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