Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

Outils pour utilisateurs

Outils du site


hn:hn.charnage.1934a

D. de Charnage

Le château de Chilly


La Croix 55/15813 (7 septembre 1934) 3.


AUX ENVIRONS DE PARIS

Les musées des environs de Paris ont pris la bonne habitude d'offrir au public des expositions pendant l'été, fournissant ainsi l'occasion d'intéressantes excursions que nous voulons signaler aux lecteurs. […]

Le château de Chilly

Il ne reste plus à Chilly que quelques vestiges d'un des plus beaux domaines de l'Île-de-France. La splendeur de Chilly date de 1596 où Martin Ruzé acquit les seigneuries de Chilly et de Longjumeau pour la somme de 40000 écus, et 500 autres écus représentant une chaîne d'or offerte à la dame de Chilly, Claude Lafayette. Martin Ruzé fut enterré dansl'église de Chilly-Mazarin, où son tombeau subsiste, fort bon exemplaire de la sculpture funéraire du début du xXVIIe siècle. C'est un tombeau monumental sur un socle de marbre noir se dresse la statue de Martin Ruzé, en marbre blanc, représenté en orant, c'est-à-dire agenouillé, les mains jointes, revêtu du costume de l'Ordre du Saint-Esprit, une fraise autour du cou, le manteau rejeté, dégageant la culotte courte. Il est chauve, le nez aquilin. Ses mains ont été refaites, elles ont probablement été cassées à la Révolution, où l'on a martelé les longues inscriptions qui auraient sans doute fourni des renseignements intéressants sur le défunt, le tombeau et son auteur qu'on ignore. À l'endroit où devait normalement se trou- ver la signature, le bas a été cassé et cimenté. En haut, deux Renommées ailées avec couronnes et palmes.

Puisque nous parlons de l'église de Chilly, signalons, au-dessus de l'autel, une Descente de croix attribuée à Simon Vouet.

N'ayant pas d'enfants, Martin Ruzé institua par testament seigneur d'Effiat son petit-neveu Antoine Coiffler, à la condition qu'il joindrait le nom de Ruzé à celui de Coiffier.

Antoine Coiffler-Ruzé, seigneur d'Efflat, enrichi par la succession de Martin Ruzé, dut à la faveur de Richelieu d'être, en 1619, ambassadeur extraordinaire en Angleterre, et, en 1626, d'être nommé surintendant des finances; en 1631, il est créé maréchal de France et fait campagne au Piémont. En 1632, il commande une armée en Allemagne; ayant passé une revue par une chaleur torride, il en fut malade et mourut quelques semaines plus tard.

Le maréchal marquis d'Effiat avait fait rebâtir le château de Chilly avec une somptuosité extraordinaire par l'architecte Metezeau. Quatre gros pavillons unissaient les ailes au corps principal, la façade était ornée de colonnes et de statues dans des niches. Une gravure de l'époque permet de se rendre compte de l'aspect de cet énorme château. Le peintre Simon Vouet et le sculpteur Sarrazin avaient décoré l'intérieur. On citait un boudoir dont le plafond et les murs, entièrement recouverts de glaces, produisaient d'étranges effets.

Quelle que fût la faveur du maréchal d'Effiat auprès de Richelieu, cela n'empêche point le ministre de faire décapiter son fils Henri Coiffier-Ruzé, marquis de Cinq-Mars, en 1642, pour avoir enfreint ses ordonnances contre le duel. Ses biens passèrent, aux environs de 1727, dans la famille du duc de Mazarin, dont les héritiers, vers 1800, vendirent le château à un M. Lecoq qui le fit démolir. Il n'en reste que la partie affectée au logement des officiers à la suite des marquis d'Effiat et des ducs de Mazarin. À l'emplacement du château on voit encore la pierre de fondation où l'on peut déchiffrer que “Messire Antoine Ruzé, marquis d'Efflat et de Longjumeau, fit construire ces bâtiments et poser cette première pierre”.


Transcription de Bernard Gineste pour le Corpus Essonnien, 2020


hn/hn.charnage.1934a.txt · Dernière modification: 2020/12/09 17:04 de bg