Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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Eustache Dulers (?-1226)

Notule

  • Eustache, belle-sœur de sa devancière Clémence Le Loup, d'abord simple religieuse professe de l'abbaye Notre-Dame d'Yerres, en fut la quatrième abbesse, de 1180 à 1210.

Notice de l'abbé Alliot

  • Chapitre IV. — Eustachie Dulers (1210-1226)
    • La communauté est gouvernée par le chapitre. — Pierre de Nemours. — Les donateurs. — Noms de quelques religieuses du XIIIe siècle. — Les aumôniers ou chapelains. — Les seigneurs d’Yerres. — Mouvement religieux. — Yerres envoie une abbesse à Saint-Remi de Senlis. — Nombreux chevaliers bienfaiteurs du monastère. — Acquisitions. — Transactions. — Le chapelain Guillaume se fait Frère-Prêcheur.
  • Pour porter la crosse tombée des mains de l’abbesse Ève, les religieuses firent choix d’une des plus anciennes moniales du cloître, à qui les actes donnent fréquemment le nom de Vénérable. Elle s’appelait Eustachie Dulers, dit l’un des obituaires du couvent. Devant l’autorité de ce manuscrit, force est de nous incliner, autrement nous l’eussions crue volontiers fille de Jean ou de Baudouin de Corbeil; et même, malgré l’appellation si nette du nécrologe, il nous reste certains doutes à ce sujet. Les actes, cependant assez nombreux, passés sous son gouvernement sont fort sobres de détails biographiques et restent tout à fait muets sur sa parenté.
  • En montant au siège abbatial, elle se trouvait à la tête d’une importante communauté, dont elle était l’âme assurément, mais qui en dehors d’elle avait déjà ses lois, ses usages, ses traditions, ses organes, en un mot tout son gouvernement. Tandis que les premières abbesses semblaient absorber la communauté tout entière, c’est maintenant le chapitre qui a une tendance à tout absorber, en sorte que dans les actes, l’abbesse occupe toujours bien la première place, néanmoins |45 on sent qu’elle est un peu reléguée au second plan. Désormais, c’est le chapitre qui reçoit, vend, achète, transige, en un mot représente les intérêts majeurs de l’association.
  • Ce fut lui notamment qui, au mois de février 1211, sans même le concours de l’abbesse, conclut un arrangement avec l’archidiacre Adam Maunouri, suzerain de Drancy, où nos religieuses possédaient une ferme importante et des biens considérables. L’archidiacre, du consentement de sa mère, de son beau-père et de sa sœur, nommée Eustachie, comme notre abbesse, faisait don d’un septier de blé à prendre sur sa terre, et priait son évêque de sanctionner son bienfait de l’autorité épiscopale. Pierre de Nemours se prêta volontiers au désir de son archidiacre. Il favorisa même d’autres donations et scella grand nombre de contrats pour venir en aide à l’abbaye.
  • De ce nombre, sont la donation de quatre arpents de terre à Lieusaint, faite par Pierre Paner et Jean, son fils, sanctionnée par Payen, vicomte de Corbeil 1); — celle de Foulques Carrels et d'Aalie, son épouse, relative au péage de Broui, affirmée par Guillaume de La Ferté; — celle d'une vigne à Étiolles, donnée par Thibaut, fils de Fanie, et consentie par Gilon d'Étiolles; — celle de Renaud de Champs, qui donna par testament tout son fief du Plessis, ainsi que les bois du même lieu: cet acte fut confirmé dans le palais même de l'évêque, par Agnès, veuve du donateur; — celle d'une dîme, sise à Varennes, donnée à Agnès de Pontoise, religieuse de l'abbaye; — celle de Thierry, fils d'Hugues de Chantelou, entré dans la cléricature, qui légua par moitié à l'abbaye et au curé d'Évry, la dîme des novales 2) sur les terres d'Éremburge et d'Adeline de Poligny, parentes du donateur et toutes deux moniales à Yerres.
  • Pierre de Nemours prêta encore son concours a un contrat important, par lequel Guérin d'Igny 3), et sa femme Béatrice vendirent à l'abbaye, pour la somme énorme de 126 livres parisis, la dîme de Trembleceau, en la paroisse d'Évry. Ce contrat |46 avait une importance considérable, car il fut appuyé par deux chevaliers, Guillaume Chéronne d'Évry et Guy de Gercy, sanctionné par, Renaud et Pierre d'Egreneul, ainsi que par Jean et Guy de Garlande comme suzerains, en présence de l'Official de Paris.
  • Malgré les preuves réitérées de bienveillance données par Pierre de Nemours, on est en droit de se demander s'il conserva jusqu'à la fin son affection au couvent d'Yerres, car, dans le partage de ses biens et de ses ornements, fait en 1218, avant son départ pour la croisade, où il mourut devant Damiette, il laisse un souvenir à presque tous les monastères du diocèse de Paris, tandis qu'il ne nomme pas même les Bénédictines d'Yerres.
  • Dans les premières années de l'abbatiat d'Eustachie, le monastère reçut de Roger la Pie, sept livres de rente à prendre chaque année sur le port de Conflans 4); et cette libéralité nous met au courant des modifications apportées par le temps au prieuré de Saint-Nicolas. L'œuvre de Guillaume d'Étampes n'avait pas subsisté plus de 70 ans, sans subir un changement notable. On se souvient que le prieuré se composait de religieux prêtres pour le service de la chapelle, et de frères, pour l'administration du temporel de la communauté. Avant 1210, il n'y avait plus de prêtres faisant partie de l'association; seuls des frères laïques, mais portant l'habit bénédictin, continuaient l'œuvre des premiers moines, et l'un d'eux, frère Hugues, remplit pendant plus de 30 ans, les fonctions de procureur de l'abbaye, avec zèle et autorité. Dès lors néanmoins, les religieuses et les frères formaient deux associations bien distinctes, ayant des intérêts différents et parfois contradictoires. L'abbesse avait toujours, il est vrai, la haute main sur la chapelle Saint-Nicolas, renfermée dans son enclos, mais on sent qu'elle était parfois obligée de compter avec les hôtes de son prieuré.
  • Cependant, comme il fallait des prêtres pour l'administration des sacrements et les soins spirituels du monastère, nos Bénédictines eurent dès lors des chapelains, hôtes, eux aussi, |47 du prieuré, mais auquel ils n'étaient point attachés par des vœux, et par conséquent plus libres et plus indépendants. Ces chapelains étaient au nombre de trois , quand Eustachie prit la crosse; la donation de Roger la Pie porta leur nombre à quatre; et le donateur statua que ce quatrième prêtre dirait chaque jour la messe pour le repos de l'âme d'Adeline de Villepinte, sa femme, de l'abbesse Ève, sa belle-sœur, et de lui-même, après son décès.
  • Autour du couvent, il s'opérait aussi des changements qui devaient avoir leur répercussion dans les annales du cloître. Lors de la fondation de l'abbaye, c'est-à-dire vers 1130, la seigneurie d'Yerres était possédée par des chevaliers que nous avons rencontrés sous les noms de Guillaume, d'Hugues et de Thierry d'Yerres. Un peu plus tard, la famille du Donjon posséda le domaine seigneurial en partie et conjointement avec les représentants de l'ancienne famille. En 1203, par suite d'une alliance avec les du Donjon, Jean de Courtenay, sixième fils de Pierre de Courtenay, devint seigneur d'Yerres en partie, et dès lors les représentants de cette branche de l'illustre maison de Courtenay se trouveront en rapports constants avec notre monastère, et joueront un certain rôle dans son histoire 5).
  • Enfin, l'abbaye n'était pas étrangère au grand mouvement religieux du XIIIe siècle. Le célèbre décret du concile de Latran, tenu en 1215, ordonnait à chaque fidèle d'accomplir le devoir pascal dans sa paroisse. Il eut un grand retentissement dans la chrétienté tout entière, et partout on fit des efforts pour favoriser son exécution. Pour leur part, nos religieuses en encouragèrent l'application dans toutes les paroisses soumises à leur abbaye. Elles donnèrent quatre septiers de blé à l'église paroissiale d'Yerres, pour faire des petits pains et de la soupe à distribuer le Jeudi-Saint, après l'office. |48 Même distribution faite aux paschalisants d'Évry, le jour de Pâques, et à ceux de Lieusaint le mercredi suivant. Cette aumône se nommait la Done; elle était l'occasion d'une véritable fête paroissiale, que l'abbesse elle-même ou la prieure allait presque toujours présider.
  • Les décisions du concile de Latran eurent également pour résultat de développer parmi nos Bénédictines le culte du Saint-Sacrement, et c'est à partir de cette époque que la divine Eucharistie fut conservée d'une manière permanente dans l'église abbatiale, servant de nouvel aliment à la piété de nos moniales.
  • Durant l'abbatiat d'Eustachie, les religieuses de Saint-Remi de Senlis eurent recours à l'abbaye d'Yerres pour lui fournir une abbesse. N'ayant pu s'accorder pour élire l'une d'entre elles, elles demandèrent, par l'entremise de Garin leur évêque, à Eustachie de leur envoyer une supérieure. La maison d'Yerres s'empressa d'accéder au désir exprimé par les sœurs de Saint-Remi; mais nous n'avons pu apprendre le nom de cette Titulaire, qui emmena avec elle deux ou trois moniales, pour l'accompagner dans son nouveau cloître 6).
  • Yerres, d'ailleurs, pouvait sans inconvénient, fournir des sujets aux maisons de son ordre, car les moniales affluaient toujours dans ses murs. Malgré les prescriptions de Philippe-Auguste, on avait continué à donner le voile à de jeunes recrues, bien avant que le nombre des religieuses fut ramené à 80; et cela avec l'autorisation de Pierre de Nemours, ce rigoureux observateur de toutes les lois.
  • Dès 1213, Agnès de Garlande, femme d'Aubert d'Andresel, avait amené au couvent sa fille Eustachie, ou nous la retrouverons plus tard. Pour dot, elle lui donna 60 sols parisis de rente à prendre sur son domaine de Combs-la-Ville; et en |49 1223 ses deux fils, Jean et Aubert d'Andresel 7), et son neveu Anseau de Garlande confirmèrent cette libéralité. — Le même Anseau approuva également l'abandon de douze arpents de terre à Attilly, fait par Adeline de Seure, à l'occasion de la prise de voile de sa fille. — Pierre Bore consacre aussi à Dieu sa fille Aveline, et à cette occasion il donne à l'abbaye un muid de blé à prendre chaque année sur le moulin de Vaux, ce qui est approuvé par Simon et Henri de Vaux, les deux seigneurs suzerains du moulin. — Les trois sœurs de l'évêque d'Orléans, Agathe, Agnès et Alix de Jouy entrent toutes trois à l'abbaye et reçoivent de leur père, Guy de Jouy, 60 sols de rente, à prendre à Monthaudier, à condition qu'une partie de cette rente reviendra à la famille après le décès de la dernière des trois sœurs. — Bouchard du Coudray, pour favoriser l'entrée de sa sœur en religion, donne à l'abbaye la grande et la petite dîme du Coudray, et par le même acte se porte pleine pour une redevance due par Yves d'Yvry. Ce dernier acte fut passé au monastère, en présence de Barthélemy, évêque de Paris (1223-1227), et de plusieurs officiers de la maison épiscopale, dont Bouchard lui-même faisait partie.
  • Ce n'était pas seulement par des apports dotaux que le monastère voyait sa fortune s'accroître chaque jour en rentes et en terres. Sans cesse des bienfaiteurs anciens et nouveaux s'intéressaient à sa prospérité et réclamaient ses prières.
  • Dès le temps de l'abbesse Clémence, Thierry de Bouville avait donné au monastère des droits et des cens sur huit ou dix terres. En 1213, l'un de ses descendants, Thomas de Bouville et Ifémie, son épouse, donnent aux moniales, avec l'approbation d'Hugues de Bouville et de Guillaume le Grifons, leurs suzerains, tout ce qui leur restait de l'ancienne dîme de Bouville. — Milon de Lieusaint, accorde trois arpents de terre à Savigny. — En 1219, Amicie de Breteuil, veuve de Baudouin du Donjon, dame d'Yerres, fait don de la moitié du moulin de Pont, dont la bizarre propriété totale appartenait à quatre ou cinq particuliers. — Adam du Bois et sa femme Héloïse donnent en pure aumône 90 livres de rente à Chevry. |50 L'abbaye reçoit également, en pure et perpétuelle aumône, 17 sols 3 deniers de cens à Corbeil, légués par Ferry de Gazeran, allié à la famille de Corbeil, c'est pourquoi Pierre du Donjon et Meunier de Gazeran contresignent cet acte. — La comtesse de Crosne donne un muid de blé, à prendre chaque année, sur le moulin de Crosne, acte approuvé par Milon de Cussy, son suzerain.
  • Beaucoup d'autres donations ou confirmations de biens viennent encore consolider la fortune du couvent. — En 1225, Aveline de Corbeil, épouse en premières noces de Guy III de Chevreuse, et en secondes de Pierre de Richebourg, confirme à l'abbaye les 40 sols de rente, à prendre sur la prévôté de Chevreuse, donnés jadis à l'abbaye en faveur d'Agnès de Chevreuse, sa fille, l'une des anciennes moniales du cloître. Milon, Hervé, Adeline et Cécile de Chevreuse, frères et sœurs de la religieuse, souscrivent à cet acte; et il est remarquable que leur mère, malgré son second mariage, y prend encore le nom de dame de Chevreuse. — C'était l'époque des nouvelles libéralités de la famille de Corbeil. Renaud du Donjon, appuyé par ses frères Baudouin et Renard, par sa belle-sœur Agnès, par ses cousins Pierre et Jean de Corbeil, fonde l'anniversaire de son père et de sa mère. Pour cela, il donne 20 sols de rente à Saintry, trois muids de vin, trois setiers d'huile et trois setiers de froment; une partie de ces redevances devra être employée à donner un repas un peu plus copieux à la communauté après la messe des trépassés, et l'autre partie paiera le luminaire de l'église. — Hugues le Loup, IIe du nom, fonde lui aussi un anniversaire pour le repos de l'âme de Jeanne, sa seconde femme, dont le récent décès lui laisse au cœur une émotion si poignante, qu'elle se ressent encore après sept siècles, à la simple lecture de sa lettre. Il donne pour cela 60 sols de rente, à prendre à Saint-Gratien et à Saint-Denys.
  • Une partie de cette somme paiera le luminaire pour le service; une autre partie, le repas de la communauté, la pitance des moniales, pitancia monialium; enfin, on donnera sur le tout, 10 sols, sa vie durant, à l'une des moniales du cloître, appelée Marie, sa cousine.
  • Toutes ces largesses apportaient de l'aisance au monastère et |51 lui permettaient d'acquérir à son tour. Aussi le voyons-nous acheter, en 1219, d'importants revenus à Chaintreau, qu'il paye 38 livres parisis. Cette acquisition fut faite sur Henri de Moissy et sa femme, approuvée par Henri et Jeanne, leur fils et leur fille, et contresignée par Godefroy de Livry et Ferry Briard.
  • Toutefois, il ne suffisait pas d'avoir de grands biens, il fallait savoir les conserver et les administrer, et au XIIIe siècle comme de nos jours, c'était chose difficile. En ces temps de législation mal assise, de droits de propriété bizarres et compliqués, de contrats anciens et de donations souvent mal définies, un grand propriétaire terrien — et tous les couvents étaient dans ce cas-là, — ne pouvait éviter les difficultés et les nombreuses contestations. Heureusement on avait plus souvent recours aux transactions par arbitrage qu'aux procès.
  • L'abbesse Eustachie en fit d'assez nombreuses, et leur trace se retrouve dans les actes de son temps. La première en date est de 1213. Elle est conclue par Jean, abbé de Saint-Germain-des-Prés, en faveur de Roger de Villeneuve-Saint-Georges et de Jean Pontonoir, ses vassaux ; elle a trait au port de Villeneuve, et elle sanctionne pour les religieuses le libre droit de passage dans la Seine.
  • Puis viennent les nombreuses difficultés avec les curés relativement aux dîmes des paroisses. — Au XIIIe siècle comme aujourd'hui, Puiselet-le-Marais, même augmenté de Bois-Herpin, était un modeste bénéfice; mais Tyon, le curé du lieu, avait l'âme combative et faisait une guerre persévérante à l'abbesse. Il avait porté sa cause jusque devant le Souverain Pontife, qui n'entendit jamais tant parler de cette obscure paroisse de la Beauce. Par deux fois, Innocent III nomma des arbitres, pris les uns à Meaux et les autres à Chartres, pour dirimer ce grand débat. Les religieuses furent maintenues dans la possession de la grande dîme, et le bouillant curé, condamné à garder le silence. — Plus conciliants étaient Hugues, curé de Gazeran, et Girbert, curé de Rambouillet, qui voulurent bien reconnaître, devant l'official de Sens, qu'ils n'avaient aucun droit sur la dîme de Pommeraie-en-Yveline. Il est vrai que pour les encourager à bien faire, Amaury de Montfort, occupé au siège de Toulouse, in obsidione |52 Tolose, avait trouvé le temps d'écrire à ses baillis de Montfort et d'Épernon, pour leur recommander les intérêts des moniales d'Yerres, et faire savoir ses désirs aux deux curés. — Le curé de Servy (Serviaco?) concluait aussi un arrangement touchant le dîmage du vin de sa paroisse. — Celui de Chermont, un autre pour les dîmes de Jodainville, Hermainville, etc. — Et enfin celui de Chevannes, un également pour la dîme de quelques arpents de terre, assis au lieu dit la Croix; dans sa paroisse.
  • Un dernier arrangement fut fait, en avril 1225, entre l'abbaye et une famille de chevaliers croisés. Cristat de Chevry et sa femme Aalès réclamaient un petit taillis nommé le Bois-Girard, que les moniales prétendaient leur appartenir. Grâce à une haute intervention, les Chevry firent aumône de leurs droits à l'abbaye, et leurs deux fils, Gilot et Gilbert, souscrivirent à cet acte qu'on promit de faire ratifier à deux autres fils, Regnaud et Guarin, partis pour Jérusalem où ils faisaient campagne.
  • Dans plusieurs de ces accords, l'abbesse intervint en personne, mais dans quelques-uns elle agit par l'entremise de frère Hugues, son dévoué procureur, moine laïque de Saint-Nicolas. Pour les conclure on eut parfois recours à des arbitres, choisis et désignés par une intervention étrangère à l'abbaye; le plus souvent, cependant, ce furent les protecteurs-nés du monastère qui les firent accepter après les avoir discutés. Pierre de Corbeil, archevêque de Sens, Guillaume de Seignelay, qui ne fit que passer sur le siège de Paris, et l'évêque Barthélémy, son successeur, remplirent tour à tour ce rôle bienfaisant.
  • Durant l'abbatiat d'Eustachie, saint Dominique vint à Paris établir l'ordre célèbre qui porte son nom. Certaines circonstances encore mal éclairées 8) l'amenèrent dans le voisinage de notre monastère, et il est fort probable qu'il le |53 visita. Dans tous les cas, l'un des chapelains d'Yerres, nommé Guillaume, quitta le prieuré de Saint-Nicolas, pour se donner au nouvel ordre des Frères-Prêcheurs. Tels sont les premiers rapports entre la maison d'Yerres et les fils de saint Dominique. Ceux-ci, en prenant une de leurs premières recrues dans les murs de l'abbaye, étaient engagés d'honneur à lui donner des compensations. La suite de notre récit nous les montrera acquittant largement leur dette.
  • Après avoir gouverné l'abbaye environ dix-sept ans, Eustachie Dulers mourut le 28 février 1226. Elle brilla à l'aurore de ce magnifique XIIIe siècle, si fécond en œuvres religieuses, et elle fut digne de son temps. Son abbatiat doit être rangé au nombre des plus brillants de tous ceux que vit passer le monastère. Elle travailla avec zèle à la formation monastique de ses filles, veilla avec soin à l'observation du bon ordre et de la régularité dans le cloître et développa la pompe du culte, par l'établissement de nouveaux offices en l'honneur du Saint-Sacrement. Ses filles décidèrent qu'on célébrerait chaque année son anniversaire dans le cloître, et votèrent 40 sols pour augmenter la pitance ce jour-là.

Documents

Sources

Bibliographie

Notes

1)
Note d'Alliot — Ce vicomté de Corbeil n'appartenait sans doute pas à l'ancienne maison et famille de Corbeil.
2)
Note d'AlliotNovales. — Terres nouvellement défrichées et cultivées.
3)
Note d'AlliotIgny. — Cant. de Palaiseau, arr. de Versailles.
4)
Note d'AlliotConflans-Sainte-Honorine. — Cant. de Poissy, arr. de Versailles.
5)
Note d'Alliot — Jean de Courtenay, dont il est ici question, était fils de Pierre de France, fils de Louis le Gros et d'Adélaïde de Savoie. Il devint seigneur de Courtenay par suite de son mariage avec Elizabeth, dame de Courtenay. — Jean, leur sixième fils, devint, par sa femme, seigneur d'Yerres en partie, l'autre partie appartenant à Beaudoin du Donjon, son cousin. —— Armes des Courtenay: d'or à 3 tourteaux de gueules posés 2 et 1. — Yerres: armes de Courtenay, brisées d'un lambel de 5 pendans de sable.
6)
Note d'Alliot — Cet évènement fut invoqué plus tard pour autoriser les injustes prétentions de l'abbaye d'Yerres sur Saint-Rémi; car Eustachie et sa communauté choisirent elles-mêmes la religieuse qu'elles jugèrent idoine à porter la crosse; tandis que, d'après le règlement, Saint-Rémi devait élire une religieuse. Il est vrai qu'en pratique cela devenait difficile, puisque les sœurs de Saint-Rémi ne connaissaient aucune des moniales d'Yerres, il fallait bien que le choix fut dévolu à quelqu'un.
7)
Note d'AlliotAndresel. — Cant. de Mormant, arr. de Melun (S.-et-M.).
8)
Note d'Alliot — Un membre de la famille Briard avait donné des biens à saint Dominique dans les environs de La Ferté-Alais, pour y fonder un couvent de son ordre. Peu de temps après, les Dominicains ayant renoncé à toutes les possessions terrestres, ces biens furent rendus au donateur, qui les consacra à l'érection d'un monastère de femmes de l'ordre de Citeaux; ce fut l'abbaye de Villiers-aux-Nonnains.
eustache.dulers.txt · Dernière modification: 2022/07/20 09:19 de bg