Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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hn:hn.fleureau.1683.1.10

Dom Basile Fleureau

Les Antiquitez d'Estampes 1.10



De S. Julien et de S. Phalier.

  • La Cronique de l'Abbaye de Morigny1) nous aprend qu'il y avoit anciennement, assez prés de la tour dont je viens de parler, une petite Abbaye de Religieuses, de laquelle il ne reste plus aujourd'huy que la Chapelle de Saint Julien Martir d'Antioche, dont la structure fait voir son antiquité: et ce que Aimoine, l'un des plus Anciens Historiens de France, a laissé par écrit de Brunehaut, que cette Reine avoit fait bâtir tant d'Eglises, et fondé un si grand nombre de Monasteres, que c'étoit une chose merveilleuse, et presque incroyable, rend probable la pensée de ceux, qui ont crû qu'elle avoit fait bâtir et fondé cette Abbaye. Mais la découverte de certaines Reliques trouvées l'an 1648. dans le principal Autel de cette Chapelle, la rend indubitable; parce qu'il est remarqué qu'elles y avoient esté apportées d'Antioche, du temps de cette Reine. Et c'estoit la coûtume de nos Princes, lorsqu'ils fondoient quelque Eglise, de l'enrichir aussi de Reliques; qu'ils y faisoient soigneusement apporter d'ailleurs.
  • Le Seigneur du Roussay proche d'Etrechy, voulant signaler sa pieté par l'embelissement de cette Chapelle; comme les Ouvriers travailloient au maître Autel, pour y poser un Retable, ils decouvrirent dans une petite voute sur le derriere, au dessus du lieu où étoit posée l'Image de Saint Julien, un coffret de plomb: ce qui les obligeant à suspendre leur travail, ils s'en allerent en diligence à l'Abbaye de Morigny, d'où cette Chapelle dépend, avertir le Prieur et les Religieux de ce qui se passoit. Les Religieux pour faire les choses dans l'ordre de l'Eglise, s'adresserent aussi-tôt à Jean Hochereau, Doyen de la Chrêtienté d'Estampes, et Curé de la Paroisse de Nôtre-Dame, lequel assisté de Nicolas Tyroüin, Prêtre Curé de l'Eglise Paroissiale de Saint Basile de la même Ville, et Notaire Apostolique, se transporta en cette Chapelle, où étoient plusieurs Habitans du Hameau, et d'autres personnes de toutes conditions, qui y étoient accourus au bruit de cette decouverte. Le Coffret ayant esté tiré par l'ordre du Doyen du lieu où il étoit, et mesuré, on le trouva long de douze pouces, haut de six, et d'autant de largeur: Il le fit ouvrir, et à l'ouverture on trouva la partie posterieure d'un Crasne, un os de bras en trois pieces, une vertebre, et plusieurs poudres d'os, avec une piece antique, sur |18| laquelle les mots suivans sont gravez. † Hic jacet caput S. Iuliani Martiris, quod Severinus attulit de Antiochia civitate, temporibus Brunegildis Reginæ, et au revers est écrit. De ossibus S. Christophori. Brachium S. Gamalielis.
  • Toutes ces Reliques furent remises dans le même coffret, et transportées par l'ordre du Doyen, dans l'Abbaye de Morigny, pour y étre et plus décemment, et plus seurement conservées; à cause que cette Chapelle est dans les champs, et sur un grand chemin; jusques à ce que l'Archevêque de Sens en eût esté averti, et eût ordonné du lieu où on les pouroit mettre. Frere Pierre Assadé Religieux de la même Abbaye, accompagné du Prieur, suivis de tous ceux qui avoient assisté à cette ouverture, les emporta: tous les Religieux les reçûrent avec beaucoup d'honneur et de veneration, et les deposerent en leur Sacristie, où elles ont esté depuis toûjours gardées. C'est ce que contient le procez verbal, que ledit Sieur Doyen en fit dresser le neuviéme jour d'Avril de la même année 1628. dont j'ay extrait, ce que je viens de dire.
  • Saint Julien souffrit le martyre à Antioche, ville de sa naissance, le neufviéme jour de Janvier, l'an 303. sous les Empereurs Diocletien et Maximien: encore que l'on en fasse la Fête dans cette Chapelle un autre jour, qui est vray-semblablement le jour, auquel ses Reliques y ont esté apportées du lieu de sa naissance, et de son martire. Sa vie pleine de merveilles, est décrite au premier volume des Fleurs des Vies des Saints, où le pieux Lecteur la poura voir au neuviéme de Janvier; et par Pierre de Natalibus, au même jour. Le Martyrologe Romain en fait aussi une honnorable mention.
  • On revere à un autre Autel de la même Chapelle Saint Phallier Confesseur et Hermite, que l'on reclame ordinairement pour les personnes étiques, ou qui sont, comme l'on dit, en chartre. Le Hameau a pris le nom de ce Saint, dont la vie pleine de merveilles n'estant pas connuë de plusieurs personnes, on ne trouvêra pas mauvais que j'en fasse icy l'abbregé, que j'ay tiré du Martyrologe des Saints de France. |19|


Les Antiquités d'Estampes 1.08 (graphie modernisée)

De saint Julien et de saint Phallier.

  • La chronique de l'abbaye de Morigny {NoteLib. 4, c. 13.} nous apprend qu'il y avait anciennement, assez près de la tour dont je viens de parler, une petite abbaye de religieuses, de laquelle il ne reste plus aujourd'hui que la chapelle de Saint-Julien-Martyr-d'Antioche, dont la structure fait voir son antiquité. Et ce qu'Aimoine, l'un des plus anciens historiens de France, a laissé par écrit de Brunehaut, que cette Reine avait fait bâtir tant d'églises et fondé un si grand nombre de monastères que c'était une chose merveilleuse et presque incroyable, rend probable la pensée de ceux, qui ont cru qu'elle avait fait bâtir et fondé cette abbaye. Mais la découverte de certaines reliques trouvées l'an 1648 dans le principal autel de cette chapelle la rend indubitable, parce qu'il est remarqué qu'elles y avaient été apportées d'Antioche du temps de cette reine. Et c'était la coutume de nos princes lorsqu'ils fondaient quelque église, de l'enrichir aussi de reliques, qu'ils y faisaient soigneusement apporter d'ailleurs.
  • Le seigneur du Roussay proche d'Étréchy voulant signaler sa piété par l'embellissement de cette chapelle, comme les ouvriers travaillaient au maître autel, pour y poser un retable, ils découvrirent dans une petite voute sur le derrière, au-dessus du lieu où était posée l'image de saint Julien, un coffret de plomb, ce qui les obligeant à suspendre leur travail, ils s'en allèrent en diligence à l'abbaye de Morigny, d'où cette Chapelle dépend, avertir le prieur et les religieux de ce qui se passait.
  • Les Religieux pour faire les choses dans l'ordre de l'Église, s'adressèrent aussitôt à Jean Hochereau, doyen de la chrétienté d'Étampes et curé de la paroisse de Notre-Dame, lequel assisté de Nicolas Thirouin, prêtre curé de l'église paroissiale de Saint-Basile de la même ville et notaire apostolique, se transporta en cette chapelle, où étaient plusieurs habitants du hameau et d'autres personnes de toutes conditions qui y étaient accourus au bruit de cette découverte.
  • Le coffret ayant été tiré par l'ordre du doyen du lieu où il était, et mesuré, on le trouva long de douze pouces, haut de six et d'autant de largeur. Il le fit ouvrir et à l'ouverture on trouva la partie postérieure d'un crâne, un os de bras en trois pièces, une vertèbre et plusieurs poudres d'os, avec une pièce antique sur |18| laquelle les mots suivants sont gravés: † Hic jacet caput sancti Juliani martyris, quod Severinus attulit de Antiochia civitate temporibus Brunegildis Reginae, et au revers est écrit: De ossibus sancti Christophori. Brachium sancti Gamalielis.
  • Toutes ces reliques furent remises dans le même coffret et transportées par l'ordre du doyen dans l'abbaye de Morigny pour y être et plus décemment et plus sûrement conservées, à cause que cette chapelle est dans les champs et sur un grand chemin, jusqu'à ce que l'archevêque de Sens en eût été averti et eût ordonné du lieu où on les pourrait mettre. Frère Pierre Assadé, religieux de la même abbaye, accompagné du prieur, suivis de tous ceux qui avaient assisté à cette ouverture, les emporta. Tous les religieux les reçurent avec beaucoup d'honneur et de vénération, et les déposèrent en leur sacristie, où elles ont été depuis toujours gardées. C'est ce que contient le procès-verbal que le dit sieur doyen en fit dresser le neuvième jour d'avril de la même année 1628, dont j'ai extrait ce que je viens de dire.
  • Saint Julien souffrit le martyre à Antioche, ville de sa naissance, le neuvième jour de janvier, l'an 303, sous les empereurs Dioclétien et Maximien, encore que l'on en fasse la fête dans cette chapelle un autre jour, qui est vraisemblablement le jour auquel ses reliques y ont été apportées du lieu de sa naissance et de son martyre. Sa vie pleine de merveilles est décrite au premier volume des Fleurs des Vies des Saints, où le pieux lecteur la pourra voir au neuvième de janvier, et par Pierre de Natalibus au même jour. Le Martyrologe Romain en fait aussi une honorable mention.
  • On révère à un autre autel de la même chapelle saint Phallier confesseur et ermite, que l'on réclame ordinairement pour les personnes étiques, ou qui sont, comme l'on dit, en chartre. Le hameau a pris le nom de ce saint, dont la vie pleine de merveilles n'étant pas connue de plusieurs personnes, on ne trouvera pas mauvais que j'en fasse ici l'abrégé, que j'ai tiré du Martyrologe des Saints de France. |19|


Notes de Fleureau et de Gineste

1)
Note de FleureauLib. 4, c. 13.
hn/hn.fleureau.1683.1.10.txt · Dernière modification: 2021/04/21 15:52 de bg