Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Isabeau (?-1267)

Notule

  • Isabeau, religieuse de l'abbaye Notre-Dame d'Yerres, en fut la huitième abbesse de 1261 à 1267.

Notice de l'abbé Alliot

  • Chapitre VII. — (…) Isabelle (1261-1267) (…).
    • (…) Isabelle lui succède. — Renaud de Corbeil. — L'Hôtel-Dieu de Corbeil. — Les procès. (…).
  • (…)
  • Isabelle qui lui succéda [à Eustache d'Andresel] comme abbesse, continua les pratiques et les usages de sa devancière. Chaque jour, grâce à la prospérité croissante du monastère, la vie intérieure et le système alimentaire s'y modifiaient sensiblement. C'est de cette époque en effet, et non pas du XIVe siècle seulement, comme le dit Mévil, que date l'introduction du poisson dans la nourriture des religieuses. On ne saurait dire si cette mesure |76 doit être attribuée à Eustachie d'Andresel, ou bien à Isabelle. Dans tous les cas, celle-ci, dont la personnalité et les antécédents sont fort peu connus, laissa s'introduire des habitudes qui, sans être le relâchement de l'austérité et de la pénitence, en étaient comme les pierres d'attente et les avant-coureurs.
  • Plus active toutefois que sa devancière, elle prit une part plus personnelle à l'administration des affaires de sa communauté. Dès son entrée en charge, elle fit un traité de paix avec les hommes de son église, c'est-à-dire avec certains fermiers de l'abbaye, au sujet des redevances dues aux moniales. — À sa prière, Renaud de Corbeil, évêque de Paris, amortit 40 sols parisis de rente, à Chevreuse, dans le fief épiscopal. Ce don leur avait été fait en 1225, à l'occasion de l'entrée au cloître d'Agnès de Chevreuse, morte en 1264. Cette mort contraignait l'abbaye à payer certains droits de succession, dont le prélat l'exempta, intuitu pietatis, dit-il. Un peu plus tard, le même évêque devait encore donner au monastère un témoignage de sa bienveillante sympathie, car par son testament il lui légua un magnifique calice d'argent, plus 40 livres parisis, pour la nourriture des religieuses. — De son côté, Guillaume de Bois-Herpin donna, en pure aumône, 40 sols parisis de rente, à prendre chaque année le jour saint Denis, à Gragi, dans la vicomté de Melun. La donation et la ratification de cette libéralité sont libellées en français du XIIIe siècle: ce sont les premiers et presque les seuls actes écrits en langue vulgaire, dans le cartulaire.
  • Tout en favorisant les dons et les aumônes, Isabelle s'occupait activement d'acquisitions. Au mois de juillet 1264, elle achète de Guillaume Pannier, pour la somme de 8 livres parisis, payées immédiatement, une maison à Villecresnes, qu'elle cède à Ferri dit Bertran, et à Renaud Grisi, pour un loyer annuel de 25 sols parisis. Si l'on s'en tenait aux termes de l'acte, on serait tenté de croire que cette acquisition était de mince importance, car ce n'était qu'une masure avec son pourpris, dit la charte; mais cette chaumière était néanmoins propre à abriter deux ménages, et les locataires s'obligeaient |77 solidairement avec leurs femmes, à faire aussitôt pour 100 sols tournois de réparations à l'habitation.
  • C'était là de l'administration intelligente. Non moins habile fut la transaction conclue par frère Jean, au nom et comme commissaire du couvent, avec l'Hôtel-Dieu de Corbeil. Cette maison hospitalière avait droit de prélever une certaine quantité de bois, pour ses malades, sur chacune des voitures chargées, lorsqu'elles passaient dans la ville. Nos religieuses se prétendaient exemptes de cette redevance, en vertu d'anciens privilèges; mais toutes les fois que leurs domestiques traversaient la ville avec des chariots, les serviteurs de l'Hotel-Dieu s'en donnaient à cœur-joie, prenaient un malin plaisir à tourmenter les gens des nonnes; il les maltraitaient, les battaient même, et leur enlevaient une partie de leur charge. De là, des protestations véhémentes et des appels réitérés à la justice. Grâce au bon vouloir de Renaud de Corbeil, un véritable protecteur de nos moniales, on ménagea une transaction, L'évêque écrivit à ce sujet deux longues lettres, et l'accord fut rétabli entre les deux maisons, au courant de l'année 1265.
  • D'ailleurs, si les religieuses étaient en butte à des tracasseries dans Corbeil, elles y comptaient aussi de vives sympathies. Elles y étaient grandes propriétaires de dîmes, de droits divers, de maisons de rapport qui leur constituaient un assez riche revenu. Nous voyons Isabelle louer une de ces maisons à Guillaume de Paris, bourgeois de Corbeil, et à sa femme Aveline, pour 7 livres parisis de fermage. Le contrat nous donne les tenants et les aboutissants de cet hôtel, avec une si grande précision, qu'il serait encore facile, croyons-nous, de le retrouver aujourd'hui, malgré les changements apportés par le temps.
  • Isabelle sut ménager une faveur toute particulière à sa communauté. Les procès étaient déjà fort nombreux au XIIIe siècle; et comme le domaine monastique était très étendu, il fallait se défendre devant plusieurs juridictions en même temps; de là des déplacements fréquents, et des dépenses considérables. Comme le monastère était toujours sous la protection spéciale du Saint-Siège, l'abbesse demanda et obtint |78 du pape Clément IV un important privilège pour sa maison. Dans une bulle datée de Pérouse, la première année de son pontificat (1265), le pape déclare que nul ne pourra appeler l'abbaye en justice, à une distance supérieure à deux journées de chemin, et cette faveur s'étendait non seulement aux moniales elles-mêmes, mais encore à tous les serviteurs et à toute personne habitant dans les murs du couvent. Cet acte pontifical fut rappelé bien souvent dans la suite; les Bénédictines le citaient avec complaisance comme un argument en faveur de leur droit de justice, tel qu'elles l'entendirent plus tard; en fait il ne leur accordait nullement le droit d'exercer la justice chez elles ou sur leurs terres; il établissait plutôt une présomption défavorable à leurs prétentions, et nous ne croyons pas qu'au temps de saint Louis, l'abbaye d'Yerres ait eu quelque part des officiers pour exercer la justice au nom de l'abbesse, comme cela eut lieu au XVe et au XVIe siècle.
  • Le pape Clément IV, Guy Foulquois, originaire de Saint-Gilles en Languedoc, avait été marié avant de monter aux sièges épiscopaux du Puy et de Narbonne, ensuite sur celui de saint Pierre. Il avait deux filles, et l'une d'elles fut religieuse à Yerres; c'est cette circonstance qui valut à notre abbaye les faveurs pontificales.
  • Isabelle, après avoir gouverné environ six années avec une activité digne d'éloges, mourut le 19 ou le 20 avril 1267.
  • (…).

Documents

Sources

Bibliographie

Notes

isabeau01.dyerres.txt · Dernière modification: 2022/07/21 01:54 de bg