Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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hn:hn.justin.bourgeois.1856d

Justin Bourgeois

Note sur un cas de vers lombric trouvé dans les voies biliaires, et sur un autre cas trouvé dans les voies aériennes (1856)

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Transcription

  • PATHOLOGIE.
  • NOTE SUR UN CAS DE VER LOMBRTC TROUVÉ DANS LES VOIES BILIAIRES, ET SUR UN AUTRE CAS TROUVÉ DANS LES VOIES AÉRIENNES.
  • Étampes, le 1er juin 1856.
  • Monsieur et très honoré confrère,
  • La question des vers intestinaux, j'entends ici les lombrics, ne me paraît pas encore parfaitement et complètement appréciée à sa juste valeur, sous le rapport pathologique. La grande généralité des médecins actuels ne semblent les considérer que comme un simple épiphénomène dans la plupart des cas où nous sommes à même d'en rencontrer. Ne serait-ce pas parce qu'il est assez rare d'en observer une quantité notable dans les classes aisées de la société et dans les grandes villes, et aussi par une sorte de dédain qui nous ferait rejeter, comme indignes de la science, des opinions populaires évidemment exagérées? Quelle que soit notre manière de voir à ce sujet, toujours est-il que les mères des enfans de la campagne, et dans les classes ouvrières de nos petites villes, administrent à leurs enfans, dans presque tous leurs dérangemens, des antihelminthiques qui, le plus ordinairement, leur font rendre force vers, et souvent à leur grand soulagement. Ce qui paraît positif, c'est qu'une alimentation, dans laquelle entre beaucoup de crudités, et qui est composée de substances offrant peu d'élémens réparateurs sous un grand volume, est une des causes principales de développement de ces parasites. En causant un jour sur ce sujet avec M. le professeur Trousseau, il me dit que pendant qu'il était médecin à l'hôpital des Enfans, il avait eu peu l'occasion de voir des vers intestinaux en grande quantité; |280| tandis qu'il y a vingt-cinq à trente ans, ils y étaient excessivement communs, ce qui tendrait à prouver que l'augmentation et l'hygiène se sont améliorées dans notre capitale depuis un quart de siècle; car alors que j'étais élève dans cette maison, nous faisions peu d'autopsie sans en rencontrer. J'ai vu souvent des cadavres de jeunes sujets dont l'intestin, distendu outre mesure dans une grande étendue de son parcours, en contenait de pelotonnés jusqu'à trente, quarante et même cinquante, qui avaient déterminé des traces de phlogose fort intense, laquelle n'avait pas sans doute été étrangère à la mort. La direction des études médicales, alors où on ne voyait que gastro-entérites, faisait qu'on ne s'arrêtait qu'incidemment à cette complication, tout au plus pour la faire rentrer dans les causes de la maladie vers laquelle toute l'instruction médicale était dirigée.
  • Quoi qu'il en soit de ces quelques considérations, et sans vouloir entrer plus avant dans la question générale, permettez-moi de vous citer deux cas qui me semblent dignes d'intérêt; l'un vient s'ajoutera ceux recueillis dans la science par le savant auteur du Précis des maladies du foie et du pancréas, et le second consiste dans l'introduction d'un de ces animaux dans les voles aériennes, avec asphyxie et mort du jeune sujet.
  • Étant externe en 1828, dans le service de M. Jadelot, à l'hôpital des Enfans, j'avais observé, avec notre confrère Tonnellé, alors interne, les deux cas de vers intestinaux introduits dans les voies biliaires qu'on trouve rapportés dans l'intéressant ouvrage de M. Fauconneau-Dufresne.
  • En 1831, étant interne dans ce même hôpital, j'ai moi-même rencontré dans le foie d'un jeune garçon de l'âge de sept à huit ans, dont je n'ai pu jusqu'à présent retrouver l'observation dans mes notes, ce qui me met dans l'impossibilité de retracer les symptômes morbides qu'il a présentés, j'ai rencontré, dis-je, vers le milieu de la largeur et de l'épaisseur de la glande biliaire, un vers lombric de 5 à 6 centimètres de long, d'un blanc presque pur, rond et ferme, et ne paraissant mort que depuis fort peu de temps; il était enroulé sur lui-même, à la manière de ces petits cylindres d'extrait de réglisse et occupait une dilatation considérable des conduits excréteurs de la bile, communiquant évidemment avec ces canaux par des ouvertures très appréciables. Il n'y avait, dans cette espèce de poche, dont les parois étaient minces et nullement enflammées, aucun autre corps étranger que le vers lui-même: il semblait s'être développé dans ce point des conduits hépatiques, qu'il avait considérablement distendus en grossissant. Le reste de l'organe n'offrait rien d'anormal.
  • En mars 1831, étant de garde, la sœur de salle vint me réveiller au milieu de la nuit, me disant de me rendre au plus vite auprès d un jeune enfant de quatre ans, admis pour une indisposition sans gravité apparente, qui venait d'être pris subitement de suffocation et lui semblait fort mal. Je m'empressai de me rendre auprès de ce petit garçon, mais à mon arrivée, je le trouvai mort. Je ne savais à quoi attribuer une terminaison aussi soudaine, et que rien chez l'enfant n'avait pu faire présager. A l'autopsie, je ne fus pas peu surpris de rencontrer un énorme ascaride lombricoïde de 18 centimètres de long et gros en proportion, qui, remontant dans l'œsophage, s'était engagé dans la glotte et avait amené l'asphyxie. Une moitié de ce ver était passé dans le larynx et la trachée, l'autre était encore dans l'œsophage; de sorte qu'il était à cheval sur la partie postérieure du premier de ces organes.
  • J'aurais voulu. Monsieur le rédacteur, joindre à ces deux faits des détails circonstanciés sur la maladie des jeunes enfans qui en font le sujet, mais il me faudrait de très longues recherches pour les retrouver, si encore j'y arrivais, et ils n'éclaireraient pas beaucoup la matière, car j'ai parfaitement souvenance que, dans ces deux cas, nous ne soupçonnions pas même l'affection vermineuse.
  • Veuillez agréer, etc.
  • Dr Bourgeois.

Bibliographie

hn/hn.justin.bourgeois.1856d.txt · Dernière modification: 2023/10/20 05:17 de bg