Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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hn:hn.justin.bourgeois.1854a

Justin Bourgeois

Traitement des affections cholériformes et médication abortive du choléra asiatique par les purgatifs salin (1854)

Scans

Transcription

  • TRAITEMENT DES AFFECTIONS CHOLÉRIFORMES ET MÉDICATION ABORTIVE DU CHOLÉRA ASIATIQUE PAR LES PURGATIFS SALINS.
  • Depuis une vingtaine d’années, je traite les affections fluentes du canal

intestinal, surtout lorsqu’elles sont à l’état aigu , par les purgatifs salins ou sels minoratifs ; je ne §uis certainement pas l’inventeur de cette mé¬ dication, mais je l’ai mise en usage à une époque où la pernicieuse doc¬ trine soi-disant physiologique avait tant d’empire, qu’il fallait un cerlain courage pour l’adopter : c’est ainsi que je soigne, depuis longtemps, la dysenterie, les diarrhées bilieuses et séreuses, la llenterie, l’hématé- mèse, etc., etc. Dans un travail sur le choléra, qui a si cruellement sévi dans notre localité, lors des épidémies de 1832 et 1849, j’émettais, bien que timidement encore , l’opinion que les purgatifs étaient ce qu’il y avaitde mieux dans le traitement préventif du choléra-morbus; aujour¬ d’hui, bien que notre ville et notre pays, en proie à une foule d’affec¬ tions cholériformes et dysentériques, soient presque exempts du choléra lui-même, je viens vous exposer les résultats que j’ai obtenus à l’aide de Ir médication évacuante sur une très grande quantité de ma¬ lades, et le mode d’administration que j’emploie pour combattre les cholérines et le choléra lui-même , doht je n’ai eu fort heureusement à soigner que quelques cas dans notre hôpital, qui, tous encore, venaient du dehors de la ville.

  • Lorsqu’il s’agit de simples évacuations par bas , de nature choléri¬

forme, je conseille , pour le plus tôt possible , une bouteille d’eau de Sedlitz, ou 30 grammes de sulfate de soude , ou encore la limonade de Rogé, suivant les personnes, et leur goût et leur force : la limonade convenant mieux aux constitutions plus délicates ; chez lesenfans, cette dernière est aussi d’une administration plus facile ; copendant, en faisant fondre le sulfate de soude dans de l’eau de groseille ou de l’eau rougie plus ou moins sucrée, on arrive assez souvent à le leur faire prendre; je fais aider l’action du minoratif par du bouillon de veau, du bouillon aux herbes, du thé en lavage, ou tout autre boisson analogue.

  • Les évacuations, qui étaient plus ou moins pâles on même riziformes

dans les cas intenses, deviennent presque immédiatement bilieuses et se prolongent plusieurs heures ; mais, le plus ordinairement, elles cessent dès la nuit suivante, et le ventre se resserre de telle sorte, que, souvent, il survient un peu de constipation. Toutefois, il ne faudrait pas croire que, lorsqu’avec la diarrhée il existe des symptômes généraux plus ou moins intenses, ces derniers disparaissent avec les selles ; il n’en est pas ordinairement ainsi, et on voit les malaises et anxiétés épigastriques, l’inappétence, les borborygmes, la lassitude générale, persister plus ou moins dè temps; mais quelque peu de rhubarbe, quelques cuillerées d’infusion à froid d’absinthe dans du vin blanc, prise le matin à jeun, ne tardent pas à en triompher.

  • Lorsqu’à la diarrhée se joignent des vomissemens , j’emploie volon¬

tiers, comme l’a conseillé M. Jules Guyot, l’ipéca, qui m’a souvent, et dans des cas même plus graves, rendu de grands services, et je fais prendre le jour même, ou le lendemain, suivant l’acuité des cas, le pur¬ gatif salin.

  • Dans le choléra lui-même, je mets également en usage les deux

modes d’évacuation que je viens d’indiquer ; et dans quatre cas de force moyenne, ils m’ont promptement réussi ; dans quatre antres d’une gra¬ vité extrême, comme tous les moyens curateurs successivement prônés, ils ont dû malheureusement échouer.

  • Je ne doute pas, du reste, que, lorsque le choléra indien règne, celte

médication ne coupe court souvent aux accidens prodromiques qui manquent très rarement alors, surtout la diarrhée (1) ; et je crois qu’on doit y revenir, même deux ou trois fois, si le dévoiement spécial per¬ siste. Je regarde l’emploi de ce genre de moyens comme bien supé¬ rieur aux resserrons de toute espèce, aux opiacés dont on bourre les malades, et qui, dans beaucoup de cas, doivent être une des causes productrices de cet état somnolent, qui, sans le moindre dérangement mental et sans la moindre douleur, conduisent le pauvre patient à -une

Sort douce, mais inévitable, pourvu qu’il soit un peu marqué. On a dmné, suivant moi, bien improprement le nom de typhoïde h cette trfte conséquence du choléra ; je crois que cela tient à ce qu’aujour- d’hd les maladies typhoïdes ont remplacé la fameuse gastro-entérite qui devant presque invisible. Le nom de congestion cérébrale ne me paraît pas bi convenir davantage, d’autant plus qu’il tendàexciter la disposition encore si grande actuellement à ne voir dans la maladie qu’accumula- tion sanguine, èt à faire mettre en usage, dans ce cas, des déperditions de sang qui m’ont toujours semblé hâter la fin du malade. Je crois que si on vent bien y réfléchir, on ne verra là qu’un épuisement organique, suite des efforts impuissans de la nature contre une dose toxique trop forte du mai indien.

  • En résumé, je ne crois pas qu’il y ait, parmi les ntbyens conseillés

dans la diarrhée cholériforme, qu’elle ne doive pas aller jusqu’au cho¬ léra, ou qu’elle soit le prodrôme de ce dernier, de médications plus actives que les évacuans, et surtout les purgatifs salins, qui ont parti- culièçement pour effet d’amener, dans l'immense majorité des cas, des évacuations bilieuses ; comme dans la dysenterie, elles font presque toujours cesser les selles sanguinolentes, alors même que les malades ne doivent pas toujours guérir.

  • Agréez, etc. D' Bourgeois, d’Étampes.
  • (1) J’ai vu, en 1849, ce que je n’avais pas observé en 1832, trois malades suc¬

comber aux accidens cholériques les plus intenses , sans avoir vomi une seule fois. Aussi je regarde, dans le mémoire cité plus haut, la diarrhée que je n’ai jamais vue manquer, comme le symptôme pathognomonique de cette maladie.

Bibliographie

hn/hn.justin.bourgeois.1854a.txt · Dernière modification: 2023/10/19 20:54 de bg