Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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hn:hn.fleureau.1683.1.06

Dom Basile Fleureau

Les Antiquitez d'Estampes 1.06



De la Fondation de l'Eglise de Saint Martin les Vieilles Estampes.

  • Ceux de la ville de Meulun, tiennent par tradition, qu'au temps de Philippe, Premier Empereur Chrestien, qui succeda à l'Empereur Gordien, l'an de nôtre salut 244. leurs Predecesseurs, bastirent d'un ouvrage assez grossier la petite Chapelle de Saint Laurens, pour estre à l'avenir le lieu de leur Eglise, ou Congregation, au lieu qu'auparavant, à cause des Persecutions des Tirans, ils s'assembloient dans des maisons particulieres, dans des caves, ou dans des grottes, pour y celebrer les divins Misteres, et y faire leurs prieres. La tradition de ceux d'Estampes ne monte pas si haut pour la construction de l'Eglise de Saint Martin, puisqu'ils la rapportent seulement à Clovis nôtre premier Roy Chrêtien, qui se convertit à la Foy l'an 499. sans qu'il nous reste aucun vestige de l'Eglise ou Chapelle qu'ils avoient auparavant; la gloire de ce nouvel édifice incomparablement plus vaste que le premier, en ayant entierement fait perdre la memoire; et peut étre renfermé dans son enceinte, le lieu où estoit bastie la premiere Chapelle. Car il n'est pas croyable que jusques alors ceux d'Estampes n’eussent point encore eu d'Eglises publiques. Les François qui s'estoient rendus les Maistres des Gaules, quoique Gentils, n'estoient pas si ennemis des Chrestiens que les Romains l'avoient esté. Ils se persuadoient qu'il n'y avoit rien qui peust davantage faciliter leur établissement, que de souffrir les habitans du pays professer librement leur Religion, pour la défense de laquelle, vraye ou fausse, les hommes s'exposent facilement à toutes sortes d'extrémitez. Au lieu que les Romains croyoient qu'en souffrant l'établissement d'une nouvelle Religion dans leur Empire, c'estoit souffrir que la division s'y introduisist et y apportast du desordre; parce qu'il n'y a rien qui aliene tant les sujets de l'obeïssance du Prince, que la diversité de leurs Religions. Mais ils ne sçavoient pas que la Religion Chrestienne professe des maximes contraires à celles de leur politique.
  • Et le Roy Childeric premier, pere du grand Clovis, fit bien connoistre combien sa pensée estoit opposée à celle des Romains, quand l'an 471. retournant de poursuivre le reste de ceux-cy dans la Champagne, aussi-tost qu'il fut de retour à Melun, il fit faire le lieu des morts au Chastel, prés de la Chapelle de saint Laurens, et donna aux Clercs de la mesme Chapelle des cens et rentes pour entretenir le service des Chrestiens, les enterrer après leur mort, et procurer leur salut pendant leur vie, en reconnoissance des bons services |8| qu'ils luy avoient rendus à la poursuite des Romains. Quoy qu'il soit de la tradition que j'ay rapportée touchant l'antiquité de l'Eglise de Saint Martin, que je ne vois appuyée d'aucun titre postérieur, ny memoire qui en fasse mention, on ne peut se tromper de dire que cette Eglise est l'ouvrage de quelqu'un de nos Anciens Rois, de la premiere ou de la seconde race, qui y avoit fondé douze Chanoines, et un Abbé pour Chef de ce Chapitre, qui furent tous supprimez, et leurs Prebendes avec l'Abbaye données à l'Abbé et aux Moines de Morigny par le Roy Philippe Premier, comme je le prouveray dans l'Histoire particuliere de cette Abbaye: laquelle suppression ne doit estre probablement arrivée que long-temps après leur fondation. Il est aussi probable que cette Eglise n'a pas esté conduite à son entiere perfection dés son commencement: et qu'à mesure que le nombre des habitans s'est accrû, ou pour d'autres causes, elle a aussi reçû des accroissemens: du moins elle n'a esté consacrée qu'en l'an 1526. par un Evêque de Sebaste appellé Barthelemy, comme il paroît par l'Acte suivant. Bartholomæus Dei et sanctæ Sedis Apostolicæ gratia Sebastianensis Episcopus, universis presentes litteras inspecturis, salutem in Domino. Notum facimus quod anno et die datæ præsentium, de licentia et permissione venerabilis Viri Magistri Ferrand, Iuribus licentiati, Archidiaconi Vastinensis, ac Ecclesiæ Senonensis Canonici, Vicarii Generalis in spiritualibus et temporalibus Reverendissimi in Christo Patris et Domini Domini miseratione divina [sic] tituli sanctæ Sabinæ, sacrosanctæ Romanæ Ecclesiæ Presbiteri Cardinalis de Borbonio, Archiepiscopi Senonensis Galliarum et Germaniæ Primatis, Ducis Laudunensis, Paris Franciæ, ad instantiam et supplicationem Religiosi fratris Benedicti Baron Presbiteri Ordinis sancti Benedicti, Prioris Prioratus et Parochialis Ecclesiæ sancti Martini de Stampis; nec non Ioannis le Gendre, Ioannis Durant, Ioannis Clement et Guillelmi Godin Provisorum dictæ Ecclesiæ, presentem Ecclesiam, et hoc presens majus altare in honorem sancti Martini, una cum reliquiis XI. mille Virginum in eo, et quodam vase Stanneo appositis, benediximus & consecravimus, et Deo devotè dicavimus, solemnitatibus in talibus assuetis. Datum Anno Domini M. DXXVI, die undecimâ mensis Iunii: præsentibus supradictis nec non Dominis Simone le Gendre, Ioanne Courcicault, Claudio Boilleau, Presbiteris, cum pluribus aliis. Signatum Guicherchin.
  • Le vieil clocher ayant esté demoli parce qu'il menaçoit ruine, la Tour dont on se sert presentement, a esté bastie des bien faits des habitans: sa construction a duré plusieurs années, et n'a esté achevée que l'an 1537. |9|


Les Antiquités d'Estampes 1.06 (graphie modernisée)

De la fondation de l'Église de Saint-Martin les Vieilles Estampes.

  • Ceux de la ville de Meulun tiennent par tradition qu'au temps de Philippe, premier empereur chrétien, qui succéda à l'empereur Gordien l'an de notre salut 244, leurs prédécesseurs bâtirent d'un ouvrage assez grossier la petite chapelle de Saint-Laurent pour être à l'avenir le lieu de leur Église ou congrégation, au lieu qu'auparavant, à cause des persécutions des tyrans, ils s'assemblaient dans des maisons particulières, dans des caves, ou dans des grottes, pour y célébrer les divins mystères et y faire leurs prières.
  • La tradition de ceux d'Étampes ne monte pas si haut pour la construction de l'église de Saint-Martin, puisqu'ils la rapportent seulement à Clovis notre premier roi chrétien, qui se convertit à la foi l'an 499, sans qu’il nous reste aucun vestige de l'église ou chapelle qu'ils avaient auparavant, la gloire de ce nouvel édifice incomparablement plus vaste que le premier en ayant entièrement fait perdre la mémoire, et peut-être renfermé dans son enceinte le lieu où était bâtie la première chapelle.
  • Car il n'est pas croyable que jusqu'alors ceux d'Étampes n'eussent point encore eu d'églises publiques. Les Français qui s'étaient rendus les maîtres des Gaules, quoique gentils, n'étaient pas si ennemis des chrétiens que les Romains l'avaient été. Ils se persuadaient qu'il n'y avait rien qui pût davantage faciliter leur établissement, que de souffrir les habitants du pays professer librement leur religion, pour la défense de laquelle, vraie ou fausse, les hommes s'exposent facilement à toutes sortes d'extrémités. Au lieu que les Romains croyaient qu'en souffrant l'établissement d'une nouvelle religion dans leur empire, c'était souffrir que la division s'y introduisît et y apportât du désordre, parce qu'il n'y a rien qui aliène tant les sujets de l'obéissance du Prince, que la diversité de leurs religions. Mais ils ne savaient pas que la religion chrétienne professe des maximes contraires à celles de leur politique.
  • Et le roi Childéric premier, père du grand Clovis, fit bien connaître combien sa pensée était opposée à celle des Romains quand l'an 471, retournant de poursuivre le reste de ceux-ci dans la Champagne, aussitôt qu'il fut de retour à Melun, il fit faire le lieu des morts au château, près de la chapelle de Saint-Laurent, et donna aux clercs de la même chapelle des cens et rentes pour entretenir le service des chrétiens, les enterrer après leur mort, et procurer leur salut pendant leur vie, en reconnaissance des bons services |8| qu'ils lui avaient rendus à la poursuite des Romains.
  • Quoi qu'il soit de la tradition que j'ai rapportée touchant l'antiquité de l'église de Saint-Martin, que je ne vois appuyée d'aucun titre postérieur, ni mémoire qui en fasse mention, on ne peut se tromper de dire que cette église est l'ouvrage de quelqu'un de nos anciens rois, de la première ou de la seconde race, qui y avait fondé douze chanoines et un abbé pour chef de ce chapitre, qui furent tous supprimés, et leurs prébendes avec l'abbaye données à l'abbé et aux moines de Morigny par le roi Philippe premier, comme je le prouverai dans l'histoire particulière de cette abbaye, laquelle suppression ne doit être probablement arrivée que longtemps après leur fondation. Il est aussi probable que cette église n'a pas été conduite à son entière perfection dès son commencement, et qu'à mesure que le nombre des habitants s'est accru, ou pour d'autres causes, elle a aussi reçu des accroissements, du moins elle n'a été consacrée qu'en l'an 1526 par un évêque de Sébaste appelé Barthélemy, comme il paraît par l'acte suivant.
  • Bartholomaeus Dei et sanctae sedis apostolicae gratia Sebastianensis episcopus, universis praesentes litteras inspecturis, salutem in Domino.
  • Notum facimus quod anno et die datae praesentium, de licentia et permissione venerabilis viri magistri Ferrand, juribus licentiati, archidiaconi Vastinensis ac Ecclesiae Senonensis canonici, vicarii generalis in spiritualibus et temporalibus reverendissimi in Christo patris et domini Domini miseratione divina tituli Sanctae Sabinae, sacrosanctae Romanae Ecclesiae Presbiteri cardinalis de Borbonio archiepiscopi Senonensis Galliarum et Germaniae primatis, ducis Laudunensis, paris Franciae, ad instantiam et supplicationem religiosi fratris Benedicti Baron presbiteri, ordinis sancti Benedicti, prioris prioratus et parochialis ecclesiae sancti Martini de Stampis, nec non Johannis le Gendre, Johannis Durant, Johannis Clement et Guillelmi Godin provisorum dictae ecclesiae, praesentem ecclesiam, et hoc praesens majus altare in honorem sancti Martini, una cum reliquiis XI mille virginum in eo, et quodam vase stanneo appositis, benediximus et consecravimus, et Deo devote dicavimus, solemnitatibus in talibus assuetis.
  • Datum anno Domini MDXXVI die undecima mensis Junii, praesentibus supradictis nec non Dominis Simone Le Gendre, Johanne Courcicault, Claudio Boilleau, presbiteris, cum pluribus aliis. Signatum Guicherchin.
  • Le vieux clocher ayant été démoli parce qu'il menaçait ruine, la tour dont on se sert présentement a été bâtie des bienfaits des habitants. Sa construction a duré plusieurs années et n'a été achevée que l'an 1537. |9|


Notes de Bernard Gineste

hn/hn.fleureau.1683.1.06.txt · Dernière modification: 2021/03/25 22:38 de bg