Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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L'Histoire de l'abbaye royale de Morigny lez Estampes

Brouillon

les edet 'rmt LES ANTIOUITEZ DE LA VILLE , ET DU DUCHE’ D ÎSTAMP TROISIEME PARTIE. CONTEN ANT E S- L HISTOIRE DE L'ABBAYE ROYALE DE MORIGNY LEZ ESTAMPES; TIREE DE LA CR O NIQUE DES TITRES, Chartes, Tombes, & autres enscignemens de la meme Abbaye ; AVEC DES REMARQUES SUR CETTE CRONIQUE, lervant d’cclaircisTement à des Paslages obscurs , qui s’y rencontrent, ausli bien que dans l’Histoire de France.

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D *E S # ANTIQUITEZ DEL'ABBAYE DE MORIGNY- PROCHE DE LA VILLE D’ESTAMPES. L y a-au territoire de Beauvais en Picardie une celebre Abbaye de l’Ordre defaint Benoist, ap- Brev. Tccleji* pellée communément Flex,autrement S.Germer; Belloiacenst!> oarce que ce Saint en fut le Fondateur, ôc que 'ayant dotée de son propre patrimoine, du temps ^ ^ ^ de Clotaire 11. fils de Chilperic premier Roy de France, il en fut ensuite le premier Abbé. Les Religieux y vécurent en grande sainteté jusques au temps de Charles le Chauve, Empereur, & Roy de France, que les Danois, &: d’autres peuples éuNort étant entrez en France par l’embouchure de la riviere de Seine, ruinèrent de fond en comble ce Monastere. Les grands miracles que Dieu opera par l’interceslion de ce saint Abbé dans la ville de Beauvais , où ces Religieux ^voient transféré son corps „ comme leur plus précieux tresor, à l’arrivée des Danois, donnèrent sujet à Dreux Evêque de la même ville, de faire rebâtir un Monastere à Flex sur les ruines du premier. Il consacra l’Eglise de ce nouveau Monastere sous l’invocation delà tres-sainte Trinité, tan 1130. et: y mit un bon nombre de Religieux sous la conduite de O o o

N Mirare qui legi hac y et an* tiquorum noerorum lauda constantiam , qtit per tot penurias y per tôt tribulationes hoc in Ijco per-severavernnt, adtsicia , omnia quA hjic ternis ex pauperum e~ leemojînis con-Jlraxerunt. Non Rex , non Cornes , non aliquis Magnatum horum aliquid in sit tuit. Cron. lib. i. habetur, to. 4. hili. Fr. |474| LES ANTIQTJITEZ DE LA VILLE Gaukier, Religieux Profes du Monastere de saint Maur-de$-For, sez prés de Paris, afin d’y faire revivre la régularité , que l’on avoir autrefois veu florir en ce lieu-là. Cet Evêque reüflït heureuse. ment dans Ton deslêin : car un Gentil-homme nommé Anseaufi|s d’Arembert, fut tellement touché de la sainteté de vie de ces Religieux nouvellement établis » qu’il souhaita que l’odeur de leurs vertus se répandit plus loin, et .que leurs'bons exemples profitai, sient à plusieurs autres. Pour cet effet , il leur donna en premier lieu les biens qu'il posledoit au bourg d’Etrechy, proched’Estani-pes, avec les droits qu’il avoir surl’Eglilc du meme lieu , où l’on y envoya d’abord une colonie de ces Religieux. Et après cette première donation., il en ajouta une seconde,par laquelle il leur donna les héritages , et les biens qu’il avoir au village de Morigny, distant d’une bonne lieue d’Eftrechy , de l’autre côté de la rivic. re , en approchant d’Estampes. Cette donation ayant été consirmée par Hugues /Seigneur du Puist’et en Beauslè, duquel An-sieau étoit vaslàl, la beauté, etr la commodité du lieu invita ces Religieux à changer leur demeure, quittant Etrechy pour allerdc-meurer à Morigny. Ils mirent aussi-tôt la main à l’œuvre : Ft comme remarque la Cronique de la même Abbaye de Morigny, sans être aidez d’autres charitcz que de celles des habitans d’E-stampes, et de quelques personnes de pieté des environs,ils bâtirent en peu de temps une Eglise, et un Monastere capable de con-tenir un nombre considerable de Religieux. Outre ceux qui contribuerent au bâtiment, il y en eut d’autres qui donnèrent des terres, des héritages, et d’autres droits à ce nouveau Monastere ,pour donner moyen à ceux qui y residoient,d’y vivre avec quelque sorte de commodité : parce qu’il n’y a rien qui empêche davantage les Religieux de vivre sélon leur profcstîon que la necestité : de même que la trop grande abondance est ordinairement l’origine de leur diiïlpation. Comme cette nouvelle Abbaye étoit une colonie de celle de ' Flex, il fut accordé que celle de Morigny, parce quelle étoit la derniere fondée ,dépenderoit de celle de Flex :et que pour mar-quedefa sujetion, elle luy gayeroit chaque année, une certaine quantité d’huile : et: que celle de Flex seroit obligée de Ton côté ce donner deux Religieux à Morigny , l’un pour être Prieur, et l’autre Chantre , et quelques autres choses qui ne sont pas clairement exprimées. La fjonue intelligence duraquclques années entre les Religieux ET DU DUCHE' D’ESTAMPES. |475| de ces deux Abbayes, qui sc rendoient les uns aux autres cc qu’ils se dévoient réciproquement. Mais enfin l’esprit de diseorde qui ne peut souftrir l’union entre les frères , fit naître quelques différends entr’eux ; parce que les Religieux de Morigny avoient re-fusé pendant plusicurs années de payer, et fournir l’huile dont ils étoient redevables à ceux de Flex :ce que voyant un Gentil-homme nommé Vvlgrinus , Chambellan du Roy Philippe Premier, amy commun des parties, et les voulant accorder, il achepta de ses propres deniers un fonds , à la bienseance des Religieux de Flex,suffisant pour leur fournir l’huile qui leur étoit deuë, et pour les recompenser des arrerages qui étoient écheus , et leur en fit donation; après quoy ils transigerent avec ceux de Morigny, de les déchargèrent de l’huile qu’ils leur dévoient, de toute autre sujetion et dépendance : etceux-cy pareillement les quittèrent de l’obligation de leur donner deux Religieux pour être l’un Prieur, et l’autre Chantre, et de toutes les autres choses qu’ils pouvoient prétendre d’eux. Cette transadion fut écrite double sur un parchemin, au milieu duquel on fit un sigue de Croix , puis étant coupé en deux, chacun des intcreÆez prit sa part contenant une copie de la teneur suivante. In nomine sancta, (si invidua T'rinitatis , Amen. Noverint uni-versi tdm prflentes qu dm futuri, locum qui Mauriniacus appellatur, et va nomme [ancfœ Trinitatis dicatus esl, à domo, (si Monachis Fla-viacensibus fuisse fundatum. Quidam enim Miles Ansellus nomine, Utras, et fundos quibus locus ifle primitus initiatus esl,pretdicfo Fla-viacensi loco, concédai te Nugone de Puisiiaco ( Puislêt ) Domino suo,contradi dit. •Crevit autem adis cantibus Monachis donec in Abbatiam tinversus esi. Consli tuto autem Abbate Domno Rainaldo , Flavia-tinsi Monacho , subjetfionem , .(fi olei summam per slngulos annos retinuerunt: cetera monachis ibi servientibus dimiserunt. Emergentibus tjuibusdam dissentionibus, quas enarrare longum nec necessarium esl, fradiefum olei redditum atque subjectionem , regia violentia , longo tmpore perdiderunt : unde contigit ut inter Flaviacenses , (si Mauri-niacenses slmultates, necnon, (si odia diseurrerent ; adeo ut vicinis eorum tam monachis qudm laids non parum res ita displi ceret. Providenti autem Dei clementia, (si finem jurgiis ponere disponente, -quidam vir optimus nomine Vulgrinus ■> filius G0ardi, Philippi Regis Camber-hnus diseordiam islam diu durare non patiens sluo, (si verbo, (fifumatu redditum quemdam praparavit, ubi Flaviacenses pradictam olei summam sine difficultate aliqua singulis annis acciperent. Faci a esl Ooo i;

Cronique >1 |476| LES ANTI Q U IT EZ DE LA VILLE . itaque concordia tali patio , ut esi Flaviacenses redditum suum haie' rent.esi omnem illam subjectionem ^quam d MaurigniacenRbus ex petebant. omnino dimitterent : ipsi vero consuetudinem illam quam a Flaviacensibus expetebant, videlicet de Priore. esi Cantore, atque de omnibus qua eis debebantur , ex toto dimi serunt. Sciant ergo omne i scire volentes quod firma pax. esi vera concordia aternaliter inter utns que confirmata esi . ita ut Flaviacenses, remota omni occasione sim0 nia . quod suum esi ..habeant : esi Maurigniacenses ab omni eorum sùbjcctione sint liberi. Cuicumque hoc pactum dissolverit. et fraudem aliquam molitus fuerit. anathema sit. Atium efi hoc anno ab Incar. natione Domini mcvi. Regnante Philippo. Le Roy Philippe Premier est le plus insigne bienfaeteur de l’Abbaye de Morigny > non seulement pour sa dignité Roiale;mais auslî pour les biens considerables qu’il luy a donnez. Ce Monaste-re avoir été bâty sur un fonds tenu efi fîef d’Evrard , Seigneur du Puisset ,à qui par consequent étoientdeues toutes les prerogatu ves, 6c les autres droits que les Seigneurs de fief ont accoutumé de prendre sur de semblables Eglites 8c Monasteres. Le Roy, pour délivrer les Religieux de cette sujetion : 6c afin qu’ils ne teins. sent rien que de Sa Majesté , sçaehant qu’Evrard avoit besoin d’argent pour faire le voyage de la Terre-Sainte , auquel il s’é-toit obligé en se croisant , achetta de luy le fief de Morigny ,1a somme de cent livres : 6c le donna à l’Abbé, 6c aux Religieux sans leur imposer aucune condition ; mais en pure aumône, comme dit la Cronique de cette Abbaye. * Philippus Rex Francorum . fuit hic vir mira prudentia , ÿergt ifium locum . qui suo tempore <æpit, esi benevolentisiimus . esi muni fi centisimus. Cumque videret Abbatiam isiam procerum suorum .virorum Stampensium donis supra spem excrescere ; vir altioris ingenii, ut eam in eleemosinam posiideret, émit eam ab Fbrardo . de cujus feo-■ do pendebat. esi Hierusalem prosiciscebatur. Et plus bas. Hic etenim Rex Ecclesia huic. qua suo tempore fundata fuit . munificus extitit: eam namque ab Fbrardo Puteoli Domino , de cujus feodo erat. centum libris emit. Cette donation fut bien-tôt suivie d’une plus consi-derable. Il y avoit à Estampes-les-Vieilles une Eglise de saint Martinî qui étoit.deservie par des Chanoines, dont le Chefportoit le titre d’Abbé. Le Roy se resolut de supprimer ce Chapitre, et de donner PEglisc, ôc les Prebendes aux Moines de Morigny. Cette resolution fut incontinent suivie de l’effet, car il fit expédier %

ET DU DUCHE' D’ESTAMPES. |477| pour les Religieux les Lettres patentes suivantes. In nomine sanda , et individua Trinitatis > Philippus Vei gratin . P rancorum Rex : Notum fieri volumus universis sanda Vei Ecclesia cultoribus, dr omnibus fidelibus nosiri s tàm Laids quam Clericis, pra-sentibus videlicet, et futuris, quod Ecclcsiam Beati Martini de Veteribus Stampis , temporis ordine Canonico praefulgentem, nem Abbatiam ejusdem Ecclesia , qua nosira propria erat , Monasie-rio [ancla Trinitatis de Novis Stampis , et Rainaldo tunc temporis ejusdem loci, qui Maurigniacus vocatur, Abbati, /zee Con- ventui fratrum sibi commisso , pro Deo , anima patris nosiri remedio , consilio , dr ajsensu Ludovici filii nosiri, donavimus , donando posidendam , et habendam in perpetuum'concesimus : tali videlicet tenore', talique determinatione eleemosinam isiam sanda Trini-tati qua Deus esi, concesiimus , ut Canonicis , eo tempore vivebant. comite Canonicas , tp/w Prabendas vocamus, canonice tenere liceret. Si vero vendere qualibetoccasione quilibet eorum, vel omnes vellent, aut Abbati sanda prafata Trinitatis vendant-, aut, alio emptore penitus remoto , dimittant. Hoc etiam definivimus ,si aliquis ipso-rum Canonicorum infirmitate pragravatus , vel pro cimis de morte anima metuens, habitum sanda religionis recipere proposue-rit, in prafata domo sanda Trinitatis panem Ecclesiasiicum habitum sandi Bene didi, quasifrater ejusdem loci, omni posiposita pecunia , paratum inveniat. sfui autem ' in domo su a viam universa cumis ingressus fuerit, obsequium , et omne debitum anima , quasi frater Monachus , a prafatis fratribus Monachis , Veo valenterecipiet. Et ut hac chantas firma, et inconvulst permaneat, memoriale isiud inde fieri, et nosiri nominis charadere, et sigillo signari, et corroborari pracepimus. Afiantibus de Palatio nosiro quorum nomina sub titulat a siunt, et signa.Hugonis de Creciaco. Vapiferi nollri. Gar-sionis de Pis iaco Consiabularii. Pagani Aurelianensis Buticularii.Ga-leranni Camerarii. Adum Aurelianis in Palatio, anno ab Incarnatione Domini mcvi. regni vero nosiri xlvi. Stephanus Cancellarius relegendo subscripsit. Interfuerunt in tcsiimonium veritatis, Bartholo-maus de Fulchosio. VulgrinusGohardi filius de Stampis , Hugo Rua-nova, Petrus Camberlanus. Par ces Lettres patentes le Roy donna à l’AbBé, et aux Religieux de Mcrigny cette Eglise avec tous ses droits, et tout ce qui luy appartenoit, à cause de sa qualité d’Abbé , et toutes les Prehendes à mesure qu’elles vaqueroicnt par la mort des Chanoines qui les posTedoient, lcsquels deslors il priva de la faculté d en Ooo iij |478| LES ANTIQUITEZ DE LA VILLE pouvoir disposer en quelque maniéré que ce fut, qu’en faveur de l’Abbé de Morigny. Il ordonna que les Chanoines , qui voudroient faire profestion de la vie reguliere dans l’Abbaye de Morigny ,y • fuflent admis, et y eusl'ent des prebendes comme les autres Religieux : et: qu a la mort de ceux qui mourroient dans leurs maitons les Religieux fident des suffrages pour eux de même que pour les Freres défunts. La Cronique remarque que pour affermir cette donation le Roy étant à Estampes avec Louis son fils aîné , et son succcsleur designé, voulut qu’il témoignât par une ceremonie extérieure son agréement. Ce jeune Prince alla accompagné d’Amaury Seigneur de Montfort, et d’autrés Seigneurs, au Monastere , où il fit aslem-bler dans le Chapitre l’Abbé et les Religieux : puis s étant fait rc-presenter les Lettres patentes de la concesiion , que le Roy sou Pereleur avoit faite, de l’Eglise,et? des prebendes de saint Martin des vieilles Estampes,il les prit, et en presence de toutePaslèm-blée il les mit sur l’Autel, pour marque authentique qu’il l’ap-prouvoit. Quelques années après les Religieux jugerent à propos que leur Abbé, appellé Thomas , qui étoit un excellent Prédicateur allât en cette Eglise , le jour de la fête de saint Martin, y chanter la Mesle, et faire la prédication : mais les Chanoines, qui n’avoient pas consenty au don du Roy, non plus que L’Archevêque sur l’autorité duquel ils s’appuyoient, s’opposerent aux desieins de l’Abbt: et l’auroient chasiê avec injure , si luy-même , usant d’un sage conseil, ne fe fût retiré pour éviter le tumulte qui commencoit â s’élever. Mais étant appuyé de l’authorité d’A'nseau de Garlande grand Maître de la maison du Roy, de plusieurs Courtisans, et des per-sonnes les plus considerables de la ville , qui l’estimoient beaucoup pour sa doetrine , porta ses plaintes au Roy Lciiis VI. dit le Gros , qui avoit succedé au Royaumepar la-mort du Roy Philippe son Pere, et qui étoit alors à Estampes , et luy fit entendre le mauvais traitement que les Chanoines de saint Martin luv avoient fait. Le Roy écouta l’Abbé , et fit comparoître les Chanoines en son Palais pour consentir au don, que son Pere et luy avoient fait de leurs prebendes, et de leur Eglise aux Moines de Morigny. Les Chanoines comparurent : ils consentirent à cette donation de Sa Majesté par ses Lettres patentes- de la teneur sui vante-. « • i ET DU DUCHE' D’ESTAMPES. |479| ïn nomine sa nef £ et individuet Trinitatis. Ludovicus Dei gratia Francorum Rex : Notum feri volumus universssanet et Vei Ecclesia cultoribus , dr omnibus fidelibus nosiris , tdm Lai cis quàm Clericis , pra-sentibus scilicet et futuris, quod Thomas Maurigniaci Abbas prasen-tiarn nosiram humiliter expetivit , et ut domum de Ecclesia- Beati Martini , qua esi apud veteres Stampas , quod Ecclesia • Maurignia-censi, meo consilio et asiensu pater meus antea fecerat, confirmarem , devote requisivit. Videns igitur rationabilen viri petitionem , ut elemosina patris mei , et mea firma teneretur , donum supradictum cum proceribus nosiris, quorum nomina infra desiribuntur, confirmando renovavi, et renovando confirmavi. Ecclesiam ergo Beati Martini de veteribus Stampis , in qua decem adhuc Canonici morantur (duas etenim Monachi jam prabendas obtinebant) et totam Abbatiam ejusidem Ecclesia, qua no(Ira propria fuit, Monasierio sanbta Trinitatis, pro Veo et anima patris mei, et mea remedio donavimus , dr p°sii-dendam in perpetuum concesiimus , eo videlicet, tenore , ut sicut in donativo patris mei insiitutum esi, Canonici dum viverent et vellent prabendas suas Canonice posiiderent : venderre vero qualibet occasioney vel cuiquam relinquere nullo modo valerent , sed loco supradicto , id esi Maurigniaccnsi Coenobio, vel viventes sponte sua, vel morientes , omni emptore, vel suca’fore penitus remoto 3 dimitterent. Iusiitia vero eorum , in manu Ma u ngn i a cenjis Abbatis , quippe quia illorum erit Abbas, habeatur. Si quis Monachus essici voluerit, hbentisiimc Jdfii-piatur. Actum Stampis inpalatio publice, anno Incran. Verbi MCxir. anno vero consiecrationis nosira iv. prasentibus ac tesiimonium veritatis prohibentibus quorum nomina siubtitulata siunt et signa. AnselU tunc temporis Vapiferi nosiri. Gilberti Buticularii nosiri. Guidonis Camerarii nosiri. Hugonis Consiabularii nosiri. Jj)uod ut in posierum vigorem habeat nosiri nominis char abiere et sigillo signari dr corroborari pracipimus. Pagani filii AnselU. Joannis filii ejus. Pagani de Buno. Theodonis silii Vrsionis. Vulgrini filii Goardi. Ada de Chaali. Arnulphi filii Arardi. Herberti filii Herpini. Haunonis nepotis. Ste-phanus Cancellarius relegendo subscripsit , in Ecclesia Beata Maria coram nobis, Archipresbitero , qui in loco Archiepiscopi interfuit hoc concejserunt omnes Canonici. Gislebertus Canis , Theobaldus Méfier. Hugo Cantor, Guillelmus 'TJmbaldi filius. Arnulphus clericus Algri-nus filius Guilielmi Presbyteri , dr Guillelmus frater ejus. Galterius Clericus. Vvalimus filius Arnulphi, VrocoHerbertus filius Fulconis. U y a sur tout deux choses à observer touchant cette confirmation :1a première que le Roy déclaré que l’Abbé de Morigny,en

Chron, /. t. |480| L-ES A NTIQUITEZ DE LA VILLE qualité d’Abbé de l’Eglise de saint Martin , a jurisdiéHon sur les Chanoines qui y relient, et tant qu’ils y auront des Prebendcs : et la fécondé, que l’Archiprêtre , c’est à dire le Doyen de l’Egiise Métropolitaine de Sens, astista à cette asl'emblce au lieu de l’Ar. chevéque : d’où l’on infere que cette Charte ne futexpediée qu’aprés qued’Aimbert fut demeuré d’accord de confirmer la donation du Roy, si les Chanoines y consentoicnt véritablement, comme on le luy faisoit entendre. D’Aimbert n etoit pas si affeélionné aux Moines de Morigny que Richer son predecesléur : et l’Abbé apprehendoit de ne pouvoir pas obtenir de luy la consirmation qu’il desiroit. Anseau son bon amy , luy conseilla d’employer l’autorité du Roy envers l’Archevêque. Il eut la bonté d’écouter la proposition qui luy fut faite de parler à d’Aimbert, et: de le porter à confirmer cette donation. Le Roy commanda à l’Abbé de le suivre à Melun, où d’Aimbert devoir se trouver pour des affaires d’importance qu’il avoit à traiter avec luy. Le Roy donc proposa l’affaire à l’Archevêque qui y apporta d’abord beaucoup de difficulté. Mais enfin après avoir écouté tout ce que le Roy et plusieurs Seigneurs de la Cour luy dirent en faveur de l’Abbé et des Religieux de Morigny, il répondit qu’il ne pouvoit confirmer cette donation qu’il n’en eût conféré avec son College. L’Abbé suivif d’Aimbert à Sens, pour ap-prendre la resolution que l’on prendroit sur son affaire, l’Archevêque conféra avec son Çlergé : la resolution fut que Raoul, Doyen du Chapitre , se transporteroit à Estampes pour écouter ce que les Chanoines de saint Martin voudroient opposer. Les Chanoines furent convoquez dans l’EgliÇe de Notre-Dame. Ils y comparurent avec leur Chantre , et• en la presence- du Roy et de l’Archiprêtre ils déclarèrent qu’ils consentoient à la donation qui avoit esté faite de leur Eglise et Prebendes aux Moines de Mo-rigny souserivirent la Charte que fay raportée. L’Archiprêtre s’en retourna à Sens, où ayant fait son rapporta l’Archevêque et à son Chapitre de ce qui s etoit pasïé à Estampes en sa presence, d’Aimbert confirma la donation etr l’union faite par les Ro\sPhi-îipp e^c Loüis de l’Eglise et des Prebendes de .saint Martin, à .l’Abbaye de Morigny par les Lettres suivantes. Jn nomine Domini. Duimbertus Archiepiscopns , seiant prœsentes pariter et futuri , quoniam'venerabilis frater Abbas Maurigniacen-sis Coenobii, nomine Thomas, accedens humiliter ad Metro polit anm sedem nojlram, cum omni devotione et humilitate nobis supplicavit, ut

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r :s y e n »• a s \m» V T t ! ET DU DUCHE' D’ESTAMPES. A%t ut Ecclesam de veteribus Stampis in honore Domini. commemorationi 'Beati Martini dedicatam , sibi et successoribus suis perpetuo posiiden-• iam concederemus,sicut Philippus Rex et Ludovicus filius ejus, itidem Rex donum sibi fecerant ( eandem enim Ecclesam ipsi reges Mauri-gaiacensi Coenobio jam prius attribuerunt ( et ut ipjam largitionem confirmaremus Regia nos preces incitabant. Nos autem illud potius dominicum attendentes, ubi dicitur Petite et dabitur vobis , pulsate et aperietur vobis : religiose fratris petitionem irritam ejse nequa-ouam sustinuimus ; sed juxta illud Evangelicum petenti cum fide y foslulanti cum spe aperuimus, divinis obtutibus placere,et regiis pre-, cibus satisfacere, et fraterna utilitati providere,sub uno opere, nos posse credentes. Igitur. Ad laudem et honorem Domini, ex consinsu fratrum, Canonicorum scilicet ejusdem Ecclesu concedimus Maurigniacensi Coenobio pradUiam Ecclesam perpetuo posidendam, ea videlicet ratione ut Canonici pra-sentes suas quamdiii vixerint, in pace teneant prabendas , ni si forte violentia omni remota , Abbati Maurigniacensi eas guerpire confindant: posi obitum vero singu lorum, singula prabenda tran siant in jus et dominium Maurigniacensis Abbatis, salvo jure Senonensis Ecclesia ' ser omnia primus per medium usque ad ultima. Data Senonis mensi Ianuario , Indictione quinta, regnante Ludovico Rege anno quarto. Paimbertus Archiepisiopus subsinpsit. Ansellus Archidiaconus sub feri-fjit. Hato Archidiaconus subsiripsit. Tetbaudus Archidiaconus siub-siripst. Giraldus Archidiaconus subscripsit, dr Burchardus Archidiaconus subsiripsit, dr Girardus Cancellarius scripsit. Après que l’Abbé eût obtenu de l’Archevêque la confirmation qu’il desiroit , il alla à Rome à la persuasion d’un nommé Payen Chanoine de Chartres , tres-afFeélionné au bien de Ton Abbaye, et en la compagnie du même Chanoine, et d’Alberic un tie Tes Religieux , homme de sainte vie , où il obtint du Pape Paschal II. la confirmation des’donations que le Roy et l’Archevêque avoient fait à son Abbaye , comme la Cronique l’a remarqué. Il n’est que trop vray qu’il y a souvent de l’envie enfre les ùeres. Bolon Abbé de Fleury , autrement dit saint Benoist sur Poire , en conccut beaucoup contre les Religieux de Môrigny, de ce qu’ils avoient obtenu le don de l’Eglise, et des prehendes des vieilles Estampes , qu’il eût bien voulu pouvoir leur oster. Cet Abbé s’adresla à Estienne de Garlande, Chancelier de Fiance, Pomme tres-puiüant auprès du Roy, et qui gouvernoit toutes les ’ • # • ’ PPP

Cbron. libt. Chron. lib t. /•578.

LES ANTIQJUITEZ DE LA VILLE affaires de la Cour comme il vouloic ; 6c qui n’avoit nulle affeélion ny pour l’Abbé, ny pour les Moines de Morigny. Il sc laisla bientôt gagner par les presens, 6c parles promesses qu’il luy fit: et voulut persuader au Roy , que son Pere,avant que de donner l’Ei>lise des Vieilles Estampes à l’Abbé, 6c aux Moines de Morigny ,1’avoic donnée à ceux de Fleury, 6c ainsi que la donation qu’il en avoic faite à l’Abbaye de Morigny étantpostei icure d’unechosedont’ il ne pouvoit plus disposer, étoit nulle. L’Abbé Thomas sutaver-cy de ce qu’Estienne avoir dit au Roy. Il alla premièrement trou, ver le meme Estienne à Estampes; mais il ne voulut point l’écouter. Ensuite, il alla vers le Roy en compagnie de Guy, Vicomre d’Estampes, 6c de Vulgrinus Religieux de son Abbaye. I! le rencontra à Châteaufort f c’est un bourg à quatre lieues de Paris,^ à deux de Chevreuses; siege d’une Prévôté Roiale, etd’unDoien Rural sous l'Archidiacre de Josas, au Diocese de Paris.) le R0y écouta benignement les remontrances qu’il luy fît, et: ses exeuses de ce qu’il n’avoit pas encore étably des Religieux dans TEglise des Vieilles Estampes, non pas parce qu’il faisoitpeu d’estimedu bienfait de Sa Majesté : mais pour la pauvreté du ieu, protestant qu’il étoit disposé à y en établir, et: à leur donner du revenu de son Abbaye pour les y entretenir. Le Roy fut fatisfait de cette réponse: Et le Chancelier bien confus receut l’ordre d’expcdicri l’Abbé toutes les Lettres qui luy étoient neceslaires. Le Dimanche sui vaut Thomas accompagné du même Vicomte d’Estampes, 6c des performes les plus qualifiées du lien , établit ,et mit en pof-feftîon de l’Eglife de faint Martin, des Religieux pour y refider aéhiellement , 6c faire le Service divin conjointement avec les Chanoines qui y reftoient. En la même année que le Roy Philippe donna à l’Abbaye de Morigny l’Eglife,et: lcsPrebendes de faint Martin ,à la prierede Régnault, que la Croniquemet le‘premicr Abbé, il affranchicjes fêrfs de cette Abbaye, fans autre motif que de plaire â Dieu,etde contribuer par cette aélion de pieté, 6c de mifericorde au feulage-ment 'de l’amc de fon Pere, 6c pour le falut de la ficnne. Et par un privilège fpecial, il ordonna que tous ces ferfs nouvellement affranchis /que les autres déjà affranchi^de cette Abbaye, jouïroient dans toute l’étendue de fon Roiaume , des mêmes Loix, 6c Garnîmes que fes propres fervitcurs , comme il éft porté par la Charte fuivante. * In nomme fanctœ, et individua Tvinitatis. Philippus Vei grati»

ET DU DUCHE' D'ESTAMPES. pr ancorum Rex : Notum fieri, volumus univerfis fanct œ Vei Ecclefiœ cultoribus; et fidelibus nofiris Stampenfbus Marconi, de Hœrvœo ejus filio, Vrfioni, Bannonj , Pagano Anfelli filio , loanni ejus filio , Alberto cjufdem Pagani fratri , Manerio fus filio, Vvlgrino Camberlano no-ftro, caterifque militibus atque fervientibus nofiris quod univerfis fervis atque Colibertis (ancta Trinitatis de Stampis pr^fentibus , defututis , leges illas, de confuetudincs eafdcm , quas fervi nofiri habent de tenent in omnibus,de per omnia, pro amore Vei,de anima Patris nofiri, et nofiri ipfius anima remedio concedendo concedimus pofiidendas de habendas. Concedimus etiam ut ubicumque terrarum in regno nofiro difpergantur, fervientibus nofiris lege confimili, de confietudine una coaquentur.Et ut hœclibertas firmande inconvulfa permaneat in fervis functa Trinitatis , memoriale ifiud inde fieri, et nofiri nominis charactere , de figillofignari , de corroborari pracepimus , adfiantibus de Palatio nofiro quorum nomina fubtitulata funt , de figna. Bubonis de Creceio Vapiferi nofiri. Gafcionis de Pifiiaco Confabular ii nofiri. Pagani Aurelianenfis Buticularii nofiri. Guidonis tunc temporis Ca• vnerarii nofiri.Notum etiam fit omnibus quod tempore, d“ vivente Rai-naldo Abbate fancta Trinitatis, de petitione ipfius , de Capituli fa-ttum efi ifiud ac quafitum , annuente , de laudante Ludovico filio nofiro. Actum Pifiiaco in Palatio, anno ab Incarnatione Vomini MCVii anno vero regni nofiri xlv. Stephanus Cancellarius fubfcripfit. Louis VI. furnommé le Gros , voulant ajouter des grâces à celles que Ton Pere Philippe avoit fait à l’Abbaye de Morigny par une Charte,de l’an mcxvii. neuvième de Ton régné , il accorda à la priere de Thomas Abbé , etr de tous Tes Religieux une Foire, pour être tenue à perpétuité pendant huit jours , avec tous les droits dcûs à Sa Majefté, au marché qui fe tient une* fois la Se- • mairie à Eftampcs, qu’il veut être tenu cette Semaine-là à Mo-rigny*. avec toute juftice , et coutume qui peuvent appartenir à une Foire : et faufeonduit pour tous les habitans d’Eftampes , tant en allant, fejournant, qu’en retournant de cette Foire> fans qu’aucun de fes Officiers puifl'enc exercer fur eux fa Jurifdiétion , fi ce n’eft qu’ils fufl'ent pris en'flagrant délit. Se refervant le peage , et: autre droit ordinaire fur les Marchands qui achetteront, et: vendront dans Eftampes le Châtel. De plus, il affranchit de la Ju-fifdiclion de fon Prevoft , et autres Officiers les habitans de Mo-dgny, fur lefquels il deffend auffi à fes Officiers de faire aücune cxaetion. Voicy la Charte de cette conceffion. In nomine fancta, de individu etT rinitatis, de in chnfii nomine„ ppp ij |484| LES ANTÎQUlTEZ DE LA VILLE Ego Ludovicus Dei difp enfante mifericordia in Regem Francorum fu: blimatus : Notum fieri volo tam futuris , quam et infantibus, qtibd nofiram adiere prafentiam Domnus Thomas , Myurigniacenfis Abbas totufque ejufdem Ecclefia conventus ; humiliter depofcentes pro anima, rum ? atris mei, et matris mea pradecefforumque nofirorum remedio nundinas quafdam , quas ferias vulgato appellamus 5 Ecclefia Mau-rigniacenfi pofiidendas in perpetuum concederemus. Quorum petitio, nem miferi cordi ter amplexus, eidem Ecclefia nundinas in 0 ci abus Ver., tecofies incipientes per totam Hebdomadam ufque ad Dominicam fi. quentem perdurantes concefiimus. Remifimus etiam in manu Abbatis cfi Ecclefia omnes fi fit ti as , et confuetudincs ad eafdem ferias pcrti. ' nentesy adjungentes qubd in nullis Maurigniaci hofpitantibus aliquis Prapoftorum , vel Minifirorum nofirorum aliquas fifiritias vel ex%. ttiones inferre audeat. De Stampis ateum habitantibus ad eafdem ferias venientibus, vel ab eifdem redeuntibus, vel in termino nundi. narum, vel ante terminum , vel pofi terminum, ne aliquis minifier no. fier aliquas fifiitias faciat, nifieos in prafenti fonsfacto invenerit, infiituimus. Dum autem reperti mercatores in ca fie Ilo nofiro erunt aliquid vendiderint vel emerint, teloneum nofirum , et quod confie, tudinarium efl, habebimus. Donavimus etiam fu p radi Ha Ecclefu in perpetuum forum nofirum eidem Hebdomada interpofitum, pracipientes ut nullum Stampis infra hebdomadam prout effe folet, habeatur fi. rum , fed apud Maungniacum transferatur. Veriim ut hoc firmum,et ratum permaneat in perpetuum prafentem chartam nefiri auctoritate figilh firmatam , et corroboratam fieri difpofuimus, qua çfi ifiuddno-bis datum, et conccffum patenter exponat : cfi in monimentumfiMi. tatis perpetuo exifiat. Atium Pari fus an. Ineam. Verbi m cx vn. Re. gnivero nofiri ix. Adelais Regina tertio. Adfiantibus in Palatio nojho quorum nomina fubfiitulata funt, et fi^na- Anfelli Dapifcri.Huvc. nis Confiabularii. Gilberti Buticularii. Guidonis Camerarii. Data per manum Stephani Cancellarii. Le Pape Gelafe II. étant mort en l’Abbaye de Cluny, au com-mencement du moisde Février mcxix. et: Guy Archevêque de Vienne en Dauphiné,$C Cardinal,fils de Guillaume Telle Hardie >Comte de Bourgogne, en ayant appris la nouvelle , il vint àCluny pour le confoler avec les autres Cardinaux , qui s’y écoient trouvez au deccs du fouverain Pontife. Il n’y fut pas plûtôt arrivé qu’on luy dit, que l’on avoit jetté les yeux fur luy en fonabfence, et qu’on l’avoit éleu pour occuper le Siégé de fatnt Pierre en la place du defïunt. Guy fut extrêmement furpris d’une telle refo« ET DU DUCHE’ D’ESTAMPES. 485 _ lution, ettous les Cardinaux ,ny les Prélats ne purent le porter, par leurs prières, à confentir à Ton élection , avant que d’être af-furé qu’elle écoit agréable au peuple Romain. Il fut confacré fous le nom de Calixte 11. et incontinent après fa confecration , il re-folut de continuer l’Aftemblée du Concile, que fon predeceflèur avoir convoqué en la ville de Rheims, pour la decifion du différend qui continuoit entre le faint Siégé , et: l’Empereur Henry V. qui s’attribuoit , comme fespredecefleurs avoient fait, l’autorité de conférer les Evêchcz. Mais parce que l’ouverture de ce Concile ne devoit être qu’au mois d’Ocfobre fuivant, le Pape s’en retourna de Cluny à Vienne pour mettre ordre aux affaires qu’il y avoit laiflées à fon départ. De Vienne il alla à Touloufc , où il celebra le fixiéme jour de Juin, un petit Concile, dans lequel il condamna plufleurs herefies , qui s’étoient élevées depuis peu contre les Sacremens. De là paflànt par l’Auvergne , par les confins de l’Anjou , du Poitou, et de la Touraine, il fe rendit à Orléans , et enfuite à Eftampes, où l’on ne l’attendoit pas : Car on feavoit qu’il devoit paffer par Chartres: mais il changea de refolution fur l’avis qu’il eut, que le Roy avoit refolu de,faire réduire cette der-nicre ville en cendre à fon retour de Normandie , où il étoit allé avec fon armée, pour punir l’infolence de Thibault IV.du nom Comte de la même ville, qui avoit ofé faire appeller Sa Majefté en duel, par un Gentil-homme nommé Bordereufe, et: proféré plu-fieurs paroles injurieufes contre l’honneur, et le refpect qu’il devoit à fon Souverain. On receut à Eftampes le fouverain Pontife le mieux que l’on put , dans le peu de temps que l’on eut pour s’y préparer. 11 logea dans le Palais du Roy , lequel ayant fceu‘ que fa Sainteté venoit à Eftampes, s’y rendit au plutôt avec la Reine fon époufe, et toute fa Cour, remettant à un autre temps l’execution de la refolution. qu’il avoit prife contre la ville de Chartres. Les Religieux de Mo-* hgny , pour profiter d’une fi belle occafion interpoferent la recommandation du Roy auprès du Pape, pour obtenir de luy qu’il leur fit la grâce de dédier leur Eglife. Ils avoient cté encouragez à fupplier le Pape de cette faveur par Conon Cardinal, Evêque de Paleftinc, Legat en France , lequel étoit venu à Eftampes avant fa Sainteté , pour y difpofer les chofes neceftaires à fon arrivée , à fon logement, et de fa Cour. Le Pape après avoir conféré avec les Cardinaux de fa fuite, accorda à l’Abbé, et: aux Rel gieux leur demande. Il dédia cette Eglife le troificme jour d’Oétobre mcxix. ppp üj

Chron.l. z p )96.

Lib. j. Decret. Tir. jr. 1.i. • 486 LES ANTÏQUITEZ DE LA VILLE avec toute la folemnité que l’on peut s’imaginer, en l’honneur de la tres-fainteTrinité , et de la fainte Croix, delà B. V. Marie,des glorieux Apôtres faint Pierre , Si faint Paul, Si de tous les Saints Le même Cardinal Conon fut l’un des affiftans : c’ctoit un Perfon-nage d'une vertu finguliere, que le Pape Gelafe avoit déclaré à fa mort aux Cardinaux qui étoient auprès de fa perfonne, qu’il leju-geoit digne d’être fon lucceflêur : furquoy ils fondèrent le def-fein deielire en fa place , comme ils euffent fait,s’il*ne leur eût fait entendre qu’il ne confentiroit point à l’élcftion qu’ils feroient de fa perfonne. Joftrànus Evêque d’York en Angleterre y aflifta aufli. Geoffroy Evêque de Chartres, ( c’eft celuy qui fut après dc-pofé, Si Yvesfubftitué en fa place,; comme nous avons dit. Galo Evêque de faint Paul en Bretagne, Bernard Abbé de faint Floren- tin. Eftienne Abbé de faint Jean en Vallée, etplufieurs autres Prélats. Le Roy , la Reine , Guillaume de Garlande, que SaMajefté avoit fait Grand Maître de fa Maifon en la place d’Anfeau fon frère , après qu’il eut été tué auficge du Puifet. Eftienne de Garlande frere des deux precedens , Chancelier du Roiaume , Amaury de Montfort,Guy de Gîilardon,et: plufieursautres Seigneurs i et Dames de la fuite de la Cour,et autres qui s’étoient rendus à Eftam-pes , pour baifer les pieds du Pape , Si pour aftifter à cette dédicace. Il s’étoit peu auparavant élevé une fâcheufe difpute entre les Chanoines de Nôtre Dame d’Eftampes, Si Jes Moines de Mori-gny au fujet des fepultures des habitans d’Eftampes leurs Paroif. ftens. Ceux-là fe plaignoient de ce que les Moines enterreient chez eux les habitatis d’Estampes, qui demandoient d’y être inhumez. Et ceüx-cy difoierit que le droit commun permet à tout fidele d’élire fa fepulture en quelque Eglifc qu’il luy plût. LesCha-.noines portèrent leurs plaintes au Roy à la faveur d’Algrinus l’un de fes Aumôniers , Si du Chancelier Eftienne de Garlande , tous deux Chanoines de Nôtre Dame. L’A bbé perfuadé que le Roy fa-* voriloit le party des Chanoines plûtôt que le lien , et ne jugeant point de moien plus propre pour faire ccfl'er cette conteftation que d’obtenir du Pape un privilège de recevoir toute ibrte de per-fonnes à la fepulture dans Ion Eglife , fe fervit de l’occafion que le Roy l’envoioit vers luy pour d’autres affaires, demanda à la Reine des Lettres de recommandation pour fon deftein ; Si apres. qu’il eut accomply le commandement du Roy auprès du Pape, il obtint facilement le privilège qu’il demandoit , qui n’étoit qu’une

ET DU DUCHE’ D’ESTAMPES. 487 confirmation de ce que le droit, commun permet. L’Abbé joyeux du bon fuccés de fon çntreprife, publia trop tôt le privilège qu’il avoit obtenu. Les Chanoines au bruit de ce privilège s’animèrent > et par l’entremife de leurs deux Confrères> qui étoient auprès du Roy , le portèrent à prendre la proteetion de leur caufe. Dans une aflembléede plufieurs Evêques qui fe fît à Melun en faprefence, à laquelle l’Archevêque de Sens afîîdoit, le Roy luy fît des plaintes des entreprifesdes Moines de Morigny (ur les droits des Chanoines de fon Eglife d’Eftampes. Ce qui fut dit contre les Moines fie d’autant plus d’imprefIîon>que perfonne n’appuioit leur caufe: et l’Archevêque leur écrivit de lufpendrc l’ufage du privilège qu’ils avoient obtenu jufques à ce que le Pape qui l’avoit accordé, étant luy-méme fur les lieux , déterminât de quelle maniéré ils s’en dévoient fervir. L’Abbé Thomas ne perdit point courage pour cela: il répondit à l’Archevêque que es plaintes des Chanoines n’é-toient pas véritables , qu’il n’avoient lien entrepris au dedans des limices de leur paroiffe, ny fur le droit de fcpulcure qu’ils difoient avoir :6c que c’étoit à luy, puis qu’il étoit prefent en qualité de Supérieur de leur Abbaye , de deffendre leur droit. Quant à ce qu’on le menaçoit de l’indignacion du Roy , qu’il croioit être allez bien dans fon efprit, 6c luy avoir rendu d’affez bons fervices pour ne rien craindre de fa part: au refte qu’il maintiendroit au péril de fa vie le privilège que fa Sainteté luy avoit accordé. Voicy la lettre de l’Abbé Thomas à l’Archevcque. Domino Venerando, et in chrijlo dilecti fimo Patri V. Vei gratta Senonenfi Archiepifcopo Thomas Maurignlacenfs Mimjter indignus fa-lutem, et debitam obedientiam. Legimus in litteris vepris quod apud Miledunum Canonici Stampenfes de nobis gravi fime conquejti funt, quoniam Ecclefiam Beata,Marin , et redditus Canonicorum, quantum in nobis ejl {utaiunt ) omnino annullare fatagimus :dr fepulturam loci ipjius jam ad nos ex parte contraximus , et etiam Parrochia ipjius Ecclcfa terminos occupamus. Senfmus etiam paterna correctionis ver-ba, qua licet graviora fnt quq/n vel caufa,vel perjona mea prome-ruijjet :reverfus tamen ad me cogitare ftudui quod poenitentia locum in Ecclejia teneam : ccepique ruminare quod ]ujla Salomonem, verba fapientum quafi clavi m altum defixi. Scribitur et infra, puto ad con-filium dandum , non ad incutiendum timorem, Regem Ludovicum huic clamori interfuiffe , qui favet omnino partibus Clericorum , et detefla-tur 5 et improbat graves , et intolerabiles impetus Monachorum. Mo-nemurque ut tn hac caufa ita nos deinceps habeamus 3 ne forte fu- Chron. j. j,. V7. lie. B. C 483 LES ANTIQUI TEZ DE LA VILLE perhis qua paulo ante tetigi (H s, Regis odium importabile incurramus Ad hac nofira eflhac refponfio*brevis. Vrimum quidem, quod Canoni-ci, [prêta Senonenfis Ecclefia auctoritate, ad facularem curiam fugiunt Regem pecunia contra privilegium Romana Ecclefia conducunt, contra Canones faciunt. Deinde mendaciter, et impie dicunt> fepulturam loci illius nos ea ex parte contraxiffe : Parrochia terminos occupajfe • Nihil enim horum fecimus : fcimus namque quam deteflabile malum fit accipere fepulturam, et divinarum Scripturarum eruditione, et pauperum opprefione , quos in vicinia nofira, <et folum in dicecefi vefra, videmus ad fepulchra mortuorum plorare magis amifiones bonorum quam corpora defunctorum. Juxta vero antiquam Ecclefarum confie-tudinem , juxta vefram infitutionem, ( neque enim adhuc Romani, dignitatis privilegium nominamus, fciatis nos, et ambulare , et am-bulajfe. Quod fi in aliquo foret exceffum , debuiffcm ab illis Canonice pulfari, nonficinaniter, et de nullis adhuc coram Epifcopis exclamari. Cateriim pace veftra dixerint, vefrum effit,fi vefra Paternitati placuiffet, contra latratus eorum, qui fe putant amittere quidquid nobis datur à fidelibus , baculum defenfionis apponere , tum propter parvulam ac novitiam Maurigniacenfem Ecclefam , qua vefra e fi, et d vefro decefiforepia memoria Richerio fundata, talibus initiis excrevit : tum quia per privatum ac fidelijsimum Legatum eorum laqueos, praveniens mandaveram quod vefro tota res penderet arbitrio. Ve Rege poflremb quid dicam ? Didici praceptoprimi Paforis, et Deum timere, et Regem honorificare. Satis illius , et habuimus, et habemus prater hoc negotium familiaritatem , et in multis ( fi dici fas efi) ei neceffarii fuimus. Sed quibus multotiens obducatur conflits , vos, qui totius vef ra regionis caput efiis, experimento aliquando didicifiis. Sed ne multis immorer, timeant eum qui divitiis, et deliciis fuffocan-tur, vel ad utilitatem proximorum Ecclefaficis honoribus occupantur. Nam nos chrifli pauperes fumus. Vulgare , mi Domine, proverbium efi, nudus homo non> potefi exfpoliari. Nemo timet amittere quod appetit fponte fua deferere. Vt veritatem vobis pandam, ante mori paratus fum, quam contra privilegium aliquid facere. Valete. Le Pape étant à Eftampes, les Chanoines lui firent de grandes plaintes contre les Moines, fans beaucoup de fruit, Scfans pouvoir rien obtenir. Ce qui leur donna lieu d’infifter avec plus de vigueur devant luy à Corbeil, où ils Pallerent rencontrer à fon retour de Rheims : 6c l’Abbé étant allé aufîi à Melun, pour Juy bai-ferles pieds,6c recevoir la benediétion avant fon départ de France. Le Pape luy fit entendre bien au long les plaintes des Chanoines: et ET DU DUCHE’ D’ESTAMPES. 489 et fit dire aux uns, 6c aux autres qu’ils euflent à comparoître en fa prerence en l’Abbaye de Fenieres, prés de Montargis en Gâtinois ,* afin d’écouter leurs raifons , etr vuider leurs différends. L’Abbé comparut à l’affignation, nonobftant les menaces que le Chancelier luy avoit fait par le chemin qu’il encourroit la difgrace du Roy, et de toute fa Cour,s’il ne déchiroit fon privilège, étant re-folu de fubir toute forte de peines plûtôt que d’y renoncer:mais fes parties adverfes n’eurent pas la hardiefle de s’y prefenter pour îbutenir leurs plaintes;de forte que l’Abbé , apré avoir expédié quelques antres affaires qu’il avoit à la Cour Romaine, s’en revint triomphant de fes adverfaires en fon Abbaye. Les Chanoines ne fe crurent pas pqur cela vaincus : car quelque temps après ils firent courir ui\ bruit qu’ils avoient obtenu du Pape, à Sens,la révocation du privilège des Moines : ou pour mieux dire une defèn-fe à ceux d’Eftampes de fe faire inhumer hors de leur Eglife. Ce bruit excita de grands troubles parmi le peuple,et des plaintes in-jurieufes contre les Chanoines. L’Abbc en écrivit au Cardinal Chryfogonc , Bibliotequaire de l’Eglife Romaine la lettre fui-vante. chryfogono fan cl d Dei Romana Fcclefia Cardinali ac Bibliotecario, Thomas Maurigniacenfiium Abbas falutem. Cum audififem Legatu?n Stampenfium procerum pergere ad Dominum Rapam ; commi fi Jibi litteras , in quibus , d 'vos fialutarem , d eorum hacleniis inauditorum malorum, qua circa nos aguntur pauca vobis intimarem : confifus de pomiffa mihi amicitia vefira immo de ea chanta te-, qua nos fiub capte uno , in corpore uno facit unum , quod,d jufia,d Canonica diligatis , d ad eu corrigenda , qua dignitatem fancla Romana Eccle-fu fiauciant,confilium prab eatis. Fecijfem id libentius per me ,fed multis ex caufis retentus fum ,fperans, d confidens in eo, qui non defient fperantes in fie , vos in vefira profiperitate devotius, d ofificiofius aliquando me vifurum. Canonici quidam in vicinia nofira ,fi tamen Canonici dicendi fiunt, qui irregalariter, d turpiter vivunt : qui in templo Dei Columbas d vendunt, d emunt : qui de prabendis fuis filios fiuos haredes faciunt : qui de b apti fima te pretium, demortuis fie-falturam violenter exigunt : dum effetis in partibus nofiris judicium fahterfugerunt, d in dificefiione vefira ad auxilia quorumdam , qui in Dde fi a illa , et reddituum , d facinorum participes fiunt, confuge-rt*nt. His interventoribus , quorum confiliis regnum Francorum turba-tur, d turpatur fimplices aures Regis ficut, d in aliis multis, de-^pcrunt } d a Domino nofiro ,fi tamen id credi potefi, privilegium,, Qqq 49o LES ANTTQUITEZ DE LA VILLE quod nufquam , ef nunquam àuditum fuit, latenter: ( non audeo enim dicere qualiter ipfi dicunt ) extorferunt. Has infdias : ef Dei,etVe flro auxilio me putaveram praveniffc ; fed ut video, non cjl via horni-nis in manu ejus-, nec viri ef ut dirigat greffus fuos : d Domino enim grcjfus hominis diriguntur ; ipfi vero quod ad ignominiam Domini P^. pa , fanetœque EcclefiA Romana pertinet, privilegium contra privile-gium garrientes, foliti nequiores effecti funt. Et contra patrium morem , contra confuetudincm omnium Ecclefiarum , contra jus .contra Canones , contra Deum fepulturas graviores exigunt: ef omnibus ut alibi pro falute anima fua fepeliri non pofrnt, contradicunt. Dici non potefl quantus hinc populi tumultus oriatur, quanta nobilium qu^ri. monia, quanta convicia , quanta maledictiones fçandalum hoc multa homicidia feminavit. Stupent,^ admirantur omnes d vobis,qui fepu^ turam tdm fevere damnaflis , tanti mali fomenta progredi potu if, Non enim diverfas fficutfe res habet ,fed penitus contrarias Canonici fententias affeverant ; ef quodfolo auditu nefas efl, privilegio privi-le gium contriviffe fe jactitant. Precor igitur excellentiam tuam utfi venias animabus pro quibus Chriflus mortuus efl, ne princeps tenebrarum , ef prado no Humus eas rapiendi per vos inveniatoccaflonem.vt enim juvarentur orationibus fancte ac regulariter viventium ef amicorum fluorum corpora nonfoliiminloconoflro , ef antequàm lo-eus nofler fundaretur, confluetudinarie faciebant portari, libere fepdi-ri. jfuod qudm juflum fit, ef ratio monflrat, ef auctoritas firmat^ confluetudo clamat. Exceptis autem his qua de hac fententia in promptu vos habere confpexi, accipe quid hinc B. Auguflinus fentiat.Scn. bit enim fic in libro de cura agenda pro mortuis ad Paulinum NoUnum Epifcopum. Si patenna veftis ,ef annulus, ac fi quid hujufmod; tanto carius efl pofleris quanto erga parentes major affectus efl, nullo modo ipfa fpernenda funt corpora, qua utique multo familiarius atquecon-junfitius qudm qualibet indumenta geflamus. Jfuod fi verum efl etiam pr ovi fus fepeliendis corporibus apud memoriam Sanfforum locus bona affeffionis humana efl erga funera fluorum, jguoniam fi nulla religio efl ut fepeliantur , non potefl nulla effe quando ubi fepeliantur, attenditur. Hac Auguflinus. Sollicitus igitur de falute anima tua, fac ut legatus ifle loquendi locum habeat : ef frggere Domino nojlro ut tdm horrendo, tdm peflimo malo medicinam provideat, mi ferentur animarum earum qua fe petierint adjuvari, ef 'non potuerint adipi-fci. Mifereatur pauperis Ecclefla , quam ipfe propria manu dedicavit, ad cujus oppreflionem 3 imo deflruçtionem tales machinas diabolus fabricavit. Vale. r nm ve-ni-nm °a-ile-mo-■tra , ut non Milita ml- # nid vi- rub- 'na- \Vt rua, ? lo-

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om-'cri-tum an* mo-coniam ionet relu tur, oftro atur lipi- ica~ tolus ET DU DUCHE D’ESTAMPES. L’envoyé de Me/Iicurs d’Eftampes qui avoit porté leur Lettre avec celle de l'Abbé Thomas au Pape qu'il trouva à Tortone en Lombardie , apporta la reponfe par laquelle le Pape declaroit qu’il n’avoit point donné aux Chanoines de Privilège contraire àceluy qu’il avoit accordé aux Religieux de Morigny. Voicy la Bulle fur laquelle les Chanoines fe fondoient. Calix tu s fervus fervorum Vei, dilectis filiis Vacano Abbati }çf Beata Maria Stampenfis Ecclefia Canonicis tam prafentibus quam futuris in pofierum. officii nofiri nos hortatur auctoritas ut Ecclefia-rum quieti attentius providere , et fuum cuique jus integrum confer-vare, in quantum permiferit Dominus, debeamus. Siquidem clamores vefiros accepimus adverfus eos qui Parochianos vefiros fine ajfenfu vefiro fepelire contumaciter prafumebant. Veftris igitur et ch ari fimi filii nofiri Ludovici gloriofi Francorum Regis precibus incitati, ad Ecclefia veflra quietem et libertatem ^per Vei gratiam conferv andam 9 futuimus , et auctoritate Apojlolica prohibemus , ne cuiquam prater ujfenfum veflrum > Parochianos vefiros milites fie u alios liceat fepelire. fraterea vobis vefirifque fuccejforibus in perpetuum confirmamus Ecclefiam fantfi Bafiln,et Molendinum in burgofitum^cf catera omnia, pua concefione Pontificum , liber alitate Regum, oblatione fidelium, vel uliis jufiis modis Ecclefia vefira in prafenti pcfidet, vel in futurum largiente Vomino, jufie atque Canonice poterit adipifci. Nulli ergo hominum facultas fit, au fu temerario , vefiram Ecclefiam perturbare, aut vefiras bonas confuetudines immutare , poffefiones auferre , vel ablatas retinere, minuere, vel temerariis vexationibus fatigare : fed omnia integra conferventur eorum pro quorum fufientatione ac guber-natione concejfa funt , ufibus commodis profutura , falva Senonenfis Archiepifiopi reverentia. Si quis igitur m futurum, Ecclefiaflica fœ-cularifve perfona hanc nofirœ conftitutionis paginam fciens , contra 'am temere venire tentaverit , fecundo terti ove commonita , fi non fatisfaclione congrua emendaverit , potefiatis honorifique dignitate careat, reamque fe divino judicio exifiere de perpetrata iniquitate cognofcat , et d facratifimo corpore ac fanguine Vei ac Vomini Redemptoris nofiri Iefu chnfii aliena fiat, atque in extremo examine di-fricta ultioni fubjaceat. Cunctis ergo eidem loco jufia fervantibus pax Pomini nofiri lefu chrifii , quatenus et hic fruSium bona aStionis fircipiant,et apud difirictum judicem pramia aternœ pacis inveniant. Patum Senonis per manum Grifgoni, fantfa Romand Ecclefia Via-mi Cardinalis ac Bibliothecam 11, nonas Decembris. Indictione xil. Eicarn.Dominica anno m cxix.Pontif. autem Vomini Calixti Pp.an.i. Legatus Torto-na civitate Italis. regrejjus , a Domino PP. Litteras detulit , in quibus privilegium contra privilegium nunquam fe ftciffe dixit. 49t LES ANTIQUITEZ DE LA VILLE Encore que cette Bulle femble favorifer , et donner entière, ment gain de caufe aux Chanoines de Notre-Dame contre les Moines de Morigny : neanmoins la reponfe du Pape à lenvoycde Meilleurs d’Eftampes , fait connoître que fon intention n’avoic pas efté de déroger à ce que le droit commun permet. Comme il a efté aufli déclaré quelques années après , fur de femblables plaintes des Chanoines par le Pape Luce 111. par la Bulle fui. vante qui confirme celle que j’ay déjà rapportée. Lucius J IL Servus fervorum Vei diledis filiis Odoni Abbati, et Canonicis Beata Maria Stampenfis. Siquidem clamores vefiros accedi, mus adversus eos qui Parrochianos vefiros fine ajfenfu vefiro fepeliyc contumaciter prafumebant, vefiris igitur : et chrifiianifiimi in chrip filii Philippi, lllufiris Francorum Pegis precibus incitati , ad Ecclefia vefira quietem ac libertatem, per Dei gratiam confervandam , fdicis recordationis Calixti Papa pradecefforis nofiri vefiigiis inhérentes, fiatuimus, et audoritate Apofiolica prohibemus , ne cuiquam prater ajfenfum vefirum Parrochianos vefiros milites 3 feu alios nifi fialva F-cclefia Canonica jufiitia, liceat fepelire : vel eos in inauriam vefirm ad Officia quotidiana recipere : feu jura vefira Parrochialia ufurpart. Pra te rea vobis vefirifque fuccejforibus in perpetuum confirmamus Ec. clefiam fandi Bafilii Ecclefiam fandi lacobi qua efi apud Bedegon, Ecclefiam fandi Laurentii in turre regia , et Molendinum in Burgo fi tum, dr alia fi eut in Regum^ F rancorum authenticis confirmantur, et catera omnia qua concefiione Pontificum,etc. Datum Ferona per manum Alberti fanda Romana Ecclefia Presbyteri Card. vi. Kal. Novembris, Indid. ni. Ineam. Dominica anno mclxxxv. Pontificatus vero Domini Lucii PP. in. anno v. Les paroles de cette Bulle ( Nifi falva Ecclefia Canonica jujli-tia ) font bien à remarquer ,• parce qu’elles font connoître quon ne la doit entendre, et: s’en fervir que conformement au Decret du Pape Leon III. l’an 796. raporté au troifiéme des Decret, tit.31. liv.i. que chacun doit être enterré dans la fepulture de fes Ancêtres j à l’exemple des anciens Patriarches: ou dans le lieu qu'il a Juy-même choifi en payant à fa Paroiffe le droit accoûtumé. Nos infiituta Majorum Patrum confiderantes , fiatuimus unumquemque in majorum fuorum fepulchris jacere, ut Patriarcharum exitus docet. Nulli tamen negamus propriam eligere fepulturam, et etiam alienam. Dominus enim et Magi fier nofier alienam elegit ut propriam , fed quia dignus efi operarius merce de fua , tertiam partem fui judicii illi Ecclefia dari cenfernus , in qua calcfii pabulo refici con- CT r ET DU DUCHE7 D'ESTAMPES. 49? fueviti ut juxta Apojlolum ,fnt confolationum fociï , ut fuerint paf-jionum > V demum ubicumque libitum fuerit, eligatfepulturam. Ce fut peu après cette longue difpute pour les fepultures, que l’Abbé Thomas fe prévalut de l’accès qu’il avoit auprès le Roy, pour obtenir de Sa Majcfté la confirmation des donations que le Roy Ton Perc avoit faites de fon vivant, à fon Abbaye, Sa Majefté même aufli bien que d’autres perfonnes aufquelles le Roy ajouta encore de nouvelles concédions de plufieurs beaux droits, dont il eft fait mention*en une Charte donnée à Yeure-le-Châtel qui eft une petite ville fituée environ à trois lieues de Pluviers, que Foulques Vicomte de Gâtinois avoit vendu auRcy l'an mcxx. Premièrement le Roy prend fous fa proteétion, de fauvegarde, et de fes fucceffeurs, l’Abbaye de Morigny avec toutes les Eglifes, maifons» terres, de autres chofes qui luy avoient efté données, de quelle poffedoit à jufte titre, ou qu’elle acquerroit à l’avenir, avec defFences à toutes perfonnes d’y porter aucun dommage : de de contraindre contre la volonté de l’Abbé, les hoftes , ou perfonnes dépendantes de fon Abbaye, tant de condition franche, que fervile de s’obliger, foit comme cautions, ou autrement pour quelque caufe de occafion que ce foit. i. Il exempte de fon Ban tous les habitans du lieu ou l’Abbaye eft fituée. 3. 11 dit que tous les hahitans des maifons de la ville d’Eftam-pes,tenues en cenfives des Moines, ou dont les cenfives leur feront données, demeureront fujets envers luy , aux mêmes coûtumes qu’ils dévoient,quand ces maifons étoientpoflêdées par des Laïcs; fi ce n’eft qu’ils en foient déchargez par luy, ou par fes fuccefleurs. Il faut remarquer que par ce mot Hofpites, hoftes de l’Abbaye, l’on entend les habitans des maifons tenues en cenfive de cette Abbaye : de que l’Abbaye avoit deux fortes d’Hoftes , les uns oblats ou. donnez , comme dit la Cronique Hofpites oblatiarios, de les autres non : de qu’il eft à croire que ce premier article , en ce qu’il parle des perfonnes qui dependent de l’Abbaye , doit être entendu des oblats de quelque condition qu’ils fuffent, franche, ou fervile. 4. Il exempte de la jurifdietion de fon Prevoft , de de toute autre juftice les hôtes des Moines en quelque lieu qu’ils foient; ft ce n’eft en cas que les Moines refufaftent d’en faire juftice : de qu’ils fuffent furpris en flagrant délit : où qu’ils euflènt fait violence dans la ville de dans la banlieue. Qqq iij \ Sitgger vita Lud, Grojfi fa g. 14. 494 LES ANTIQUITEZ DE LA VILLE 5. Il exempte à perpétuité les habitans du village où l’Abbaye eft fttuée, de fa juftice,pour toutes fortes de crimes, fans excepter ny l’efFufion de fang, ny l'infraâion de Ban : Si les décharge de toutes coutumes dont ils étoient redevables. 6. Il veut que les Serfs de l’Abbaye foient en tout égaux à fes ferviteurs, et qu’ils jpüifTent, par toute l’étendue de fon Royaume, de memes coutumes et mêmes Loix : et qu’ils puillent porter témoignage en jugement. 7. Soit qu’un ferf de l’Çglife époufe une feçve du Roy : ou au contraire qu’un ferf du Roy et époufe une ferve de l’E-gltfe; en l’un ou en l’autre cas la moitié des fruits des biens de i’Eglife, dont ils jouiront > leur appartiendra. 8. Il confent queies Moines retiennent en leurs mains tout ce qui leur fera donné mouvant de fon fief. 9. Il accorde à l’Abbaye une Foire pendant huit jours, avec tous les droits deûs,et qu’il a accoûtumé de prendre au marché du Jeudy. . Remarquez que le marché fe tenoit anciennement le Jeudy, et que depuis il a efté mis au Samedy. 10. Il donne auiTi à cette Abbaye la dixme du Péage de Be-rouville,cn forte que les Religieux pourront pendant la dixiéme femaine , établir un homme qui reçoive le Pcage pour eux. 11. Il leur remet et quitte,pour le falut de lame de feu Anfeau grand Maître de fa maifon, dix fols parifts de cens annuel qu’ils luy dévoient. A la fin de ce titre on voit le dénombrement de tous les biens que le Roy avoir pris fous fa proteetion etr fauvegarde : fçavoir le village de Morigny avec tous les droits appartenans à l’Abbaye, fes métairies, avec le Hameau de Bouvillicr. Les Eglifes de Paint Germain de Morigny, de faint Julien ( dite communément Paint Phalier ) vingt maifons ou hoftes d’Eftampes-le-Châtel : la moitié du Four d’Herpin Si des hoftes ou habitans des environs, que Herbert, fils d’Herpin, avoir donné aux Moines en prefencedcSa Majefté, et de fon confentement. L’Eglife de Dommai ville Si des terres pour le labourage de deux charrues. L’Eglife d’Etrechy. la dixme et tout ce qui en dépend, avec cent foixante hoftes, ou habitans qui doivent cenfive. Les Eglifes des vieilles Eftampcs, delà Ferté Baudouyn, autrement la Ferté Aalés,àcaufe d’Aalix Dame de cette ville-là,après Baudouyn,avec la dixme desMouiim,etdu Four, et de toutes les terres labourables de Sa Majefté, aflifes au dedans de cette Châtellenie, Les Eglifes des Villages de Baune, ET DU DUCHE'D’ESTAMPES. 495 Guigncville , Cerny > Vaires, Bourray , Bonnes prés d’Eftrechy, Souzis,et faint Pierre de Dourdan. En la BeaufTe, Chartraine,Mai-fons, Bifl'ay avec la dixme,Gommarvillc et Guillcrville. Du côté de P ici vers,Bleville> Verrine, BoiiTy et Efchinvilliers. Pour preuve plus autentique de ce que j’ay dit, voicy la Charte en Langue Latine en laquelle elle a efté expédiée. In nomine Patris et Filii, et Spiritus fantfi. Ludovicus Dei gratia Francorum Rex , noverit omnium fanffa Vei Ecclefia fidelium in-dufiria, noflrorumque tam prafentium qudm futurorum fiolertia, quod excellentia noflra ferenitatem Thomas Maur igni acenfis Abbas femel atque fapius expetiit, dr humiliter depofiulavit, ut qua, Deo praordi-nante, Philippus Pater meus Abbatia, qua Maurigniacum dicitur, et in honore fiancla Trinitatis fuo tempore fundata, non longe d Stam-pisCafiro noftro fit a efi, dederat dr concefferat, nos eas rurfius auront a te nofiri pracepti roborare dignaremur : cujus petitioni libenter annuimus , dr non folurn quod fecerat , concefimus -, verum infuper d* alia quadam pro remedio anima mea, dr patris mei, necnon d* matris mea adjecimus. Hoc quoque noflra immunitatis praceptum pro divino amore ad opus illius fanffi Monaflerii fieri decrevimus , per quod regali autforitate pracepimus , ut nullus omnino in Ecclefias , loca vel agros, vel reliquas pofifefiiones, qua ab antiquis temporibus vel modernis , jufte d” legaliter collata fiunt, vel conferenda fiunt aliquam violentiam audeat inferre : Nec homines ipfius Ecclefia tam ingenuos qudm fiervos , vel ad fidejufiiones, vel propter aliquas occaflones contra voluntatem Abbatis ipfius Ecclefia , prafiumat diflringere. Omnes homines qui in loco ubi Abbatia fiedet , commanentes erunt , ab omni banno liberi erunt. Hofipites illi qui in villa , qua Stampis appellatur, monachis dati fiunt vel dabuntur, eas confiuetudmes quas nobis dum in manu Lai eorum erant, perfiolvere confiuev erant,nobis perfolvent,nifl vel à nobis vel d fuccejforibus noflris condonatafuerint.Vniverfis autem Monachorum hofipitibus ubicumquefuerint,concedimus ne prapofitus no-fter, vel alterius cujujlibet poteftatis homo,ullam de eis juflitiam faciat, donec monachi de juflitia deficiant : nifiivel in prafienti forisfatfo eos invenerit, feu bannum vel banni leugam infiringerint. Sciendum tamen efl qubd in loco ubi Abbœtia fiedet , vel in hofipitibus ibidem commanentibus infiraclionem , bannum fieu aliquam prorsus confiue-tudinem non requirimus : fied locum dr omnes Hofipites circa eumdem locum commanentes ab omni lege dr confiuetudine liberos dr abfolutos ln perpetuum ejfie concedimus. Notum etiam fieri volumus qubd nniverfls fervis ipfius Ecclefia 496 LES ANTIQUITEZ DE LA VILLE leges illas d confitetudines , quas nofiri fcrvientes habent, in omnibus, d fer omnia h abondas,et pofiidendas concedimus ; d ubicumque terra in regno nojlro difpergantur, loge conjimili d confiuetudine un a, coaquentur. Jfiuifquis vcro contra hoc munificentia praceptum ire ten-tavent, et eos de tejhmoniô reprobaverit, nofira violata Majcfiatis reus exifiat, d centum libras inde perfiolvat. Si vero fervus no fier ancillam Ecclefa : vel fervus Ecclefa ancillam nojlram in conjugium acceperit de fructu Ecclefia dimidiam partem habebit. Quacumque vero de fe odo nojlro monachis dabuntur , eis annuimus. Nundinas cjuafdam per totam hebdomadam durantes , cum mercato nojlro, quoi die Iovis habetur, cum omnibus confiuetudinibus eidem loco concedimus. Decimam quoque pedagii Berovilla eis donavimus, ita ut decimam hebdomadam in propria potejlate monachi habeant, d* in ca proprium horni nem, fi placuerit, pedagium colligentem mittant. De. cem infiuper [olidos annui cenfius quos nobis debebant, pro anima Anfielli Dapi feri nofiri9 eis perdonavimus. Placuit [ane nominatim qua eidem monaflerio jam collata fuerant, huic pracepto fiubficribi: fiunt autem hac. Pradium ipfium > quod dicitur Maurigniacum cum omnibus fuis confuetudinibus , in quo d Granchia monachorum , et Manfiovillum quod dicitur Bouvilleras , continetur• Ecclefia fiancli Germani. Ecclefia fanet i Iuliani. In Cafiro Stampenfi Hofpites vigin-ti : d1 dimidietas furni Harpini cum dimidietate HoJpi tumfurno cohabitantium : quod donum Herbertus , Harpini filius coram nobis dedit, d illud nos concedere , d“ donum Juper altare mittere fecit. Ecclefia Domarvilla , d terra arabilis duabus carrucis Ecclefia Stripi-ni aci cum decima d1 omni integritate fu a 3 hofpites ibi commanentes centum fiexaginta cenfuales , torcularia duo , Molendini dito, furni duo : ita quod nemo furnos in tota illa villa , nifi tantummodo monachi facere pote fi. Ecclefia veterum Stamparum. Ecclefia de Firmitate Baudouini, d decima molendinorum nofirorum , d furni nofiri, d carrucarum nofirarum ubicunque fint in tota Caflellaria. Ecclefia de Bauna, Ecclefia de Guignevilla, Ecclefia de Cerny , Ecclefia de Vanis , Ecclefia de Bonnis, Ecclefia de Borreto , Ecclefia de Souziaco. Apud Dordenfium Ecclefia fanffi Petri. In Belfia Carnotenfi Villa qua Maifons appellatur, et Buififetum cum decima , d Gomervilla. In Belfia Piverenfi Befifovilla, Verrine, Bufferum d Efchinvrillerum. Hac igitur d alia omnia, qua illi fecundo Monafierio collata fuerant i fub protectione d defenfione nofira ■> fimul d” fuccejforum nofirorum fiuficipimus. Et ne quis unquam aliqua occafione ullam violentiam vel inquflitiam audeat inferre ,fialvo per omnia jure regio,penitus interdicimus. ET DU DUCHE D’ESTAMPE S. 497 focimus. Quatenus autem fer minia tempora praceptum hoc inviolabiliter obferve tur, figi Ili noftri,et nominis noftri charactere, annuente Thdippo filio nofiro , fiubterfirmavimus. Data Cafiro Curia , anno Vncarn. Verbi mcxx. Regni noftri xni. Adeladis Regina VI. Ad-fimtibus in palatio noftro quorum nomina fubtitulatafiunt fiigna. Stefhani tunc temporis Daptfieri et Cancellarii noftri. Gilberti Buti-udarii. Hugonis Conftabularii. Guidonis Camerarii. Data per ma-mm Stephani Cancellarii. Il Duc remarquer que nos anciens Rois ont fouvent ufé de ces termes Praceptio et praceptum > pour lignifier Privilège. Quant aux biens dont il eft fait mention en ce dénombrement^ les uns avoient efté donnez à l’Abbaye de Morigny par des Roisi d’autres par des particuliers : 8c d’autres encore avoicnt efté acheptez par l’Abbé 8c les Religieux. Flodoard rapporte dans l’Hiftoire des Archevêques de Rheims, que Charles le Chauve , Empereur , 8c Roy de France fit plufieurs inféodations de Bénéfices Ecclefiaftiquçs, 8c de dixmes à des per-fonnes Laïques : 8c que fous Charles le Simple fon petit fils, cela devint tout commun. L’an 915. on allêmbla en France un Concile National pour retrancher cet abus. Les Decrets de ce Conciie donnèrent dans la fuite du temps fujet aux Laïcs> poflêifeurs de ces fortes de Bénéfices 8c de dixmes, de les donner à des Couvents, penfans pourvoirfuffifamment parce moyen, au falut de leurs âmes : 8c i eft fans doute qu’entre les Eglifes, 8c les dixmes qui avoient efté données à l’Abbaye de Morigny > il y en avoit de cette nature. Il faut icy obferver que Vare Bcclefiam , félon l’ufage de ce temps-là, ne fignifie pas donner les bâtimens de l’Eglife ; mais donner le droit de patronage, avec les revenus appartenans à l’E-glile, dixmes, 8c autres, autrement on ne pouroit entendre ce qui eft dit en plufieurs endroits de la Cronique de la ce/fion des Eglifes. D’ailleurs le droit de patronage eft de telle nature qu’il peut ecre commun à plufieurs, en forte neantmoins que, quant à l’effet de nommer , tous doivent convenir d’une perfonne, encore que pour les autres effets il foit divifible : 8c les effets du droit de dix- A tues font tous divifibles. Ces obfervations fuppofées , il eft facile d’entendre ce qui eft dit au commencement de la Croniqwe de cette Abbaye, que l’E-gftfe d’Eftrechy a efté donnée par Anfeau Fondateur , ôc par Haymon fils de Senechilde de la Fcrté Baudouin ( c’eft la Fercé Rrr / 498 LES ANTIQJCJITEZ DE LA VILLE Aalés ) qui en avoient chacun la moitié. Que Geoffroy et Bernard fon frere avoient pareillement donné celle de Bonnes proche d’Eftrechv. Que de fix perfonnes aufquelles l’Eglife de faint Ger-main-les-Eftampes appartenoit , quatre avoient déjà cédé aux Religieux leurs parts. Les autres donations etr ccftions d’Egüfes font attribuées à des particuliers, et non à plufieurs. La donation de l’Eglife de faint Julien , dite de faint Phalicr , comme je l’ay remarqué , eft un bien-fait d’Amaury d’Eftampes. Guy Trouflèl donna du confentement d’Adelaïde fa femme , êc de Milon^Vi-comte et fa femme, fes Pere 6e Mere, les Eglifes de la Ferté Baudouin , ou Aalés. Bernodalius Gentil-homme demeurant en h même ville , celle de Guigneville. Un autre Bernaudalius fur-nommé Potin, celle de Cerny. Milon fils de Régnault, celle de Baune. Eugenulphe celle de Vaires. Arnault de Corbeil celle de Bout ray. Elifabeth de Macy celle de Souzis •. et un nommé Sego-rede celle de faint Eiiroul. Peu après la même Abbaye eut encore celle de faint Pierre de Dourdam L’Abbaye de Morigny tenoit en gage pour une certaine femme de deniers, la terre métairie de Maifons qui étoit aux Re-ligieufes de l’Abbaye de faint Eloy de Paris, de l’Ordre de faint Benoift, fondée parle même faint Eloy Evêque de Noyon,du temps du Roy Dagobert, fous la conduite de fainte AureÀbbeiîe (c’eft le Prieuré de faint Eloy qui eft devant le Palais, où refi-dent à prefent les Peres Barnabitcs.J Cette métairie ne portoit nul profit à ces Religieufes, et on ne la pouvoit cultiver, à caufe que des voleurs ravageoient et emportoient tout ce qui croiffoit lur ces terres. L’Abbé Régnault propofa à ces filles de prendre leur terre moyennant une rente annuelle. Les parties s’affemble-rent dans le Chapitre de faint Eloy pour tranfiger. Guillaume Premier, Evêque de Paris qui s’y trouva prefent, confentit à la proportion moiennant un dedomagement, qu’il fut d’accord de îuy donner, à caufe que cette Abbaye dependoit de luyjlacon-clufion de l’affaire fut différée pour quelque difficulté qui furvint: et fut enfin conclue en l’abfence de Guillaume,.qui partit cependant, pour aller à Jerufalem, en la prefence et du confentement d’Eftienne et de Régnault Archidiacres, et de Foulques Doyen, aufquels cct Evêque avoit commis,à fon départ > l’adminiftration de fon Evêché. Le traité fut enfuite approuvé par le Roy Philippe , qui avoir pris le même Evêché en fa protection fpeciale,et de Louis fon fils. Le droic qui reftoit à ces Religieufes fur cette t ET DU DUCHE' D'ESTAMPES. 499 terre demeura à l’Abbaye de Morigny pour la fomme de vingt fols de rente, que l’Abbé , et les Religieux s’obligèrent de paier chaque année , le jour de la Nativité de faint Jean Baptifte à cette Abbeflè, etràfes Religieufcs : et au defaut de paiement au jour afligné, cinq fols parifis d’amende par chaque femaine de delay. Ce contrat fut pafle dans le lieu Capitulaire de l’Abbaye défaille Eloy, l’an mcii. et du Régné du Roy Philippe Premier le quarante-deuxième, en prefence d’Eftienne Archidiacre, de Foulques Doien de l’Eglife Cathédrale de Paris, d’Herluin ou Alavin, Précepteur du Prince Louis, fils du Roy, de Gaultier, fils de la mere dudit Herluin , de Régnault Archidiacre ,d’Albert,et Fulbert Chanoines , d Hervé Chambellan, de Robert fils d’Algrin , et cle plufieurs autres. Les Religieufes qui contraélerent, étoient Halvife Abbeffe, Heremburge , HcrmenfendejHcleardc, Richelde, Jofce-line de Normandie, Adelais d’Eftampes, Aveline niepee du Doien, Tefceline , Emcline , Ingenelde , AyajSœur de Bernard Potier >. Hodierne l’Enfant, et Senechiide, qui n’étoit pas encore Profeflc. Le contraél eft de la teneur fuivante. In nomine fane ta , dr individu a T r ini tatis , Amen. Regnante P hili ^0 Francorum Rege, Ludovicofilio ejus jam militari juvene , fa- it a efl hAC conventio inter Rainaldum Abbatem, dr Monachos Mauri-gniaci ,dr inter Abbatiffam Alvifiam > dr fanet imoniales fanet 1 litigii. Maurigniacenfes fiquidem Monachi habebant in Vadimonio pro undecim libris denariorum, locum} qui Mai fons dicitur, dr terram ejuf-dem loci : qui Monachi rogaverunt Abbatiffam, dr Sanctimoniales ut [ibifupradictam terram concederent denominato annuo cenfu. Hoc item petiverunt d Guillelmo , tunc temporis Epifcopo , ad quem pertinebat fwtti Eligii Abbatia. Affenfit autem Guillelmus Epifcopus petitioni Monachorum ; pactis fbi pro hac re folidis fexaginta. Affenferunt etiam Abbatijfa , d* fanctimoniales , d? cum jam Monachi in Capitula [ancti Eligii conventionem prAdictam,prAfente Guillelmo Epifcopoper-finire vellent : ortu efl occafio quadam , qua conventionis effectus differretur: in qua dilatione contigit ut Guillelmus Epifcopus Hierufalem froficifeeretur. j^uo Hierufalem profecto Monachi volentes rem cœptam venire ad effectum , venerunt iterum in Capitulum fancti Eligii, ibi prafentibus pluribus Clericis, et laids. Abbatiffa confenfu catcra-rum fanetimonialium tradidit Rainaldo Abbati, <et Monachis Mau-dtyiacenfbus pradictam terram quantum ad Vadimonium pertinebat , cenfu viginti folidorum parifideorum denariorum denominato , in nativitate fancti Ioannis Baptiffa quotannis Reddendo. Rrr ij / 1 5oo LES ANTIQUITEZ DE LA VILLE Jguod fi Monachi cenfum fiatuto die non reddiderint, fi ultra hebdo ' madam reddere dijhdcrmt, pra forisfaclo quinque folidos fcperapportent: fi quod hebdomadas ultra prœfatum terminum reddere difiulem vint , tot quinos folidos fuperaddent. Huic rei adfuerunt, fi hanc rem confirmaverunt S teph anu s Archidiaconus, fulco Ve canus, fi Rau naldus Archidiaconus , in quorum manu Guillelmus Epifcopus curam fi providentiam Epifcopalium rerum dimifit. Nomina tefimm qui fuerunt fcribere neceffarium duximus ex parle Sanctimonïahum te. fies nominati funt Stephanus Archidiaconus. Fulco Decanus. Herlui-nus Pedagogus Ludovici Regi s filii. Gualterius flius fua matris. Un. go de fanclo Clodovœo. Ingenulfus Picloe. Hugo prapofitus fancli Eh. gii. Mangoz ,fi loannes Famuli fancli Eligii. Ex parte Monacho-chorum Rainaldus Archidiaconus , Albertus, fi Eulbertus Canonici Mangoz de Meleduno , Hugo de Valenton. HervausCamberlanus.Ro. bertus flius Algrini. Eulbertus de Stampis. Bartholomœus de Mon a. fileriolo. Robertus de fanclo clodovœo. Guillelmus de Befiifi. Brunet Prœpofitus. Tempore quo hœc firmata funt, erat in Hierufalem Guillel. mus Epifcopus Parifienfis : Et erat Epifcopatus in manu Philippi r(„ gis , qui benigno animo hœc omnia concefiit, fi regali auclontate firmavit, fi Chirographum hoc adhibitofigillo fuo roboravit. Eodem modo , fi eodem animo concefiit hœc Ludovicus , filius ejus ,fapiensfi firenuus. Atium publice in Capitulo fantli Ehgii anno Dominica Ineam. mcii. Regni vero Philippi % lu. Nomina vero fanclimoni alium, quœ Capitulo adfuerunt , fi conventionem concefiferunt. Haduifafie-nechildis adhuc laica , Heremburgis, Hœrmenfendis , Heldeardis, Ri-cheidis , Iofcelina Normanna , Adelais Stampcnfis, Avelina neptis Decani, Tefcelina , Ingeneldis, Aya foror Bernardi figuli , Hodierna infans. Lors que ce traité fut fait, la régularité étoit fur fon déclin dans cette Abbaye de faint Eloy , dont on chafl'a les Religieufes, parce que leur vie n’étoit pas conforme à leur profeiïion : etl’on mit en leur place douze Moines, et un Prieur , qui furent tirez de l’Abbaye de faint Maur-des-Foflez, de l’Ordre de faint Benoift, pour y vivre fous la direélion de l’Abbé du même lieu , faufle droit de l’Evêque de Paris, comme on le peut voir dans la Charte fuivante du Roy Philippe premier. In nomine fantla , fi individua Trinitatis , Philippus Dei gratia Er ancorum Rex : Notum fieri volumus univerfis fantlœ Dei Ecclffu cultoribus^, tam futuris quàm prafentibus} quia divina providente clementia, (fi affenfu domini Papa Pafchalis, monitione quoque, fi Coti- ET DU DUCHE’ D’ESTAMPES. 501 filio Canonicorum functa Parifienfs Ecclefia, nec non et confenfu no-firo, et Lu dov ici filii noftri, Gallo Parifienfs Epifcopus ab Ecclefia beati Eligit, membro videlicet Epificopatus fui , propter intemperantem , (piam imprudenter agebant fornicationem, Moniales ( quamvis Canonice fapifiime correptas ) templum Domini aperte pravo ufu violantes, ac correptionis pafioris penitus négligentes , fpe melius agendi à pra-fata domo dejecit. Acceptis itaque 'Domini Papa litteris, tunc temporis Pari fus venientis, dataque licentia Ordinem religionis inibi ponendi , nofra licentia et ordinatione, cum filii nofiri Ludovici obfiecratio-ne, Beato Petro Eofifatenfi, ejufidemque loci Theobaldo Abbati, prafa-tam Ecclefiam beati Eligiiy in cellam duodecim Monachorum y cum Priore fiuo perpetualiter pofiidendam concefii, et habendam. Salvo quidem jurefiua poteflatis Ecclefia Parifenfis : quemadmodum , et in ipfius charta determinatum efi. Et ut hac charta firma, dr inconvulfa permaneat y memoriale ifiud inde fieri, et no fin nominis car affer e, etfi-gillo Philippi fi gnari, dn corroborari pracipimus : adfiantibus de Palatio nofiro quorum nomina intitulata fiunt y et figna- Hugonis de Cre-ceio Dapifieri nofiri. Vvaficionis de Pifiiaco, tunc temporis Confiabula-rii nofiri. Pagani Aurei, tunc temporis Buticularii nofiri. Vvidonis tunc temporis Camerarii nofiri. Affum Parifius in Capitulo fanffa Maria , anno ab Incarnatione Domini mcv 11. regni nofiri xlvii. Stephanus Cancellarius relegendo fiubficripfit. Les*Moines ont fubfifté dans ce Prieuré, jufques à l’année 1533. qu’il fut fecularifé , et uni à perpétuité à l’Evêché de Paris par le Pape Clement VII. Et dont l'Eglife a été donnée aux Barnabi-tes par l’Archevêque de Paris l’an 1631. La terre de Blevillc eft un bien-fait de Herbert Chevalier, qui la donna à la fin de fes jours, à P Abbaye de Morigny, contre la volonté de Geoffroy fon beau-frere, qui fe contenta avec fa femme, et fa belle-fœur de recevoir des Moines une fomme de deniers, pour récompenfe de ce qu’ils y pretendoient. Celle de Gommarville eft un don de Garfault, fils d’Anfeau fondateur, lequel étant fur fon départ pour aller à Jerufalem,confirma dans le Chapitre de l’Abbaye la donation qu’il avoit auparavant faite de cette terre, eh prcfence de plufieurs perfonnes de marque de la ville d’Eftampes, et: donna pouvoir aux Religieux , s’il mouroit au voyage qu'il entreprenoit, comme il arriva , de la retirer des mains de ceux à qui il l’avoit engagée, pour la pofîe-der à perpétuité. Rrriij Cron. /. t.' Cron. I• 1 $71- lin. 501 LES ANTIQUITEZ DE LA VILLE Pierre, et: Bonard, Chevaliers,de la ville d’Eftampes,ajoutèrent à cette donation celle delà dixme qui leur appartenoit ,fur tout le territoire. Guillervilleeft une acquifition faite par l’Abbé Thomas. BifTey eft un bien fait en partie , d’Anfcau, fondateur, quand il alla en Efpagne, et en partie de Riflard. Je pafl'e fous fîlencc le nom des autres bienfaeteurs avec la Croniqne, avec laquelle je remarque que l’Abbé , etr quelques Religieux aiant fait de fericufes réflexions fur les moicns, dont eux , et leurs predcceflcurs avoient ufé,pour acquérir les droits de Patronage des Eglifes , et les dixmes qu'ils poffedoient : et que toutes ces chofes ne leur avoient pas été don- nées;mais qu’ils en avoient acquis quelques uns à prix d’argent: _ commencèrent à avoir fcrupule de les retenir , parce que l’on ne. peut retenir {ans crime ce qui a été acquis avec fimonie. La divine Proyidence qui difpofe toutes chofes,fit qu’en ce temp$-]à le Cardinal Conon, Evêque de Palefhine, venant pour la fccon-• PaZ' de fois en France, en qualité de Legat, logea, comme la premie-c' re fois,en leur Abbaye. Ilétoit accompagné de Guillaume Evêque de Châlons-fur-Marne , Perfonnage d’infîgne pieté , et dodri-de. L’Abbé et les Religieux fe démirent entre les mains du Legat de toutes les Eglifes, et des dixmes qu’ils poffedoient, afin qu’il en difposât à fa volonté. Le Legat accepta cette renonciation : et le jour fuivant aiant fait venir en fa prefence l’Abbé , et ]es Religieux , il leur donna les mêmes Eglifes , et les dixmes qu’ils avoient quitté le jour precedent, et remis entre fes mains, comme un prefent qui leur étoit fait de la main de faint Pierre, les affûtant qu’ils pouvoient dorénavant les tenir en feureté de confidence. •• Neque enim tunc, in initio fcilicet confiitutionis hu]us Ecclefit, quafiio de fimonia fie ventilata erat, (i eut posterorum diligentia facium est. Sed fi quid E cclefiasticum d [æculanbus hominibus emeretur; non emptio fed redemptio vocabatur. Abbas igitur in manu Cardinalis omnia illa, de quibus ficrupulum habebat, reddidit, ut in ejus dif-pofitione effiet quidquid inde fiacere voluijfiet. Diefiubfiequcnte , virifia-pientes, fir Ecclefiafiici difipenfatores unite prœfientiam fiuam Abbatem vocaverunt ,et ut ea de manu beati Petri acciperet , fie cure in Abbatia fierviret, per obedientiam injunxerunt. Je rapporteray dans la fuite de cette Hiftoire , ce que j’ay pu trouver de plus confiderable fous chaque Abbé : mais avant que de paffer outre ? il faut éclaircir une queflion qui eft fondée dans » ET DU DUCHE' D’ESTAMPES. 505 la Cronique , fçavoir fi Régnault a efté vrayement le premier Abbé. La Cronique luy donne cette qualité, lors qi?elle remarque, au commencement du fécond Livre , qu’il mourut la deuxième année du régné du Roy Louis, et fur la fin du meme Livre, elle fait mention d’un nommé Albert, qu’elle qualifie Abbé de ce lieu, (c’eft à dire de Morigny. ) C’eft lors quelle raconte que l’Abbé Thomas fe trouva tellement furpris, lors qu’à la mort d’Al-grin fon bon amy , et bicnfaétcur, le Roy eut mis fous fa main tous les biens du deffunt , qui étoit fon parent, étoit mort fans heritiers; qu’il eût abandonné fon Abbaye , s’il n’cûc efté confolé , animé par les confeils de Guarin Prieur fous luy, auquel il avoit une grande confiance, parce qu’ils avoient efté élevez enfemble désieur jeunefte, et: qu’ils avoient vécu pendant trente ans dans une parfaite union. Ce Guarin , dit la Cronique, étoit natif d’Efi pernon ,d’une noble famille ; qui fe laiflà perfuader par Roger, Prieur fous l’Abbé Albert, dont il étoit parent, de quitter le monde pour faire profeftîon de la vie Religieufe à Morigny : en quoy il fut invité par fon fidele infeparable compagnon Thomas. Tous deuxfuivirent Albert en fa retraite de Morigny en l’Abbaye de Coulomb , prés de Nogcnt-le-Roy. Cette retraite étant arrivée trente ans avant la mort de Vvlgrin , qui mourut fur la fin des dcfordres arrivez à faint Martin des Vieilles Eftampes , au mois d’Avril 112.9. auquel temps Guarin, et: Thomas avoient trente ans de Profcfiion , il s’enfuit que Régnault n’a efté éleu Abbé qu’en l’an 1099. et: que la qualité de premier ABbé ne doit pas lui être donnée : njais à Albert qui l’a précédé; fi ce n’eft que pour fau-ver l’autorité de la Cronique , nous difions qu’elle n’a pas mis Albert au rang des Abbez , parce qu’il n’avoit peut-être pas efté éleu avec toutes les formalitez requifes par la réglé, mais feulement qu’il avoit efté propofé pour commander , comme s’il eut efté Abbé , jufques à ce que les ebofes fu fient en état d’en élire un dans toutes les formes qui ont efté obfervées depuis, qui font les fuivantes. Le Prieur Clauftral demandoit à l’Archevêque la permi/Tion de procéder à l’cleéHon de l’Abbé , et pour l’obtenir on députoic vers lui deux Religieux avec pouvoir , et mandement fpecial de la demander. Les Religieux étant de retour au Monaftere avec cette permiftion , le Prieur affembloit tous les Freres, tant de la znaifon , que ceux qui refidoient dans les Fermes, et autres lieux dependans de l’Abbaye, Prieurez couventuels, ou autres. Ceux Regni ejtis ( lu-dovici ) anno fecundo Raina Idus hujus loci primus Abbas viam uni-verfâ carnis ingreditur. 5©4 LES ANTIQUîTEZ DE LA VILLE qui ne pou voient fe trouver dans l’Abbaye au jour ailigné pour l’éledion , prioient qu’on les excusât , ou bien ils donnoicnt pouvoir à d’autres d’agir pour eux. L’éledion étant L\ite dans le Chapitre en l’une des trois maniérés portées par les faints Canons, on alloit à l'Eglife chanter le Te Veum : puis le Chantre publioit à haute voix l’cledion qui avoit efté faite. On retournoit dans le Chapitre, où celuy qui avoit efté éleu, donnoit Ton confentement à tout ce qui avoit efté fait: Et pour conclufion on deputoit vers l’Archevêque pour obtenir de luy la confirmation de l’éiedion. REGNAULT, L ABBE’. REgnault mourut l’an deuxieme du régné du Roy Louis le Gros, fuivant la Cronique par confequent- de l’incarnation i’an mo. fuivant le Pere Labbe en fes Tableaux Genealogi-qu s des Rois de France. Il eft fait une honnorable mention de luy dans deux titres du Roy Philippe Premier que j’ay cy-devanr ra-portez. Pour fuivre l’ordre de la Cronique , je mettray pour le fécond Abbé. 0 TEULFE, II. ABBE*. TEulfe, il fut êleu par le commun fufFrage des Religieux. On pouvoit dire de luy qu’il étoit enfant de l’Abbaic de Morigny, parce qu’il y avoit efté élevé dés fa jeunefie.il fut fait de Prieur, Abbé : mais comme il s’appcrceut qu’il y avoit des Moines qui n etoienc pascontens de l’avoir pour Pere, il refufa de les avoir pour enfans, et il renonça volontairement à fon éledion , avant qu’elle eut efté confirmée. Il corrigea, pondua, accentua, pluficurs livres de la Bibliothèque, et fur la Bible, et fur lesTraitez de S. Augu-ftin,dela Trinité. et fur faint Jean, Dieu ne voulut pas que Teul-fe demeurât long-temps dans PabaKTement. Les Religieux de la celebre Abbaie de faint Crefpin , et faint Crefpinien de Soifions l’éleurent pour leur Abbé , en la place de Theodulfe l’an iiîj. où il donna des preuves de fa vertu , et de fa bonne conduite,et mourut plein de merites environ l’an ii;8. aufti-tôt que Teulfe eut renoncé *on procéda à une nouvelle éledion, dans laquelle HUGUES, III. ABBE’. HUgues fut éleu. Il étoit des premières familles du païs, mais fort jeune. Le Roy agréa enfin fon éledion qu’il n’avoit pu. approuver au commencement, et il receut la benedidion de l’Archevêque ET DU DUCHE' D'ESTAMPES. 5oS l’Àrchevéquc fuivant l’ordre de l’Eglile , de s’en revint en fon Abbaie,où avant que l’année de fa Promotion fût expirée> il renonça à fa Crofl'e, nonobftant k refiftance de fes amis, et: de ceux avec lcfquels il avoir coutume de converfer : de enfuite, il fe retira à l’Eglife de faint Julien, aujourd’huy communément faint Phalier, pour y vivre en plus grande retraite. Des mémoires d’un Religieux de Morigny portent qu’il mourut dans cette retraite, et que fon corps fut apporté dans l’Abbaie , où il fut inhumé.. THOMAS, IV.. ABBE’ THomas Religieux de Morigny, mais quisetoit retiré depuis plufieurs années en l’Abbaiede Colomb prés de Nogent-le-Roy, comme nous avons dit, fut éleu en la place de Hugues fur la fin de l’an mi. où en l’an ni z. Car il eft parlé de luy dans la confirmation de la conceflion des Eglifes,etdes Prebendes des Vieilles Eftampes, par le Roy Louis , en cette dernicre année: de il eft croiab e qu’il fe paffa bien prés de deux ans depuis la mort de Régnault jufqucs à l’éleétion de Thomas, à caufe des deux élevions , de de deux demiftions de Teulfe,et de Hugues : et que la Cronique remarque que les Religieux en demandèrent plufieurs en d’autres Abbaies , qui refuferent d’y venir; mais pour Thomas ils le voulurent avoir , parce qu’il étoit de Morigny: il eonfentit à fon éleétion,et fut béni à Sens peu après l’Epiphanie, avec les ceremonies accoûtumées. Il prit bien-tôt après poffcftîon de fon Abbaie, où il fut receu avec joye des Religieux, de du peuple , qui fouhaitoit ardamment de voir cette maifon Religicufe îourveuë d’un tel Supérieur: il étoit fort affable, et attiroit fadement la bien-veillance de ceux qui le voioient, qu’il excitoit à la pieté. Il étoit doéte , de doué du don de la Prédication ,en quoy il reüfTît fi bien , en préçhant dans l’Eglife de Nôtre Dame d’E-ftàmpes, peu après qu’il eut pris pofl'eftîon de fon Abbaie, qu'il gagna l’affeétion de tous les principaux de la ville , de particulièrement d’Anfeau de Garlande Sénéchal, ou grand Maître de la maifon du Roy , qui y étoit prefent, du confeil duquel, de fa protection il fe fervit tres-utilement en toutes les affaires de fon Ab-haic. C’eftparla faveur du même Anfeau qu’il eut beaucoup d’ac-cés auprès du Roy , dont il obtint l’an n il. la confirmation du don que Philippe fon Pere avoir fait à fon Abbaie de l’Eglife , de des Prebendes de faint Martin des Vieilles Eftampes ., de des Lettres 4’amortiffement, de de fauve-garde pour fon Abbaie, de tout ce 1 Sf f 5 % *5o£ LES ANTIQUITEZ DE LA VILLE qui en dépendoit, avec plufieurs beaux privilèges que j’ay cy-tf^ vant rapportez. Defontcmpsl’Eglifedefon Abbaiefut dediéepar le Pape Calixte fécond l’Autel de faint Laurens confacré par Innocent fécond > comme nous avons die dans la fécondé partie. 11 eut des affaires de tres-grande importance à démêler ; en. tr’autres un différend avec les Chanoines de faint Martin. Car Hugues, Chantre de cette Eglile-là fe prévalant de l’abfence du Prieur de cette nouvelle maifon, qui étoit allé avec l’Abbé Tho. mas,afïifl:er au Sacre de Philippe, fils aîné du Roy Louis, qui fut fait en la ville de Rheims le quatorzième jour d’Avril 1129. impo-fa un crime enorme , et infame à un de leur corps, dont la nouveauté fit beaucoup de bruit parmi le peuple : de forte que Henry Archevêque de Sens , paffant la Semaine fuivante par S. Martin, •ce peuple à la folicitation des Chanoines,complices de l’impofture • de leur Chantre ,luy fit de grandes plaintes des Moines,demandant qu’on les chafsât, et qu’on rétablit les Chanoines. Le Roy fut averty de tout ce qui s etoit paflé. Et il commanda aux Moines, et: aux Chanoines de fe trouver la Semaine fuivante à Poifiy, pour plaider leur caufe en fa prefence. Les uns, et les autres comparurent au jour affigné devant le Roy , qui étoit accompagné de Sugger Abbé de faint Denys, d’Odes, ou Odon Abbé de faint Rémy de Rheims, 6e de Hugues, Abbé de faint Germain-lez-Paris. Sa Majefté , apres avoir écouté , 6e examiné tout ce qui luy fut expofé de part 6e d’autre,connut évidemment la malice, 6e l’impo-fture du Chantre , 8e de fes complices : fit emprifonner les deux Chanoines, qui avoient ofé comparoître en fa prefence : 8e ordonna que les Bourgeois, 6e autres Habitans d’Eftampes les Vieilles comparoîtroient devant luy à Paris. Cette Ordonnance du Roy irrita beaucoup davantage ce peuple mutilé, qui ne menaçoitpas moins que de détruire cette nouvelle maifon Religieufe. L’Abbé prenant fur cela un bon confeil, s’en retourna à Paris, remontra à Sa Majefté l’évident péril, auquel fon Ordonnance avoit expofé fa nouvelle maifon:il en obtint la révocation, et l’abolition pour les Bourgeois,^ autres Habitans, de tous les defordres qu’ils avoient commis. Il mit à la raifon Robert d’Oeville, qui pretendoit inju-flement une partie de la terre de Maifons : et Bonard qui pretendoit aufiî une partie de celledeGommarville,à caufe de fa femme , fœur de Garfault, qui l’avoit donnée. Bonard homme violent avoit fait de grands defordres fur les pofidîiqns de l’Abbaie > et ' ET DU DUCHE’ D’ESTAMPES. 507 menaçoit de venir mettre le feu à l’Eglife. Thomas ne fçavoic comment le faire comparoître en jugement » à caufe que Hugues de Rochefort , duquel il étoit jufticiable , ctoit au voiage de la Terre Sainte. Hugues arriva heureufement pour l’Abbé , lors qu’on ne Tattendoit pas. C’étoit la coûtume de recevoir pro-ce/Tionellement ceux qui retournoient de Jerufalem. L’Abbé ne manqua pas d’obferver cette ceremonie à l’endroit de Hugues. Il le receut et le logea avec ceux de fa fuite, dans fon Abbaye : et le lendemain l’accompagna jufques à faint Arnoul en Iveline, oü il le receut encore procefîionellement.. Hugues étant arrivé en fa mai fon, plufieurs Seigneurs fes amis et voifins , vinrent fe rejoiiir avec luy de fon heureux retour : l’Abbé fe prévalut de la circonftance du temps. Il fe plaignit hautement en prefence de tous , des dommages que Bonard avoit fait aux biens de fon Abbaye, et en demanda la réparation. Guy Vicomte d’Eftampes coufin de Hugues , qui étoit prefent, appuya les juftes plaintes de lAbbé. Bonard n’ayant rien à ré-. pondre renonça à fes injuftespretenfions : confirma avec fa femme es donations Elites par Anfeau , et Garfault pere et frere d’elle à l'Abbaye ,*etl’Abbé de fa part, ufant de generofité , remit gratuitement à Bonard tous les dommages et interefts qu’il pouvoit juftement prétendre. Thomas fut beaucoup aimé du Roy Louis, )our fes vertus et fes merites : et parce qu’il luy avoir rendu de )ons fervices en plufieurs occafions, fpecialement en confervant toujours fidèlement attaché à fon party Guy Vicomte d’Eftampes, fils de Hugues le Grand , Seigneur du Puifet, au temps que tous les plus grands Seigneurs de France s’élevoient contre luy. Enfin la Cronique remarque que ce Religieux Pere pratiquant figement ce qu’il avoit appris dans le Prophète Roial. Virga tua, et baculus tuus if fa me confolata funt, feeut ufer de la verge et du Eaton pour la confolation de fes freres, fans fouffrir par trop de douceur et de molleflé qu’ils fe relachafi'ent en l’obfervance regu-Eere.: et fans leur faire trouver le joug du Seigneur pefant par trop de rigueur et de dureté. Qu’il emploioit tous fes foins à procurer que le Service de Dieu fut bien fait : et: que les chofes ne-cefiaires à fes Religieux ne leur manquaient point. Et en troifié-nie lieu qu’il amplifia les bâtimens et; les fit changer de face, par les commoditez et les embelliflèmcns qu’il y ajoûta, le tout aux dépens des aumônes des Fideles}et particulièrement de Vvlgrin qui avoit fait bâtir le Cloître, dans lequel il fut enterré auprès de la Mere,. S f f ij P fat / Chron. lt). 508 LES ANTIQUITES DE LA VILLE L’an 1131. Anaclet fécond, Antipape étant mort, Innocent aufiî fécond , legitime Pafteur de l’Eglife , dont nous avons cy-devant parlé en traitant du dernier Concile tenu à Eftampes, quitta la ville de Pife , où il avoir refidé jufques alors, et s’en alla à Rome où il fut receu des Seigneurs, et du peuple Romain, avec tout l’honneur deû à fa dignité. Et pour rétablir la difeipline de l’E-glife , et ofter les abus qui s’y étoient introduits pendant le fehif. me , il convoqua un Concile general en la même ville, où prés de mille Evêques s’affemblerent de toutes les parties du monde,l’an 1139 .avec plufieurs Abbez et: d’autres Ecclefiaftiques. La harangue que le Pape fit en ce Concile fur le fujet du fchifme eft raportéc dans la Cronique et merite d’étre leuë. Il annulla tous les decrets faits par Anac et : il degrada tous ceux qu’il avoit promeu aux Ordres : et interdit tous ceux qui avoient efté confierez par Girard Evêque d’Angoulême , fe difant Legat en France pour Anaclet. L’execution de toutes ces chofes fut faite à l’heure même fur ceux qui fe trouvèrent prefens : et: Geoffroy Legat en Aquitaine pour Sa Sainteté, par l’on commandement , renverfa de fes propres mains tous les Autels que Girard ou Gilon Evêque de Frefcati, ou leurs complices avoient confacré pendant le fchifme, et en fit eriger d’autres , qu’il conlacra aux lieux qu’il jugea ne-Sanglicr d’or à ceffaircs. Henry Sanglier Archevêque de Sens affifta à ce Con-ZL'ttl dC c^e avec plufieurs Abbez de fon Diocefe , du nombre defquels Thomas n’étoit point. L’Archevêque en fut tellement irrité contre luy, qu’il le fufpendit de fa charge. Thomas eut recours à la proteélion du Roy, qui écrivit en fa faveur à l’Archevêque,etun Religieux nommé Barthélémy , homme de bonnes mœurs et pru-dent > qui étoit Prieur de faint Martin des vieilles Eftampes, fut le porteur de ces lettres , et fit tant que l’Archevêque leva la fufpenfion, et rétablit Thomas en fon premier état. Mais l’Abbé ennuyé enfin, de tant d’affaires qu’il avoit eues, de tant d’injures et de pçrfecutions qu’il avoit fouffert pendant cinquante ans ou plus, qu’il avoit tenu la Croffe de Morjgny, que fuivant le confeil d’Oddes Religieux Profez de fon Abbaye, qui étoit alors Abbé de faint Remy , il renonça à fa dignité Abbatiale, et quitta fon Abbaye , fans en avoir auparavant obtenu la permiflion de l’Archevêque fon Supérieur , et fans le confcntc-ment de fes Religieux, et fe retira à faint Martin des Champs à Paris, où fobfervance reguliere étoit en grande vigueur, pour y vivre avec plus de tranquillité de corps et d’efprit. La retraite d’argent. I ET DU DUCHE’ D’ESTAMPES. 509 de Thomas apporta bien du trouble dans Ton Abbaye. Le Roy porté d’un bon zele , craignant que le dereglement ne s’intro-duifit dans Morigny, ou que les biens ne periflent, de forte que les Religieux en fouffrifl'ent de l’incommodité , voulut que l’on procédât au plutôt, à leleétion d’un nouvel Abbé. Les foins de Sa Majefté paroilfoient pieux à ceux qui n’en penetroient pas les mauvaifes confequences, mais les Religieux qui les eonnoifl'oient bien , s’oppoferent genereufcment à i’entreprife du Roy. Ils avoient toûjours eu pleine liberté en leurs éleétions , c’eft pour-quoy ils ne pauvoient foufFrir d’être contraints d’élire un Abbé, qui ne fut pas de leur maifon quel qu’il fut. Le Roy leur avoic envoyé Oddes Abbé defaint Remy, 5c Dofcelinus Abbé de faint Pierre de Meaux , avec des Lettres par lefquelles il leur com-mandoit d’élire pour leur Abbé , en la place de celuy qui -s’étoit retiré , le Religieux de faint Martin des Champs que ces deux Abbez leur nommeroicnt. Lorfque les Religieux de Morigny fe düpofoient à obeïr aux volontez du Roy ; quoy qu’au préjudice de leur honneur 5c de leur liberté, toutes les chofes, par une particulière difpolition de la Divine Providence furent changées. Des Lettres de l’Archevêque de Sens arrivèrent, portant deffen-les de palier outre à l’éleétion, fi elle n’étoit pas faite : 5c déclaration qu’il i’annulloit li elle l’étoit. L’archevêque fe fondoit fur ce qu’il eft contre l’ordre des faints Canons que deux foient en même temps Abbez de la même Eglife : de même que deux hommes ne peuvent être en même temps maris d’une même femme : y aiant une efpece de mariage fpirituel entre l’Abbé 5c foo Eglife : 5c que Thomas s’étant retiré de fon propre mouvement fans fon confentetnent, luy qui étoit fon Supérieur , 5c fans celuy de Tes Religieux, qui l’avoient éleu pour leur Pere , il ne laifl'oit pas dêtre toûjours véritablement Abbé. Le Roy ne voulant pas qu’on s’oppofaft à fes defleins envoya de nouveau à Morigny , des perfonnes d’autorité, Noël fon Chancelier, Abbé de Pasbac , Aloüin Evêque d’Arras , 5c Hugues de feint Viétor-lez-Paris, l’un des plus fçavans hommes de fon fiecle, avec un exprès commandement aux Moines d’élire pour leur Abbé celuy que ces grands hommes jugeroient le plus propre pour le bien de leur Monafterc. Les Moines, quiconnoifloient nneux que perfonne celuy quideur étoit neceffaire , prévinrent ceuxque le Roy leur avoit envoiez , 5c éleurent pour leur Abbé Macaire Prieur de Long pont. Ce Macaire étoit ncpveu d’Àl- % ” Sff iij * 5io LES ANTIQUITEZ DE LA VILLE beric Cardinal Evêque d’Oftie, de avoir par fa grande vertu de fa prudence mérité la bienveillance du Roy, de des plus grands Seigneurs du Royaume. Ceux qui étoient venus à Morigny pout contraindre les Religieux de faire une éleétion qui fut agréable au Roy, confidcrans le choix qu’ils avoient fait par anticipation d’une perfonne de ce merite , n’oferent s’y oppofer , et le R0y même , quand les Moines fallerent trouver pour obtenir de Sa Majefté fagréement de cette élection , les loua beaucoup de leur prudence , de de leur generofité à conferver leur liber-té , de d’avoir fait choix d’un perfonnage d’un fi grand merite, 11 n’en fut pas de même de l’Archevêque de Sens, car il ne voulut pas confirmer ce que les Moines avoient fait, parce que Thomas ne s’étoit pas demis de fon Abbaye comme il falloit. Le Roy eut aufiî-tôt avis de ces difficultez : de pour ne pas caufer de nouveaux troubles à cette maifon religieufe, il écrivit à Thomas d’aller à Sens fe demettre de fon Abbaye en la forme requife. Thomas obéît aux ordres du Roy ,et le Prieur de faint Martin des Champs l’accompagna à Sens, où il renonça à fon Abbaye entre les mains de l’Archevêque de la luy remit en luy rendant la Croflè, par la donation de laquelle il avoit receu de luy la jurifdiétion Abbatiale. Deux Religieux de Morigny Robert de Landry, qui étoient prefens à cette renonciation , prefenterent à l’inftant à l’Arche, vêque l’aéte de i’éleétion qu’ils avoient laite de Macaire, le fup-pliant tres-humblement de la confirmer : ce Prélat rejetta cet aéle, de dit à ces Religieux , qu’ayans eu jufques alors un Abbé ils n’avoient pû en élire valablement un autre: mais que Thomas s’étant demis dans les formes requifes , de qu’ayant accepté fa de million, il leur permettoit de procéder , félon l’ordre de leur réglé, à une nouvelle éleetion. Ces deux Religieux retournèrent aufiî-tôt à Morigny , où après que l’on eut cüi d’eux le récit de ce qui s’étoit paflè à Sens , fon afiembla le Chapitre, dans lequel Macaire fut derechef éleu. Les mêmes Moines Robert de Landry furent dépêchez à Cluny , dont le prieuré de Long-pont dépend: pour obtenir de l’Abbé l’émancipation de Macaire, c’efl: à dire qu’il l’affranchît de fobeïüance qu’il luy avoit pro-mife, de qu’il luy de voit. L’Abbé accorda volontiers la demande des Moines de Morigny ,et leur en fit expedier les Lettres qu’il jugea neceflaires : mais l’Archevêque les ayant veuës , fi ne les trouva pas fuififantes , de voulut en avoir de plus amples. Les Moines de .Morigny eurent recours au Roy , epui eut la bonté ET DU DUCHE' D’ESTAMPES. jii xi écrire en leur faveur à l’Abbé de Cluny , qui accorda les nouvelles Lettres qu’on luy demandoit ; apres quoy , l’Archevêque bénît folemnellcment Macaire à Sens, et l’envoia en fon Abbaye, où il fut receu par les Religieux avec les ceremonies accoû-tumécs. Au temps de l’Abbé Macaire , il y eut un fâcheux demeflé entre le Pape et le Roy au fujet de l’Archevéché de Bourges, auquel le Pape avoir nommé Pierre Haimery : St -les Chanoines de Bourges, pour complaire à Sa Majefté , avoient nommé Ca~ duree, que Sa Sainteté priva de l’honneur St de la dignité Eccle-fiaftique. Ce différend alla fi loin, que le Pape mit le Roiaume de France en interdit. Macaire fit un voiage à Rome pour tâcher de trouver quelque moien de l’accommoder. Il y travailla fi utilement qu’il obtint beaucoup de chofes à l’avantage du Roy, par lentremife des Cardinaux , auprès defquels il avoir quelqu’accez; mais il ne pût obtenir une parfaite réconciliation entre Sa Sainteté et le Roy. La divine Providence fembloit en avoir refervé 4 l’achevement à Celeftin fécond fucceffeur d’innocent. Ce nouveau Pontife l’accorda tres-volontiers aux Ambaflâdeurs que Sa Majefté luy envoia pour cet effet, comme je l’ay remarqué fous Loüis le Jeune. . Les Chanoines qui reftoient encore à faint Martin , penfans profiter beaucoup de l’abfence et de l’éloignement de Macaire, s’élevèrent une veille de la fête de ce Saint , contre les Moines qui y refidoient, St les traitèrent outrageufement de paroles St de coups. Le Prieur de ces Religieux dépêcha auffi tôt un meffa-ger exprès à l’Abbé, qui étoit â R orne, St luy fît fçavoir tout ce qui s’étoit paffé. Macaire obtint de Sa Sainteté le pouvoir et un mandement pour frire chaffer de l’Eglife de faint Martin, ou de gré, ou de force , tous les Chanoines qui y reftoient , ce qui fut exécuté : St ainfi les Moines en demeurèrent feuls St paifibles poftefleurs. Le Pape Celeftin étant mort le huitième de Mars 1144. fept mois après fon exaltation , Gérard Cardinal du titre de fainte Croix luy fucceda, fous le nom de Luce IL Ce Souverain Pontife pour mettre quelque ordre aux affaires des Eglifes de France St d’Angleterre , envoia deux Légats , Alberic Cardinal d’Oftie en ’ France, 61 Haimery Cardinal Evêque de Frafcati, en Angleterre. Ces Légats étant tous deux en France trouvèrent que plufieurs déreglemens s’étoient gliffez dans l’Abbaye de faint Benoift fur ]ii LES ANTIQUITEZ DE LA VILLE Loire, autant par la lâcheté de connivence de P Abbé, que par fo relâchement des Moines. Et pour y apporter quelque remede ils depoferent l’Abbé, et tirèrent de Morigny Macaire, qu’ils fubftiu tuerent en fa place, afin que comme il avoit introduit dans Ton Abbaie de Morigny l’obfervance reguliere , comme on la prati-quoit dans le Monaftcre de Cluny, il l’introduifift aufïi dans celuy de Fleury. Cette trai.dation de Macaire arriva la même année 1144. de depuis ce temps-là l’on a toûjours chanté au Chœur de Morigny l’Ofîice félon l’ufage de Cluny , que Macaire y avoir introduit ; de on ne l’a quitté que pour prendre le Bréviaire Mo-naftique reformé par le Concile de Trente. Il gouverna peu d’années l’Abbaie de Morigny, mais il ne laifl'a pas d’y profiter beaucoup pour le fpirituel de pour le temporel. Il apporta à fon retour de Rome un morceau confiderable du bois de la vraye Croix, richement enchaffé dans un Reliquaire d’argent doré tres-bicn travaillé : de de precieufcs étoffes ,dont il fe fervit pour faire des ornemens d’Eglifc. Il obtint du Roy le privilège de prendre du bois dans la Foreft d’Iveline ( c’eft la Foreft de Dourdan ) pour l’ufage de fon Monaftere , tant pour bâtir que pour brûler, par Lettres patentes du ………. expédiées par Cadurce Chancelier. T H E V I N , V. ABBE’. THeonin ou Thevin Prieur d’Argenteüil proche de Paris, fucceda à Macaire par le commun fuffrage des Freres. Incontinent après fon exaltation il obtint du Roy Loiiis le Jeune la confirmation de la donation qui avoit efté faite à fon Abbaie, de la terre d’Efchinvillier. Eile fut expédiée à Corbeil l’an MCXLii. fixiéme du régné du même Roy , de par confequent depuis le premier d’Aouft jufques au vingt - cinquéme jour de Mars fuivant , que l’année 1143. de l’Incarnation eommençoit, comme celle du régné du Roy , au premier jour d’Aoufl. Il efb recommandé dans la Croniquc pour fa grandeur , fa beauté,fa bonne grâce, de pour fa prudence. Le Roy agréa cette éleélion, que les Prélats approuvèrent aufïi. Il fut conduit à Sens félon la coutume. Geoffroy Evêque de Chartres premier fuffragant de Sens, et Vicaire né de l’Archevêché en toute fa Province lors qu’il en eftoit abfent , le bénit avec les ceremonies accoutumées. Dés la fécondé année de fa promotion il fît lambriflêr d ais le haut de fon Eglife , qu’il enrichit aufïi d’ornemens et de C alite * — ^ ET DU DUCHE' D’FSTAMPES. 5r* Calices. Il augmenta la Bibliothèque de livres. Il fit faire cLe belles et de grandes cours, l’une dans Ion Abbaye, et les autres à faint Martin des vieilles Eftampes , à la Ferté Aleps , et à Eftrechy, Prieurez qui en dépendent. Il mourut l’an quatrième de fa promotion , de forte que l’on peut dire de luy. Consummatus in brevi explevit tempora multa. 11 fut enterré devant le grand Autel, c’ert à dire félon l’état prefent des chofes dans la nef, non loin de l’entrée du Chœur. MILONI. V I. A B B E'. Mllon Premier , fut fuccefleur de Thevin , c’eft le dernier dont il eft fait mention dans la Cronique *, mais elle ne nous apprend pas ny d’oii il-étoit, ny comme il fut éleu. Il obtint de Loüis VII. Roy de France et: Duc d’Aquitaine des Lettres de protection et fauvegarde , pareilles à celles que l’Abbé Thomas avoit obtenues du Roy fon Pere , elles furent expédiées dans le Palais à Orléans, l’an mcl v. et le vm.du régné de Louis, et: par confequent après le premier jour d’Aouft de cette année-là Raoul Comte de Vermandois grand Maître. Guillaume Bouteillier, Matthieu Chambellan , et un autre Matthieu Connétable font marquez comme prefens à l’expédition de ces Lettres, qui fut faite parCadurce Chancelier. LANDRY, VIL ABBE' LAndry fucceda à Milon. Peu de temps après fa promotion il eut un grand démêlé avec Jolcelin de Alveo, c’eft à dire de Nacelles, le mot d* Alveus, doit à mon avis , être pris en cette lignification en ce lieu-là , parce que dans les années fuivantes on voit des de Naflèlles Seigneurs de Dommarville terre qui confine avec celle de Maifons, il eut, dis-je, un grand démêlé pour la conservation de fa juftice. Un des hommes ou Sujets de Jofcelin ayant eu différend avec un de ceux de l’Abbaie, du village de Maifons, Us s’appellerent en duel , et fuivant l’ufage du temps donnèrent le gage de bataille. L’Abbé pretendoit que c’étoit à luy à affigner le lieu du combat, et vouloit que ce fut à Morigny. Jofcelin, au contraire , foûtenoit que fon fuiet n’étoit obligé de combattre qu’au lieu de Maifons, fans pouvoir être traduit ailleurs. Cettr copteftation fut caufe que ce duel fut long-temps différé, et juf-quh à ce que Jofcelin eut, l’an 1151. reconnu en prefence du Roy, qui tenoic fa Cour dans fon Palais à Eftampes , et devant l’Abbé T t t * Sap. 4. rj ç.T4 LFS ANTïQUlTEZ DE LA VILLE qui étok aufll prefent, qu’il ne pretendoit rien à la Seigneurienv à la juftice de Maifons , mais qu’elle appartenoit à l’Eglife de Morigny. Sa Majefté confirma la reconnoiflance faite en juge, ment par Jofcelin, en faveur de l'Abbé, par les Lettres fuivantes qui fervent à faire voir que les habitans de Maifons doivent ré. pondre à la juftice de l’Abbc, au lieu de Morigny. In nomine fantta dr individua Trinitatis. Ego Ludovicus fox Francorum dr Dux Aquitanorum omnibus tn perpetuum.Temporibus novifiimis quamplurimos applicare ad malum et ad opprefiionem piperum intendere videmus : dr nifi in brachio potefiatis , malitia illo. rum occurramus , amore proprietatis augmentanda , Ecclefias etiam vexaret pojfefiiones ad fuos ufus trahere conabuntur ; quod pati mi. nime decet nofiram mansuetudinem. Proinde notum jit omnibus et prafentibus et fu turis,quod in quadam villa Ecclefia Maurigniacen. fis , qua dicitur Maifons , inter hominem Iofcelini de Alveo et quem, dam hominem ipfius Ecclefia data funt Vadia belli : et cum Abbas Ecclefia Landncus exeeutionem campi d* bellum vellet adducere Mau. rigniacum, Iofcelinus contradixit, et hoc dicebat ejfe fui juris, quoi, homines fui extra ipfam villam , cum hominibus Ecclefia ad profe. quendum campum non deberent egredi , proptered bellum diutius refpeffatum fuit , donec Iofcelinus in prafentta nofira dr audientia totius Curia nofira, et Abbate Maurigniacen fis Landrico , recognovit villam Maifons propriam ejfe Ecclefia Maurigniacenfis , dr in ea fe nihil clamare nec habere : dr in voluntate Abbatis ejfe quocumque voluerit, fua vocare placita pronuntiavit, et illud bellum quod de tu nuerat, concefiit ut quo vellet Abbas deduceret. Quod ut ratum Jit in pofierum annotari, et figi Hi nofiri auUoritate corroborari pracepimus, adjeÛo charatfere nofiri nominis : Attum Stampis Dominica Ineam, anno mclii. adfiantibus in palatio nofiro quorum nomina fubfcripu funtet figna. Guidonis Buticularii. Matthai Confiabularit. Mattheti Camerarii. Data per manum Hugonis Cancellarii. Landry eut quelques années après une autre grande contefta-tion pour fa juftice et Prévôté du Bourg d’Eftrechy. Un certain nommé Guillaume fils d’Eftienne du même Bourg , pretendoit que cette Prévôté luy appartenoit par droit de fucceflîon, à caufe que fon Pere en avoit joüy : et qu’il n’étoit pas au pouvoir de l’Abbé de Morigny d’y commettre à fa volonté. Les plaintes de ce trouble que Guillaume caufoit à l’Abbé de Morigny, vinrent jufques au Roy. Sa Majefté ordonna aux parties de comparoîtrc en fa prefence à Orléans, où ilalloit tenir fa Cour. Les parties ET DU DUCHE’ D’ESTAMPES. yTf comparurent. Guillaume perfifta en fa proportion. Et l’Abbé foû-tint au contraire qu’Eftienne Pere de Guillaume n’avoit joiiy de cette Prévôté que fous le bon plaifir de l’Abbé Macaire , qui luy avoit accordé d’en jouir pour autant de temps qu’il luy plairoit, aufli bien qu’à fes fuccefleurs' après que cet Éftienne eut reconnu en jugement devant Sa M.ijefté l’an mcxlii. qu’il n’y avoit aucun droit, ainfi que Landry prouva par de bonnes pièces juftifîcatives. Le Roy après avoir pris le ferment de Guillaume d’acquiefcer à ce que fa Cour prononceroit fur le différend d’entre l’Âbbé luy, il le débouta de fa demande et tous ceux de fa famille, et ceux qui ppurroient prétendre d’avoir droit de luy, avec deffences de troubler à l’avenir l’Abbaie de Morigny en la poffe/ïion de cette Prévôté, par les Lettres fuivantes, lefquelles fervent de preuve évidente du dro.it de juftice que l’Abbaye de Morigny a dans Eftrechy. In nomine fancta efi individua Trinitatis amen. Ego Ludovicus Dei gratia E rancorum Rex , ad memoriam pofieritatis e a trans ferre qtt£ neceffaria funt Ecclefiis efi fervis Vei, officium efi regia fublimi-tetis.Sciant ergo univerfi tàm prafentes quàm futuri, quod Guillelmus, filius Stephani de Strepiniaco ejufdem villa negata fibi prapoftura 3 inquietabat Ecclefiam Maurigniacenfem , efi ad noflram ferenitatem fertuht et fecit inde quarimoniam. Jpfum ergo Stephani filium,prafa-tum Guillelmum,cfi Abbatem Maurigniacenfem Landricum,ad Curiam noflram evocavimus Aureli ani s, efi priufquam ingrederentur eau fiam 3 Guillelmum fidem dare fecimus quod nihil in poflerum clamaret, vel yuetreret in prapofitura Stripiniaci fupra quam adjudicaret ei Curia nofira. Pofimodum in ipfa atfione Guillelmus fuam effie dixit prapofi-turam jure hareditatis, quam fane pater fiuus efi antecefifiores fui habuerant. Abbas Maurigniacenfis Landricus refpondit quod anteceffior fius Macharius fuper eadem prapofitura in Curia nofira confcYvatus lfl cum Patre Guillelmi Stephano j ipfumque Stephanum eo ufique \crducium, quod in audientia curia manifefta confiefione recognovit f*lfi fe titulum hareditatis introduxiffie^efi quod pro taliter mota qua-fiione rettum in manu Abbatis fecit efi gagiavit , efi pofihac Abbas Landricus protulit privilegium fua nfponfionis exprefifium tefiimonium, fi definitivam continens fiententiam : efi cum tanta veritatis firmi-tate nitebatur pars Ecclefia, vifum efi Curia quod Guillelmus in pra-fofitura nihil penilits haberet, vel clamare poffet ipfe, vel aliquis de ficctjfioribus fuis. Et nos Regia auctoritate confiituimus,ac pracipimus, ut in prapofitura Stripiniaci Guillelmus Stephani filius nullam * T t c i; ji<5 LES ANTÏQUITEZ DE LA VILLE deinceps habeat rationem calumnia : nullam ideo faciat inquietationem Maurigniacenfi E c clef a , neque aliquis de Juo genere, fuod ut ratum fit, dr in pofierum penitus inconvulfum , memoria Lette-rarum tradi , dr figUU nofri auctoritate communiri, nofrique no. minis Charactere confirmari pracepimus. ACtum Stampis Dominica Jncarn. an. mclviii. Regni vero nofiri an. xxii. adftantibus in palatio quorum fubter infcnpta funt nomina dr figna. Comitis Theo-baudi Vapiferi nofiri. Guidonis Buticularii Matthai ConfiabuUrii. Matthai Camerarii. Data per manum Hugonis Cancellarii. Nous verrons cy-aprés d’autres difïicultez pour les droits de juftice de cette Abbaye réglez en partie^, par un Arreft du%Roy Philippe le Hardy , de l’an mcclxxviii. au mois de Janvier: et: qui furent enfin entieremenr reglez par une tranfaetion faite avec Louis d’Evreux Comte d’Eftampes l’an mccclxxxxi. Il y avoit au territoire d’Eftampes un Climat de terres appelle OClava, dont les poflcfTeurs étoient d’ancienneté Serfs du Roy. La fertilité de ces terres avoit porté plufieurs perfonnes qui n’é. toient pas de condition fervile, à en acquérir , l’ABbaiede Mo-rigny y en avoit aufîi. Le Roy étant à Eftampes , pour ne pas perdre fes droits, fit faire une faifie generale de ces terres. L’Abbé Landry eut recours pour fon Eglife à la bonté du Roy, qui luy accorda par lettres de l’an 1158. de pofteder à perpétuité paili-blemcnt celles qui appartenoient à fon Abbaie>fans autre charge que de certains petits droits ordinaires appeliez coûtumes, que le Roy recevoir des terres affranchies. Ce fut le commencement de raffranchiftement de ces terres qui furent depuis toutes affranchies, l’an mclxxix. comme j’ay remarqué fous le Roy Louis VII. In nomine fanCla,dr individua Trinitatis, Amen. Ego Ludovicusdei gratia Francorum Rex Landrico Abbati , dr toti Ecclefia Maurignia-cenfi, in perpetuum. In territorio Stamparum quadam terra extfiunt, qua OCtava dicuntur, dr ex antiqua confiuetudine earum poffeffores regii fervi filent effe. Et quoniam multi pro utilitate terrarum eas occupaverant, qui non erantfervilis conditionis, ipfas communiterfaifire fecimus : ubi et Ecclefia Maurig. quafdam terras habebat, qua etiam ad opus nofirum faifita fuerunt. Adivit igitur nofiram firenitatem ]am diCtus Abbas Landricus {df humiliter pcfiulavit, ut terras quas in OCtavis pofiidcbat commiffa fibi Ecclefia , quittaremus. Attendentes nos Dei mi fier icor diam qui nobis regnum dedit, dr ptotcfiat em. In-fuper confiderantes humilem Abbatis petitionem : Notum facimus uni-verfis prafenttbus atque futuris, quod per confilium eorum, qui pro no- ET DU DUCHE'D’ESTAMPES. 517 bis adfifiebant, pro nofira, çfi ante ce fibrum nofirorum Regum V ranci a animabus , EcclefiiA Maurign. çfi Abbati Landrico quidquid in Oclavis illius faifnæ communis tempore pofiidebat, de catero pofii-dere quietè efi libere , fialvis nofiris confiaetudinibus regia benignitate concefiimus. Et ut notum fit atque ratum prœfientem paginam fi-gilli noflri auchritate muniri, efi nominis nofiri char attere confignari pucepimus. Attum publice Stampis , anno ab Incarnatione Domini MCLvm. adfiantibus in Palatio nofiro quorum nomina fubfiitulata funt efi figna. Comitis Theobaldi D api fieri nofiri. Guïdonis Buticula-rii. Matthai Camerarii, Math ai Confiabularii. Data per manum Nugonis Cancellarii. Hugues de Toucy Archevêque cîe Sens accorda au même Abbé Landry, l'an mclxi. La confirmation des Eglifcs des Vieilles-Eftampes, de faint Gilles au Marché , de faine Germain de Mori-gny , de faint Eftienne d’Eftrechy, de la Ferté , de Ccrny. Ce titre eft allez de confequence , etr merite d’étre icy inféré. Hugo Dei gratia Senonenfis Archiepifcopus diletto filio Landrico ■ Venerabili Maurigniacenfis Ecclefa Abbati , efi fiuccejfionbus ejus in perpetuum. Cum ex injuntto nobis d Domino Pontificatus officio efie debeamus omnibus, qui nobis fiubjetti fiunt debitores, potifiimum reli-giofis Ecclefiis, qua in nofiro confifiunt minifierioprovidere habemus.Ea-rumque necefiitates, pro eo quod tempora periculofia fiunt, nos convenit fellicitudinis oculo contueri, efi cis auxilii nofiri prAbere levamen. Ea propter charifiime inChrifio fili Landrice Abbas,petitioni tu a, qua nos humiliter rogafii, ut videlicet Ecclefias, in quibus prAfientationes Presbyterorum habere dignoficitur Ecclefiia Maurigniacenfis tibi confirmaremus , benigne affientientes, pro Dei amore, ac pro tua , efi EcclefiiA tu a, cui ad prAfiens, domino annuente,prafides, devotione, eafdem Ecclefias, quas propriis duximus exprimendas vocabulis, prnfentis ficripti pagina, efi figilli nofiri auttontate tibi, efi fuccefiforibus tuis confirmamus, communimus , Ecciefiàm fantti AAartini de Stampis veteribus , Eccle-fiam fantti *Azgidi de foro , Ecclefiam fantti Germani de Maurignia-co) Eccle fiam fantti Stephani de Efirechiaco , Ecclefias de Firmitate, efi Ecclefiam fantti Petri de Cerniaco. Attum efi Senonis , anno ab Incarnatione Domini mclxi. Pontifi. autem nofiri xix. adfi(lentibus in Ecclefia nofira perfonis quarum nomina duximus adnotanda. Vvillel-mus Senonenfis Àrchidjaconus. Simon Thefiaurarius , Odo Decanus, Mathaus PrAcentor, Simon Cellerarius , efi Miliduni Archidiaconus , nullo prApofito E c clef a Senonenfis , chidiacono. Eromundus Notarius fieri nulloque exi flente Stampcnfi Ar- r* » • 11 lljf ji8 LES ANTIQJJITEZ DE LA VTLLE 11 eft encore fait mention du même Landry dans des titres des années 1164. et 11^9. fans que l’on (çache precifément le temps de fa mort : il eut pour fucceffeur HAIMERY, vi il ABBE’. HAimery lequel l’an 1175. fit un accord avec le Maître de l’Hôpital d’Eftrechy pour une terre qui avoir été donnée à cet Hôpital, et qui dépendoit de la cenfîve de fon Abbaye. Le temps qu’il a tenu la Crofle eft incertain. MILON II, IX. ABBE’. Milon 11. fucceda à Haimery , ( d’autres difent Hannery ; il obtint du Roy Philippe Augufte des Lettres d’amortiffe-ment, de protection, et de fauve-garde pour fon Abbaie ,et tous les biens qui en dépendoient, pour confirmer celles que Thomas, et Milon premier ,fes predecefleurs avoient obtenues. Elles furent expédiées à Paris par Hugues Chancelier l’an mclxxxii. Elles font tranferites au Cartulaire. On ne fçait point le temps de la mort de Milon, ny celuy de l’éleâion de fon fucceflcur. PIERRE I. X. ABBE’. PTerre Premier du nom > dont il eft fait mention dans une tran-faétion faite à Eftampes fous les fceaux de l’Eglife de Nôtre Dame l’an mcxcii.entre luy et Arnoul dAuvers Chevalier. Cet Abbé étoit de la rnaifon de Boinville, et ne manquoit pas de cœur pour foûtenir les droits de fon Abbaie. Les moulins de Vaux, ailis fur la riviere d’Eftampes, prés d’Eftrechy, appartenoientfans contredit à l’Abbaie, tiArnould n’en contcftoit pas la proprie, té > mais il pretendoit d’avoir droit par fuccelfion , 6e par ulage d’y faire moudre fon grain fans en payer aucune mouture. L’Abbé , et les Religieux foûtenoient qu’il n en étoit pas plus exemt que les autres. Les parties fe trouvant entièrement oppofees dans leurs preuves et dans leurs témoins, comme l’on étoit fur le point de prendre la refolution de décider le différend par le duel, félon l’ufage de ce temps-là: leurs amis communs confidetans fadement que l’évenement du duel netoit pas toujouts a 1 avantage de celuy qui avoir le meilleur droit, les portèrent a un accommodement. L’Abbé par le confcil de fes amis , donna à Arnoul quarante livres, moiennant quoy , luy > fa femme , fes enfans, les freres , et autres heritiers renoncèrent pour toujours, a tout le ET DU DUCHE' D’ESTAMPES. 519 droit qu’ils pouvoient avoir, et prétendre fur ces moulins. Cet accommodement fut folemnellcment fait , et paffé en la prefence dcLeviis, Adam le Clerc,Mainier de Fourchainville, Pierre d’If-fy, et Hugues de Gravelles, Commiflair es députez par le Roy pour rendre la juftice : car c’eft, comme je croy , ce que peuvent lignifier ces paroles du titre , qui tempore illo ex pracepto Domini Regis . ajfejfores erant. Les amis de l’Abbé qui fe trouvèrent à cet accommodement furent Régnault de Corbeil, Barthélémy , et Jean de Boënville frcres dudit Abbé,Moreherius d’Ardennes,Caredous de Champigny, Gaultier de Chaftenay , Raould de Boville, Pierre de Richerville, Philippe de la Chefne, Régnault de Nangcville , Barthélémy d’Aimarville, Bouchart de la Forcft, Guy Linieres , Alexandre du Rouflay, et Pierre de Bourray, Ferry de la Chef-ne , Amaury des Vieilles Eftampes, Philippe, et Guillaume fes freres. Les afliftans du côté d’Arnoul furent fes trois frcres Robert, Anfeau , et: Godefroy. Philippe , et Adam de faint Yon, Se-vin de Rochefort, Jean de Boutervillier, et Robert Potier. Quand j’ay dit, que l’on étoit fur le point de décider le différend par le duel, il ne faut pas entendre que l’Abbé ou quelqu’un des Religieux fe fût battu en duel contre Arnould ; mais que quelques-uns de leurs amis auroient entrepris ce combat pour eux. Voicy cette tranfaetion. Trudenti curiofitate foedera pacis cuflodire cupientes perenniter inviolata , ea qua pro temporum fuccefiioney homine moriente oblivifci, vel ab humana memoria de facilipofiint labi, fcripto volumus commendare. Sciant ergo omnes pofieri ffimulque pra fentes,quod contentio magna aliquando fuit inter Domnum Vetrum, tunc temporis Ecclefia Mau-riniacenfis Abbatem , et Arnulphum militem de Auvers , pro molendinis de Vaus. Vradictus namque miles Arnulphus in praditfis molendinis molere abfque emolumenti datione debere fe dicebat, haredita-rio jure, et ufu confuetudinario , teflibufque affirmabat. Sed præno-minatus Abbas , dr Monachi confianter diftum ditfo , tefies teftibus reprobaverunt, donec ad duellum ventum ejl. Attamen utriufquepartis amici duelli dubium eventum. Pia confideratione pracaventes, pacis foedera compofuerunt. Abbas enim , et Conventus Mauriniacenfis, confiho amicorum-, Ecclefu pra dicio Arnulpho quadraginta libras donando Largiti funt ; ea inquam conditione , quod nec ipfe Arnulphus, nec hAredes e\us nec fratres ipfius amodo , et ufque in finem fieculi nihil omnino in prAdiclis molendinis appetent exigere : et hanc quit-tationem ore proprio fecit pradiclus Arnulphus, et uxor ipfius, et in- Torte Leniis de Ligni , Leviis de Levi. De Corbcil » D’argent au Griffon de gueule,la queue fourchue , et paflée eu fau-toir. 520 LES ANTIQUITEZ DE LA VILLE fante s eorum, fratres quoque.ipfius Arnulphi Robertus , Anfcllus,et Godefrinus, afferentibus eis cunftis amicis eorum. Huic te fle s nomina tur exparte Abbatis Rainaudus de Corbolio , Bartholomaus, et loan. nes de Boinv i lia fratres Abbatis, Moreherius de Ardennes , Caredous de Campigniaco. Gautenus de chaflenay ; Radulphus de Bovilla, Pe. trus de Richervilla, Philippus de Cathena, Rainaudus de Nan^evilUy Bartholomaus de Amervilla , Bucardus de Nemore, Guido Lumières Alexander de Roceto, Petrus de Boreto , Federicus de Cathena, Amati-ricus de Stampis Veteribus, Philippus , et Guillermus fratres e us. Ex parte vero Arnulphi teftes,Robertus : Anfellus, et Godcf/idus fratres ipfius , Philippus de fanet 0 Fonto , Adam defanet 0 Tomo ,'Sevinus de Ru-peforti, Ioannes de Botervillier, et Robertus Potier. Actum Stampis anno Incarnati Verbi m cxc ii. in prafentia Philippi de Leviis, Adam ClericiMainerii de Forcheinvilla, Petri d'Vfii, dr Hugo nis de Gravcl-la, qui tempore illo ex pfacepto Domini Regis affeffores erant. £)uod ut ratum, et firmum permaneat perenniter auctoritateflgilli Beata Maria de Stampis communitum efl. En 1200. Pierre de Corbeil , Archevêque de Sens étant àMori-gny , de cet Abbé Pierre du confentement de fes Religieux,pour ôter les conteftations qui naifloient fouvent entre le Prieur, et le Curé d’Eftrcchy,firent le reglement fuivant. Que le Curé aura pour fon gros un muid de demy de feigle, ( le mot Hibernagium, lignifie feigle , félon l’interpretation de François Pithou en fon Gloflaire fur le 132,; Chapitre des Capitulaires de nos Rois J, de un muidet demy de………avec dix muids de vin à prendre fur les groflés dixmes dudit Eftrechy, de la moitié des menues dixmes : toutes les oblations à quelque jour qu’elles foient faites, fans exception, etrqui que ce foit qui celebre. Les émolumens des Confeflions feront entièrement au Curé ; de ceux des mariages ,fepultures,et vifites de malades jurques à deux écus : Et ce qui fera au defllis de ces deux écus, fera partagé entre le Prieur, Se le Curé, avec tous les legs pics en deniers, poflelîions, ou autres chofes, de les émolumens des Îeptenaire5,trentains, de anniverfaires. Ce qui fera donné au Prieur, ou au Curé par des forains, ou perfonnes qui ne feront pas delà Paroi fie, appartiendra entièrement à ccluy auquel il auta été donné. Voicy ce reglement. Ego Petrus Dei patientia Senonenfls Archiepifcopus , et Petrus Maurig. Abbas, et uniuerfum Maurigniacenfls Ecclefa Capitulum omnibus adquorum notitiam prafens feriptum pervenerit,falutem in Domino. Noverit univerflta s noflra quod antiquam conflue tudinem Strichia- ET DU DUCHE’ D’ESTAMPES. 5u ctnfis Ecclefia, qua vix abfque perjurii periculo poterat obfervari. Vnde frequent ifiimc rnter Priorem ejufdem loci, (fi Presbyterum oriebaturcon-troverfia > ad tollendum perjurii fericulum, (fi tollendam controverfia occafionem , de affenfu , et voluntate diriorum Priori s, (fi Presbyte'ri in hmc modum decrevimus immutandum. Sacerdos Ecclefiœ quifquisfue-rit fingulis annis capiet in granchia de Efirechy de decima bladi modium , et dimidium de Tbcrnagio, (fi modium , (fi dimidium de Mare fche : de vino decima decem modios : medietatem minuta decima. Omnes oblationes.quacumquefuerint, (fi undecumque venerint-, quacumque fit dies, qui cumque paratus fit celebrare divina,five facerdos, five Prior, fve alius Monachus : Omne beneficium nuptiarum , five fuerit in ferculo five alia re : beneficium unctionis ,fi factum fuerit, fi ambo affuerint, five alter defuerit. Omnia legata quacumque fuerint, five in nummis five in poffefiione , five in quacunque re : Omnes tricenarii, • annualia fcptenaria incommmicm ambobus, Priori fcilicet, (fi Sacerdoti venient partitionem : Sacerdos liberepofiidébit confefûones fuas.fe-fulturarum beneficia , oblationes baptifatorum , vifitationes infirmorum ufique ad duos nummos : Si ultra duos nummos aliquid ab aliquo, 'vel aliqua datum fuerit, in ccmmu?iem ambobus veniet partitionem. Si de extra Parrochiam alicui eorum aliquod beneficium acciderit, fuum erit. Prior, (fi Monachi, (fi Sacerdos, (fifui Clerici, unus ad alterum tenebitur juramento, (fi ut diximus, accipiant, (fi communiter m Ec-clefa defervi an t. In hujus rei memoriam pr£fentem paginam figi Ili nofri munimine fecimus roborari. Alium apud Maurigni acum , anno irati a mcc. Du temps du meme Abbé, les différends qui étoient encre le Prieur et le Curé, Chevecier de S. Martin pour des émolumens de leur Eglife/furent auffi reglez en la maniéré fuivante. Toutes les oblations faites à l’Office célébré par les Moines , ou par le Prieur , à quelque jour, ou à quelque heure que ce foit, appartiendront audit Prieur: mais celles qui feront faites à l'Office du Chevecier, et: de fes Prêtres, dans les Eglifes de faint Martin, de faim Aubin , et: de faint Jean , depuis les premières Vêpres juf-ques aux fécondés des Fèces fuivantes feront partagées entre le Prieur, et le Curé , fans exception de mortuaire > mariage > recep-rion de pèlerins , et de tout autre cas fortuitquant même le Curé auroit fait porter les corps, célébré les mariages, et rccèu les pétrins en d’autres Eglifes que les fufdites. A fçavoir les Fêtes de Pa Nativité deNôcre Seigneur, de l’Epiphanie,la Converfion de faint Paul , la Purification de la fainte Vierge , la Chaire faint Vu u Su LES ANTÏQÎJÏTEZ DE LA VILLE Pierre , l’Annonciation, Pâques, Pentecôte, la Fête des Apôtres faint Pierre et faint Paul, Tranflation de faint Martin,faint Pîer. reaux Liens, l’Affomption de la Vierge , et fa Nativité, la Fête de tous les Saints > de faint Martin, de faint Nicolas, et de faine Aubin. Le Prieur aura de chaque mariage un denier, et les cierges ceux des femmes relevées de couches : le furplus de l’offrande appartiendra au Chevecier. Le refte du cierge Pafcal, et ce-luy que l’on offre le jour de faint Barthélémy feront partagés en-tr’eux. Les offrandes faites par les pèlerins feront au Prieur: mais ce qu’ils donneront pour les avoir accompagné appartiendra au Cu-lé,- excepté les jours cy-deflus marquez qu’elles doivent être par-tagées entr’eux. La coûtume de ce temps-là étoit d’aller procef-fionnellement recevoir les pèlerins qui alloient ou retournoient en grande compagnie , des Saints lieux de Jcrufalem, de les con-duire à l’Eglife à leur arrivée , et de les accompagner aufli Pro-cefïionnellement à leur départ : de même que les Peres Mathurins vontaujourd’huy recevoir les efclaves rachettez par leurs Peres en Barbarie. Les Ornemens d’Eglifes qui feront offerts à quel jour que ce foit, appartiendront à PEglife, et feront gardez par le Prieur. Les legs qui feront faits d’un revenu ou rente à prendre au dedans de la terre du Prieur, luy appartiendront entièrement: mais fi on légué des immeubles afîis dans la même terre, ils feront partagez entre le Prieur ,etle Curé , lequel fera tenu de vendre fa part dans un an, et d’en emploier le prix, par l’avis du même Prieur, et des Notables delà Paroilfe, en achat de revenu qui demeurera affeété à la Cure, ou d’ornemens d’Eglife. Tout ce que l’on donnera pour des fondations d’anniverfaires demeureracommun au Prieur, et au Curé,lequeln’annoncerapoint lefditsanniverfaircs, ny aucune Proceffion , fi ce n’eft par le commandement du Prieur ou des Moines. L’Abbé de Morigny,et le Doien de la Crêtienté d’Eftampesdé-termineront à quel Autel, dans l’enceinte du grand Chœur, le Curé fera l’Office, jufques à ce que la grande nef, et les laterales foient accreuës d'une arcade de voute.-aprés quoyil aurafon Autel devant le Crucifix. * Ce Reglement fut à la priere des parties, homologué par Pierre Archevêque de Sens, dans un Synode qu’il celebra,l’an m c exin. ET DU DUCHE D’ESTAMPES. 5i5 au mois de Juin, en la même ville de Sens , par Lettres données fous fes fceaux,delà teneur fuivante. Petrus Dei gratta Senonenfium Archiepifcopus , omnibus prafentes litteras inspecturis falutem , in Domino. Noverit univerfitas vejlra qubd fuper omnibus querelis, de quibus Capicerius veterum Stampa-rum convenit Priorem ejufidem loci coram officiali Senonenfi-, ita com-fofirum eft. oblationes dr communiones qua fient in Natali Domini , Epiphania , Converfione fandi Pauli, Purificatione Beata Virginis, Cathedra fandi Petri, Annuntiatione Domini 5 Paficha, P ente cofie, fe-fio SS. Petri, dr Pauli, translatione fanet i Martini, ad vincula fandi Petri, Affiumptione Beata Virginis, Nativitate ejufdem, fefio omnium Sanctorum , et tranfitu fanet i Martini, fanet i Nicolai, fanet i Albani, ad officium Capicerii, dr Capellanorum ejus', quacumque hora; a primis vefperis ufque advefperas dictorum fefio rum in Ecclefia fandi Martini, vel fanet i Albani, vel in eleemofina fanet i Io annis, nullo fortuito cafu excepto, ficut eft de corpore prafenti, de nuptiis, de peregrinis , dr omnibus fequelis , communes erunt Prioris et Capicerii. Qgicquid autem offeretur ad officium Prioris, et Monachorum,- quacumque hora vel die , totum erit Prioris. Si vero oblatum fuerit aliquod ornamentum Ecclefia, in dictis fefiis, ad cujufcumque officium ? Ecdefia erit , dr in cufiodia Prioris. Legata qua fient de redditu vel cenfu aliquo in terra Prioris, ex integro Prioris erunt. Legata qua fient în terra Prioris de re immobili, communia erunt Prioris et Capicerii ; ita quod Capicerius partem fuam, inf ra annum , vendet : et quod in-$ accipiet, cum confilio Prioris , dr bonorum de Parrochia expendet in acquirendo redditu Presbiterio : vel ornamenta Ecclefia. Catera legata redditu vel re immobili, dr ea qua dabuntur pro redditu emendo ad anniverfaria facienda communia erunt Prioris dr Capicerii. Anni-vefaria omnia ad mandatum Prioris vel Monachi annuntiabit) fi-ne mandato nunquam : nec procefionem faciet fine Priore vel Monachis. Sequela peregrinorum Capicerii erit, exceptis fefiis pranotatis. Oblationes peregrinorum Prioris erunt. Didis autem fefiis, quorum oblationes communesfunt, non facietCapicerius corpus deferri in aliam Ecclefiam, nec alias obventiones de peregrinis , nuptiis, purificationi- ' bus : quod fi fecerit, oblationes nihilominus communes erunt. De fin- ' gulis nuptiis habet Prior unum denarium , dr totum luminare fponfi, ^ et fponfe. De purificationibus candelas purificationum : catera Capi-Cerit funt. Refiduum Cerei Pafchalis, dr chandela fandi Bartholomai communia erunt. Ad difpofitionem vero Abbatis Maurigniacenfis , dr Decani Stampenfis habebtt Capicerius altare competens intra ambi- Vuu ij 5*4 LES antiquitez de la ville tum magni chori Ecclefia, ubi celebrabit, donec navis Ecclefia de volta excreverit, et fin gula latera de una, et ex tunc habebit altare fuum extra Crucifixum in loco competenti. Nos autem compofitionem gratam habentes , ad petitionem partium pu fentes litteras figillo noflro ' fecimus roborari. Actum anno gratia mccxiii. menfe Iulio, die Synodi. ROBERT D’AUV ERS, XL ABBE'. RObcrc d’Auvers fucceda à Pierre Premier. Par titre de l’an 1218. il affranchit Gaudefroy de faint Yon , et plufîeurs autres poffcffeurs de quelques mafures affifes à Morigny ,de certaines redevances, dont lefdites mafures étoient chargées envers l’Abbaie, et de toute taille , impofition, et: exaetion qu’il pouvoit faire fur ceux qui poffedoient de ces mafures et leurs heritiers,auf-quels il les laiflaàdouze fols decens annuel, et perpétuel,paiable le jour des morts:etpour les quatre feptiers d’avoines qu’ils dévoient pareillement, outre ces charges, il les changea en douze deniers aufli decens annuel et perpétuel, paiablc le meme jour, par chaque feptier : et pour la mine à proportion, etrpour les obliger plus étroitement envers l’Abbaie par- des bien-faits, il accorda qu’eux et: leurs fucceffeurs qui encourroient des amendes de foixante fois, ils n’en paicroient que cinq fols : pour celles de cinq fols douze deniers ; et: pour les défaux en juftice feulement quatre deniers. Ce titre eft au Cartulaire. Il eft auffi fait mention dans un reglement fait l’an 1132. par Robert de Dourdan Abbé > que le même Robert d’Auvers emploia de fon temps j en acquifition de fonds, des fommes de deniers qui avoient efté données à l’Eglife de Morigny, pour la fondation de quelques anniverfaires. Le reftede ces belles aétions nous eft inconnu. Il eut pour fucceffeur THIBAULT, XII. ABBE'. . L 1 'I Hibault fut élû l’an 1213. Gaultier Cornu Archevêque de I71> Sens juy accorda une nouvelle confirmation des Eglifes, cfos deiquelles le jufpatronat, et autres droits qui en dépendoient, /^u^y^w4vo’ent efté déjà accordez etr confirmez à fon Abbaye du temps s .y* /L l’Abbé Landry. Il eut une grande conteftation contre Gauf êl* tier Evêque de Chartres. Ce Prélat avoir en fa jeuneffe fait pro- ^fcflîon de la vie Monaftique, au Monaftere de Pruilly, de l’Ordre et * de Cifteaux : et d’Abbé de Pontigny du meme Ordre il avoit efté fait Evêque. Le fujet de leur conteftation fut que Gaultier pre* ix> 7na ET DU DUCHE' D’ESTAMPES. 52.5 tendoit avoir droit de procuration dans l’Abbaie de Morigny, etdemandoit juftice devant le Métropolitain, du refus que l’Abbé etfes Religieux avoient fait de le recevoir, te de liiy paier fon droit. Cet Evêque appuioit fa demande fur fa poffefîîon te fur lacoûcume, difant que Régnault fon predeceffeur avoit jotii de ce droit , te luy aulîi pendant plufieurs années , il produifoit des témoins favorables à fon intention. L’Abbé te les Religieux de-meuroient d’accord de l’avoir receu aufïi bien que fon.prede-ceffcur te defraié plufieurs fois en leur Abbaye : meme d’avoir ?aié à fes ferviteurs les droits que l’on appelle féodaux, te que ’on a coutume de paier aux ferviteurs des Evêques , dans les Abbaies où ils ont droit de procuration , te neanmoins ils ne demeuroient pas d’accord du droit qu’il pretendoit : etr difoient qu’ils n’avoient rien fait de tout cela par devoir etpar obligation, mais feulement par charité : te même que l’Abbé te le Prieur le luy avoient ainfî déclaré. Ils alleguoient outre cela, que l’Evêque ‘ Régnault aiant prononcé une fentence d’interdit des Eglifes de-pendantes de leur Abbaie , fîtuées au dedans de fon Diocefc, parce que fur l’avis qu’il leur fît donner par fon avant-coureur, que le lendemain il viendroit avec fa fuite, loger dans leur Abbaie: témoignant par-là d’y prétendre droit de procuration, ils avoient refufé de l’y recevoir , il.le leva fans aucune forme de procès, auflî-tôt qu'il eut receu une lettre que luy écrivirent, fur les plaintes des Religieux de cette entreprife , l’Archidiacre de Sens, te Robert Broçcart, aufquels Pierre de Corbeil Archevêque de Sens avoit commis l’adminiftration des affaires de fon Archevêché, pendant le voiage qu’il fît à Rome , pour afîîfter au Concile que ePape Innocent III. y celebra l’an uiy. La conteflation d’entre Gaultier te les Moines de Morigny dura plus d’un an , elle fut pourfuivie par l’Evéque dans les formes de droit. L’Abbé te les Religieux fe deffendirent de même, te par Sentence du Métropolitain Gaultier Cornu, fucceffeur de Pierre de Corbeil, rendue l’an 12-14. elle fut terminée à l’avantage de l’Abbé te des Moines, avec d’autant plus de juftice te d’equité, que l’Abbaie de Mo-rigny n’cft pas fîtuée au dedans du Diocefe de Chartres , cette Sentence merite d être icy inferée. In nomine fantt# et individu# Trinitatis. Nos Gu al te ru s Senc-nenfis Archiepifcopus, in eau fa in qua petebat venerabilis frater nojler Gualterius Epifcopus Carnotenfis reJHtutionem cu ufdam procurationis fibi ficn ab Abbate et Conventu Maurigniacenfi, in corpore Abbatia V u u iij 5i6 les* antiquitez de la ville de Maurigniaco : auditis confcfiombus utriufque partis : litis contefi^ tione legitime facta : tefiibus ab utraque parte produitis attefiatiol nibus publicatis -: allegationibus et rationibus utriufque partis dili. genter intellectis : habito fupcrprœmifiis diligenti confilio et traàatu de confilio bonorum virorum et jurifperitorum , dictos Abbatem ac Conventum ab impetitione pradicta memorati Epifcopi per definitivam fententiam abfolvimus , falva quafiione proprietatis. Actum Senonis anno gratia mccxxiv. menfe Decembri/vigilia Beati Thomet Apofloli. Au mois d’Avril mccxxvii. le même Abbé Thibault et fes Religieux cederent à l’Abbcfl'e et aux Religieufes de Villiers prés de la Ferté Aalés (ou comme l’on écrit communément Aleps ) un muid de grain mefure de Paris , et cinq muids de vin mefure d’Eftampes qu’ils avoient droit de prendre chaque année fur les dixmes de la Paroifle de Cerny. Gaultier Archevêque de Sens confirma cette cefîion par lettres données fous Tes Sceaux au même mois et: an. Ces titres font dans les Archives de l’Abbaie de Villiers. ROBERT’II. XIII. A B B E\ RObert I ï. du nom , dit de Dourdan , fucceda à Thibault. On ne fçait pas en qu elle année il fut élu : de là vient que je ne içay fous lequel des deux rapporter deux donations faites à l’Abbaie de Morigny, par Guillaume Meinier, Bailly pour le Roy, et: Capitaine du Château d’Eftampes. La première de l’an u30.au mois de Janvier, d’un clos de vigne, nommé le clos Camel, aflis au village de Fourchainville , Paroiffc de Villeconin > à condition de diftribuer le vin qui en proviendroit , l’Avent et le Carême dans le refeétoir aux Religieux : Ce Clos a efté depuis donné à cens. Et la fécondé de l’an 1131. de tout le droit qu’il avoit fur une certaine terre ou métairie aflife à Boinville Paroiffe de Challo faint Mard, ou fur fon prix > pour la fondation d’une Mefle à perpétuité : à condition que le revenu provenant de cette terre,ou de ce qui feroit achepté de fon prix,feroit emploie à la nourriture des Religieux, qui leur feroit diftribuée l’Advent et le Carême dans le refeéloir. Cette terre avoir cfté acheptée l’an 1117. d’un nommé Odon Coognier , etr Manaffés fon frere 5 par Guillaume Meinier, qui la donna auffi-tôt après en faveur de mariage, à Marie fa Niepce, laquelle il maria avec Hefcelin de Leudeville, Seigneur féodal de la même terre, à condition que fi ladite Marie ET DU DUCHE' D’ESTAMPES. 517 decedoit fans enfans, Hefcelin pourroic retenir la terre , comme fon propre héritage, en rendant à Guillaume,ou à Tes heritiers, ou à tel autre qu’il auroit ordonne , dans un an apres le decez de ladite Marie, le prix de l’achapt de cette terre. Les Lettres du Roy Philippe Augufle de l’an 1217. qui cpnfirment ces difpofi-tions, et celles du don fait par Guillaume à l’Abbaye de Morigny font tranferites au Cartulaire de la même Abbaye. Au mois de Janvier, de par confequent fur la fin de la même année 1152. l’Abbé Robert, du confentement des Religieux capi-tulairement aflemblez > fit plufieurs reglemens pour le bon gouvernement de fon Abbaie. En premier lieu il ordonna qu’aucun Laïc leculier 11’auroit l’adminiftration de ce qui efl au dedans des Cloîtres, où les Religieux refident. 2. Il voulut pour la confervation des titres de privilèges de l’Abbaie , qu’ils fuflent. enfermez avec le Sceau fous trois clefs differentes, qui feroienc données à trois Religieux de fidelité et: de probité connue: defquelles l’Abbé pouroiten tenir une. 3. Il fît faire copie des titres de des enfeignemens de l’Abbaie pour y avoir recours, fans tirer les Originaux des Archives. 4. Il enjoignit, fi quelque depoft étoit confié à la communauté , qu’il feroit-confervé par les trois freres commis à la garde des titres, de fous les mêmes clefs : de non point par l’Abbé. 5. Il declara que l’Abbé ne pourroit compromettre pour terminer les différends concernans les biens immeubles de l’Abbaie, que du commun confentement des freres : fans lequel il ne pouroit auffi engager les biens de l’Abbaye pour plus de cent livres pa-rifis,et que le fceau du Chapitre ne feroit mis aux Contradis de autres Lettres qu’en la prefencc des Religieux capitulairemenc aflêmblez. 6. Au lieu que Robert d’Auvers , l’un de fes predecefïeurs, avoit afligné les obiits fur des fonds fituez en divers lieux , il les afîigna lur fon cens de Morigny , qu’il ordonna d etre receu par le Celerier : de touc l’argent qui feroit donné en aumône au Couvent ,,pour être après diftribué fuivant le commandement de l’Abbé : de même que le cens de faint Pierre d’Ellampes de un autre, defquels il commit la recepte à l’Infirmier. 7 h unit au Prieuré d’Eftrechy la dixme du même lieu en échange de la terre de Parey, qui en avoit eflé démembré. ' - 8. Il remit à l’ancienne quantité de qualité le pain defliné pour l’aumône : de determina la qualité du pain de du vin des Religieux. 52.8 LES ANTIQJCJITEZ DE LA VILLE 9. Il ordonna que les Laïcs ou ferviteurs,n’auroient point de part à la nourriture, ou au vin affeéïé aux Religieux , par les fondations d’anniverfaires : etc que la table de l’Abbé ne pouroit recevoir que la valeur de deux fols : etr qu'il ne participeroit pointa ce qui auroit cfté donjié par Guillaume Meinier, s’il ne mangeoic dans le Refcctoir. 10. Il fut auffi arrêté que l’Abbé ne pouroit de fon autorité , abolir ny changer les anciennes coutumes , ny en pref-crire de nouvelles : et que la manière de manger en commun continueroit d être obfervée, û ce n’étoit que le Supérieur (autre que l’Abbé ) trouvât bon d’y apporter du changement. 11. Le dernier article porte que l’Abbé nouvellement éleu, quinze jours après avoir receu le Sceau Abbatial, s’obligera par Lettres fcellées du meme Sceau , d’obferver fïdellement tous ces reglemens. Ces ordonnances meritent d’avoir place en cct ouvrage en la meme langue qu’elles ont efté faites. 'TAniverfis prAfentes litteras infpectaris , Robert as divina migratione, Maurigni ace nfis Ecclefiœ humilis Ab b a s,et ejufdem loci Conventus , Ater nam in Domino falutem : univerfA pofleritati veflra notu?n fieri volumus quod de bonorum confilio, (fi communi affenju paci fi efiA inpofierum providentes , ea quA fequuntur duximus Statuimus igitur inprimis ut nullus Lai eus fAcularis amminifra-tionem vel cuflodiam habeat infra fcepta Monafierh , vel in locis in quibus Monachi commorantur. Cum dicat decretum, quod Laids dc rebus Ecclefiafiicis difponendis nulla nofcitur attributa facultas. Item quod figillum nofirum (fi nofira privilegia trium fratrum fidelium cuflodiA committantur \ ita quod de arca (fi de ferinio fui quibus hac eadem reconduntur quilibet ipforum elavem diverfam habeat, (fi infuper Dominus Abbas de his unam elavem , fi voluerit habebit. Item tranferipta privilegiorum fub cuflodia armarii in volumine Jint contenta , ut cum opus fuerit copia legendi poffet haberi. Item figillum capituli nonnifi in ipfo capitulo litteris apponetur. Item Dominus Abbas nullum penes fe depofitum recipfet fibi proprie commendatum. Et fi aliquid univerfltati noflrA fuerit commendatum , in eorum cuflodia, (fi fub iifdem clavibus confervetur, quibus (fi figillum Capituli (fi noflra privilegia tradita funt cuflodienda. Item Domino Abbati de rebus EcclefiA immobilibus flne< communi affenfu noflro, in alterum compromittere non licebit. quieti Ec flatuenda Item ET DU DUCHE7 D’ESTAMPES. ji9 Item Dominus Abbas fine necef itate evidenti , nif de communi ajfenfu noflro, ultra fummam centum librarum parifienflum, non onerabit nos, vel domum noflram Are alieno. Item fummam anniverfar iorum, quA Dominus Abbas Robertus de Auverfaco in diverfis locis,et diverfis temporibus capienda afignavit, et inmanu fua detinuit, voluimus,drfiatuimus in anno tribus terminis , videlicet in fefto fanfti Remigii in cenfu de Mauriniaco unam partem : in craflino omnium Sanctorum alteram f militer in cenfu de Mauriniaco : et in craflino natalis Domini f militer in cenfu de Mauriniaco tertiam partem , per manum piUenciarii recipi, confer-•vari,et reddi : difpofitionem fuper his prAfcriptam in manu Abbatis relinquentes. Item cen fus quem Simon de Roxignon legavit nobis pro anniver-furiis fuo et matris fu a faciendis , in aleodo fantti Petri Stampcn-fis j fit in manu infrmarii, et totajurifdictio cenfus illius. Ita etiam difpofuimus de triginta folidis cenfualibus , quos frater Petrus Iofce-line pro anniverfariis fuoet uxoris fiA afignavit nobis apudBuxia-cum, juxta Vergi ne s, per manum infrmarii nobis recipiantur , conferventur et reddantur. Item quia terra de Parey a Prioratu de 'Efreciaco detruncata fuit, in recompenfationem decima bladi de Efreciaco eidem Prioratui re-fituatur. Item quocunque modo pecunia intuitu Dei nobis conferatur, non per manum Abbatis , fed per manum pictenciarii recipietur, confervabi-tur, et per nos expendentur. Item de claufo de Mauriniaco Abbas non afumetfbi vinum album, rubeo nobis refervato. Nec aliquando conventui panem aut vinum non conveniens faciet miniflrari , fed de melioribus bladis , fequcf ratis feminibus : et ud quantitatem cf menfuram antiquitus obtentum panem faciet nobis miniflrari. Panem etiam,qui deditus efl eleemoflnA^ ad antiquam quantitatem dr valentiam revocari faciet dr fervar i. Item in picte nais anniverfariorum nullam Laici vel fervientes percipient portionem. Nec etiam menfa Abbatis in ipfls percipiet nifl tantummodo ufque ad valorem duorum folidorum. Nec in pitfencia Domini Guillelmi Meinerii Abbas aliquam partem habebit, nifl comederit in Conventu. Item confuetudwes diu obtentas tollere, vel immutare, vel novas wflitucre auHontate fua, non licebit Abbati. Item fuper concèfione piet enti arum noflrarum Conventum dividi non approbamus , fed morem fuper hoc antiquitus obtentum, volumus X x x jjo LES A N T10 U ! T E Z DE LA VILLE obfervari, ni fi inhibitum fuerit a Supen ori. Et ut hac firmiiis obfir~ ventur ,flatui mus quod a diebus ifhs inpofieriim , qui cumque Mau-riniaci Abbas fuerit afumptus > ad horum obfcrvantiam infra quin, denam pofiquam figillum habuerit, per ejufdem figilli appofitionemfi fideliter obliget et aflringat. Ego autem Robertus de Dordano divina miferatione Abbas , cum hœt Ecclefia nofirœ, et paci et quieti conven. tus expedire videremus, hac infiituta, laudavi, approbavi, eir me ea fervaturum fideliter repromifi. Quod ne aliqua ocçafione oblivionis vento tradatur , hac eadem infiituta cum figillo Conventus nofiri, figilli etiam nofiri appo[itione confirmavi, ut nec ego nec alius quis in pofierum aufu temerario contra ea venire , vel aliquid attemptare prafumat. Affum publice in Capitulo nofiro anno Domini mccxxxii. menfe J anu ari o. Ces beaux reglemens font paroître les bons defleins de l’Abbé et: des Religieux , de faire fubfifter dans leur Monaftere la difci-plinc reguliere en fon entier. GUILLAUME I, XV. ABBE'. GUillaumc Premier du nom fucceda à Robert Second. Il eft fait mention de luy dans un ticre de Pan 1139. L’année fui-vante 1240. PAbbefle et lesRegieufes de Villiers pies de la Fcrté Aalés , et le Curé de Cerny fe raporterent à luy et à un autre Guillaume , Abbé de faint Jean en vallée-de-Chartres , fur le différend qu’ils avoient pour le gros, que ce Curé pretendoit luy être deû fur les dixmes de cette ParoifTe , qui appartenoient â ces Religieufes. Ces Abbez, après avoir examiné les titres et les droits des parties, déclarèrent par leur Sentence du mois de Juin de la même année , que le gros du Curé ne dévoie être que d’un muid de grain mefure de Paris, moitié bled,moitié aveine:etde cinq muids de vin mefure d’Eftampes. Et neanmoins en augmentant ce gros,ils furent d’avis qu’on y ajoûtaft encore trois feptiers de bled metail,mefure de Paris, de celuy qui proviendroitdefdites dixmes. Gaultier Archevêque de Sens confirma cette Sentenceà lapriere des parties, la même année 1×40. Il faut fe fouvenir qu’en ce temps-là l’année commençoit le 15. jour de Mars, auquel l’Eglife celebre le myftere de l’Incarnation de Nôtre Seigneur. On peut juger par ce que je viens de raporter de l’Abbé Guillaume, quelle étoit fa probité , puifque les Religieufes l’ac-cepterent pour arbitre , encore qu’elles euflent pû avec juftice le refufer, à caufe que comme Curé primitif il pouvoit pencher en faveur du Curé. ET DU DUCHE’ D’ESTAMPES. 531 Au mois de Mars 1141. le même Abbé 6c ies Religieux achetèrent d’Anfcau de Fraville, et de Richandile fa femme trente fept arpens de terres labourables afïis à PHumery , par Lettres pafl'écs paidevant le Doyen de la Chrétienté d’Etfampes , le Doyen,et le Chantre de fainte Croix , et Frere Robert de l’Ordre J des Fieres Mineurs. J’ay cy-devant cotté ce titre en parlant du Couvent des Cordeliers. L’on obferva toutes les formalitcz re-quifes félon le temps pour la feureté de cette acquifition. Les Seigneurs féodaux premier, fécond, et troifiéme l’approuvèrent: et Guillaume du Frefne, Chevalier , Philippe de Veres 6e Guillaume de Domarviile damoifeau (c’eft à dire arriéré vaflaux ; s’obligèrent comme cautions , en cas que l’Abbé 6e les Religieux fuffent troublez en la pofiTefïîon de la terre qu’ils avoient achetée, de tenir prifon fermée dans le Château de la Ferté jufques à ce que le trouble eûteefle. Cette terre fut annexée au Prieuré des vieilles Eftampes : Frere Olivier qui en étoit Prieur , en fut invefty pour luy et fes fucceffeurs, par les Seigneurs féodaux. Et l’Abbé qui avoir emploié à cet achapt cinquante livres parifis, provenues de la vente du clos Camel, dont j’ay cy-devant parlé, l’obligea 6e fes fuccefïcurs aufii, de payer chaque année, le jour et fête de faint Denis, à l’Abbaye cinquante fols parifis de rente, pour être employez en achapt du vin , qui feroit diftribué l’Ad-vent et le Carême dans le Refeéloire, au lieu de celuy dudit clos Camel. Le même Abbé Guillaume obligea par lettres données fous fes Sceaux, au mois de Juin 1240. Anfeau Prieur d’Eftrechy de payer tous les ans à l’Abbaye vingt fols parifis de rente, pour être em-ploiez à la nourriture des Frétés , dans le Refeétoire , le jour de l’anniverfaire de Guyard Papillon , parce qu’il avoir annexé à ce Prieuré une vigne , à l’achapt de laquelle il avoit emploié les vingt livres parifis léguées par Papillon , pour la fondation de fon anniverfaire. Il fit un Concordat avec le Prieur,et les Religieux de fon Abbaye, par lequel ccux-cy luy cedent plufieurs acquifitions qui avoient efté faites en divers lieux du temps de Robert d’Au vers Abbé, des de niers provenans de diverfes aumônes et fondations d Obits , faites par des particuliers à leur Egiife , ju'ques à la fomme de fi.ixanre livres parifis , fomme rres-confiderable pour Ie temps : 6< au/îî la ferme de Bleville, qui confiftoic en quatre-dngt dix arpens de terre » que les memes Re ligieux avoient X ^ x 1 j 5Ji LES ANTIQUITEZ DE LA VILLE acquife de Baudoiiin Comte , de de Jeanne fa femme , pour la fommede quatre cent livres Parilis , desquelles chofes les revenus dévoient appartenir à la manfe des Religieux. Et Guillaume leur cede en échange , de pour être déchargé de fix muids de grain, qu’il étoit obligé en qualité d’Abbé , de fournir tous les ans aux Religieux de fon Abbaye ; à caufe de la fondation d’une MelTe faite par Guillaume Meinier de Eremburge fa femme, fa cenfive d’Eftrechy,payable au jour de faint Remy>etIes droitures qui luy étoient deuës le jour de la Circoncif on de Nôtre Seigneur, avec la juftice, et: les amendes , qui pourroient être encourues faute de payement de ces deux chofes : il leur cede aufti le Rouage (la juftice luy en étant refervée , de tout autre profit, avec les dixmes) : de la métairie dite la Chapelle, Située proche du village d’Orgemont , de tout ce qui en dépend, comme les terres labourables, vignes, bois, champarts, hôtes, de revenus de Boinval,communément Boinvau , de de Cerny, avec toute juftice: comme fes predeceffeurs Abbez en avoient jouy , fans s’y rien referver que la faculté d’impofer la taille accoûtumée fur la terre de BoinvaUors que le Roy feroit quelque taxe fur fon Abbaye. Ce Concordat fait voir que de tout temps il y a eu quelque diftin-étion entre la Manfe de l’Abbé de cel e des Moines. Il fut fait au mois de Novembre 12,4^. Et le Lundy de devant la fête de faint Jean Baptifte de l’année fuivante,il fut approuvé par Gilon Archevêque de Sens, dont les lettres > de les autres cy-devant mentionnées font tranferites au Cartulaire. On lit le nom de cet Abbé écrit fur une tombe qui fert de marche pour décendre dans le Chapitre, Hic ]acet Guillelmus. Il eut pour fucccffeur. E S T I EN N E, l XVI. A B B E\ EStienne Premier. Un vieil titre porte qu’en l’an 1147. il celebra un Chapitre General dans fon Abbaye, le Lundy d’a-présla fête du faint Sacrement. On le celebroit ordinaiiementle Lundy d'après la fête de la fainte Trinité ; mais il fut différé cette année-là pour des affaires de confequence qui furvinrent au jour accoutumé. Tous les Prieurs,de les Religieux qui demeuroientdans les métairies, avec les Curez dépendans de l’A bbaie y comparoif-foient pour rendre compte de leurs déportemens , de de leur admi-niftration ,et pour écouter les remontrances qu’il plaifoit à l’Abbé de leur faire : de même ils paioient quelque reconnoillance , mais avec le temps cette police a changé. ET DU DUCHE* D’ESTAMPES. 535 En ce même temps An!eau de Fraville , de Richaldis fa femme donnèrent en pure aumône à l’Abbaie de Morigny , vingt-quatre fols, de un denier parifis de cens annuel, qui leur étoient deûs à Challofaint Mard,le jour de faint Remy. Guillaume de Fraville Robert de Gomarville Chevaliers, de trois autres fe firent cautions, et s’obligèrent de tenir prifon dansEftampes, s’il arrivoit du defaut à l’accompliflement de cette donation, jufques à ce que l’Eglifede Morigny en fût en paifible pofleflîon. Pierre de la Foreft Chevalier, premier Seigneur féodal, Jean d’Ardennes Efcuyer,et: Pierre d’In-treville, Clerc Ecclefiaftique , fécond, de troifiéme Seigneurs féodaux ratifièrent cette donation. Les titres qui en font mention font tranferits au Cartulaire. Au mois d’Aouft fuivanr, Gillon Archevêque de Sens confirma, comme fes predecefl'eurs avoient fait à lAbbaie de Morigny , les patronages, dixmes,de autres qu’elle avoir fur les Eglifes de fon Diocefe. L’année fuivante Robin de Marchées Efcuyer , qui avoit droit de prendre tous les ans , dans la grange, de métairie de l’Abbaie af-fife à Boifl’y le repos, fix muids de bled mefure d’Eftampes, en céda deux à l’Abbé , de aux Religieux, avec le droit de les faire conduire par des hommes du même village, qui y étoient obligez au lieu où ils dévoient les conduire. Robin de Sanapes Efcuier, 8e Raoul de la Queue, premier, et fécond Seigneurs, et Aalizd’Orvau, troifiéme Dame feodale confirmèrent à cette vente par Lettres expédiées fous leurs fceaux de l’an 1148. deux Chevaliers, Arnould de Marcheez, de Philippe de Garenticres, de trois autres Ercuiers fe firent cautions de l’entier accomplifTcment du contrad, de s’obligèrent en cas de trouble, de tenir prifon dans Eftampes, jufques à l’accompliflement , de fatisfadion des dommages que l’Abbaie âuroit encouru. Cet Abbé aflifia à la tranflation des Reliques des SS.Can,Canticn, de Cantiennc, Patrons de la ville d’Efiampes, qui fut faite par Gillon Archevêque de Sens l’an 12.49. de laquelle j’ay parlé cy-devant. NICOLAS, I. X V II. ABBE’. # ' Nicolas premier du nom fucceda à Eftienne, fans que l’on fça-che le temps de la mort de cettuy-cy, ny de l’éledion de l’autre. Les dixmes de la Paroifle de Maifons étoient fort à la bien-feancedes Religieux de Morigny ; dautant qu’ils étoient obligez de les recevoir, de loger dans leur grange. Ces dixmes appai^ teaoienc à trois Gentils-hommes, Thibault, Pierre, de Jean du Clos Xxx iij 534 LES A NT1QUITEZ DE LA VILLE freres ; à caufe de lafucccfiion de leur mcre. Thibault meûdc pieJ té envers l’Eglife de Morigny luy donna la cinquième partie de ce; dixmes,par Lettres paliées fous le fceau de l’Officialité de Chartres, au mois de Decembre 1254 8c par d’autres lettres paffées le même mois,il vendit à la même Eglifeles quatre autres parties,de fes dixmes, 5c s’obligea à la garentie. Toutes les folemnitez re-quifes félon l’ufage du temps furent obfervées. Jeanne femme de Thibault ratifia tant la donation que la vente faite par fon mary, Jofcelin de Lorme, Jean de Boutigny, 6c Robert de Chartres Chevaliers, en qualité de premier, fécond, 8c troifiéme Seigneurs féodaux les approuvèrent par Lettres expedices fous leurs fceaux,des mois de Septembre, 8c d’Oétobre de la même année, 8c deux Chevaliers, Guillaume d’Abbeville , 6c Philîppes de Garantieres, et trois Efcuiers, Guillaume, 6c Jean de Sainville freres> 8c Jean Tro-velle s’obligèrent,comme cautions, faute d’execution du contenu au contrat, de fe rendre prifonniers dans Eftampes,huit jours après qu’ils en auroient été requis par les Religieux, 6c d’y demeurer juf. ques à l’entiere execution du traité, fans pouvoir fe fervir des privilèges accordez aux Croifez, 8c à ceux qui voudroient fe croifer, 8c en donnèrent des Lettres fous leurs.fceaux. Il reftoit pour le dernier afFermifl'ement de cette acquifition qu’elle fût approuvée par l’Evêque de Chartres. Matthieu qui gouvernoit alors cette Eglî-fe confirma le tout la même année, par des Lettres expédiées fous fon fceau, lefquelles avec toutes les autrescy-defius mentionnées font tranferites au Cartulaire de ladite Abbaie. Guillaume Quatre d’Orfonville, avoit droit de prendre chaque année, fur ces dixmes un muid de bled, 8c neuf feptiers d’aveine me-furede Chartres, qu’il tenoit en fief de l’Abbé : Nicolaslesachetta l’an 1255. au mois d’Avril, par contrat paflé devant l’Official de Chartres : 8c au mois de Juillet fuivant, il céda ce bled, 8c cette aveine au Couvent, c’eft adiré à la Manfe des Religieux de fon Abbaie, en prefence d’Henry Archevêque de Sens, pour la fondation de trois anniverfaires. Le premier pour le repos des âmes de fespere, 8c mere. Le fécond pourOdon , frere de Guillaume Abbé de faint Remy de Sens. Et le troifiéme pour tous fes bienfaiteurs. Les Lectres expédiées fous les fceaux de ce Prélat font foy de ce que j’ay dit. Elles font tranferites au Cartulaire de l’Ab-baie. Les profits des dixmes de Maifons dévoient être communs à PAbbé , 6c aux Religieux 3 à caufe qu’elles avoient été payées des ET DU DUCHE' D’ESTAMPES. deniers de la Manfe Abbatiale , et de celle du Couvent. 53f Ni- colas pour éviter les conteftations qui arrivent ordinairement à la divifion, éc au partage des chofes communes, fie un traité avec ces Religieux , par lequel il retint pour foy, et pour Tes fucccffeurs toutes ces dixmes, et s’obligea en échange de leur payer tous les ans, pour leur moitié, huit muids de grain , moitié fourment, moitié feigle > qu’ils prendroient dans les greniers de Ton Abbaic à Morigny. Ce concordat fut fait du confentement de l’Archevêque Henry , qui le confirma par Lettres données fous fonfccau, au même mois de Juillet 1155. Ces titres font tranferits au Car-tulaire, dans lequel on lit aufli la déclaration que firent la même année, Régnault de Marolles Chevalier,et fa femme, à la pour-fuite de l’Abbé Nicolas, qu’ils n’avoient aucun droit, ny pour cau-fe de bannalité:ny pour quelqu’autre raifon que ce fût de contraindre l’Abbé,et les Religieux d’aller moudre à leurs moulins de Morigny affis prés du lieu dit Culet, et outre cela une pareille reconnoiïlance faite par Geoffroy de Noify, et Pétronille fa femme , foeur de Régnault”, devant l’Official de Chartres, avec la confirmation de ces reconnoiffances par Guillaume de Ligneris Chevalier, Seigneur de Mereville, du fief duquel ces moulins font tenus , et mou vans. Tous ces titres font tranferits au Cartulaire. Le clos de vigne de l’Abbaie de Morigny étoit chargé d’une redevance Seigneuriale de fix muids de vin mefure d’Eftampes, envers Guiot de Mereville > et Aaliz, et Hodeardis, filles de deffunt Geubert, dit Manfel: tous lefquels avoient aufli droit de prendre fur les dixmes des Jardins douze trochets d’aulx, et fix gerbes de paille dans la ferme, et métairie de Beauvoir. L’Abbé, et les Religieux fe déchargèrent de cette redevance , par l’achat qu’ils firent des neuf parts , et du droit de fief fur le tout, qui appartenoit au même Guiot de Mereville, lequel outre les quatre parts en la moitié qu’il avoir vendues, donna la cinquième en pure aumône à l’Abbaie. Simon de Mereville frere de Guiot , etc duquel ledit Guiot tenoit en fief cette redevance , approuva toutes ces difpofi-tions,et quitta les droits qu’il y pouvoit prétendre,en pure aumône , par Lettres fous fon fceau de l’an uqy. au mois d’Avril. Ainfi le clos, et les jardins de Morigny avec la grange de Beauvoir demeurèrent affranchis de toute redevance. Les titres de cet af-franchiflement font tranferits au Cartulaire. Du temps de l’Abbé Nicolas, Mathieu, Evêque de Chartres accorda un privilège fort confiderable au Prieuré de Dourdan, mem- 5$6 LES ANTIQJJITEZ DE LA VILLE bre de Ton Abbaie, fçavoir que luy, et Tes fuccefleurs n’exigeroient dans leurs vifites, pour leur procuration que trente fols parifis. Il eft datte de l’an 1157. le Vendredy avant la Nativité de faint Jean Baptifte , comme il s’enfuit. Omnibus pra fentes litteras infpecturis , Math au s miferatione divina Epificopus Camotenjis , falutem in Domino. Ctim officii no-firi debitum Ecclefiis nebis fubditis ,ciim adeas vifitandas accedimus, ita impendere debeamus quod non amplius ab eis procurationis nomine requirere debeamus , nifi quantum facultatibus penfatis earumdem moderate poterunt exhibere. Attendentes quod facultates Prioratus (ancti Petri de Dordano,Monafierii Maungniacenfis, adeo funt tenues, et ex des quod ad exhibendam nobis annuam procurationem integram, et ad talia onera fupportanda commode non fufficiunt. Nos penfatis facultatibus efufidem Prioratus volumus, et concedimus , quod quotiefi cumque > nos, aut fucceffores ad dictum Prioratum, vifitationis caufi de cAtero accejfenmus, nihil amplius quam triginta folidos parifien-fies, d dicto Prioratu, vel ab ejus Priore, qui pro tempore fuerit, procurationis nomine, nos , aut fucceffores nofiri exigere valeamus. Datum anno Domini 12.57. die Veneris ante Nativitatem Beati Ioannis Ba-ptifia. Le même Abbé Nicolas fit de Ton temps plufieurs traitez d’aflo-ciations avec diverfes Abbaies de fon Ordre. En 1258. avec les Religieux de Pont-Levoy, prés de Blois ; en 1270. avec ceux de faint Remy de Sens ; en 1272. avec ceux de l’Abbaic de Jofaphatde Chartres. Je vais tranferire celuy de Pontlevoy pour en faire con-noître la maniéré à ceux qui n’en ont point veu. Vniverfis prAfentes litteras infpeBuris tdm prafientibus quàm futuris. Frater Gaufridus Pontelevienfis Monafierii Abbas humilis, totufi que ejufdem loci Conventus falutem in Domino : Noverint univerfi quod nos venerabili Patri Nicolao Abbati Maurigniacenfi 5 in ver a dilectionis confederat i one inter Ecclefiam nofiram , et fuam focieta-tem petenti, devoto animoJtabiliri in nofiro prafenti Capitulo focieta-tem concefiimus, devotionem eius erga nos , et Ecclefiam nofiram perpendentes. Cujus focie tatis formula talis e fi inter nos ,et Monachos de Maurigniaco,ut nobifeum terreno,et fpirituali potiantur commodo. Capitulum nofirum , et eorum commune fit. Etfi quis exipfis ad nos diverterit aut fie tranfiulerit, gratanter eum fufeipiemus , et erit fient unus ex nobis. Pro quolibet vero defuncto Monacho cum breve de ipfo ad nos,five ante Capitulum,five pofi Capitulum delatum fuerit > illico tabula, et omnes Campana pulfabuntur, et continuo officium celebrabitur 1 ET DU DUCHE’ D’ESTAMPES. f7 hlm in conventu ; et mi fa in crafino, dr trentenarium : et à fngulis Sacerdotibus fingula mi fa. Ab his verb qui facerdotes non fuerint quin-opiagwta pfalmi pro quolibet Monacho , perfolventur. Jpf vero pradi-tfo Abbati, et ejus fucceforibus concefimus , ut cum breve defunctionis eorum ad nos devenerit -, fatim offcium celebrabitur in conventu: ~Et trecennarium ficut pro unoex nofris prcfefis. Attum anno Domini mc cl vin. menfe Septembri , in die Nativitatis Beata Maria Virginis. Ces aftociations étoient plus pour l’utilité fpiricuelle, que pour la temporelle des aftociez , pour chacun defquels*, auffi-tôt que l’on avoir appris la nouvelle de Ton deceds,on faifoit les mêmes prières que pour un des freres du Couvent, avec cette différence, que pour un (impie Moine, l’on ne faifoit pas l’aumône que l’on a accoûtumé de faire pendant les trente jours après le deccds d'un frere du Couvent. Cette faveur étant refcrvée aux Abbez. L’Abbé Nicolas, ou fon fucceffeur ( on ne fçait pas quelle année il mourut, etle nom de l’Abbé n’eft pas marqué dans le titre que jerapporteray, ) eut un grand différend avec les Officiers du Roy à Eftampes, et de la Reine Marguerite fa Mere laquelle joüilfoit de cette Prévôté en doüaire. Ceux-cy foûtenoient que l’Abbé,êc les Religieux n’avoient aucun droit de haute Juftice, ny à Morigny, ny à Eftrechy , ny à Bleville, ny a Guillervillc, mais qu’elle ap→ partenoit à Sa Majcfté. L’Abbé , 6c lts Religieux foûtenoient le contraire, 6c faifoient voir par les executions de cette juftice qui avoient été faite, qu’ils en ctoient en pofteffion. La caufe fut agitée devant le Roy , Se le droit de haute Juftice adjugé aux Religieux fur ces lieux, et refervéc à Sa Majefté fur leurs hôtes d’E-ftampes par le titre fuivant. Philippus Dei gratia B rancorum Rex univerfs prafentes litteras in-fpetfuris, falutem : Notum facimus quod cum Abbas , et Conventus de Mmngmaco propè Slampas in Curia nofra propofuijfent, quod ipf habent altam jufitiam apud Morigneium, et in locis ad dictum Mo-neferium pertinentibus : et quod fuper hoc per longum temporis fpa-tium ufi erant pacifice > quod de contrario memoria non exi fi t : gentibus charifima Domina, et Matris nojlra pramijfa negantibus, et afferentibus dictam illam jufitiam in locis pradiftis, ad nos jure hare-àitario, ef additfam Dominam , et genitricem nofram jure dotalitii pertinere. Tandem vifa charta eorum, et quadam monfrata frper fr^m fis forma, quod probatum inventum fuit tam per dittam chartam , quàm per expleta fua , dittos Abbatem , et Conventum habere Y yy j38 les antiquitez de la ville jufitiam altam, et baffam apud Morigneium , Ejlrecheum , Bellovil. lam , et Guillervillam. Victa jufitia per Curia nofira judicium fuit eis adjudicata : et per expletum alu ;ufhtia in terra dictorum Abbatis, et Conventus : apudStampas junffa fuitprobatüque nobisfaif, na alta \uflitia, per Curia nofira judicium fuit ibidem nobis retentu: falva dittis Abbati, dr Conventui proprietatis quafiione. Non intendentes per hoc quantum ad alia loca fuperiùs non expreffa , in quibus diÊti Abbas, d° Conventus dicerent fe habere jufiitiam, nobis vel ipfis aliquod prajudicium generari. In cujus rei tefiimonium prafenti-bus litteris nofirum fecimus apponi figillum. Attum Parif is anno domini 1178. menfe lanuario. Je rapporteray cy. après une tranfaetion, qui réglera tous les droits de juftice de PAbbaie. On croit que c’eft l’Abbé Nicolas qui a fait bâtir la Chapelle de Nôtre Dame de Compafiion, qui cit au bout du Chapitre de Mo-rigny, dans laquelle il a été inhumé fous une tombe, qui eft devant l’Autel. Son Effigie eft fur cette tombe en partie rompue. On lit fur un morceau. Nicolaus, et fur le refte prœfuit huic domui multis fodiciter annis. Huic….. fanttorum qui regit omne Om…pro. pitieturei. C’eftàdire qu’il a heureufement gouverné fon Abbaic pendant plufieurs années > pourquoy on demande à Dieu qu’il luy fafle mifericorde. L’an 1610. le fixiéme de May, en faifant dans cette Chapelle la foflé pour enterrer frere Jean Grignon, Prieur Clauftral ,on découvrit le tombeau de cet Abbé. Ce tombeau étoit de plâtre en forme de voûte : fes offemens furent veûs encore tous entiers, Adjoints enfemble ; ceux des bras croifez fur la poitrine , avec un morceau de drap noir fur l’endroit du vifage, c’étoit une partie de fon fronc que l’on a coutume de tirer fur le vifage des Religieux en les mettant en terre, aufli bien que de leur croifer les bras fur la poitrine. Il cft probable que ce font les armes de cet Abbé que l’on voit à la clef de la voûte de la Chapelle, s’il l’a fait bâcir, comme on croit, et■ aune des vitres de la même Chapelle , qui font d’azur à une bande d’or accompagnée de deux rofes d'argent au chef d’or, chargé de trois rofes aufîi d’argent ,ce qui donne lieu de croire, qu’il étoit Cadet de quelque noble Famille, et qu’il avoit pris le Chef pour brifure. 53P ET DU DUCHE’ D’ESTAMPES. JEAN, I. XVIII. ABBE’. ÏEan premier du nom fuit Nicolas, fans que l’on fçache le temps de Ton éleetion. Il eft fait mention de luy dans des titres des années n8i. etr 1182. Ce qu’on luy attribue dans le livre intitulé GW-lia çhriftiana , d’avoir affifté à la Tranflation des Reliques des Saints Can , Cantien , et Cantienne, qui repofent dans l’Eglife de Nôtre Dame d’Eftampcs, ne peut pas être , et s’oppofe à ce qui eft rapporté dans le même livre r. au Traité des Archevêques de Sens, que c’eft Gilles, frere de Gaultier,qui a fait cette Tranfia-tion,et non pas un autre Gilles ou Gilon , neveu des deux precc-dens, qui fut l’an 1274. de Prechantre de l’Eglife de Sens, élevé à la dignité Archiepifcopale. Il ne refie point de mémoire des adions de cet Abbé. Il eut pour fuccefïeur, NICOLAS II, XIX. ABBE’. Nicolas 11. du nom. Il eft nommé dans des titres des années 1302. et 1308. GUILLAUME II. XX. ABBE’. GUillaume aufti II. du nom fuit dans les années 1315. 1323. et 1335. Et fit un aéle dafibeiation avec les Religieux de faine Lerre de Chaume en Brie. Il faut remarquer icy une difficulté fur la fuite des Abbe2. Le livre intitulé Gallia chrifiiana, tome quatrième , met pour fuc-cefteur de Guillaume , Jean > furnommé Ragal, fans cotter aucun titre. Jefçay que frère Guillaume Hardy, autrefois Religieux de h même Abbaie de Morigny , l’a mis dans fes Mémoires, et lu.y a attribué d’avoir fait fondre une Cloche , dite le petit Moineau : wais ces Mémoires ne font pas exaéts , et même j’y ay remarqué tics contradictions en plufieurs chofes. Il y a apparence que ce frere Jean Ragal, ( s’il a été Abbé, ) a peut-être été quelqu’un des fuivans, nommez Jean , auquel le furnom n’a pas été ajouté ; tar il y a deux titres dans l’Abbaie qui font voir que ce Jean eft furnumeraire, et que c’eft , EST I EN NE II. XXI. ABBE’. EStienne 11. qui a fuccedé à Guillaume. Le premier titre c’eft } Une donation faite l’an 1243. par Jean Bailly , du village de faunes, de tous fes biens au Couvent de Morigny. Et le fécond Yyy ij 54o LES ANTIQUITEZ DE LA VILLE eft un titre de l’an 1546: du meme Eftienne , qui porte qu’étant Infirmier il avoit, du confentement de l’Abbé Guillaume fou ptede. ceffeur, acheté, et uny une maifon à l’office de l’infirmerie, laquelle, étant depuis Abbé, {yer mortem ejufdem Vomini Guillelmi prade-cefforis fui/) il avoit échangée. Il faut donc ôter Jean Ragal,et mettre pour fuccefieur de Guillaume Second, Eftienne aulfi Second du nom, qui eut pour fuccefieur, PIERRE DE SAUDREVILLE, XXII. ABBE'. Pierre de Saudreville. Il tint peu de temps la Crofte Abbatiale , car il mourut l’an 1349. le premier jour de Septembre Fête de faint.Loup , et: faint Gilles. JEAN DE JAUSSIGNY, XXIII. ABBE’. ÎEan de Jauffigny luy fucceda : il fut éleu par le commun fuffra-ge des freres. Ce qu’il fit de fon temps nous eft inconnu. On met le jour de fon dcceds au 19. jour de Novembre l’an 1373. GUILLAUME III. XXIV. ABBE’. GUillaume ïll.luy fucceda.il en eft parlé dans des titres de l’an 1375. il pafta la tranfaélion fuivante avec Louis d'Evreux, Comte d’Eftampes, par laquelle plufieurs différends concernai les droits de la juftice de fon Abbaie font réglez. Karolus, çfrc.umverfis, etc. Notum facimus quod de licentia, et au-B or itate nofira Varlamenti Curia inter Magi sirum loannem Guiniat procuratorem , et nomine procuratorio dilecti ac fidelis ccnfanguineim-firi Comitis Stamparum, ex una parte, et Magiflrum loannem de Be-thifiacoprocuratorem,et procuratorio nomine Religio forum Abbatis,et Conventus Monasterii de Morigniaco, Ordinis fanSti Benedicti,ex al- concordatum, et pacificatum extititprout in quadam procuratores , propter hoc in dicta nostra curia perfo-e , eidem Curia nofira unanimiter , et concorditer tradita continetur : Cujus tenor talis efi. Sur ce que les Religieux, Ab-bc, et Couvent de l’Eglife de Morigny difoient que le Bailly, et Officiers de haut, puijfant Seigneur, Monfcigneur le C omte d’Efiam- pes , et de Gien , leur avoit fait ,et mis plufieurs empêchemens en leur Iufiice, et Iuri [diction , qu’ils avaient en la ville , et fauxbourgs d'Eflampes : dr en plufieurs autres lieux, les avoient empêche, etern-pêchoient en leur Foire d'Ffiampes, et és droits d’icelle, et en plufieurs autres chofes appartenantes aufdits Religieux : à caufe de la fondation ter a, tran factum fchedulaperdictos naliter confiitutoi ET DU DUCHE’ D’ËSTAMPES. j4r de leur Egfofe, d autrement, contre la forme et teneur de leur Chartres d privilèges , lefdits Bailly d Officiers difans au contraire, que ce qu ils av oient fait en cette partie, avait eflé fait a la confervation du droit duditMonfieur le Comte , finalement pour bien de paix, par deliberation du Confeil de [dites parties, les Chartres defdùts Religieux demeurans en leur force d vertu , tranfigé d accordé a efié, et efi en la maniéré qui s’enfuit. C'efi a fçavoir que toute la Iufiice haute,moyenne,d bafife que lefdits Religieux fe difoient avoir en la Ville d F aux-bourgs d’Efiam-fes leurs hofies d hofiejfes , habitées d inhabitées , tenues a cens defdits Religieux demeure, d demeurera perpétuellement audit Monfieur le Comte d a fies fuccejfeurs. Et aufdits Religieux d a leurs fuccejfeurs demeure d demeurera perpétuellement toute leur cenfive, qu'ils ont en ladite Ville d F aux-bourgs d’Efiampes , avec toute Iufiice d lurifdiclion foncière en , d fur les chofes , fur lefquelles ludite cenftve efi deue en recompenfation des chofes dejfufdites ledit Monfieur le Comte a baillé, delaifé d tranfporté, d dés maintenant . baille, tranfporté, d delai fie a toujours aufdits Religieux, et d leurs fuccejfeurs toute la jufiiee d jurif diction quil avoit, d pouv oit avoir en toute la Ville > Parroijfe, d3 terroir, d en tous les fiefs d voiries de ladite Ville d’Efirechy : Sauf audit Monfieur le Comte , comme Souverain , la voyrie de la grande rué de ladite Ville : d toute lu-fiiee haute, moienne d bafife en plufieurs fiefs d cenfives tenues par Gentils-hommes en ladite ville d terroir, qui en rien ne font tenus ne mouvans defdits Religieux , en fief ne en cenfive , d pour ce que l’Eglife de faint Mathurin de l’Archant reçoit chacun an , portion de cenfive ou rente, commune entre lefdits Religieux en ladite Eglifie de faint Mathurin , accordé efi que toute la Iufiice d lurifdiclion haute, moyenne d baffe des lieux, fur lefquels ladite cenfive ou rente efi deu'é , demeurera aufdits Religieux d toujours. Et fi auront lefdits Religieux d toujours , toute Iufiice haute, moyenne d baffe en d fur tous leurs fiefs de ladite Ville d Paroijfe d terroir d'Ffirechy. Et avec ce ledit Monfieur le Comte baille , delaijfe d tranfporté aufdits Religieux perpétuellement, d toujours, toute la Iufiice d Iunfdiélion haute, moyenne d baffe que ledit Monfieur le Comte avoit> d pouvoir avoir tant en fief comme en cenfive > és Villes, lieux d terroirs de Morigny, Bonvillier, Gommarville, Guillerville d Maifons en Beaufe: et auront d pourront avoir lefdits Religieux dorefnavant d toujours P ours, Moulins , d Preffoirs, félon la forme d teneur de leurs charges, Et fera d demçurera d toujours audit Monfieur le Comte , la Y y y üj 541 LES ANTIQUITEZ DE LA VILLE connoiffance des perfonnes Nobles demeurans en la terre (fi jurifdiclion defdits Religieux , qui ne feront pris en prefent méfait par les gens (fi officiers defdits Religieux : ou qui volontairement, fans decliner, refondront devant les luges defdits lieux : ou le cas regardera fond de terre de cq que lefdits Nobles tiendront en la haute lufiice, moyenne (fi baffe d’iceux Religieux, efquels trois cas la connoiffance defdits Nobles fera (fi demeurera aufdits Religieux. Et fi auront lefdits Religieux toutes forfaitures (fi la connoiffance des familiers defdits Nobles , (fi de toutes perfonnes demeurant és hofieis defdits Nobles. Et au fi auront lefdits Religieux tous aubenaiges , (fi forfaiture des chofes des Nobles fituez, en leur haute IufHce , quand les cas y e'che-ront ; tout ainfi comme de non Nobles : (fi outre jouiront lefdits Religieux dorefnavant a toujours , de leur Foire d’Eftampes , qui dure chacun an, depuis le Samedy apres I’Afcenfion , Soleil couchant, juf que s a la veille de Pentecofie , Soleil couchant ; (fi de tous les droits, profits, (fi émolumens d'icelle Foire. Et fera tenu le juge defdits Religieux de renvoyer pardevant le Prevofi d’Efiampes, au premier jour plaidoyable apres ladite Foire faillie , le refidu des caufes en cas civile , tant de partie d partie, comme d’office de lufiice, qui ne pourront être expédiées durant leurdite Foire, pour en connoître par ledit Prevofi félon raifon, (fi pourront lefdits Religieux ou leur Procureur,fi bon luy femble , pourfuivre pardevant ledit Prevofi les actions d’office tou-chant ladite Foire , (fi les dépendances d’icelle. Et ne feront tenus iceux Religieux de payer audit Prevofi aucunes amendes, ou defiraiz deny d confceu , ou de faux deprouvé, s’ils y échéent és cas que litifi contefiation aura efié encommencée en leur Cour durant ladite Foire, (fi és cas ou litifcontefiation fera faite devant ledit Prevofi, lefdits Religieux payeront les amendes en tels cas accoutumez,, s’ils y échéent. Et pourront lefdits Religieux , ou leurs officiers pour eux, faire mener d Âdorigny , les prifonniers pris d Efiampes durant le cours de ladite Foire , pour cas Criminel , (fi iceux jufiicier aufi-bien audit lieu de Aiorigny , après ladite Foire faillie , comme durant icelle , fans en faire aucun renvoy. Et pour mieux declarer (fi limiter les jufHces fi jurifdiélions de l’une partie (fi de l’autre, accordé efi que toute la ju-ftice haute ^moyenne (fi baffe des Villes (fi terroirs dejfus déclarez, fi des Villes (fi terroirs de Bouves , Blcville, Buijfay , faint Iulien y fi de leurs granche s de Tonchay, Beauvoir, (fi Bardis , demeure (fi demeurera entièrement perpétuellement d toujours aufdits Religieux, fans ce que leditMonfieur le Comte (fi fes fucceffeurs y puijfent avoir» demander, ne clamer droit quelconque, fauf le droit de Souveraineté ET DU DUCHE' D’ESTAMPES. ^ 543 qui demeure d demeurera à mondit Seigneur Le Comte ,d a fes fuc-cefeurs en toutes les villes d lieux dejfus déclarez , d pourront do-refnavant lefdits Religieux a tou ours,jufiicier en tous cas audit lieu de Morigny, tous leurs Sujets demeurans e's Villes d lieux deffufdits, apres ce que les Maires des lieux en auront connu la première jour-née, d pur ce demeurent lefdites parties en paix d accord enfemble, fans que pour quelconques exploits de juflice faits par lune ou l’autre partie au contraire, aucun droit de faifine, ou de propriété fit acquis a l’un ou à l’autre defdites parties , d a tenir d entériner, d accomplir perpétuellement d tou ours, toutes les chojes deffufdites d chacune d’icelles fans enfraindre , lefdites parties d chacune d’icelles ont obligé L’une envers l’autre. C’eft d fçavoir lefdits Religieux tous leurs biens temporels , prefens d avenir , d ledit Mon-fieur le Comte tous fes biens prefens d avenir, et à ce veulent lefdites parties, d1 chacune d’icelles, pour tant comme il luy touche, être condamnée par la Cour de Parlement du Roy nôtre Sire. Signatum Pavy. Pafé du confentement de Maître Jean Jpueniat, Procureur du Comté d’une part, d de Maître Jean de Bethify, Procureur de V Abbé de Morigny , /’ Abbé prefent, le vingt-fxiême jour de Mars , mil trois cent quatre vingt onze , d condamnées les parties par Arrejt. Sic fignatum I. V. Vilequin, ad quod quidem accordum d fngula omnia fnpenus contenta, tenenda , complenda d firmiter d immobiliter cbfervanda dicta noflra Curia pradiffas partes, ad requeflam , d de confenfu fupra nominatorum Magifirorum Ioannis Gueniat diéti Co-rriitis Stamparum ex parte una : d Ioannis de Bethyfiaco Religiorum prodictorum ex altera procuratorum , virtute certorum procuratoriorum inferius infertorum , per Arrefium condempavit d condempat : et ea ut arrefium ejufdem Curia teneri d impleri. Tenores vero dictorum procuratoriorum, dc. Guillaume vécut encore quelques années après avoir réglé des affaires de fl grande importance : et l’on voit dans les Archives de Notre-Dame d’Eftampes , un accord qu’il fit, devant Jean Davy , Bailly d’Eftampes, tenant fes afiifes le cinquième jour de May H97. avec le Chantre et: le Chapitre de la même Eglife, des différends qu’ils avoient pour les champarts , autres droits que l’Abbaye de Morigny pretendoit fur dc certaines terres afiifes à Bouviller , qui avoient efté données par le Comte d’Eftampes au Chapitre de Notre-Dame. Par cet accord les Chanoines demeurent obligez de payer à l’Abbaye vingt fols parifis tous les ;Uls, le jour de faint Remy : et dix livres une fois feulement » 544 LES ANTIQJUITEZ DE LA VILLE pour tenir ces héritages en main morte. Cet Abbé mourut bientôt après cet accommodement : car dés l’année luivante 1398. [\ eft fait mention de j JEAN III, XXV. ABBE'. Ean troifiéme du nom auquel on donne pour fuccefleur JEAN REGNIER, XXVI. ABBE1. Ean Regnier quatrième du nom, dont il eft parlé dans quel, ques titres de l’an 1413. on n’a rien écrit des belles aetions de __s deux Abbcz ( fi toutefois ce n’eft pas le meme qui fuit nommé fimplement>et depuis avec un furnoin ) lice n’eft que l’on fçait que ce dernier fit fondre les trois cloches de l'Abbaye, fur 1 11 / • / _ • , A r r-1 r ces que — ————————————–iuj l’une desquelles étoient écrits ces mots, Mentem fanttam fponta /si /1 «/i /w/) ^ /!/, /3 rrtsi T 4 i ( >t/M /3 /* r- /y 4 #•/,/« X. < neum , , - *.»/./ —’ » v — - - - - ^ w — “ » — ' - ' ” ……. I I 1/ f/'P h'P tfk honorem Veo , ef patria liberationem. Fufines faites toutes trois par Frere lean Regnier, /’æ» 1413. Elles ont efté depuis refondues. PIERRE DE LA PORTE, XXVII. ABBE'. Pierre de la Porte III. fucceda à Jean. Il fut éleu le 16 Decembre 1417. Il ne pût être confirmé par l’Archevêque de Sens que deux ans après, à caufe des grandes guerres qui trou-bloient la France : Ce Prélat ayant efté contraint de quitter la Ville de Sens, et de fe retirer à Troyes, comme on l’apprend de l’aéte de confirmation de cet Abbé , qui porte auifi que la publication de fon éleétion fera faite dans les Paroiflès de faint Pierre et de faint Bafile, fi on le peut avec feureté. BENOIST BOSSIERE, XXVIII. ABBE'. BEnoift Boiffiere fucceda à Pierre. 11 eft parlé de luy en 1423. Il fit faire la groflè cloche, appellée le gros Seing, comme il étoit écrit deflus, elle a efté depuis refondue. î JEAN BARADEAU, XXIX. ABBE’. Ean Baradeau cinquième du nom fut éleu en 1431. il y eut J quelque conteftation entre Jean de Sus et luy , de laquelle on ne.fçait pas l’ifluë, ny fi tous deux furent déboutez de leurs prétentions , comme il y a bien de la probabilité : au moins celuy auquel l’Abbaye demeura, n’en jouit que tres-peu de temps, car PI ERRE r- 545 ET DU DUCHE* D’ESTAMPES. PIERRE IV, XXX. ABBE'. Pierre IV. du nom ( il a efté obmis dans Livre intitulé , U Gaule chrétienne) eft cotté dans un titre du 19. de Decembre 1431. de la fondation d’une Mcffe tous les Lundis de chaque femaine, dans l’Abbaye de Morigny, faite par Jean des-Mazis Pannetier du Duc de Bourgogne , Bailly 8c Capitaine du Château d’Eftampes, 8c Damoifelle Jeanne de Broillart fa femme. Le titre porte que cette Mefle doit être fonnée avec l’une des grofi'es cloches,de treize coups, en l’honneur des treize Apôtres. Ils donnèrent cent falus d’or pour être employez aux réparations de l’Eglife 8c du Monaftere. Ce titre eft entre les mains du Seigneur deBrieres-les-Scellées. Pierre ne vécut pas long-temps, car SIMON LE GRAS, XXXI. ABBE’. Simon le Gras fut éleu en fa place dés l’an 1433. 8c le Vendredy 19. Mars 1441. il ht un traité fous fon Sceau, et celuy de fon Monaftere, par lequel il céda au Chantre 8c au Chapitre de Notre-Dame d’Eftampes les vingt fols parifis de rente, dont ils étoient redevables envers fon Abbaye, pour les caufes que j’ay dites en parlant de l’Abbé Guillaume III. 8c affranchit de cham-part les terres déclarées en ce traité , afflfes à Bouvillier. Cet Abbé dit au commencement que le motif de cette ceffïon eft que dés long-temps l’Eglife 6c le Monaftere de Morigny font réduits à un état déplorable , 6c en danger de périr à caufe des guerres, et des diviftons qui avoient duré long- temps, 8c qui duroient encore en ce Royaume ; c’eft pourquoy il étoit neceflaire qu’il eût de l’argent pour faire rebâtir, ou rétablir tant l’Eglife que le Monaftere félon fon pouvoir, pour y continuer le divin Service. Loüis de Melun Archevêque de Sens confirma ce tranfport 6c De Melun d’a-ceftîon par Lettres données à Sens l’an 1447. le zz. jour de May. 7* b^s Je diray en paflant que Loüis avoit efté promeu de l’Archidia- au chef de coné de Sens à la dignité Archiepifcopalc : 8c qu’à caufe qu’il mêmc* avoit auparavant difputé 8c emporté cet Archidiaconé contre Charles, Cardinal de Bourbon, Archevêque de Lyon , celuy-cy voyant Loüis Archevêque , il intenta procès contre Iuy> au Parlement de Paris, pour la Primatie. Loüis ayant négligé de com-paroître à l’affignation, la provifion fut adjugée à l’Archevêque de Lyon ,6c depuis l’on n’a plus parlé de cette affaire. Ce même Abbé Simon , par lettres données fous fes Sceaux Z z z LES ANTIQÜ1TEZ DE LA VILLE le 8. de Decembre 1455). regia le gros du Cure de faint Germain à neuf muids de grain mefure de Morigny, fix de metailA trois d’aveine , à les prendre fur les dixmes de la Paroille , ( la mefure de Morigny cft plus grande que celle d’Eftampes de prés de trois mines lur muid ; en forte que le muid mefure de Morigny fait peu moins que treize feptiers de mine mefure d’Ettampes. ) Et par aéte paflc dans le Chapitre de fon Abbaye le deuxième de Janvier 1472. il deputa des Freres pour aller quefter par les Villes, Bourgs de Villages circonvoifms, de recueillir des aumônes pour fubvenir aux necc/îitez du Monaftere. Et afin d’y porter davantage les peuples, ils portoient par tout les Reliquaires des Saints qu’ils avoiént fauvé de la guerre de de l’incendie. Cet aetc contient un dénombrement des Reliques qu’ils portoient. Ileftde la teneur fuivante. Simon Abbas , dre. Conflituuntprocuratores ad exponendas necefi-tâtes , deferendas reliquias perquafeumque civitates , partem faniïtf-fima Crucis , in qua Dominus no fl er Jefus chnfus pro generis humani redemptione mori non expavit. Caput fantfi Cornelii, Beati Petri difcipuli. Caput fdnlla ThecU Virginis dr Protomartyris. Peclus fancli Blafii. Alterum brachiorum fancli Cypriani. Unum brachium, in quo reconduntur plures fantla Reliquia. Vnum parvum feretrum, in quo etiam plures reliquia funt. In capfa unum Reliquiare argenteum ad modum Crucis fub forma rotunda , in quo flant Reliquia de fanclo Stephano , dr de flantia Margareta , de fancla Barbara, de fanclo Apollonio, de linteo Coena Domini , de Sudario Beata Maria Virginis , de fanclis Ægidio dr Lupo , luncluram fancli Antonii, partem capitis fantli Laurentii, cum pluribus aliis reliquiis regendis, gubernandis. Datum in Capitulo anno Domini 1472.. fecunda die menfls lanuarii. 11 cft encore Fait mention de l’Abbé Simon en 1474. Il eut pour fuccefleur JEAN BARON, XXXII.' A B B F. 3Ean Baron VI. du nom, Bachelier en Decret, Abbé commen-dataire, duquel il eft parlé en des titresde l’an 1479. de 1483. JEAN DE SUS, XXXIIL ABBE7. JEan de Sus VIL du nom : aufii Abbé Commendataire fucceda dans les années 1485. 1487. de 1489. 11 fut fuivy de 545 ET DU DUCHE7 D’ ESTAMPES. JEAN BARON , XXXIV. ABBE'. FRerc Jean Baron, donc il efl: fait mention en des titres de 1491. écoic Religieux Profés de Morigny : ety avoit efté Prieur Clauftral. Il fur éleu Abbé par le commun fuffrage des Freres fuivant l’ordre ordinaire , comme il efl: remarqué fur fa tombe par ces mots , Canonice electus ; elle efl: dans le Chœur entre les deux pulpitres, et fert à couvrir l’entrée de la Cave où fon corps repofe avec celuy de JEAN HURAULT, XXXV. ABBE'. FPvere Jean Huraulc fon fucceffeur, dont le choix caufa un Procès entre Jean Baron et Philippe de Vens Evêque de Mirepoix, qui avoit obtenu cette Abbaye en commende. Mais le droit de i’Abbé ayant prévalu , il en jouit paiflblement quelques années : puis il la refigna au même Frere Jean Hurault, qui étoit jeune Religieux dans i’Abbaye de faint Denis en France , dont on ne fçait pas la caufe. Ce refignataire étoit trop jeune pour gouverner cette Abbaye, n’ayant environ que treize ans : c’eft pourquoy le Pape , par un Bref de l’an 1504. en donna l’adminiftration au même refignant, avec aflîgnation de la troifiéme partie de tout le revenu pour fon entretien. Cette irrégularité de defaut d’aage ayant celle de foy-même. Frere jean Hurault commença à jouir paiflblement de fon Abbaie , et continua jufques en 1514. Il porte la qualité d’Abbé dans une tranfaetion qu’il pafla avec les Religieux en 1511. pour la rente et: fondation du Chevalier de Châcillon. En i$i6. dans un compulfoire de la tranfaélion autrefois paflée avec le Comte d’Eftampes pour la juftice de Morigny, et en 1513. dans l’aéte de profeflîon de Frere Nicole Chandoux, et dans plufleurs beaux faits en diverfes années precedentes : de forte qu’il y a lieu de s’étonner pourquoy l’on a mis dans le livre de la Gaule Chrétienne au nombre des Abbez de Morigny, Triftan de Salazar Archevêque de Sens, qui ne pouroit l’avoir efté qu’au même temps que Frere Jean Hurault , puis qu’il mourut en if 18. comme il efl remarqué fur fon tombeau à Sens , où l’on ne lit point la qualité d’ Abbc de Morigny , non plus que dans le même livre de la Gaule Chrétienne , où il efl fait tres-honnorable mention de luy , au titre des Archevêques de Sens, et où toutes fes qualirez font énoncées, outre qu’il ne fe trouve aucun titre dansl'Abbaie qui luy donne la qualité d’Abbé. Il peut De Salazar , Ecartelé au i. et }• d’or , à y. molettes d’ef-peroa de fable enfautoir, et i. et ?. d’or à y. feuilles de figuier aufiï en fautoir. 548 LES ANTIQUlTEZ DE LA VILLE bien être qu’il aie eu cette Abbaie en finguliere affeetion , de même que Ton frere Galeas, qui y a choifi fa fepulture, comme je diray cy-aprés. On ne peut lire fur la tombe de Frere Jean Hurault le jour de fon decez. Il eut pour fucceflêur en qualité d’Abbé commendataire. JEAN DE SALAZAR, XXXVI. ABBE'. ÎEan de Salazar fils de Galeas , et neveu, de Triftan, qui Ravoir fait Archidiacre de fon Eglife Métropolitaine de Sens. L’Archevêché ayant vaqué par la mort de Louis, Cardinal de Bourbon, les Chanoines d’un commun confentement l’élevcrent en la place du défunt, félon l’ancien ufage de l’Eglife : mais il ne pût jcüir de cette dignité ; parce que le Roy , en vertu du Concordat nouvellement fait entre le Pape Leon X. et Sa Majefté en 1^ nomma au même Archevêché Antoine Duprat, Chancelier de France, l’autorité duquel jointe à la conjoneture du temps, prévalut au merite de Salazar. Peut-être que le Roy luy donna l’Ab-baie de Morigny pour quelque forte de recompenfe. Il en jouit paifiblement dés l’an 1515. qu’il commença à faire des baux. Les bâtimens étoient extrêmement ruinez. 11 fit faire une maifon pour fe loger, fur les ruines des Offices du Couvent, au lieu que l’ancien logis Abbatial étoit dans le Jardin d'aujourd’huy. Ses armes qui font fur la cheminée de la Salle haute de ce bâtiment, et à la Tour dans laquelle eft l’Efcalier , font connoître que c'eft luy qui les a fait bâtir , et elles ne peuvent être de Triftan : puis qu’il n’y a nulle marque d’Archevêque, C’eft: le même Jean de Salazar qui commença à faire bâtir le Chœur en l’état qu’on le voit à prefent, et de fon temps l’ouvrage fut avancé jufques aux feneftres, et: les deux Chapelles laterales furent achevées et portent le nom et les armes de Salazar. Il fit auffi travailler au dortoir , et à la Salle qui fert de refeebir aux Religieux , fur la porte de laquelle on tient par tradition, que fa Mere de fes Sœurs font dépeintes avec luy,en qualité d’exe-cuteur du teftament de Galeas fon pere ; il fonda la Méfié que l’on celebre tous les jours, à l’ifl'uë de Prime, communément dite la Méfié de Salazar : de quatre Obits. Le premier le 4. de Février pour Galeas fon Pere : le fécond, le dixiéme de Juin, pour Jacques de Salazar fon frere : le troifiéme, le jour de la Décollation faine Jean : pour fes parens et amis , et le quatrième pour luy-même. On l’apprend d’un Inventaire de plufieurs titres, qui fait mention de ET DU DUCHE* D’ESTAMPES. f49 deux, qui en parlent, et de ce qu’il donna pour cette fondation ; l’un eft du 7. d’Oétobre 152.8. et: l’autre de l’an 152.9. On ne fçaitny le jour de fon deceds, ny le lieu de fafepulcure. II eut pour fuccef-feur un autre JEAN HURAULT, XXXVII. ABBE'. FRere Jean Hurault perfonnagede grand merite duquel il eft fait mention , de même que de fon predecefleur en divers titres de l’an 152.9. fut fils de Jean Hurault Seigneur de Boiftaillé, et de Belesbat, Premier Prelident en la Chambre des Comptes à Paris , et Chancelier de Louis Duc d’Orléans. Il fervit toute fa vie de modèle à fes Religieux, dans la vertu, et dans l’obfervan-ce reguliere. Ceux qui ont parlé de lu y l’ont comparé à Elie pour fon courage, et à faint Paul pour fa charité. On a remarqué qu’outre les aumônes qu’il diftribuoit chaque jour aux pauvres, il tenoit toujours quelque chofe en referve , pour leur fubvenir en leurs ne-ce/ïitez extraordinaires : et avec ce a il fit achever le Chœur en l’état qu’il eft aujourd’huy, l’an 1542.. Dieu qui fçait purifier fes ferviteurs par le feu des tribulations, voulut que ce bon Abbé en fouffrit une fur la fin de fes jours, qui luy fut extrêmement fenfible. Ce fut le vol des faintes Reliques, et: de toute l’argenterie de fon Abbaie, qui arriva l’an 1557. en la maniéré fuivante. Joachim du Ruth , Gentil-homme d’extraetion , Seigneur de Venant, hameau de la Paroifte de Boifly-le-fec, fe refolut de dépouiller l’Abbaie deMorigny de ce quelle avoit de pluspretieux et de plus riche. Pour executer ce diabolique deftêin , il partit de fa maifon , et s’en alla à Paris, où il s’aftocia de plufieurs voleurs, jufques au nombre de douze, de divers endroits du Roiaume : il les mena boire dans l'Hôtellerie de l’écu de France, à la place Mau-bert,où ils complotèrent enlemble de faire ce vol, moiennant 400. ecus de recompenfe que du Ruth leur promit. Il les envoia tous devant luy à fa maifon, où il les fuivit au galop : et après s’être animez les uns les autres à l’execution de leur damnable dcfléin , ils fe rendirent à Morigny ,1a nuit du fixiéme de May , fur les onze heures du foir, avec des échelles qu’ils avoient prifesen paflant dans l’Egliic de faint Pierre d’Eftampes Ils montèrent par dellus les murailles de la cour, et entrèrent par les fenêtres de l’Egli e : ils ouvrirent avec bien de la peine la porte de la Sacriftie , qui éteit fermée à double ferrure,et firent encore beaucoup plus de violence Z z z iij 55o LES ANTIQUITEZ DE LA VILLE à ouvrir l’armoire, dans laquelle lesfaints Reliquaires , et l’argenterie écoient confervez, parce qu’elle croie fermée à trois ferrures, avec une bande de fer en travers. Us emportèrent tous les Reliquaires, excepté celuy du bras de faint Simeon , qui n’étoit que de bois argenté , et toute l’argenterie, et s’en retournèrent fans empêchement au même lieu d’ou ils étoient venus. J’ay veu un mémoire qui porte qu’ils brûlèrent dans le Chœur fur le marchepied de l’Autel, les facrez Offemens, et qu’aufli-tôt qu’ils furent de retour à Venant, ils mirent en pièces toute l’argenterie. Eftienne de la Mothe, Seigneur de Ronqueux, entre Dourdan , de Roche-fort, gendre de duRuth , jetta dans le feu le refte des Reliques, de les cayers en velin de trois livres fervans à l’Autel, après en avoir arraché les couvertures qui étoient d’argent doré , enrichies de pierreries. Celuy qui avoit accoûtumé de fonner Matines étant entré dans l’Eglife à l’heure ordinaire, apperceuc une grande clarté qui bétonna d’abord : mais il fut bien plus furpris quand aiant fait reflexion qu’elle ne provenoit pas de la Lune, comme ill’avoit crû,et qu’il vit quelle fortoit de la Sacriftie, où les voleurs avoient lailfé allumé le cierge de l’Autel, qui avoit fervy à leur éclairer. Il s’écria de toute la force, de à fon cry les Religieux fe levèrent prom-tement auffi bien que l’Abbé , qui étoit couché dans fa Chambre au Dortoir. Chacun fut failfî d’étonnement , de de douleur à la veuë d’un tel objet, de l’Abbé plus que tous les autres, qui ht àl’in-ftant publier dans le village que l’Abbaic de Morigny avoit été volée,^ le bruit en courut aulfi-tôt aux lieux circonvoilins. Cependant il crut qu’il falloit recourir à Dieu pour luy demander quelques lumières dans un accident fi fâcheux :c’eft pourquoy au lieu de celebrer la Melfe du faint Sacrement, comme ils avoient accoûtumé le Jeudy, il fit chanter celle du faint Efprit, qui leur fit incontinent connoître les auteurs du facrilege : car à peine la Melfe fut-elle achevée, que l’Abbé receut une lettre de Charles de Paviot, Seigneur de Boiffy le Sec, Gentil-homme des plus con-fiderables du pars, par laquelle il luy donnoit avis, qu’il avoit découvert le lieu où les voleurs de fon Eglife s’étoient retirez. Il lavoir connu par un froc, ou Cuculle, que des paifans trouvèrent fur le chemin, de luy apportèrent. Il s’offrit de s’emploier avec tous les habitans de fon village pour prendre fes voleurs , pourveû qu’il fût aidé. L’Abbé luy envoia au plutôt tout ce qu’il putaflem-bler d’hommes dans Morigny, de ailleurs, et on y alla aufii d’Eftam- ET DU DUCHE' D’ESTAMPES. 551 pes. La maifonde Venant fut invertie etla porte incontinent rompue à coups de hache,-tellement que les voleurs qui étoientprert à fe mettre à tablé pour faire bonne chere , quittèrent tout, et ne fongerent plus qu’à fe fauver. Les uns fauterent par les fenêtres , les autres refifterent autant qu’ils pûrent, et: furent tous tuez ou bieflêz. Du Ruth , 5c fon gendre furent amenez prifonniers à Eftampes, avec les autres que l’on pût prendre , quatre ou cinq s étant fauvez. Le Lundy fuivant qu’on appliqua les prifonniers à la queftion , quelques-uns la fourtfirent fans rien confertfer : mais leur Chef conferta librement tout le fait fans fe laifler gehenner. Ils furent tous condamnez à la mort, et executez par diverfes fortes de fupplices. Du Ruth, et fon gendre furent décapitez, et leurs corps, et leurs têtes jettez dans un bûcher, et réduits en cendre, huit jours apres avoir commis le crime. Le valet de du Ruth fut roué vif, avec d’autres, quelques jours après : et d’autres feulement pendus, et étranglez. Un Moine de Morigny , qui étoit alors dans l’Abbaie , a décrit ce vol, et fait le dénombrement des chofes qui furent volées , qui font les fuivantes. Trois Croix d’argent doré tres-belles, et tres-riches , dans deux defquelles il y avoit des reliques de plurteurs Saints , et: dans la troirtéme un morceau conrtderable de la vraie Croix de Nôtre Seigneur , que l’Abbé Macaire avoit apporté de Rome, comme je l’ay remarqué en parlant de luy. Trois livres fervant à l’Autel, couverts de lames d’argent , avec de tres-belles figures enrichies de pierreries, de la valeur de plus de mille livres. Un grand Reliquaire d’argent doré ,dans lequel étoit la mâchoire de faint Laurens. UneChaflé d’argent où étoient des côtes, et autres oflcmens de faint Blaife, Evêque de Sebafte en Armenie. Un Reliquaire d’argent ou étoit un morceau du doigt de faint Antoine Anacorete. Eu un autre Reliquaire d’argent doré, dans lequel étoit une dent de fainte Appolline, Vierge ,et■ Martire. Un bras d’argent long d’une coudée ,enrichy de faphyrs, d’émeraudes, et d’autres pierres preticufcs, dans lequel étoit enchaflé un os de faint Sebaftien Martyr. Un grand Reliquaire d’argent cizelé, qui enfer-moitdes vêtemens de faint Jacques le Majeur. Deux encenfoirs d’argent de la valeur de plus de fix vingt efcus. Toute la Chapelle de l’Abbé, d’argent doré cizelc, fut aufli dérobée : ellecpnrtrtoit en une Croix de la hauteur d’une coudée, fur laquelle étoit un Crucifix, un Calice, une boëte pour les Horties, deux Burettes, deux Chandeliers) un Eaubenîtier , et l’Alperfoir ; la Croife chargée de 55* LES ANTIQUITEZ DE LA VILLE pierres precieufes, et deux grands badins d’argenf. Apres ces dé-plaifirs le bon Abbé mourut plein de merites , le dernier jour d’Aouft, l’an 1559. ou 1560. Son corps repofe dans la cave , qui eft entre les deux pulpitres du Chœur, avec plufieurs autres de la même famille de Hurault. Nous ne verrons plus cy-aprés d’Abbez Réguliers ; mais feulement des Commendataires. JEAN HURAULT II, XXX VIII. ABBE’. Hurault , d’or à une Croix û’azur accomp de quatre Soleils de gueules. ]Ean Hurault, Seigneur de Boiftaillé, Confeiller du Roy en fa Cour de Parlement, fucceda en qualité d’Abbé Commcndatai-re à Frcre Jean Hurault : il fut Ambafladeur pour les Rois Henry II. François II.?: Charles 1 X. à. Conftantinople, et à Venife : puis Confeiller d’Eftat du Roy Charles. JACQUES LARMOIN. XXXIX. ABBE’. JAcques Larmoin fut aufli Abbé Commendataire , après Jean Hurault. On l’apprend par des titres des années 1565. 1567. et 156S. Ce Larmoin ne fut à proprement parler , qu’un confiden-tiaire ,pour faire tomber l’Abbaic entre les mains d’un autre Jean Hurault, fils de Robert Hurault, Seigneur de Belesbat, et de Vi-gnay, Maître des Requêtes du Roy, l’an 1567. Le fîeur de Colombiers , Lieutenant de Montgommery , qui commandoit les troupes Huguenotes à Eftampes, ayant fait difpofer toutes chofes pour brûler les chaires du Chœur de Morigny, et en fuite l’Eglife, et le Monaftere , Madame Hurault, mere du futur Abbé, laquelle on foupçonnoit d’être infeetée de la Religion Prétendue Reformée, et qui parloit, et difpofoit de toutes les chofes de l’Abbaie,comme de fon propre héritage , obtint que le feu ne feroit pas mis dans le Chœur, et par fon moien l’Eglife,etle Monaftere furent confer-vez. Mais depuis, par fa négligence, elle fut caufe l’an 1575. fon fils étant Abbé, que la voûte de la Nef de la même Eglife, qu elle avoit prefervee de l’incendie,tomba pour n’y avoir pas apporté les remedes convenables lorfqu’on l’advertit du danger oùel eétoit. JEAN HURAULT III. X L. ABBE’. ÎEan Hurault fucceda donc à Larmoin, et fut pourveu de i’Ab-baie , qu’il n’avoit qu’environ dix ans. J’ay veu des baux de l’an 1576. qui font faits fous fon nom, en qualité d’Abbé, et de l’autorité , et du confentement d’André Hurault, Maîcre des Requêtes, fon Oncle : ce qui marque fa grande jeunefle ; il fut Confeiller en. la ET DU DUCHE’ D’ESTAMPES. 55j h Cour de Parlement à Paris, et quand il voulut fe marier, il fe démit Ton Abbaie en faveur^ie Theodore de Berzeau. Il mourut à Patoüillet, maifon qu’il avoir fait bâtir au fauxbourg Paint Vi-ftor, et fut inhumé dans l’Eglife de Paint Medard fa Paroiflê. THEODORE DE BERZEAU, X LI. ABBE’. THeodore de Berzeau fut pourveu de l’Abbaie de Morigny Dc Rc7C3W au mois de May 1599. il fut premièrement Confeiller , Sc d’azur à j.rre-apies Prefident au Parlement de Paris, portant le nom de Pa Sei- fles cl’or >z-et r-gneurie de Grave. Il fut homme fçavant, pieux , etbon jufticier, tellement qu’aprés fon deceds, pour le faire fçavoir au Roy Louis lejufte de triomphante mémoire , un de fes Gentils-hommes Iuy dit pendant fondifner, Sire, vous avez aujourd'huy perdu l’honneur de vôtre Parlement de Paris, le Prefident dc Grave. Il mourut à Paris en fon hôtel de Maille proche les enfans Rouges, Pan 1623.1e jour de il gift à Paint Jean en Grève fa ParoiPTe. Il ne jouît de l’Abbaie que jufques en 1609. auquel temps voulant époufer la fille du Prefident Lothain , il procura qu’elle Put donnée à ANDRE“ DE BERZEAU, XLII. ABBE'. ANdréde Berzeau fon frere puîné, qui a toute Pa vie été Confeiller Clerc en la Cour de Parlement de Paris, a donné des preuves par toutes Pes aétions, qu’encore qu’il ne portât que la qualité d’Abbé Commendatairc, il avoir neanmoins autant d’af-fettion pour les Religieux de fon Abbaie, etr pour tout ce qui la regardoic, tant au fpirituel qu’au temporel, que s’il eût été Abbé Religieux, et Titulaire. Il a donné plufieurs ornemens à l’Eglife : il mourut l’an 1641. le 17. jour d’Aouft. Il eftinhumé dans l’Eglife de Paint Medard du Bourg de Maifl'e, dont il étoit Seigneur. Il portoit comme fon frere, d’azur à 3. trèfles d’or. LOUIS ARCHAMBAULT, XLIII. ABBE’. . b • LOuis Archambault, Prêtre Licentié en droit Canon et Civil , eut l’Abbaie de Morigny, par permutation de la Trefo-rerie de l’Eglife Cathédrale de Beauvais ; qu’il fit avec Meffire André de Berzeau l’an_il mourut l’an 1(644. le treiziéme jour d’O- dobre. Son corps repofe dans le Chœur devant l’Autel, fous une tombe de marbre noir , que la pieté de fa merc y a fait mettre. Il «oit fils dc Sebaltien d’Archambault, Efcuyer, Seigneur de Seni- Aaaa !>’Archambault, d’azur ccartclé d’une Croix dentelée d’argent , accomp. au 1. et 4; de t. bandes d’or, et au z.et d’une étoile de mê-me. 554 LES ANTÏQJJITEZ DE LA VILLE ves> et de laBrofTe, l’un des cent Gentils hommes de la Chambre du Roy, et: deDamoifelle Magdelaine Denis. Leurs corps repoùnt au même lieu. Il a eu pour lucceireur Du Refuge, d’argent à deux faces de gueules, chargées de deux Ceipcns affrontez eu pal. MESSI RE HENRY DE REFUGE, XLIV. ABBE'. MElTire Henry de Refuge , Confeiller du Roy au Parlement de Paris, tres-connu pour lahaute réputation que fesver-tus luy ont acquifes *. dont 1’cfprit eft capable de toutes chofes:le cœur ardent pour le fcrvice de Dieu, du Roy, et du public: etle zele extrême pour rendre également la Juftice à tout le monde. 11 a été allez heureux de trouver un Prieur, et des Religieux dans fon Abbaie, qui ont fi bien fécondé fes defleins pour la gloire de Dieu, qu’ils y ont faic reflorir l’obfervance reguliere, par leur afîiduité à l’Office divin, qui fe fait dans leur Eglife avec beaucoup d’exaélitude, et d édification : et par tout ce qu’on fçauroit defirer des perfonnes de leur profelfion J’en pourrois dire davantage, et de Monfieur l’Abbé, tk de Meilleurs les Religieux : Mais je fuis feur que leur modeftie n’approuveroit pas ce que j’en dirois, et que tout ce que j’en pourrois dire feroic tres-peu de chofe à propor. don de leur merite. C AT A LO G V E DES ABBEZ REGULIERS* et Comrnendataires de l’Abbaie de la Sainte ‘Trinité de Morigny. ALbert premier Supérieur, nommé Abbé , page 505 Régnault, dit le premier Abbé dans la Cronique, 504 Teulphe, ibid. Hugues, ibid. Thomas, 505 Macairc, 509 Thevin, 512. Milon,I. 315 Landry, ibid. Hemery,ouHennery j 518 Milon II. ibid. Pierre I. ibid. Robert d’Auvers, 514 Thibault, ibid. Robert de Dourdan II. 5^.6 Guillaume I. 530 Eflienne , 552 Nicolas I. pj Jean, 359 Nicolas II. ibid. Guillaume II. ibid. Eftienne II. ibid. Pierre de Saudreville 11. 340 Jean de Jofligny II. ibid. Guillaume III. ibid. Jean 111. 344 Jean Regnier III. ibid. Pierre de la Porte 111. ibid. ET DU DUCHE' Benoift Boiffiere, ibid. Jean Baradeau V. ibid. Pierre IV. Simon le Gras > ibid. Jean Baron VI.Commend. 546 Jean de Sus Vll.Commend./^/W. Frere Jean Baron VIII. 547 Frere Jean Huraulc IX. ibid. Jean de Salazar X. Corn. 548 F. Jean Hurault XI. 549 JeanHurault fleur de Boiftaillé, D’ESTAMPES. 55ç XII. Commend. 552 Jacques Larmoin , Comm. ibid. Jean Hurault XlII.Comm. ibid. Theodore de Berzeau , Com-mendataire, 555 André de Berzeau , Commen-dataire, ibid. Louis d’Archambault , Com-mandataire, ibid. Henry de Refuge, Commen-dataire, 554 CAT ALOGVE VES BENEFICES, ET VES OFFICES de l’Abbaie de la fainte Trinité de Morigny. L’Abbé de Morigny pourvoit de plâin droit aux quatre Pricu-rez qui ne peuvent être pofTedez que par des Religieux. Le Prieuré de Paint Martin des Vieilles Eftampes. Le Prieuré de Paint Pierre de Dourdan. Le Prieuré de Paint Eftienne d’Eftrechy. Le Prieuré de Nôtre Dame de la Ferté Aleps ou Aalés, et aux Offices Clauflraux afteetez auffi aux Religieux. Le Prevoft Clauftral, le Sacriftain, l’Infirmier, l’Aumônier, et le Courtillicr. Cures A la nomination de VAbbé de Morigny. DE Paint Germain-lez-Eftampes, qui eft la Pa roide du village de Morigny. De Paint Martin des Vieilles Eftampes. De Paint Gilles au marché d’Eftampes. De Paint Pierre de Dourdan. De Paint Eftienne d’Eftrechy. De Nôtre Dame de la Feité Aalés. De (aine Eftienne de Bauve, proche de la Ferté, De Paint Firmin de Guineville. De Paint Pierre de Cerny. De Paint Martin de Vaires. De Bourray. De Bonnes, proche d’Fftrechy. De Souzis, ( non pas Choifi. ) De Dommaiviilejetde Maifons en BeaufTe, A a a a ij 556 LES ANTIQUITEZ DE LA VILLE DES T'OMBEAVX VE V AB B AIE DE MORIGNY. 'J’Aydit que l’on voie dans le Chœur entre les deux pulpitrcs, la J tombe de Frété Jean Hurault, tres-digne Abbé , et perfonna^c d’une vertu fingulierc. Cette tombe couvre Centrée d’une cave ou repofent auffi les corps de Robert Hurault , et de Ton époufe fille de Michel de l’Hôpital, Chancelier de France , pere et mere de Jean Hurault, Abbé Commendataire ; de François Hurault, Seigneur de Bonnes, fils de celuy-cy,et d’André Hurault, frerede Robert, Confciller du Roy, et: Maître Ordinaire de fies Requêtes, tres-rccommandablc pour fies merites, et pour les grands emplois, dont nos Rois Henry III. et Henry IV. l’ont honnoré. Il a été envoie plufieurs fois en Ambaflade vers divers Potentats, et Henry IV. e choifit pour aller à Marfieille recevoir la Reine Marie de Medicis, et: il l’eut en telle eftime qu’il forma quelque deflein de le faire Chancellier de France. Son Epitaphe fait connoîrre à ceux qui le lifient fies vertus, et fies belles adions. Il mourut l’an 1607. le 2.3. jour de Septembre. Les Armes, etc cet Epitaphe fiont parties: Au premier d’Hurault,qui eft d’or à une Croix d’azur, accompagnée de quatre Soleils de gueule. Au fiecond coupé, le premier fafié de fix pièces d’or, et de gueule. Les deux premières de gueule chargées chacune de deux rofies d’or, et la troifiéme d’une feule. Le 1. d’argent à 3. coquilles de fiable. 1. et 1. Ce fiont vray-fiemblablement les armes de Madame Catherine de Helin fon époufe, laquelle a faitpofer l’Epitaphe, fur lequel eft le bufte du défunt, qui ie reprefente au naturel. EPITAPHE. ANdreœ Huralto, natalibus , pietate, prudentia, animi modem. tione, omni que liberali difciplina clari fimo, qui adolefcens,pu-ceptis, et exemplis Magni Gallia Solonis Michaelis Hofpitalii , affinis fui imbutus ; ubi virtutes maturuerunt, Senator Panfienfis, deinde libellorum Magi [1er in regia fuit : quos Magiflratusfumma integritate , induflria, folertiaque gefit. Legationibus , Veneta tertium, et Britannica pro Henrico III. et Henrico IV. RR. difficillimis temporibus , pari fide , et fortitudine funSfus , in principis conffiorio magna laude floruit. Summis de rebus in confilium adhibitus, nihil Rege, et Republica carius unquam habuit. Publici priv at 1 que juris periti fimus: Ob hoc in Galliam Narbonenfem, ad ordinandum Provincia flatum :et ET DU DUCHE' D’ESTAMPES. 5*7 JtfÆiam, «/■ occurreret mijflus , facientia, comitate, fuavitate , et elegantia omnium gratiam promeritus , flapientiflimo Fr incipi dignus viflus efl,qui ad fummum Togafafligium eveheretur. cguQ judicio ,fluaque confcientia conte?itus ,aula fe fubducere deinceps , pique vivere ftatuit. Immortalitatem itaque , veraque gaudia cogitatione identidem prœflumens, dyfenteria, autumni tempore ,paucofquc dies conflictatus , Principis, Procerum, omniumque bonorum dolore, ef deflderio, conflans Jubenflque vita exiit. Catharina Hellinia conjux, conjugi dulciflimo, bene merito, et omnibus titulis ma} ori, decenniumfeli ci fimum egit. M. P. vi- icit annos Lxvni. Obiit 1 x. Kal. Gft. an. mdcvii, fl. h Pp Dans la Chapelle de faînt Laurens qui eft au côté gauche du Chœur font deux beaux tombeaux ,1’un à droit ,et l’autre à gauche, tous deux élevez contre les murailles, etr avancez au dedans de la Chapelle, de pareille ftruéture. Les tombes font de marbre noir élevées de terre environ de deux pieds, fur lefquelles repo-£enc deux figures àdemy rompues, l’une d’un homme, etr l’autre d’une femme , avec un chapiteau, ou couverture au deffus en forme de voûte. Au frontifpice du tombeau de la main droite, qui eft celuy de l’homme , font écrits ces mots, Miflerere noflri Deus, fecundum magnam mi fler i cordi am tuam , et au deffous de l’arcade pour cleviie Jn viridi virtus , dr gloria Avec l'Epitaphe fuivant Ce gifl Galeas le gentil chevalier De Salazar portant flurnom, et armes En maints bons lieux tant ajjauts qu alarmes A tou our fait flon honneur dedier, En bien flervant quatre Rois, dont les âmes Avec luy veuille Dieu rallier, Laflaint Aubin,flans Boulongne oublier Gennes aufli, lamentez en ces termes. Cy gifl Galeas. le ne pourrois plus en dire flans larmes, Perdus avez laz , et Denainvillicr, Et Creflnes auflsi, Çourfly pour abbreger A a a a ii j 2.8. Juillet 1488. 5<5$ LES ANTIQUÏTEZ DE LA VILLE Et chajfenay voflrc efeu, et 'vos armes , Et voflre fleur, ce ne pouvez, nier. Triez pour luy lamentant en ces termes. Cy gifl Galeas. JS an mil cinq cent vingt deux , en Février Tour neufviéme, en paroles, dr mots fermes il trefpajfa, prefens plufleurs Genfdarmes > En fon bon fens , fans point Dieu oublier , Dont je veuille tous lifans feupplier. Triez pour luy lamentant en ces termes Cy gifl Galeas. Ce Chevalier étoit fils de Jean de Salazar, Seigneur de faine Juft, Laz , Marfilly, Ifloudun, et autres lieux ,'iffu de l’illuftre famille de Salazar > en la Province de Bifcaie , au Roiaume de Navarre: et de Marguerite, fille naturelle de George de laTrimoüil-le, grand Chambellan de France. Ce Seigneur fe fignala dans les guerres que le Roy Charles VII. eut contre les Anglois. Il eut quatre enfans, Hcetor, Seigneur de faint Juft en Champagne : de Galets, Seigneur de Laz: de Lancelot, Seigneur d’IlFoudun.-ôi de Triftan qui fut Archevêque de Sens. L’Epitaphe de Galeas nous ftit connoître fa vertu militaire, et les iieux où il s’eft particulièrement fait remarquer : à la bataille de faint Aubin du Cormier en Bretagne, où l’armée du Roy conduite par lefieurdela Trimoüille defit celle des Ducs d’Orléans, et de Bretagne>avec perte de plus de fix mille hommes de l’armée de ceux-cy, ^.furent tuez fur la place : Mais fur tout à la confervation du Château de Genes, fous le Roy Louis XII. L’Hiftoire nous apprend que ce Roy retournant de la conquête du Roiaume de Naples, l’an rsoi. fit fon entrée en qualité de Souverain, dans la fuperbe ville de Gcnes ; établit pour Gouverneur de la ville, du païs, le Comte de Raveftin, mit dans le Château nôtre Galeas de Salaz ir pour commander lagar-nifon. Or comme fous les Monarchies les Nobles fe licentientor- -dinairement fur le peuple : la Nobldfe de Gènes commença à gourmander celuy de la même ville avec route forte de mépiis.Le peuple Génois ne pouvant fupportenin fi mauvais traitement de la Noblclfe en fit au commencement de legeres plaintes : enfuite il fit quelque rcfiftance ; mais enfin il s’afl'embla , et: prit les armes pour s’affranchir , ( difoit-il,) de cette tyrannie , et conduit par Paul de Novis Teinturier, attaqua les Nobles, faccagea leur» ! ET DU DUCHE' D’ESTAMPES. j# ftiaifons, 6c maflacra tous ceux qui fe rencontrèrent en cette vio-lence.La Noblefle deputa vers le Roy,ce que fît auflî le pcuple.Les putez de la Noblefle furent écoutez par la faveur des Courtifans , et ceux du peuple au contraire furent interrompus en leurs dif-cours avec mépris. Ce peuple en conceut un fi vif reflêntiment que fans refpeét ,i! fe foufleva encore contre les Nobles, maffacra tous ceux qu’il rencontra dans la ville, alla forcer ceux qui s’é-toient retirez ailleurs, 6c les perfecuta cruellement : aflîcgea, 6c battit le Château dans lequel Galeas fe deffendit toûjours gene-reufement. On jugea la prefence du Roy neceflaire pour remedier à ce de-fordre. Il pafla en Italie fur la fin de l’an 1506. 6c il futfuivi d’un fi grand nombre de volontaires, qu’il fembloit que toute la Noblefle de France eût pafle les monts. Les Génois furent extrêmement étonnez quand ils virent le Roy armé de toutes pièces à la tête de fon armée. Ils deputerent vers luy pour fe remettre,eux 6c leur ville en fon obeïflânce, leurs vies, biens,et libertez fauves. Le Roy, pour témoigner fa jufte indignation contre eux, ne voulut point les écouter, 6c leur fit entendre par le Cardinal d’Amboife qui le fuivoit, qu’il vouloit qu’ils fe remiflent entièrement à fa diferetion. Les Génois irritez de cette réponfe changèrent de volonté, 6c de-fefperantde leur falut, ils fortirent avec fureur au nombre de quarante mille combattans, qui couvrirent la montagne prochaine , dans le deflein décharger l’armée Françoife, qui en prit l’allarme: mais la prefence du Roy la raflura, qui ayant donné fes ordres, elle chargea fi furieufement les ennemis, qu’abandonnant leurs armes pour courir plus legercment vers la ville, mille quatre cent furent tuez fur la place. Paul de Novis leur nouveau Duc s’enfuit au port de Rapalo , 6c de la en l’Iflede Corfe : quelques-uns des Capitaines de la ville s’en allèrent en Barbarie : Les étrangers qui étoient à leur foldc ,51 leurs voifins fe retirèrent chez eux :6c la ■ville abandonnée de fa garni fon , 6c de fes Capitaines , fut remife à la diferetion du Roy , qui y entra triomphant le 28. jour d’Avril ^07. avec toute fa gendarmerie en très-belle Ordonnance , 6c alla loger au Palais. L’Ârchevéque de Sens Triftan, fi ere de Galeas, armé de toutes pièces , monté fur un bon cheval ,1a javeline à la main, fut l'un de ceux qui fui virent de plus prés le Roy lors qu’il fit attaquer les ennemis fur la montagne. Ce Prélat protefta hautement, que quand la facrée perfonne du Roy , s’expofe cIle-même au péril, c’efl: un crime à fon fujet de quelque qualité qu il foit, de 4 s£o LES ANTIQTJITEZ DE LA VILLE s’excufer de combattre. On le loüa de cette genereufe aetion; et beaucoup plus encore Galeas fon frere d’avoir conferve au Rov le Château de Gcnes, de d’avoir foûtenu les affauts, et les efforts des révoltez, fans être affuré,ny avoir eu nouvelles d’aucun fecours. Les armes qui font au tombeau de Galeas font écartelées. Il porte au premier cinq molettes d’efperon en fautoir , et: au fécond cinq feuilles de figuier, auflî en fautoir, qui eft de Salazar ,au troifiéme un Aigle au voleploié,et au quatrième une gerbe de bled. Audeflous de la tombe qui couvre le corps font trois ronds vuîdes des armes de fes alliances, au tour defquels eft écrit, de Salazar, de U Tri mouille, de Bracque. Quant au tombeau qui eft de l’autre côté , on tient que c’eft celuy de la femme de Galeas , ce que l’onnc peut connoître ; à eau. fe que l’Epitaphe qui étoit fur une lame de cuivre , a été arrachée, fuivants font écrits au chapiteau. Secundum multitudinem miserationum tuarum dele iniquitatem nojïram : Et au deftous pour devife, Me moriens ad vitam vocat. Les armes de cette Dame font des chevrons renverfez fans nombre, accompagnez chacune d’une fonnette, dont on ne peut connoître le blazon. Ces armes ont du rapport avec celles de la maifon d’Anglure , mentionnées au cinquième §. du blazon Roial du P. Labbe. Au deftous de la tombe font cinq ronds vuides des armes des alliances de cette Dame, que l’on connoît par l’écriture qui re-fte au tour, félon l’ordre fuivant. Ve choifeul, deVergey, de Marlou, de Bar, et de Grancey. Dans la Nef, fous le veftibule du Chœur, eft la tombe d’un Seigneur, qui porte fafé de fix pièces : mais comme il ne paroîtplus que quelques lettres en divers endroits de cette tombe > le refte étant effacé ou rompu ,on n’en peut fçavoir fon nom. Ceux qui ont crû que c etoir la tombe de Charles de Chaftilion,I I. du nom, Seigneur de Bouville, et de Farcheville ,fe font mépris, faute défaire reflexion, ou de fçavoir que ce Chevalier porroit les plaines armes de Chaftiilon, qui font de gueules à trois pals de vair, au chéf d’or , lefquelles luy étoient écheuës par la mort de Valeran de Châ-tillon , Seigneur de Dampierre , et de Rollaincourt. Î1 eft pourtant vrayque ce Seigneur a été enterré dans l'Eglife de Morigny,fui-vant ce qu’il avoir ordonné par fon teftament, s’il mouroit à Farcheville, comme il arriva: mais on ne peut dire en quel endroit, à caufe qu’il n’y a point de marque , foit qu’elle ait été ôtée , ou plutôt que l’on n’y ,en ait point mis; daurant qu’il n’y a été inhumé que ET DU DUCHE’ D’ESTAMPES. 5<ji que plus d'un an après qu’il l’avoit été dans l’EglifedeBouville,d’ou les Moines de Morigny le firent ôter pour le tranfporter en la leur, par une ordonnance de juftice : des Lettres Roiaux du ij. Juillet 1481. et un procès verbal en execution, du dix-feptiéme du meme mois, et de la même année. C’eft ce Charles de Châtillon qui a fondé en cette Abbaie dés le jo. jour de Decembre 1438 la Melle que l’on y celebre > dite communément , du Chevalier de Châtillon : pour la dotation de laquelle il donna piufieuis héritages afïis à Bouvillier,que les Religieux donnèrent à Thomas,et Germain les Loreaux, à dix feptiers de bled froment, et quatre feptiers d’avoine de rente annuelle, par contrat du n. Decembre 145^. On voit dans le Cloître quatre vieilles tombes , deux prés de la porte de l’entrée où eft la cloche. J’ay ouy dire â des anciens Religieux qu’ils tenoient par tradition que la plus rompue eft d’Adeline fœur d’Anfeauléur Fondateur , et qu’ils ne fçavoient de qui étoit l’autre. Les deux autres font proche de la Salle quifert de Refeétoir ; on croit que les corps de Vvlgrin, et de fa mere re-pofent deflous. Cette croiance a quelque fondement dans la Cro** nique , laquelle remarque que Vulgrin fut inhumé prés de fa mere dans le Cloître, que luy-même avoir fait bâtir. Vvlgrinus no fier extremum diem obiit, et juxta matrem fuam in clùujtro nofiro, quod iffe jam pridem adificaverat, tumulatus ejt. Vvlgrin étoit parent du Roy : c’eft pourquoy n’aiant point laifle d’heritiers à fa mort , le Roy fe faiftt de tous fes biens, et meme de ce qu’il avoit donné à l’Abbaie: dont quelque temps après, il donna main-levée à T Abbé, et accorda qu’il en jouît paiiiblement, comme je l’ay cy-devant remarqué. 11 y a aufli trois vieilles tombes dans le Chapitre. Sur l’une l’écriture n’eft plus lifible. L’autre eft d’un Seigneur de la Bretonnie-re, prés de la ville de Châtres fous Mont-l’Hcry, qui eft figuré def-fus, armé, l’épée au côté , l’efcufton de fes armes lur fa cuifl'e , qui eft burellé de dix pièces. La treifiéme, c’eft celle de Madame Blanche fa femme, qui mourut, l’an 1333. k veille de S. Martin d’hiYer, Bbbfc Roürlai'd, hift. de Melun, pag. Suggir v,ta Lud. Grojfît »• 14« 5<fr LES AN-TIQUITEZ DE LA VILLE RE MARQUES SUR LA CRONIQJJE DE L’ABBAYE de Morigny y fervant d’éclairci Bernent à des Paffages obfcurs qui s’y rencontrent , aufli bien que dans l’Hiftoire de France. PREMIERE REMAR QJJ E. ECclcfi a s de firmitate B al du ini ( dedit) Guido Trofillus , hujus loci fideli fs imus, concedente uxore fu a Adelaide. La première choie qui eft à remarquer fur ce paflage de la Cronique de l’Abbaye de Morigny, eft que la ville , qu’on y nomme la Ferré Baudouin, a été depuis > et eft encore prefentement nommée la Ferré Aleps ou Aalés , du nom de certe Dame, qui fut époufe de Guy Trouflêau. Aies , Alix, et Adélaïde ne font qu’un même nom. La preuve de ce que j’ay dit eft évidente, parce que l’Abbaie de Morigny , poffede encore prefentement le Patronage du Prieuré , et: de la Cure de la ville de la Ferré Aalés, de même que des autres Eglifes énoncées dans la Cronique , dont nous avons déjà parlé; ê^l’on ne peut dire qu’elle ait perdu le Patronage des Eglifes de la Ferté Baudouin , et: reccu au lieu de ce droit ce-luy des Eglifes de la Ferté Aalés qu’elle poflede à prefent : dau-tant que l’on ne voit aucun titre, ny mémoire dans cette Abbaie qui fafte mention de cette perte, ny de ce bien-fait. Mais l’on voit dans l’Abbaie de Villiers, prés de cette ville de la Ferté Aalés,im vieil titre Latin donné fous les fceaux d’un Abbé de Morigny, qui . porte ces propres termes , apud firmitatem Aalis , alias Balduini. cette obfervation fert à faire entendre que ce fut dans ce Château delà Ferté Aalés que Hugues de Crecy emprifonna Eudes II.Com-tc de Coi beil, fon frere utérin , comme Suggcr la remarqué en ces termes, Raptus equidem ( odo ) ah eodem fratre Hugo ne Jn cafiro qui dicitur firmitas Balduini, compedibus cathenis impeditur. Lé (quel- les paroles firmitas Balduini , Duplex a tourné dans la Ferme de jBaudouui, éc KAutcur de l’Hiftoire de Corbeil, liv. i. ch. 16. a avoué ET DU DUCHE’ D’ESTAMPES. 565 qu’il ne fçavoit ce que c’étoit ; fie a dit que Eudes fut emprifonné dans Ton propre Château de Corbeil. La fécondé chofc à remarquer, c’eft que Guy n’ctoit pas Seigneur de fon chef de la Ferre Baudouin ; mais de ccluy d'Adélaïde. Dame de ce lieu la, qu’il avoir époufée en fécondes nopces : ce que Duchcfne a obmis de remarquer en fon hiftoire de Châtillon, où rapportant au liv. i. ch. XI. a Genealogie des Seigneurs de Mont-l’Hery , il ne parle que de Mabile , de laquelle Guy eut Eli-fabeth , qui fut mariée à Philippe de France , fils naturel de Philippe Premier , Roy de France , de Bertrade de Mont-fort, enlevée à Foulques, dit Rechin, ou le Rude, Comte d’Anjou. Adélaïde fervêcut Guy, fie convola en fécondés nopces avec Guy de Rochefort,comme je diray cy-aprcs, SECONDE REMAR QJJ E. LE paragraphe de la Cronique qui commence Regnante Rhi-• lippo Henri eu s Rex Anglorum , dre. doit être attentivement l*tt. b. leû jufques au fuivanç , qui commence à ces paroles : Anno Incar- Liv , nationis Dominica , parce que l’Auteur de l’Hiftoire de Corbeil sert évidemment trompé en le lifant , en ce qu’il a attribué, le meurtre commis en la perfonnede Miles de Bray 11. du nom,autrement de Mont-l’Hery, à Hugues du Puiftet , au lieu que la Cronique l’attribue à Hugues de Creey fon Coufin. Et ce qui peut avoir donné lieu à cet Auteur de fe tromper ; c’eft que dans ce Paragraphe , il eft aufti parlé de la mort d’Anfeau de Garlande tué au Puiflet, fans qu’il foit dit par qui : tellement que Hugues du Puiflet n’étant point nommé dans ce Paragraphe, cet Auteur n’a pu avec juftice luy attribuer le meurtre de Miles, qui ne convient qu à Hugues de Crecy, auquel feul ces paroles fe doivent rapporter. Ipfe namque Milonem de Montelherico optima indolis, et flre-nuiftmum in armis juvenem, Dominum fuum, cognatum fuum , traditione cœpit , et captum , compcdibufque ligatum carcelari cujlodia mancipavit etc. Voicy comment nôtre Cronique rapporte toute cette Tragédie. Hugues de Crecy , (dit-elle ) après avoir long.temps détenu priionnier en divers lieux , Milon de Mont-l’Hery, fon coufin i fl il de Germain ( comme il fe verra par la Genealogie fuivantejle fit enfin étrangler à Château- fort. ('C’eft un bourg fitué à quatre lieues de Paris à une de Chevreufe, Siégé d’une Prévôté Roiale cornue j’ay die j ) fie jeteer le corps par la fenêtre d’une tour pour faire B b b b i j ✓ • * p. 365. 17! 5*4 LES ANTIQUITEZ DE LA VILLE croire qu’il s’étoit luy même précipité. Le bruit d’un crime fi énorme étant incontinent parvenu aux oreilles du Roy Louis VI. à Paris , il monta auïïî-tôt à Cheval , et fuivy de la Noblefi'e, il fe ren, dit au lieu où étoit le corps du deffunt, qui fut transporté, et cn-feveli au Monaftere de Longt-pont, de l’Ordre de faim Benoift, que fes prcdeceflêurs avoient fondé , et antecejforum Milonis ele-emofma erat, dit la Clonique. Le meurtrier fe voiant obligé de comparoître devant Amaury , Comte de Mont fort , qui tenoic dans la Province le premier rang après les Prince, en la Cour de fes Pairs, pouL fe purger du crime ,dont il étoit accufé : et étant convaincu des remords de fa propre confcicncc, plûtôt que d’ex-pofer fa vie au hazard d’un duel , auquel on l’auroit condamné, au defaut de preuves évidentes, fuivant l’uiage du temps, confelfa publiquement fon crime, et fe jetta aux pieds du Roy, de la Clémence duquel il obtint la vie. Sa Majcfté fe contentant de conff. quer fes biens, fpecialement Château-fort, où le crime avoit été commis,qu’il reunità fon domaine. Enfuite de quoy quelques années après , Hugues, pour punir en fa perfonne la barbare cruauté, dont il avoit ufé contre fon Coufin, quitta le monde ,et fit pro-fefiion de la vie penitente des Moines au Monaftere de Cluny. Sed convictus, dr cor ara omnibus culpam profitais , ad pedes Regis fe proflravity veniam poflulavit, terram fiuam in manu illius dimifit, et Monachilem habitum illico induit. Le temps auquel ce meurtre fut commis n’étant pas marqué dans la Cronique, il le faut conjeéhirer des choies quifepaflèrent vers le même temps , entre le Roy, et Philippe de France fon frere naturel , qui vray femblablement en donnèrent l’occafion. Celuy-cy qui poflèdoit deux places fortes aux environs de Paris, Mante, et Mont-lc-Hery,fe confiant en fa haute naififance, etenla puiflânee de fes parens, et de fes amis, étant neveu , par Bertra-de fa Mere, d’Amaury Comte de Mont^fort, irrita tellement le Roy par fes aélions, pour leiquels il l’avoit fouvent ajourné devant fon Parlement, fans y avoir voulu comparoître: qu’il futcon-traintpour l’en châtier, de conduire des troupes devant la ville de Mante, qu’il prit avec le Château , après quelques jours de fiege, Pendant que ces chofes fe paffoient de la forte, Bertrade femme adroite , pour empêcher que le Roy ne fe faifit de Mont-le-Hery, etr pour le reflerrer fi fort par le moien des places que ceux de fon aliaice tiendroient, qu’iln’auroit pas la liberté de pafi'er,quand il voudroit, de Paris en Normandie; et pour incommoder Paris ET DU DUCHE' D’ESTAMPES. et fit fiancer Lucianc de Montfort, fille d’Amaury, fa niepee, avec Hugues de Crecy, et leur donna en faveur de ce mariage Mont-’e-Hery. Mais le Roy ufa de telle diligence qu’il fe rendit au même temps que Hugues, à Chartres fous Monc-le-Hery , ou Miles de Bray fepreienta devant luy, etluy prouva parde fi bonnes rai-] fons, en prefence de Ton Confeil, que cette Seigneurie luy ap-partenoit, à caufe de Iafuccefiion de Miles le Grand fon pere; que le Roy la luy fit reftituer , au grand contentement des habitans de ces lieux-là , qui firent auiïi des inftances en fa faveur, auprès du Roy, aimant mieux l’avoir pour Seigneur que Hugues, qu’ils contraignirent de fe retirer avec honte , de perte de fon bagage. Or il eft probable que ce fut cette mauvaîfe rencontre qui anima Hugues contre Miles , et le porta à fe faifir de luy, et à s’en défaire, pour fe venger de l’affront qu’il avoit receu, et recouvrer par fa mort ce qu’il l’avoic empêché d’obtenir. Tellement que le démêle d’Hugues de de Miles étant arrivé pendant ceux du Roy avec Philippe fon frere , qui commencèrent, fuivant les grandes Annales de France, environ l’an 1113. et continuèrent plufieurs années, il s’enfuit que ce meurtre peut être arrivé environ l’an in 8. ou 1120. Il refte une autre difficulté à refoudre ; fçavoir fi le mariage d’entre Hugues et Lucianc avoit eu , au temps de ce meurtre, fon entier accompliffement, ou s’ils étdient feulement fiancez. L’autorité de Sugger femble appuyer la première partie de cette question , par ces paroles : Cum enim Hugo inito matrimonio,illuc(Mon-temlehericum ) curreret, velocius eum Rex fecutus eH. Et la Cronique favorife la fécondé en termes exprès, quand elle dit. Nam cum traditor de morte Milonis fedulopurgare conaretur in Curia Amaurici de Monteforti, pofi Palatinos Comites in provincia ijla viri excellenti fs i-mi , cujus ipfe Hugofiliam parvulam defponfaverat. Et je croy qu’il s'y faut arrêter plûtoft qu’à la première , tant à caufe de cette parole, filiam parvulam , qui marque un âge fort jeune, et propre feulement aux fiançailles : que parce que la même Cronique remarque, qu’auffi-tôt après ce meurtre commis il fe fit Moine > dr Mo-nachilem habitum illico induit. Et que les paroles de Sugger, inito matrimonio, peuvent être entendues d’un mariage contradé feulement par p iroles de prefent, et non confommé. Voyons maintenant la gcnealogiedes Seigneurs de Mont-le-Hery,pour concoure la parenté d’entre Hugues de Crecy, de Milon de Bray: Bbbb iij )0o l.eS ANTIQUITEZ de la ville 8c celle de Guy de Rochefort, 8c de Guy Trouflcau. Thibault furnommé fil d’étoupes, qui fortifia Mont-le-Hery du temps du Roy Robert, duquel il étoit Foreftier, ou grand Veneur, fut pere de Guy premier,Seigneur de Mont-le-Hery,Chaftres 8c autres lieux voifins de Paris. Celuy-cy époufa Hodierne, Dame de la Ferté. 8c de Château-Gommets. village fur le chemin de la ville de Chartres à Paris, 8c Parodie dépendante du Doyenné de Château-fort.. Ils eurent de leur mariage Miles de Bray, furnommé le Grand. Guy Comte de Rochefort, duquel e parleray cy-aprés. Milefende mariée au Comte de Rethel. Àdele femme d’Hugues, Seigneur de Puifet, dit le Grand, cy-aprés N. époufe du Seigneur de Pont-fur-Seine. N. époufa Gaultier 11. Seigneur de faint Valéry en Picardie. Et Eiifabeth qui fut marié à Jofcelin de Courtenay, fils d’Athon, Chaftelain de Château-Regnard , prés de Montargis. Miles le Grand époufa Litui fie, Comtefife de Troye, dont il eut quatre fils, 8c quatre filles, lefquelles j’obmetcray , ne faifantricn à nôtre fujer. L’ailné des fils fut Guy 11. du nom; : Le deuxième, Miles de Bray , fécond du nom. • Letroifiéme , Régnault, Evêque de Troyes en Champagne. Et le quatrième, Thibault, furnommé la Bofe. Guy ^econ<^ > furnommé Trouflèau, époufa Mabile, et d’eux nâ~ les, à la bandé clu^c Elilabeth , heritiere de Mont-le-Hery , mariée à Philippe de France , en fécondés nopccs qui époufa Adelaide Dame de la Ferré-Baudoiiin , comme j’ay dit, fuivant nôtre Croniquc : Le-qu 1 mariage il eft probable qu’il ne contraéia qu’aprés fonretour delaTerrefainte , où il aflifta à la prife de la ville d’Antio-the, au mois de Juillet 1099. d'où incontinent après il fe fauva parût {Tus le ; murailles, pour ne pas tomber entre les mains des Infideles quiTafiîegerent, 8c s'en revint en France chargé de confu-fion d’avoir manqué de courage , 8c àfon vœu. Miles II. du nom, époufa N. de Champagne, fœur de Thibault 11. Comte de Champagne : mais depuis il fut fcparé d’elle à caufe de parenté : 8c cruellement mis à mort par Hugues de Cre-cy, comme j’ay dit. Guy de Mont-le-Hery , Comte de Rochefort, premier du nom, furnommé le Roux, Gui do Rubeus, fils puifné de Guy premier, 8c d’Hodierne fa femme , fut Seigneur de Gournay-fur-Marne, 8: de vair. Gui II. de Tyr de bello jacro , l, 6. c. ET DU DUCHE' D'ESTAMPES. -grand Sénéchal de Fi ance. Il époufa Ifabeau de Creçy , qui étoit alors veuve de Bouchard II. du nom , Comte de Corbcil, dont elle avoir deux enfans, Oddes, ou Eudes, qui mourut fans enfans : et une hile nommée Alix , laquelle cpoufa Ebrard du Puifet fécond du nom, dont naquirent Hugues du Puilet fécond du nom, Vicomte de Chartres, qui prétendit le Comté de Ccrbeil, après la mort de fon oncle Eudes : ou Bouchard du Puifet. Guy le Roux eutd’Ifabeau deux fils et quatre filles. Guy fécond Comte de Rochcfort, mort fans enfans. Et Hugues Comte Crecy, Seigneur de Gournay 3 de Pompone, et de Châteaufort, meurtrier de Miles de Bray fécond du nom, fon coufin en fécond degré de confanguinité, comme il eft évident par la fupputation des degrez de génération. Biote de Rochcfort première des filles, époufa le Vicorçjtc de Gaftinois, dont fortit Guy, Vicomte de Gaftinois. Luciane puifnée fut fiancée avec Louis le Gros, fils du Roy Philippe premier , et depuis fucceflcur de fa Couronne : mais le mariage ne s’accomplit pas, à caufe d’un empêchement de parenté que l’on découvrit. La troifiéme époufa Anfeau de Garlande, grand Sénéchal de France. Et la quatrième fut Beatrix, qui époufa en premières noces Ma-naflês, Seigneur de Tournent en Brie: et en fécondés, elle s’allia avec Dreux Seigneur de Pierrefond. Guy , après la mort d’Ifabe.au , fa première femme , convola en fécondés nopces avec Adelaide , Dame de laFerté Baudouin pour fie rendre par ce mariage, Seigneur de fon Château , qui étoit à ra bien-feance : et d’abord apres la repudia , fans que l’on pu fie juger autre chofe de ce divorce , que l’affinité qui étoit entre eux, parce qu’Adelaide étoit veuve de Guy Trot,fléau , neveu dudit Guy le Roux, quand il l’époufa : L’on l’apprend de Sugger ,enla sugger. yie du Roy Louis le Gros, où racontant l’emprifonnement d’Eude, Comte de Corbeil, dans le château de la Ferté Baudouin , et les ■ efforts que le Roy fit pour l’en tirer, il dit de cette Ville, que nec n I4* hereditario jure , fed occafione cujufdam matrimonii de Comiti (fa Adélaïde , quam , retento caflro→ fpretam repudiavit, ad eum fpectabat, -Guidonem fcilicet Rubeum, duquel il a parlé au commencement, et de Hugues de Crecy fon fils. vita Grojfi , . H:fl» k 2*94* \c$- put. JS. LES ANTIQUITEZ DE LA VILLE T R O I S I E'M E R E M A R QJJ E. GUy Vicomte d’Eftampes eft mis avec éloge entre les Bien-;â<ftcurs de l’Abbaye de Morigny. Il étoit fils de Hugues le Grand, Seigneur du Puifet » dans le fief duquel elle avoir été bâtie, que le Roy Philippe premier acheta d’Evrard II. filsaifné de Hugues, qui le vendit pour fournir aux frais du voyage de la Terre fainte , qu’il entreprit avec Godefroy de Bouillon , l’an 1096. de la Vicomté luy étoit venue par fafemme, fille de Marc Vicomte d’Eftimpes. Comme on le peut voir au commencement du fécond Livre delà Cronique. Philippus Rex Francorum y dre. Cumque videret Abbatiam iftam procerum Quorum, virorum Stampenjium donis fupra fpem excrefcere, vir altioris ingenii, ut eam in eleemofinam pofsideret > emit eam abp.brardo , de cujusfeedo pendebat, qui dominus Puteoli habebatur, dr Hicrufalem proficijcebatur. Et peu après: Guido etiam Vice-Comes Stampenjium familianfsimus Abbati,drami. ci fi imus hujus loci, medietatem decima Pedagii Berovilla contulit, Hicfi qui dem Guido illius magni Hugonis domini Puteoli, in cujusfeodo Ecclefia i flafundata efl, filius fuit. forti tus uxorem Marchi Stam- penfium Vtce-Comitis filiam : unde fibi Vice-Comitatus accidit, cum proceres Prancorum, et maxime cognati illius contra Regem rebellarent : Abbate noflro fuper omnes infligante, fanum coepitconfilium, et permultadiferiminaRegifidelifsimus extitit. Pour mieux donnera connoiftre quels ont été Evrard et Guy du Puilet, je vais déduire la généalogie de cette illuftre famille. Guilduin eft le premier dont on a connoiflance. Evrard premier du nom , Vicomte de Chartres, et Seigneur feudauaire du Puifet, fous le Roy Philippe premier. Hugues premier, dit le Grand, Sieur du Puifet, époufa Adeli-ciede Mont-le-Hcry, fœur de Miles le Grand? et: Guy Comte de Rochcfort. Ebrard II. H uguos H Comte de Japhc- Gu y Gaultier; Valeran ti\\x de Corbcil, Mamilic de Rouy. N. fille de Marc Sieur de fœur d’Eudes 1 I. j Vicomte d’Eftampes. 'Vilkprcufc, r——A——-Hugues II I. Comtcdc Japhc. Hugues et bouchard. L’alliance de Hugues du Puifet premier du nom, avec Adelicie de Mont-le-Hery , fille de Guy, aufiî premier du nom > eft rapportée par le continuateur d’Aimoine> liv. 5. c. 46. comme je l’ay cy-devant déduite : et la filiation d’Evrard fécond, et de fes frère , le prouye V ET DU DUCHE’ D’ESTAMPES. 5<s9 preuve en la maniéré fuivante. Yves Evêque de Chartres, en la 45. de Tes Epîcres, appelle Ebrard neveu de Guy de Rochefornà cau-fcde fa mere, qui croie fœur de ce Guy , et de Miles le Grand, Seigneur de Mont-le Hcry. La Cronique qualifie Guy fils de Hugues le Grand, Seigneur du Puifec, comme je l’ay rapporté cy-deflîis. Et le même Yves , dans la 169. de fes Epîcres , luy donne le titre de gardien des biens de fon frere Hugues, qui écoit parti pour aller à Jerufalem. Et dans le Cartulaire de faine Martin des Champs, le 60. titre tranferit au feuillet 18. met pour témoins de la donation dont on fait mention , Hugues du Puifetet Guy fon frere. Hujus enim concefs tonis te fle s fueru nt Hugo de Puteaco, et Vvido frater ejus. Et au 14. feuillet du même Cartulaire on lit la donation fuivante. Sciant omnes quod Vvalerannus de Villeperat( Villepreux) dedit Ecclefiœflanti 1 Martini de Campis pro anima fuœ requie, et parentum fuorum falute5 terram , qua Alne tum dicitur i apud flantium Clodoaldum exiflentem, etc. Hoc donum conceflsit Vvido , qui tunc tenebat CaflrumPuteoli, qui frater Vvalcranni erat, (fic. His ita çefHs aliquando tempore delapfô , Hugo filius Ebrardi, ad que?n paterno jure CaflrumPuteoli pertinebat, quadam die ad flantium Martinum venit, et rogatus d Domno Theobaldo priore , et Domno Guilduino , fratre praditii Vvaleranni, conccflsit donum quod Patruus fuus fecerat, et accedens ad altare pofluitfluper illud coram his teflibus Vval-terio Satiaro,etc. Et ut hoc donum firmius flare poflsit, et Ecclefiafan-Ui Martini praditiam terram in pace,etfine calumnia, perfluccedentia tempora pofsiderepoflsit, Robertus Comes Mellentinus donum quodVva-lerannus fecerat, concefsit,etflua illud autioritate confirmavit.De fleodo enim illius terra illa erat Et quando illis conccflsit, hi tefles audierunt advocati Vvillelmus de Burgo novo , odo de Morenvillari. Fatium efl hoc an. Ineam. Verbi 1108. inditi. 1. Regni Lud. Regis Francorum an. j. Vvalone Parifl. urbis Epflcopo exi flente. Il s’enfuit donc évidemment de tout ce que j’ay cy-deffus rapporté, que Hugues, Gilduin,et Vvaleran étoient tous enfans de Hugues premier , Seigneur du Puifet, avec Ebrard 11. duquel 6c d’Adelicie de Corbeil naquirent Hugues, cy-devant qualifié neveu de Vvaleran » à caufe de fon pere. Et par Sugger en la Vie de louis le Gros, chap. 19. neveu d’Eudes II. Comte de Corbeil, du coftédefamere : c’dl pourquoy il pretendoit. le Comté de Corbeil après la mort d’Eudes II. 6c dont il s’accommoda quelque temps après avec le Roy, qui le reünit aufli toft au domaine de la Couronne, pour n’en être plus fcparé , à caufe Cccc 570 LES ANTIQUITEZ DE LA VILLE de fa fituation à l’égard de Paris. Voicy comme parle Sugger au lieu que j’ay allégué- Interea contigit decedere Curboilienfiem Comitem Odonem, hominem non hominem, dre. Et plusbas} mortuo itaque fili0 Odone Comite, Comes Theobaldus cum matre , dr fer Milonem dr per Hugonem, quibuficumque poterant donis,dr datis,dr pollicitis omnimodum dabant operam, ut fi hoc cum collateralibus caftrum obtinere pofi fient, Regem omnino evifeerarent, è contra Rex dr fui e os refellendo, cum multo dr fumptuofio labore ad obtinendum infiudajjet, abfique prœfa-ti Hugonis deliberatione, quia Comitis Nepos erat, minime potuit. Data igitur die, dr loco patenter malorum prafago, ficilicet apud Villam Epificopi panf. Mo fiat cum, cumconveniffemus, dr tn parte nociva, et in parte juvativa foret ejus deliberatio, quia non potuimus quod voluimus, noluimus quod potuimus. Abjuratofquidem ab eoCarboile cafiro, cujus fie haredem jatfabat, abjuravit nobis omnibus omnes an-gari a* , omnes tallias> omnes vexationes omnium Ecclefiarum , drmo-nafleriorum poffefiionem : dr datis obfidibus pro his omnibus ; dr quod puteolum numquam abfique Pomini Regis firmaret voluntate , perfidia, non arte dclufi redivimus. L’accord fait entre le Roy et Hugues fut de peu de durée, comme je l’ay remarqué en parlant du Roy Louis le Gros. Cetcuy-cy contre fa foy donnée s’éleva encore contre fon Souverain deux di-verfes fois , et auroit continué toute fa vie à fe révolter, et à troubler le repos duRoiaume, s’il n’eût été contraint d’en fortir pour aller à Jerufalem ; auquel voiage il mourut fans honneur, et fans gloire: au moins n’eft-il point parlé de luy dans toutes les Hiftoires des guerres faintes,dans lefquelles on fait une très-honorable mention d’Ebrard fon pere , que l’Archevêque de Tyrmet au nombre des Seigneurs quife joignirent volontairement avec Godefroyde Boüillon, l’an 109S. Et au 4. Liv. c. 8. Liv. 5. c. 4. et Liv. 6. c. 4. et 17.il le nomme entre les Seigneurs qui ont donné des preuves de leur courage par leurs belles aétions. Il ya grande apparence que la haute réputation de ce Seigneur fervit en partie de motif à Hugues fon frere, d’entreprendre plu-fieurs années après, le même voiage, comme on l’apprend de l’Archevêque de Tyr , Liv. 14. c. 15. 16. 17. et 18. où il dit qu’au temps que Baudouin fécond du nom, furnommé du Bourg, re-gnoit à Jerufalem: Un puilîant Seigneur François, nommé Hugues du Puiiet, de l’Evéché d’Orléans, aiant entrepris par dévotion, avec Mamilie fa femme, fille de Cholet Comte de Roucy, le voiage de la Terre fainte ; cette Dame qui étoit enceinte lors qu’elle xi ET DU DUCHE’ D’ESTAMPES. j7i partît, accoucha dans la Poüille d’un fils qui fut nommé Hugues > du nom de Ton pere , qu’elle laifla au Prince de cette Province,Bre-mond fon paient, pour le faire nourrir et: élever ; et en- fuite arriva heureufement avec fon mary à Jerufalem , où le Roy, duquel Mamilie étoit parente, les receut avec des témoignages de grande affeélion , et: leur donna et: à leurs heritiers le Comté de Ja-phe, anciennement Joppe. Hugues mourut peu de temps après, etr Mamilie fe remaria par l’ordre du Roy, avec le Comte Albert, frere du Comte de Namur, avec lequel elle ne vécut que peu d’années. Hugues qui avoir été laifle dans la Poüille, pafla à Jerufalem, où aiant recueilli la fucceflionde fes pere etmere , il époufa Amelot-te, nièce d’Arnoul Patriarche de Jerufalem, veuve en premières nopcesd’un puiflant Seigneur nommé Euftache > qui l’avoit laiflëe merede deux enfansnommez l’un Euftache , Seigneur de Sidon, et l’autre Gaultier, Seigneurde Cefarée. Foulques premier aiantfuc-ccdé à la Couronne de Jerufalem , après la mort de Baudouin, eut quelque demélé avec Hugues, croiant qu’il y avoittrop de familiarité entre la Reine fa femme etce jeune Seigneur. D’autres ont dit que ce fut àcaufequ’il ne vouloit pas fcfoûmettreà lu y comme les autres Seigneurs du Roiaumc. Ce démêlé alla fi avant, que Hugues fut accufé par Gaultier, fon beau-fils, devant le Roy feant en fon Parlement, d’avoir confpiré contre fa Majefté. Le Parlement,au défaut des preuves évidentes, ordonna que Hugues fc pur-geroit par le duel ; après lequel jugement il fe retira à Japhe ; et au lieu de fe rendre au jour,et au lieu affigné pour le combat, il fe liguaavec les Afcalonites, ennemis de l’Eftat, et: obligea par ce procédé, le Roy d’aller contre luy avec des troupes, pour le ranger à fon devoir. Cependant Guillaume Patriarche de Jerufalem, d’autres Seigneurs, procurèrent une réconciliation entre le Roy et ce Comte , qui fut obligé par ce traité de s’abfenter pour trois ans du Roiaume, pendant lefquels il mourut dans le Comté de Gargan , que Roger Duc de cette Province, auprès duquel il s’étoit retiré , luy avait donnée pour le faire fubfifter. De tout ce difeours on connoift quelle a été la parenté de Guy Vicomte d’Eftampes, lequel ne laifla point d’enfans de fa femme , fille de Marc, Vicomte d’Eftampes, la parenté duquel n'eft point connue, fi ce n’eft qu’il ait été frere ou coufin de Bernard d’Eftampes , qui pafla dans la Terre fainte, avec les autres Seigneurs François, l’an 1096. où il C c c c i j ( Liv, 6• c. 10. V 572 LES ANTIQUITEZ DE LA VILLE mérita par fes belles avions d’étre fait Seigneur proprietaire d’une ville , à laquelle il donna Ton nom, qui étoic auparavant nommée Adraon, fiege de l’un des Suffragans du Métropolitain de Boftre, ou Bufferet, fous le Patriarche d’Antioche. Guillaume de Tyr nous l’apprend en fon Hiftoire fainte, en ces termes : Tranfcurfa cum fummo periculo (Troconitidis fcilicet ) parte circa horam diei novi fi fiwam, ad locum perveniunt, qui antiquo Adratum vocabulo dicitur x nunc autem vulgari appellatione dicitur, civitas Bernhardi de Stampis) ejt autem una de fujfraganeis, qua ad Bojtrenfem Metropolim habet refpetfum. QUATRI E’ME REMARQUE. Oions ce qu’on peut dire des Garlandes,defquels nôtreCro-nique parle en plufieurs lieux avec eloge, particulièrement d’Ànfcau, grand Sénéchal de France , lequel a toujours beaucoup appuyé de fon autorité les intereftsde l’Abbaie deMorigny. Leur gencalogie eft rapportée par du Chefne , en fon Hiftoire de Châ-tillon, Livre n. chap. 11. Le premier, dont on ait connoifTance,eft Guillaume premier du nom , Seigneur de Livry, qui florit au temps de Philippe premier, Roy de France ; et laifla cinq fils fort renommez. Gau tier furnommé Païen ou Pean, grand Sénéchal de Fi ance , qui fît le voiage de la Terre fainte, l’an 1096. Guillaume de Tyr en parle avec honneur en plufieurs lieux de fon Hiftoire de la Guerre fainte. Garîande d'or Du Tillet en fes Mémoires, au titre du Grand-Maiftre de à deux faces de France, a remarqué que le Sénéchal, fous les deux premie-gueuie. res races çjg nos étoit appellé le Comte du Palais. Ce même Auteur obfervc que le nom deScnéchal a commencé fous la troifiéme race : et: que l’Office auquel ce nom a été donné eft déclaré en laLoy donnée aux Allemans, par le Roy Clotaire, chap. 79. où ilfignifîe le Maiftre-d’Hoftel d un Seigneur, qui a en fa maifon au moins douze vaflaux. Et Guillaume de Tyr , parlant d’Alexius que l’Empereur Nicephore avoit honoré de la charge de Grand-Maiftre de fa Maifon , a dit, quem nos Majorem SenefcaU lum appellare confuevimus. Anfeau fécond fils de Guillaume de Garlande, fut auffi Sénéchal de France , fous le Roy Louis le Gros , qui le qualifie tel en des titres de nu. et 1112,. 11 époufa la troifiéme fille de Guy le Roux Comte de Montforr, donc naquit Agnésde Garlande,qui époufa Amau-ry de Montfort. Liv* t. c- j. MfSÊt ET DU DUCHE' D’ESTAMPES: S7i Il fut emprifonné dans le Château de la FertéAalés par Hugues de Crecy, et délivré par le Roy Louis le Gros : et enfin tué par Hugues duPuifet à fa derniere révolté contre le Roy. Quelques-uns rapportent fa mort à l’an in6. Guillaume de Garlande III. fils continua la lignée mafeuline, et fucceda à fon frere en fa charge de Sénéchal. Il vivoit au mois d’Oétobre iir?. auquel temps, il affifta avec Eftienne fon frere puif-né, qui étoit déjà Chancelier de France, à la confecration de l’E-glife de l’Abbaie de Morigny, que fit le Pape Calixte fécond : mais il mourut peu après ; car dans des titres de l’Abbaie de faine Denis de l’année fui vante’, Eftienne de Garlande eft qualifié Se-pêchal. Eftienne de Garlande quatrième fils de Guillaume premier, fut Chanoine de l’Eglife de Nôtre Dame d’Eftampes, Archidiacre de celle de Paris, Doien de celle d’Orléans, puis éleu Evêque Comte deBeauvais;nonobftantquoy,il ne laifia pas d’exercer durant quelque temps, l’Office de Sénéchal de France , dont il fut pourveu, après le deceds de Guillaume fon frere , comme la Clonique l’a remarqué. Interea defuntfo Guillelmo, Anfelli Dapiferi Germano, Stephaniis Cancellarius ,frater amborum Major regia domus effectus ejt. Hoc retroactis generationibus fuerat inauditum, ut homo, qui Diaconatus officio fungebatur, militi<et fimul poft Regem duceret Principatum. Le cinquième fils de Guillaume premier , nommé Gilbert, fut grand Bouteiller de France. Guillaume de Garlande II, du nom époufa Euftache de N. de laquelle il eut trois fils. Guillaume, Seigneur de Livry ,cy-aprés. Guy Seigneur de Tournent, et dePoffeffe. Il fit le voiagede la Terre-Sainte, avec fon oncle Gaultier, où ils firent tous deux de belles aetions, au rapport de Guillaume de Tyr. Manaffies éleu Evêque d’Orléans en 1146. Il eut un différend avec le Prieur , et les freres de la Maladerie de faint Lazare d’E-ftampes j à caufe de leur terre de Mefrobers , comme marqué en parlant de cette Maladerie. Guillaume de Garlande III. du nom, eut pour femme Agnes de Crefpy , fille de Thibault de Crefpy fécond du nom, Seigneur de Nanteuil le Haudouyn, dont naquirent Guillaume de Garlan-des, cy-aprés. Robert de Garlande, furnommé Mauvoifin. •F * W «• - » G# • • CCC II) Sugger.vit Lud. Grojfi c. xi. Cron.l.xp,] 6 l. B. lib. l. p. J77. lin. A. 574 LES ANTIQUITEZ DE LA VILLE Dreux de Garlande ,et Agnes de Garlande mariée à Foucault de faine Denis Chevalier. Guillaume de Garlande quatrième du nom,Seigneur de Livry, époufa une Dame appellée Idoine, de laquelle il eut cinq fils, et deux filles : il vivoir l’an n8f. Guillaume l’aînc, cy-aprés. Thibault, Seigneur deNeufchâtel en Vexin par donation du Roy Philippe Augufte, mourut fans enfans. Robert de Garlande. Anfeau ,Seigneur de Poftêfte. Il eft .nommé entre les Barrons, Châtelains,qui aftifterent à l’Afl'emblée tenue par Thibault, Comte de Champagne, en 1114. pour rcgler les partages des en-fans mâles Nobles entre eux. Jean de Garlande fut Ecclefiaftiquc. Mahault, aînée des filles époufa Matthieu de Montmorency > Seigneur de Marly, et la deuxiémé fut mere de Hugues de Pom-pone. Guillaume de Garlande, cinquième du nom, fieur de Livry, s’allia à Alix de Châtillon,à laquelle Gaulcher de Châtillon troi-fiéme du nom, fon frere donna en mariage Ciichy-la-Garenne, prés de Paris, et: ce qu’il avoit à Vvirmes; et fon mary luy donna pour doüaire fon Château de Livry , avec la moitié des terres qui en dépendent, après la mort de fa mere : voulant cependant qu’elle jouît de fon Château de Coufly. Cette affignation de Dotiaire fut faite par lettres de l’an 1193. données fous le feel du Roy, dans lefquelles, il eft nommé , Guillelmus de Gallanda. Et dans un autre titre de l’ail 1208. Extrait du Cartulaîrede l’Abbaie de Val, de l’Ordre de Cifteaux : il fe nomme Guillaume de Garlande. Ego Vvillet-mus de Garlande notum fieri voloprafentibus^dr futuris ,quodAales uxor mea, pro remedio anima fua, et antecejjbrum fuorum , de con-fenfu meo, dr Gaucheri ? atris fui dedit in perpetuam eleemofiynam Ec-clefia Beata Maria de Vallo decem libras parifienfis moneta annuatim percipi i Aas in cenfiu novorum hofipitum de Virmes, etc. Datum an. J.ïcarK. dominica. MO c V11 t. II fe juftific par ces deiB: titres que la même perfonne eftnom-mée de Galande, et de Garlande indifféremment : ce queduTil-let en fes Mémoires, au titre du grand Maître de France, a obfer-vé être commun à ceux de cette illuftre famille. De cette obfer-vation l’on infere avec raifon que la même famille a été plus étendue que Duchefne ne l’a remarqué : Et qu’encore que de Guillau- / « ET DU DUCHE’ D’ESTAMPES. 57* me cinquième du nom , et Alix de Châtillon, il ne foft iffu que trois filles ; Jeanne mariée à Jean , Comte de Beaumont-fur-Oife, qui . n’en eut point d’enfans. Marie fuccefïïvement femme de Henry, 1 Comte de Grandpré , de Geoffroy de Joinville> et d’Anferic Seigneur de Touillard : Et Elifabeth mariée à Guy» Seigneur de Chan- I tilly, Bouteillier de France : Les freres de ce G uillaume, où fes oncles n'ont pas laiffé d’étendre leurs branches bien avant dans les f fiecles fuivans; et jufques dans cette Province d’Eftampes. Car je ; trouve par des actes de foy rendus au Seigneur d’Efmarville dans f les années 152,7. et 1555. du fief de Godonvilliers, a/Iis au village de 1 Mainvillier , qu’un Amanio de Garlande , Efcuier, Seigneur de Couleray , et d’Argeville, et: dudit fief de Godonvilliers laiffa de i Bertrande d’Allonville fon époufe,deux filles, Marguerite de Garlande, qui fut fucceflivement mariée à René de Fleury Efcuyer: Et à Jean de Vvilcardel Chevalier: et: Anne de Garlande ,qui épou-’ ] fa Louis du Monceau Efcuyer, Seigneur d’Argeville, à caufe d elle idefquels fortit Alienor du Monceau, époufe en premières nop- j. ces de Jean de Vvidal Chevalier , Seigneur des hautes , et baffes * Turelles, Paroiffe de Fleury en Berry, par contraét de mariage du 2.3. Janvier 1^32,. et en fécondés nopces d’Eflienne de Chartres, | dont elleétoit veuve en 1555. Et dcfdits Jean de Vvidal,et Alienor du Monceau font iffus les de Vvidal qui font encore prefen-tement Seigneurs d’Argcville. • • • •

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