Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Isabeau (?-1311)

Notule

  • Isabeau, alias Élisabeth, religieuse de l'abbaye Notre-Dame d'Yerres, en fut la douzième abbesse, de 1300 à 1311, avant d'être fauchée par la Grande Peste.

Notice de l'abbé Alliot

  • Chapitre IX. Élisabeth (1300-1311) (…).
    • La justice. — Abbatiat d'Élisabeth. — Services funèbres, — Donations d'Aveline Loup et de Pierre de Cossigny. (…).
  • Les débuts du XIVe siècle furent remplis par la continuation de la lutte engagée pour les droits de justice. En 1301, Pierre de Courtenay, seigneur d'Yerres 1) fit un accord qui concéda aux religieuses le droit de rendre la justice dans leur enclos, pourvu toutefois que l'amende ne s'élevât pas au-dessus de 60 sous parisis, et qu'il ne s'agît pas de crime, autrement les causes devraient être portées devant la justice seigneuriale; en outre le monastère obtint le droit d'avoir de véritables sergents, car jusque-là ceux qu'il employait étaient considérés comme de simples gardes-chasse. Cet arrangement, d'une application difficile sans doute, fut renouvelé en 1307.
  • Pendant ce temps la succession d'Agnès de Brétigny avait |100 été recueillie par une religieuse nommée Élisabeth dans les catalogues et Ysabelle dans d'autres documents. De son passé, de sa famille, d'elle-même on ne sait rien. Différents catalogues nous ont appris qu'elle fut à la tête de la maison d'Yerres pendant onze ans, et ce chiffre concorde avec la chronologie générale du monastère.
  • Son gouvernement fut des plus impersonnels: aucune pièce signée de son nom ne nous est parvenue, aucun document conservé dans le chartrier de sa maison ne la nomme; elle est toujours désignée sous ce terme: l'abbesse d'Yerres.
  • Ce n'est pas à dire cependant que toute activité eut cessé au monastère durant ces onze ans; loin de là, cette période est riche de petits faits, dignes d'être enregistrés par l'histoire.
  • Au mois d'avril 1305, une imposante cérémonie eut lieu dans l'église abbatiale. Jeanne de Navarre, femme de Philippe-le-Bel mourut. Comme elle laissait une petite somme à la maison d'Yerres, le roi, qui avait alors de grands démêlés dans son royaume, cherchait à reconquérir les bonnes grâces d'une partie du clergé et des maisons religieuses; c'est pourquoi il demanda un service solennel pour la reine défunte dans un grand nombre de monastères, parmi lesquels se trouva notre abbaye. La cérémonie eut lieu, et amena un nombre considérable de clercs et de personnes étrangères dans la chapelle, éclairée de milliers de cierges et décorée avec une pompe extraordinaire.
  • Cette cérémonie funèbre ne fut pas la seule de ce temps-là; elle avait été précédée d'une autre faite pour l'évêque de Paris, Simon Matifas de Bucy, qui avait légué vingt sols tournois de rente annuelle à nos religieuses pour faire chaque année son anniversaire.
  • Dans le même temps, ou peut-être dans les dernières années du XIIIe siècle, l'abbaye eut à recueillir d'assez nombreuses successions. Nous en rapportons deux seulement, tant à cause de la place méritée par les défunts, insignes bienfaiteurs de la maison, qu'à cause des objets laissés par eux au monastère.
  • La première fut celle d'Aveline Loup de Villepinte. On se souvient de ce vieux nom, qui rappelle les plus anciens bienfaiteurs |101 du monastère; saluons-le une dernière fois, car il ne se rencontrera plus dans nos annales. Aveline Loup, après de longues années passées à l'abbaye, mourut aux environs de 1300 dans un âge avancé. Elle laissa à l'église abbatiale trois statues d'argent doré; l'une de sainte Catherine, l'autre de sainte Marguerite et la troisième de sainte Agnès. De plus elle donna 100 livres pour les réparations à faire dans la chapelle; une rente annuelle de huit sols, pour acheter un cierge et le faire brûler tous les ans, le Samedi Saint, devant le tombeau du Christ; une autre rente pour l'achat des œufs destinés à la nourriture des moniales; deux sous parisis à chacun des chapelains pour la célébration de son anniversaire; et enfin, 130 livres de rente pour les différents besoins de la communauté 2).
  • Un des contemporains d'Aveline, Pierre de Cossigny, trésorier de Charles de France, roi de Jérusalem et de Sicile et chanoine d'Aire-en-Artois, fit de son côté une donation d'œuvres d'art à l'abbaye d'Yerres. Il offrit à nos moniales une magnifique statue de la Sainte-Vierge en ivoire sculpté, une croix d'argent avec son pied, un reliquaire de sainte Marie-Madeleine en forme de tombeau, un calice d'argent avec sa patène, des ornements en grand nombre: chasuble, tunique, dalmatique, chappe, aube, garnitures d'autel, deux bannières en soie rouge, une bible et des rentes à prendre à Villeneuve-Saint-Georges avec une infinité d'autres biens (alia bona quam plurima). On voit par là avec quel zèle on s'occupait d'orner l'église abbatiale rebâtie sous les dernières abbesses.
  • Pierre de Cossigny, compatriote et peut-être parent d'Agnès de Brétigny, avait parmi les moniales de l'abbaye, deux nièces ou deux sœurs, l'une nommée Jeanne et l'autre Marguerite de Cossigny.
  • À côté de ces opulentes donations nous pourrions en inscrire |102 d'autres moins importantes, mais il faut se borner et apprendre par ces exemples de quelle sympathie les moniales d'Yerres étaient l'objet à cette époque, où la régularité et la piété demeuraient en honneur dans leur monastère.
  • L'abbatiat d'Élisabeth vit s'apaiser pour un temps les querelles au sujet de la justice, ainsi que d'autres difficultés, notamment celle que nos Bénédictines avaient avec leurs frères de Saint-Germain-des-Prés, à Paris. Là il y eut procès, et l'abbaye parisienne fut contrainte de payer, et de souscrire un contrat de 12 livres parisis de rente, aux sœurs d'Yerres.
  • On doit aussi inscrire à l'actif d'Élisabeth quelques actes d'administration de biens temporels: — en 1302, un bail d'une vigne à Corbeil; — une déclaration de maison à Brie-Comte-Robert; — et la donation de 8 livres de rente faite par Jean de Morvilliers et Jeanne sa femme, à prendre sur des biens situés aussi à Brie.
  • Tels sont les actes concernant l'abbatiat d'Élisabeth. Celle-ci selon toutes les probabilités, ne mourut pas à l'abbaye; car son nom n'a pas été inscrit dans l'Obituaire 3). Nous ne serions pas surpris, qu'après certaines difficultés intérieures, plus faciles à pressentir qu'à définir, d'après la lecture des archives conventuelles, elle n'ait quitté Yerres, pour s'en aller porter la crosse ailleurs, peut-être à Saint-Remi de Senlis. Elle n'eut pas du reste été la seule à sortir de son cloître pour aller gouverner une autre maison; car nous trouvons, vers 1310, une autre religieuse d'Yerres, nommée Agnès, appelée à gouverner l'abbaye de Saint-Paul de Beauvais.
  • Quoi qu'il en soit, l'abbatiat d'Élisabeth à Yerres prit certainement fin dans les derniers jours de l'année 1310, ou bien tout au commencement de l'an 1311; puisque le 1er mars de cette année, Marguerite de Courtenay fut placée à la tête de notre abbaye.
  • (…).

Documents

Sources

Bibliographie

Notes

1)
Note d'Alliot. — On s'étonne de rencontrer, dès 1301, le nom de Pierre comme seigneur d'Yerres. Celui-ci avait pour père Jean II de Courtenay, qui fut seigneur d'Yerres avant lui. Comme il ne mourut que vers 1320, il faut, pour expliquer le passage de la seigneurie d'Yerres entre les mains de Pierre, fils de Jean II, que celui-ci ait cédé la terre d'Yerres à son fils bien des années avant sa mort. Pierre de Courtenay mourut le 22 mai 1333, et fut le cinquième membre de sa famille qualifié seigneur d'Yerres.
2)
Note d'Alliot. — La nomenclature des bienfaits inscrits dans l'article nécrologique d'Aveline de Villepinte pourrait faire croire qu'elle mourut vers 1280, à l'époque de la reconstruction de l'église; il n'en est rien cependant, car, de son vivant, Aveline donna ses biens pour aider à la reconstruction de son monastère, mais on ne dressa la liste de ses donations qu'à sa mort, arrivée beaucoup plus tard.
3)
Note d'Alliot. — Ce fait de n'être pas inscrite à l'Obituaire ne prouve pas à lui seul que l'abbesse Élisabeth soit morte en dehors de la maison, car le nom de celle qui recueillit sa succession a été omis également; et cependant on sait qu'elle termina ses jours à Yerres.
isabeau02.dyerres.txt · Dernière modification: 2022/07/21 03:28 de bg